Salut,
Peut-être que c'est parce que j'ai très jeune appris que, vu la taille assez réduite du milieu toxicomane (en particulier dans les petites ville mais pas uniquement, arnaquer un mec pour lui voler son produit ou son argent pouvait assez rapidement se transformer en arnaque à son encontre d'une toute autre ampleur.
J'ai encore connu la période où soit les
TSO n'existaient pas, soit elles étaient réservées à un tellement petit nombre d'usagers "hardcore" (+/- une centaine à Bruxelles), qu'il fallait quasiment attendre que l'un d'eux décède pour qu'une place à la
méthadone se libère. À cette époque, j'avais dans ma famille un mec qui cambriolait les pharmacies et des amis qui n'avaient aucun scrupule à braquer un dealer à Rotterdam. Là , je parle d'il y'a plus de 20 ans, les options étaient fortement réduites.
Mais depuis lors les
TSO ont fait leur chemin et les habitudes des héroïnomanes ont changé de façon drastique, lorsque l'on avait plus d'argent pour acheter sa dose, on prenait tout simplement sa
méthadone en attendant la prochaine paie tout en pouvant continuer à travailler.
Les relations avec les pharmaciens ont changé du tout au tout également, avec les comptoirs d'échange de seringues, ils ne nous voyaient presque plus pour acheter des seringues mais plutôt pour recevoir nos
TSO.
Alors d'où viennent ces stéréotypes de l'usager de drogues sans foi ni loi, prêt à vendre son père et sa mère pour avoir une dose? La réponse à cette question n'est pas facile et multi-factorielle.
1) Les fictions, que ce soit dans les séries ou les long-métrages, continuent à propager des anciens préjugés, souvent conseillés par des flics qui envisagent les usagers de drogues comme des "indics" où il suffisait de les mettre sous pression et attendre qu'ils soient en manque pour qu'ils déballent tout ce qu'ils savaient.
2) Pour les long-métrages, c'est un peu différent, comme ils se "basent" peu ou prou sur des histoires vraies et qu'ils ont un goût certain pour le sensationnalisme, il n'ont pas vraiment le temps de décrire, étape par étape, le processus qui mène à la toxicomanie. Processus qui, le plus souvent, est une lutte psychologique avec soi-même qui s'étale sur des années avec des tentatives de
sevrages et des rechutes, des allers et des retours vers la drogue. Je pense qu'un des pires exemples du genre est "Requiem for a dream", qui en 102 minutes décrit une des pires
descentes aux enfers sans aucune nuance quelle qu'elle soit.
3) L'inconscient collectif nourri de campagnes de prévention "trash" et de fictions de la trempe de "Requiem for a dream", voit ses préjugés fortement confortés par ces caricatures (souvent US, où un film sur la drogue doit obligatoirement mal finir). Même si, ces dernières années, de plus en plus d'études scientifiques sérieuses mettent à mal les campagnes de prévention biaisées datant des années 1960 à 2000.
4) On ne peut passer sous silence le VIH/SIDA qui a ajouté une effroyable épidémie (mortelle, à cette époque) qui, au début, ciblait les usagers de drogue intraveineux, les homosexuels masculins et les étrangers. Il a fallu attendre que les morts se comptent par milliers avant que les autorités sanitaires prennent des mesures, demandées à corps et à cris par le secteur associatif (Act-up, Aides et bien d'autres).
5) Maintenant, je ne veux pas être angélique, dans chaque groupe de personnes ou dans chaque métier, il y a des mecs avec une moralité douteuse, violents et des cas psychiatriques.
Ma réponse à la question du titre est NON, il est possible de se comporter comme un mec réglo, même dans le milieu de la
came. Il n'y a pas de sorcellerie vaudou qui transforme un homme honnête en crapule de bas étage rien que sous l'effet de l'une ou l'autre drogue.
Mais ne vous gênez pas pour compléter ou contredire mon point de vue, de préférence avec des arguments qui tiennent la route.