Gutentag ! Chers Psychoactiviens
Je viens ici vous faire part de ma prise de Champottes, qui, comme vous l'avez très probablement aperçu dans le titre, est ma première fois. Cette première expérience ne s'est pas déroulée dans le luxe, ni le calme, et encore moins la volupté, et c'est pour cela que j'en fais part! Fin des palabres, j'en viens aux faits, au contexte, et au trip :
Nous sommes le 21 décembre 2014, le ciel est gris, il est 17h15, et je sors de cours de chimie organique. C'est ce jour même que le verdict est tombé, oui je vais enfin tester ces fameux Shrooms fantasmagoriques !
L'anniversaire des 20 ans d'un bon collègue de la Fac est l'occasion parfaite, une nuit, une maison, des femelles et du son ! Non je déconne, pas de femelles, seulement des amies super posées et des potos de la classe.
On m’avait, le matin même proposé de les prendre ce soir-là et j'avais, en un premier temps, refoulé ma vraie nature d'aspirateur à substances psychoactives, et refusé, pour cause d'un laps de redescende trop court (1 weekend donc !) et également parce que j'avais déjà prévu de les prendre plus tard pendant les vacances de Noà«l. Mais tout de même ! Qu'est-ce qu'un ado de 17 ans en pleine santé mentale et physique lâché à la Fac et entouré d'animaux semblables à lui-même? Toute la journée cette soirée me trotte dans la tête, j'y pense et j'ose imaginer son déroulement, ma conscience faibli, mon cœur s'emballe...TANT PIS! Je les prends ce soir.
La caisse démarre en trombe, Massilia perce les basses de la 106 équinoxe à fleurs et nous ne roulons pas doucement du tout et très surement vers la scène de crime.
Le témoignage de tout ce trajet remplirait l'équivalent d'un cours de mécanique cinétique, et je le résumerai par une belle et bruyante escapade.
Nous arrivâmes tant bien que mal, bleus comme des pilules de viagra et rascasse comme le jour de la remise du BAC.
La soirée débute dans sa douceur : l'
alcool semble jaillir des jointures du sol et très vite un épais brouillard s'installe sur la terrasse, on n'y voit plus à deux mètres, et on distingue seulement les phares rouges incandescents et crépitants qui vous indiquent vers où tendre la main. MAIS, mais, mais, aussi étrange que cela pourra vous paraître, je ne pris qu'une modeste participation à ce tableau d'excès et de démesure qui semble tout droit sorti d'un titre de Balzac. Mon cerveau n’avait qu'une seule image figée entre ses neurotransmetteurs, une représentation quasi biblique de cette petite tige blanche surmontée de son délicat couvre-chef grisé, le
psilocybe. Effectivement, je désirai réserver toute la puissance de consommation de mon cerveau à la
psilocybine qui ne devait plus trop tarder. Et véritablement ! Vers euh...Je ne sais plus du tout quelle heure en fait, on m'annonce que les
champis sont déballés et prêts à faire un trou dans notre estomac. C'est là , que mon collègue fournisseur m'annonça qu'il manquait des doses de
champis, qu'il n'y en aura pas pour chacun ! Vu que je n'avais encore rien payé, et qu’on n’était pas chez moi, je m’abstins donc de tout commentaire. Je demandai alors poliment de pouvoir en tâter le goût, d'un simple filament, d'une simple rondelette...On me fila un champi sec entier et quelques morceaux rescapés au fond d'un bol avec du jus de citron. Maigre dose en vérité, mais je me pose et décide tout de même d'attendre la venue des quelques effets faiblards à prévoir. Je vapote un peu. Je m'abreuve, que dis-je, je m'hydrate, et j'attends...............Effets faiblards avez-vous dit ?
KDAL. La dose était bien suffisante et j'en viens enfin à la montée qui annonça ma fin :
Tout d'abord, j'avais ingéré une belle quantité de jus de citron, qui devait m'aider à digérer tout ça. Au niveau de la digestion, silence sur toute la ligne de mon estomac. Quoique silence ? En fait, je sens des sortes de puissantes radiations qui émanent de mon ventre. Elles attaquent mon bassin, montent jusqu'au cotes et descendent jusqu'en haut des cuisses. A ce moment-là , je décide de sortir dans la rue avec une amie qui, d'après son regard interstellaire, n'était surement pas dans le monde des studios Ghibli mais encore quelques dimensions plus loin.
La soirée fut longue, mes hallucinations furent multiples :
Une fois dans la rue, tout devint vert. La véritable scène du tournage de Matrix. Beaucoup de choses m’apparaissaient en deux dimensions, et la façade d'un mur décrépi vous offre la vue sur un labyrinthe complexe et vivant de petites fissures et de relief.
La plus incroyable de toutes les sensations de cette soirée fut la suivante :
Etant conscient du très gros impact de l’inconscient sur le ressenti des drogues et de l'effet Placebo, je parvint à me convaincre, qu'en fait, j'étais un humain restant toujours à la même place, et que devant moi, déroulait constamment un tapis roulant extrêmement complexe et réaliste, connecté à mon cerveau, pour savoir quels décors afficher lorsque je décidais d'aller à droite ou à gauche. J'ai ainsi marché 30min jusqu'à me perdre.
A un instant t, je fis un mouvement simple et quotidien consistant à tourner le haut de son corps vers la gauche pour parler à quelqu'un alors que l'on est assis sur une chaise. Je cru m'être coincé un organe entre les cotes. Paniqué je touchais mon corps pour en sentir la surface...Pas de bouts de poumons ? Mon pancréas qui dépasse ? Grosses barres, euphorie montante.
J'entretins une euphorie de groupe avec tous mes semblables psychoactifs, beaucoup de délires instantanés et de grosses barres devant des choses anodines. J'ai oublié de préciser, je m'étais également muni d'un enregistreur de poche (enfin un truc méchant quand même, un sale TASCAM à 200€). Ça s'est avéré une très bonne idée ! Le lendemain nous avons écouté toutes les conversations incroyables de la veille, et mieux qu'une vidéo, chacun se remémore ainsi la soirée avec ses propres souvenirs.
Mes souvenirs me rappellent également avoir regardé quelques vidéos sur YT. Sous
Psylo, tout effet spécial cinématographique vous apparaît comme un jeu vidéo de 1985. C'est à dire naze, enfin c’est ce qu’il m’a semblé ! Toute perspective est effacée, et je ne voyais que l'écran avec des pixels de couleurs brouillées.
Tout ceci, nous pourrions l'appeler le premier acte, celui qui vous donne le goût, l'esprit de la chose. Le deuxième acte, est pour moi synonyme des enfers.
Après être rentré d'une deuxième escapade dans les rues de la ville, nous arrivâmes à notre logis festif, et nous aperçevîmes devant sa porte ce qui semblait être 4 magrébins ayant la vingtaine qui avaient l'air bien décidés à rentrer dans la maison (je ne tiens pas à véhiculer de propos racistes, cette information est pour moi un élément d'une description détaillée et précise).
L'un d'entre eux se disait être un ami du propriétaire du toit, et réclamait leur appartenance à cette fête. Et c'est ainsi que notre homme leur ouvre la porte et laisse rentrer ces 4 (presque) inconnus. Une grave erreur, comme vous en jugerez par la suite.
Nous nous trouvons dorénavant vers les 3h, une heure avancée de la nuit, et nos 4 électrons libres se saoulent entre nos rangs. Et déjà on remarque le grave problème qui plane sur l'ambiance. Ces nouveaux arrivants appartiennent à un milieu social complètement diffèrent du notre, et on un âge également plus avancé que la plupart d'entre nous.
Si nous venons d'un milieu sympathique, étudiant, bon enfant et un peu naïf, ces 4 gus viennent d'un quartier mal famé, vulgaire, violent et ils ne réagissent face à aucun raisonnement mais uniquement face à des rapports de force.
Et c'est ainsi qu'avec une certaine limite d'
alcool atteinte, des conflits se tissent entre les deux côtés. Les 4 orques du mordor réagissent avec violence et cupidité, et très vite la nuit tourne à la peur, au malaise, à l’angoisse.
Cette situation s'envenime de minute en minute, et bientôt les coups de 4h30 sonnent. Les gens s'agressent, la musique s'estompe, des gens se lèvent et parlent à voix forte, et d'un coup tout le monde se met à hurler et à crier dans le salon. Quelqu'un tombe par terre, des gens sortent et se bousculent.
J'entends des pleurs dans la salle de bains, et je vois un des protagonistes perturbateurs qui bombe le torse face à un de mes meilleurs amis. Des coups, des cris, et bientôt de la haine partout autour de moi, mon cerveau est prêt à lâcher d'une seconde à l'autre.
Ces longues et interminables heures affreuses m'ont plongé dans une terreur des plus sombres, et ont puisées dans toutes mes réserves d'énergie. Je ne suis plus qu'un spectre gravitant autour de cette situation qui s'aggrave.
Je m'isole, me cache, me bouche les oreilles et les yeux et prie pour que le reste de la compagnie me pardonne de me conduire ainsi. Ils ont besoin de mon soutien mais je suis à bout de forces. Mon esprit était au bord du gouffre, et mon cerveau déjà au fond.
A un moment, un instant perdu dans le temps, quelque part vers les 5h30, notre compagnie triompha et parvint à expulser le nid de parasites. Une victoire chèrement payée, même si nous ne comptions presque pas de blessés, notre épuisement était total, chacun s'était battu comme il avait pu, et tout ce que nous voulions s'était s'asseoir entre amis et écoute un peu de musique.
L'un d'entre nous veux caller un son, il part dans la cuisine. Il revient, regarde autour de lui, puis repart, et finalement s'exclame : "Eh les gars ! Il est passé où le PC ?".
La panique nous reprend, montée d'adrénaline, recherches intensives sur toutes les cartes, pour finalement se rendre à la fatalité. Ils avaient profités de notre trip et de notre panique pour subtiliser l'ordinateur portable. Et l'enfer repris des couleurs, des gens se précipitent dans la rue pour rattraper les poursuivants, d'autres se jètent par terre, ou poussent d'affreux gémissements de désarroi.
Cette dernière crise combla tout le mélange de colère, de haine, de peur, de non compréhension et de drogue qui s'était accumulé depuis le début de ce soir-là , et nous étions tous réduits à des sortes de résidus gastriques sans âme.
Vous pensez que nous avions purgé toutes nos peines ? Les autres peut-être, mais pas moi. Ce bouquet d'émotions violentes et noires comme la cape de Hadès avait tout remué en moi. Plus rien n'était à sa place, et ma tête était en surchauffe depuis trop longtemps, j'étais encore plus mal à l'aise qu'auparavant.
Or tout le monde, exténué, alla doucement rejoindre sa cabine pour se coucher et attendre un nouveau soleil. Je fis de même, me prépara un bon matelas et une grosse couverture, posa le tout dans le salon, et m'enroula dans les mamelles du silence et de l'obscurité.
C'est là que tapi dans l'ombre, le pire de tous mes cauchemars attendait, attendait que mes défense s'endorment et que mon esprit échappe à mon bon sens. Le thermostat de mon corps montait et descendait aléatoirement entre la chaleur tournante d'un four et le claquement de vos dents lorsque vous étés perdus parmi les plaques de verglas du centre de Moscou.
Mon cerveau ne cessait de fonctionner. Je voyais là la plus affreuses des créatures penchée sur ma tête, avec deux électrodes dans les mains et lançant des chocs entre mes neurones pour les faire réagir. Des centaines de pensées décousues et dénudées de toute émotion filaient devant mes yeux, j'entendais des voix, de la musique, de bruits de pas sous le carrelage, ou encore le son d'une tondeuse à gazon mal entretenue.
Je me battais contre le pire de tous les maux, la paranoïa cinglante qui vous prend autant la tête que les tripes, et vous persuade que vous ne sortirai jamais plus de l'état mental dans lequel vous êtes. Tous mes systèmes de défenses se livraient bataille à eux même. Je cru pendant une période plus ou moins étendue de la nuit que tout le monde s'était levé et était revenu dans le salon pour reprendre la fête. J'entendais des rires, des discussions, je voyais les lumières s'allumer et s'éteindre, tout cela dans la case imagination de mon esprit.
A 8h du matin, après environ 0 heures de sommeil réparateur et 2h30 de guerres chimiques dévastatrices au sein de mon crâne, je capitule, je me lève, quitte la pénombre et m'aventure vers la cuisine. Un instinct des plus primitifs me pousse à manger un poivron et une tomate crue à pleines dents au-dessus de l'évier.
Je prends une douche, cale un peu de musique (lien cité dans la suite de l'histoire), et je me roule une bonne et magnifique
cigarette de la bonne espérance.
Tout le reste de la journée j'ai eu des séquelles, des troubles de vision, des chauds froids et une fatigue mentale constante. J'ai finalement réussi à rejoindre le nid familial, après quelques heures de trains, pour me calfeutrer près de la cheminée ronflante, accompagné de gâteaux et d'une bonne tisane, avec mes deux parents qui respirent l'amour et l’esprit sain.
Cette nuit-là fut pour moi quelque chose d'hors du commun, bien plus qu'une expérience, avec une introduction joyeuse, naïve et un acte final infernal.
Ce que j'aurais appris de cette soirée est la puissance du subconscient sur les conséquences physiques ressenties. Les émotions et les sentiments dans lesquels nous baignons sont les réels facteurs qui mènent notre vie.
Aussi j'espère que mon histoire vous aura enseigné certaines choses, et nous vous aura pas dégouté mais seulement averti et préparé. Je félicite ceux qui l'ont lue jusqu'à la fin, et qui ont apprécié mon écriture (et surtout fermés les yeux sur mes erreurs de grammaire !).
Et tout de suite, les derniers tubes de
Psylocibe FM :
La
cigarette de la bonne éspérance :
Et d'autres sons que j'aime :
https://www.youtube.com/watch?v=l76fMBz … QFHd-JInKwhttps://www.youtube.com/watch?v=Tv9Ijku_P20https://www.youtube.com/watch?v=ZL50Kl1loDs