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Dernière modification par delleur (02 mars 2015 à 09:38)
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delleur a écrit
Bien chers,
J'ai déjà fait quelques sevrages dans ma vie, de différents produits addictifs, mais je viens de vivre celui qui de loin est le plus dur, et plus long : celui du FENTANYL (patches de Durogesic, ou Matrifen)
Il n'est pas encore terminé, les médecins me disent qu'il me faudra au total un mois avant de retrouver des sensations physiques et psychiques normales ... donc, encore 13 jours puisque j'en suis au 17eme jour aujourd'hui.
Etant donné que je n'ai pas trouvé d'infos suffisantes sur internet concernant ce sevrage, excepté sur sur des forums américains, je n'en soupçonnais pas ... la longueur et les affres.
Donc autant en parler, pour que quiconque lit ceci soit encouragé à le faire, puisqu'il est sans danger médical, même s'il nécessite une volonté et un accrochage de fer.
Après 3 mois de préparation et de thérapie, j'ai donc tout balancé il y a 17 jours, brûlé tout ce qu'il me restait dans le poêle à bois ... et entré dans la grande abstinence du big sevrage sec, supervisé par médecin et psychiatre, mais sans aucune aide médicale d'aucune sorte, rien.
Sec, quoi qu'il arrive, et jusqu'au bout, c'est dans mon tempérament, je suis comme ça, je ne sais d'ailleurs fonctionner que comme ça.
Je me patchais au Fentalyl 50, 75 ou 100 depuis 3 ans (un patch renouvelé tous les 3 jours), mais je passais aussi mes journées ... à mâcher des patches supplémentaires, au moins 2 par jour ...
(précédemment mon truc c'était le Tramadol, 1 gr par jour, je l'avais sevré sec il y a 4 ans, une aventure bien plus facile que celle-ci)
Tout d'abord, mâcher des patches, cela donne de beaux effets flash d'invincibilité, mais ce n'est pas à faire, car cela même surtout la première année à des overdoses terribles avec dépression respiratoire mortelle
J'en ai fait plusieurs et cela m'a même amené à me procurer l'antidote, à savoir de la Naloxone avec laquelle je me piquais immédiatement lorsque je sentais arriver la dépression respiratoire ... je ne souhaite cela à personne. Il s'agit d'un produit 400 fois plus fort que la morphine, bien efficace mais d'un danger d'overdose +++, gaffe les gars
Autre chose : les patches de Durogesic officiellement ne se coupent pas, ils ne sont pas matriciels, et des overdoses mortelles peuvent survenir car quand on coupe le patch car tout le liquide contenu survient dans un des morceaux, j'ai connu ça quelques fois aussi ..., gaffe les gars
Autre chose : quand on a très chaud (sortie du bain par exemple) il ne faut pas être patché ni se patcher et attendre plusieurs heures car dans ce cas le patch se vide illico à cause de la chaleur, et c'est l'overdose inattendue ... une dizaine d'heures après ! ... gaffe, les gars
Au départ, je prenais ces patches pour des raisons médicales, car j'ai 60 piges et je suis criblé d'arthrose. Le hic, c'est que ce type de produit ne fonctionne pas sur des douleurs à long terme, et que finalement il aiguise les douleurs, les médecins appellent cela l'hyperalgie : plus t'en prends, plus t'as mal ... et c'est la fonction "récréative" qui reste la seule motivante ...
Alors, le sevrage ?
La première semaine, je m'étais fait hospitaliser, car je croyais que cela serait plus facile, la suite, je l'ai faite chez moi, et c'est moins dur à la maison, car je peux y trouver des activités qui diminuent l'angoisse, je peux me promener dans la maison lorsque les nuits sont sans repos, etc, ce qui est impossible dans un contexte d'hôpital
Pourquoi sec ?
En fait logiquement, surtout en hôpital, ce type de sevrage se fait sous benzos (Temesta, Valium, etc), dont je suis totalement abstinent depuis 4 ans, donc pas question d'aucune benzo pour moi, je ne suis pas là pour changer de comptoir, j'ai déjà donné ...
ou alors sous neuroleptiques (Lyrica, Dominal, Gabapentine, etc) desquels je suis profondément allergiques, ces médocs me dissocient le cerveau complètement je les ai bien sûr essayés dans le passé ...
Donc, il me reste seulement à le faire sans aide médicamenteuse ... mais bien informé et comme je l'ai dit ci-dessus suivi par médecin et psychiatre, on ne sait pas trop comment ça va se passer ...
Pourquoi pas avoir diminué progressivement ?
Cela, mes bien chers, j'en suis incapable. Quand je suis en possession du produit, je le consomme, je suis addictif, je suis incapable et je n'ai pas envie de ce type de diminution programmée ...
Je pense aussi que le sevrage, je dois en crever, et plus c'est terrible plus cela me protège de reconsommer ...
Comment ça s'est passé ?
Les 3 premiers jours (jours 1 à 3), j'ai dormi, jour et nuit, c'était plutôt facile, le produit s'éliminait lentement ...
Les 3 suivants (jour 4 à 7), un dégoût des goûts et des odeurs, plus d'appétit, de la photophobie, de l'hyperacousie, des angoisses flottantes, une sorte de dissociation spaciale, certaines nuits blanches, pas toutes, mais un état encore supportable
Les 6 suivants (jours 7 à 13), le pire du pire, et malheureusement je ne m'y attendais pas : la tête dans une essoreuse ou une machine à laver, en permanence, des 24h sans jours, ni nuits, rien qu'à essayer de supporter des tensions et décharges musculaires dans le corps, en permanence, jambes et bras sans repos, impossibilité de passer plus de 10 secondes sans se contortionner, avec parfois une énergie nulle où le moindre mouvement demande un effort inimaginable, deux jours avec impossibilité de marcher cause tension artérielle trop basse, une sensation d'état d'angoisse permanente, un état, pas des ressentis corporels, plus d'émotions, pas de rêves, l'enfer seconde après seconde, j'ai dû aller chercher des lieux de volonté au fond de moi, que je ne me connaissais pas, extrêmement dur, à la limite de l'impossible, mais très intéressant.
Le jour 13 j'eus quelques heures de répit, une sortie de cet état d'angoisse, enfin, et là ont commencé d'autres déboires, mais plus faciles à supporter : en nage après quelques heures au lit, tout est trempé, et toujours pareil au jour 17 ! Mais les ressentis de présence et de douleur du corps reviennent, c'est pas trop génial car tout est tendu, le corps est sans repos
Le jour 14 j'eus aussi quelques heures de repos psychique et quelques frissons dans le dos en écoutant de la musique, c'est le retour de la dopamie dans le cerveau paraît-il
Le jour 15 j'eus 2 périodes de 3 heures avec mon corps et ma tête plus ou moins normaux, une sorte de détente électrique, enfin enfin ... et quelques émotions, qui reviennent doucement aussi
Le jour 16 j'avais retrouvé le goût et les odeurs, je suis allé au restaurant, seul, impeccable, je suis capable de concentration, j'ai fait des opérations bancaires
Aujourd'hui jour 17 j'ai été capable de réparer le ventilo de mon ordinateur, j'ai trouvé la patience et l'énergie pour le faire, j'en étais incapable jusqu'ici. J'attends le retour des endorphines naturelles, cette petite sensation de bien-être qui n'est pas là encore, mais l'enfer est loin maintenant, est ça c'est la bonne nouvelle ...
Et émotionnellement ?
C'est un sevrage émotionnellement tout à fait sec, on dirait que l'émotionnel a disparu.
J'ai 100% de ma conscience du premier jour à aujourd'hui, je ne suis pas diminué par rapport aux états de conscience, mais bien avec le cerveau de travers, dans une essoreuse.
Ce sevrage est très calme intérieurement et extérieurement, mais jusqu'à u jour 14 j'ai été dans un ETAT psychique d'enfer indescriptible, c'est très bizarre, mes autres sevrages n'ont aucun été comme cela.
Je ne le souhaite à personne, mais IL EST FAISABLE et n'est paraît-il (et je confirme) pas médicalement dangereux (pas de delirium, pas de crises d'épilepsie, pas de colères, pas de cauchemars ni d'hallucinations comme avec certains produits)
J'aurais eu besoin d'en connaître la longueur et la difficulté, car IL EST TRES DUR ET TRES LONG (il dure un mois au total, infos médicales prises, le recouvrement du corps et de l'esprit est très lent après de telles doses de ce fameux produit 400 fois plus fort que la morphine ...)
Si ce mail peut aider, encourager quiconque, il a sa signification
Bonne journée à toi qui connais ce type de galère également ...;-)
Delleur
Merci pour cette description. bravo pour 17 jours; t'as du bien en chier;.. t'es en clinique ? C'est tres bien c'est une peu la seule chance que ca marche que d'etre aidé.
A te lire, ca me rappelle que tous les sevrages opiacés ont des spécificités mais se ressemblent. En vérité ils sont tous assez long : car pour se retablir en "totalité" il faut tujours plusieurs mois .... Tu as choisie une option et je te souhaite succes bien que personnellement, je ne crois plus en cette méthode et je vais te dire pourquoi : j'en fait beaucoup de sevrage, quasiment toutes les molécules du bar - sken came subu métha morph code et meme sophidone" et tout ce que j'ai appris, c'est qu'il fallait etre tres tres tres patient avant de vendre la peau de l'ours.... meme apres l'avoir tué, il faut revenir sain en ville et prendre le temps de bien la vendre; je me permets cette remarque que l'on ma souvent faite car tu parles de ton sevrage au passé" en nous disant qu'il est faisable...alors que t'es encore en plein dedans et que ca peut héllas craquer n'importe quand en quelconques secondes.... combien de fois ai-je abanonné des cures presque à la fin (ver le trentieme jour))... je le te souhaite pas !!!
bien sur 17 jours sans opiacés 'est un tres grand pas, un pas de géant mais si dans l'absolu, c'est peu. Sachant que le vrai sevrage commencera derriere, une fois la symptomatique retrocédé.
Le manque physiqe a un avantage : il étouffe de douleur et prend le dessus sur tout le reste. Le manque psychique est plus en retrait et n'attend qu'une chose pour se déclarer, la fin de la partie physique...
Pas étonnant que les grosses séries de cravings abominables commencent à se faire sentir tres à distance du sevrage physique et quand on commence à sentir que la vie sans opiacés, c'était génial pour s'en sortir et reprendre de l'estime de soi les premieres semaines mais qu'en réalité ca ne ressemble pas vraiment au reve qu'on s'en était fait.... c'est la qu'on prend vraiment conscience de ce que le produit représente pour nous.Mais le plus dur, c'est pas tout ça...... ça on s'en fout en fait ! Le plus sera de ne "pas reprendre" quand un besoin fort d'analgésie se fera jour en toi - que ce soit morale, usure ou ce que tu veux - j'en ai vu des camions entiers des types vouloir s'en sortir par la voie express.
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delleur a écrit
Delleur
Pourquoi pas avoir diminué progressivement ?
Cela, mes bien chers, j'en suis incapable. Quand je suis en possession du produit, je le consomme, je suis addictif, je suis incapable et je n'ai pas envie de ce type de diminution programmée ...
Je pense aussi que le sevrage, je dois en crever, et plus c'est terrible plus cela me protège de reconsommer ...
C'est marrant tout ces posts totalement englué de la philosophie Narcotique A. que nous combattons ici. Cette vision de la flagellation comme mode de redemption qui sur le plan médiacal avoisionne un résultat de 99.99%. Alor que justement et au contraire, plus une cure et rondement mené plus elle est consolidé et plus les gens sont rétablis et résistants aux premieres envies sérieuses d'antalgie.
Encore une fois : ca se joue sur 14 jour, 4 semaine ou 3 mois. C'est à vie qu'il faut se battre derriere ensuite. La came on l'oubliera jamais, elle sera toujours prete à refaire surface et ces techniques que je considére aussi dangereuse que de remonter trop vite à la surface en plongée peuvent etre effectivement la voie royale vers de beaux accidents.
Dans mon centre, le dernier lit de sevrage a été accordé à un mec depuis 14 ans sous métha il ne prenait plus que 2 mg. Il a insisté, bon, ils ont accepté. 3 mois apres ce sevrage avec succes, cet homme a été retrouvé décédé a son domicile une pointeuse dans le bras..... l'OD au virage du sevrage au moment le craving tombe.... il serait de faire vos jeux les NA. Vous etes des dinosaures.
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Dernière modification par delleur (02 mars 2015 à 08:57)
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delleur a écrit
Tu te prends pour qui pour juger le sevrage de quelqu'un ?
Tu es animateur (???) de Psychoactif et tu n'as pas plus de sagesse humaine, c'est triste, je te souhaite d'en acquérir
Avant d'écrire un message, regarde l'âge de celui à qui tu parles : tu es né en 1980, moi je suis né en 1956
Crois-moi, gamin, l'expérience et surtout, la volonté, ça s'acquiert avec les années
Hè papy, ici c'est moi le vieux ! Né en 1954 et 42 ans d'expérience avec les opiacés. On ne joue pas ce jeu là ici. Ziggy effectivement donne l'impression de se battre, c'est juste la vigueur de sa conviction.
Quant à ton témoignage, bravo, il est uitile pour tous ceux qui sont entrés dans la danse des molécules sans en trouver une quelconque sortie, utile en tant qu'exemple de chose à ne pas faire sauf si on a des phantasme de super héros.
Il existe aussi une façon non brutale qui est de diminuer doucement et lorsque l'on en peut pas, il existe aussi les TSO qui eux permettent cette descente sans choc.
J'ai le décès de mon papa à gérer cette semaine qui fait que je ne vais pas m'étendre. Ton témoignage surprennant a de toutes façon besoin d'un regard très critique. Tu n'es qu'à 17 jours de sevrage en gras à la dure et Ziggy te rappelle juste une stricte vérité : tu n'en es qu'au tout début et tu vends déjà la peau de l'ours.
delleur a écrit
Maintenant, évidemment, si c'est pour entendre des commentaires aussi idiots, vous n'aurez pas la suite je me retirerai rapidement du site
Papy Delleur
On a besoin sur un forum qui se veut sérieux de contradicteurs, de critiques, de méfiants, de supporters, etc.... Or ton arrivée me paraît juste un peu triomphante, dans un domaine où, par expérience, la douceur et l'amour marchent plutôt bien. Ton message sent la propagande, à l'odeur de la propagande et n'en est peut être pas, alors prouves le sans menaces.
Fil
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Dernière modification par delleur (02 mars 2015 à 09:41)
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J'ai déjà fait quelques sevrages dans ma vie, de différents produits addictifs, mais je viens de vivre celui qui de loin est le plus dur, et plus long
Ton parcours montre déjà que tu prends le risque de te placer en situation de rechute.
Je ne le souhaite à personne, mais IL EST FAISABLE et n'est paraît-il (et je confirme) pas médicalement dangereux (pas de delirium, pas de crises d'épilepsie, pas de colères, pas de cauchemars ni d'hallucinations comme avec certains produits)
Pas médicalement dangereux ? Je trouve que personnellement rechuter ou compenser avec d'autres produits est bien plus dangereux et destructeur que de parvenir à accepter un traitement qui aide à sortir de l'addiction.
Si ce mail peut aider, encourager quiconque, il a sa signification
Ton message me pose soucis ; d'un côté, j'ai vraiment envie que tu parviennes là où tu veux aller et t'encourager et de l'autre, je me sens obligé de t'interroger sur cette démarche si particulière visant à sortir de tes soucis en ne prenant en compte que l'addiction.
D'un autre côté, sans aucun recul et après moultes tentatives de sevrage, tu conseilles une démarche qui ne semble pas convenir durablement à la plupart des individus qui témoignent ici ou dans ma vie, sans compter ma propre expérience et l'avis éclairé des médecins.
Bien entendu que c'est faisable d’arrêter. C'est même plutôt facile quand on y est parvenu^^. Le soucis, c'est surtout après le sevrage...
Bon courage.
Tiens nous au courant.
Dernière modification par Mister No (02 mars 2015 à 11:03)
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Dernière modification par delleur (11 mars 2015 à 06:42)
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La deuxième chose, c'est que j'e suis allé en réunion NARCOTIQUES ANONYMES hier soir, et que j'ai rencontré à nouveau, et pour mon plus grand bonheur, un groupe de gens en pleine abstinence heureuse, souriants, patients, humbles, volontaires, courageux, desquels je me suis senti très proche.
Tous considèrent, comme moi d'ailleurs, qu'un vrai sevrage c'est un sevrage TOTAL, une abstinence de tout produit psychoactif
entendons par là :
ABSTINENCE = arrêt total de TOUT PRODUIT : ni substitutif, ni somnifère, ni benzodiazépine, ni neuroleptique, ni amphétamine, ni alcool, ni codéine, ni herbe, ni champignon, ni tabac et café même si possible, RIEN
Je partage entièrement ce point de vue ; l'abstinence est totale par nature, donc, pour adhérer à la démarche, il faut bien entendu se placer dans l'optique de ne pas s'autoriser le moindre petit extra.
Par contre, là où ton message me pose problème, c'est la grande confusion qui règne dans les possibilités d'interprétation. A te lire, on pourrait croire que les NA se positionnent comme une secte dangereuse, qui coupe l'individu des possibilités de soin tels que les traitements de substitution ou les médicaments utilisés en psychiatrie.
J'ai du mal à croire que les NA condamnent les médecins et leurs prescriptions, tant qu'elles ne sont pas détournées et consommées hors cadre thérapeutique. Ce n'est pas parce que l'on est dépendant d'un traitement que l'on souffre d'addiction.
Mélanger dépendance et addiction brouille totalement les cartes et prive l'individu de l'accès aux soins.
Il s'agit ici de tirer sur la ficelle de la culpabilité pour embrigader des individus parfois les plus fragiles particulièrement ceux qui auraient besoin de soins psy et qui devront s'en priver pour adhérer à la démarche.
Cette manipulation vise à les couper de la possibilité de traitement, et au delà , de la possibilité de suivi avec un médecin prescripteur.
Cela constitue pour moi une manipulation et une dangereuse dérive sectaire qui mérite d'être signalée. Le prosélytisme forcené de ton message sur ce forum est une autre partie de ce qui caractérise la déviance sectaire.
Un bel exemple de déviance sectaire et de prosélytisme, un vrai cas d'école ! (du copier coller en plus pour infecter le plus grand nombre de lieux virtuels, le message d'origine est une copie d'un mail "Si ce mail peut aider, encourager quiconque, il a sa signification")
J'attends des associations d'usagers qu'elles dénoncent cette privation d'accès aux soins et la nature sectaire de l'endoctrinement diffusé par de tels propos attribués aux NA.
Dernière modification par Mister No (11 mars 2015 à 10:02)
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Dernière modification par pleasurepulse (11 mars 2015 à 13:57)
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delleur a écrit
Bien chers,
J'ai déjà fait quelques sevrages dans ma vie, de différents produits addictifs, mais je viens de vivre celui qui de loin est le plus dur, et plus long : celui du FENTANYL (patches de Durogesic, ou Matrifen)
Il n'est pas encore terminé, les médecins me disent qu'il me faudra au total un mois avant de retrouver des sensations physiques et psychiques normales ... donc, encore 13 jours puisque j'en suis au 17eme jour aujourd'hui.
Etant donné que je n'ai pas trouvé d'infos suffisantes sur internet concernant ce sevrage, excepté sur sur des forums américains, je n'en soupçonnais pas ... la longueur et les affres.
Donc autant en parler, pour que quiconque lit ceci soit encouragé à le faire, puisqu'il est sans danger médical, même s'il nécessite une volonté et un accrochage de fer.
Après 3 mois de préparation et de thérapie, j'ai donc tout balancé il y a 17 jours, brûlé tout ce qu'il me restait dans le poêle à bois ... et entré dans la grande abstinence du big sevrage sec, supervisé par médecin et psychiatre, mais sans aucune aide médicale d'aucune sorte, rien.
Sec, quoi qu'il arrive, et jusqu'au bout, c'est dans mon tempérament, je suis comme ça, je ne sais d'ailleurs fonctionner que comme ça.
Je me patchais au Fentalyl 50, 75 ou 100 depuis 3 ans (un patch renouvelé tous les 3 jours), mais je passais aussi mes journées ... à mâcher des patches supplémentaires, au moins 2 par jour ...
(précédemment mon truc c'était le Tramadol, 1 gr par jour, je l'avais sevré sec il y a 4 ans, une aventure bien plus facile que celle-ci)
Tout d'abord, mâcher des patches, cela donne de beaux effets flash d'invincibilité, mais ce n'est pas à faire, car cela même surtout la première année à des overdoses terribles avec dépression respiratoire mortelle
J'en ai fait plusieurs et cela m'a même amené à me procurer l'antidote, à savoir de la Naloxone avec laquelle je me piquais immédiatement lorsque je sentais arriver la dépression respiratoire ... je ne souhaite cela à personne. Il s'agit d'un produit 400 fois plus fort que la morphine, bien efficace mais d'un danger d'overdose +++, gaffe les gars
Autre chose : les patches de Durogesic officiellement ne se coupent pas, ils ne sont pas matriciels, et des overdoses mortelles peuvent survenir car quand on coupe le patch car tout le liquide contenu survient dans un des morceaux, j'ai connu ça quelques fois aussi ..., gaffe les gars
Autre chose : quand on a très chaud (sortie du bain par exemple) il ne faut pas être patché ni se patcher et attendre plusieurs heures car dans ce cas le patch se vide illico à cause de la chaleur, et c'est l'overdose inattendue ... une dizaine d'heures après ! ... gaffe, les gars
Au départ, je prenais ces patches pour des raisons médicales, car j'ai 60 piges et je suis criblé d'arthrose. Le hic, c'est que ce type de produit ne fonctionne pas sur des douleurs à long terme, et que finalement il aiguise les douleurs, les médecins appellent cela l'hyperalgie : plus t'en prends, plus t'as mal ... et c'est la fonction "récréative" qui reste la seule motivante ...
Alors, le sevrage ?
La première semaine, je m'étais fait hospitaliser, car je croyais que cela serait plus facile, la suite, je l'ai faite chez moi, et c'est moins dur à la maison, car je peux y trouver des activités qui diminuent l'angoisse, je peux me promener dans la maison lorsque les nuits sont sans repos, etc, ce qui est impossible dans un contexte d'hôpital
Pourquoi sec ?
En fait logiquement, surtout en hôpital, ce type de sevrage se fait sous benzos (Temesta, Valium, etc), dont je suis totalement abstinent depuis 4 ans, donc pas question d'aucune benzo pour moi, je ne suis pas là pour changer de comptoir, j'ai déjà donné ...
ou alors sous neuroleptiques (Lyrica, Dominal, Gabapentine, etc) desquels je suis profondément allergiques, ces médocs me dissocient le cerveau complètement je les ai bien sûr essayés dans le passé ...
Donc, il me reste seulement à le faire sans aide médicamenteuse ... mais bien informé et comme je l'ai dit ci-dessus suivi par médecin et psychiatre, on ne sait pas trop comment ça va se passer ...
Pourquoi pas avoir diminué progressivement ?
Cela, mes bien chers, j'en suis incapable. Quand je suis en possession du produit, je le consomme, je suis addictif, je suis incapable et je n'ai pas envie de ce type de diminution programmée ...
Je pense aussi que le sevrage, je dois en crever, et plus c'est terrible plus cela me protège de reconsommer ...
Comment ça s'est passé ?
Les 3 premiers jours (jours 1 à 3), j'ai dormi, jour et nuit, c'était plutôt facile, le produit s'éliminait lentement ...
Les 3 suivants (jour 4 à 7), un dégoût des goûts et des odeurs, plus d'appétit, de la photophobie, de l'hyperacousie, des angoisses flottantes, une sorte de dissociation spaciale, certaines nuits blanches, pas toutes, mais un état encore supportable
Les 6 suivants (jours 7 à 13), le pire du pire, et malheureusement je ne m'y attendais pas : la tête dans une essoreuse ou une machine à laver, en permanence, des 24h sans jours, ni nuits, rien qu'à essayer de supporter des tensions et décharges musculaires dans le corps, en permanence, jambes et bras sans repos, impossibilité de passer plus de 10 secondes sans se contortionner, avec parfois une énergie nulle où le moindre mouvement demande un effort inimaginable, deux jours avec impossibilité de marcher cause tension artérielle trop basse, une sensation d'état d'angoisse permanente, un état, pas des ressentis corporels, plus d'émotions, pas de rêves, l'enfer seconde après seconde, j'ai dû aller chercher des lieux de volonté au fond de moi, que je ne me connaissais pas, extrêmement dur, à la limite de l'impossible, mais très intéressant.
Le jour 13 j'eus quelques heures de répit, une sortie de cet état d'angoisse, enfin, et là ont commencé d'autres déboires, mais plus faciles à supporter : en nage après quelques heures au lit, tout est trempé, et toujours pareil au jour 17 ! Mais les ressentis de présence et de douleur du corps reviennent, c'est pas trop génial car tout est tendu, le corps est sans repos
Le jour 14 j'eus aussi quelques heures de repos psychique et quelques frissons dans le dos en écoutant de la musique, c'est le retour de la dopamie dans le cerveau paraît-il
Le jour 15 j'eus 2 périodes de 3 heures avec mon corps et ma tête plus ou moins normaux, une sorte de détente électrique, enfin enfin ... et quelques émotions, qui reviennent doucement aussi
Le jour 16 j'avais retrouvé le goût et les odeurs, je suis allé au restaurant, seul, impeccable, je suis capable de concentration, j'ai fait des opérations bancaires
Aujourd'hui jour 17 j'ai été capable de réparer le ventilo de mon ordinateur, j'ai trouvé la patience et l'énergie pour le faire, j'en étais incapable jusqu'ici. J'attends le retour des endorphines naturelles, cette petite sensation de bien-être qui n'est pas là encore, mais l'enfer est loin maintenant, est ça c'est la bonne nouvelle ...
Et émotionnellement ?
C'est un sevrage émotionnellement tout à fait sec, on dirait que l'émotionnel a disparu.
J'ai 100% de ma conscience du premier jour à aujourd'hui, je ne suis pas diminué par rapport aux états de conscience, mais bien avec le cerveau de travers, dans une essoreuse.
Ce sevrage est très calme intérieurement et extérieurement, mais jusqu'à u jour 14 j'ai été dans un ETAT psychique d'enfer indescriptible, c'est très bizarre, mes autres sevrages n'ont aucun été comme cela.
Je ne le souhaite à personne, mais IL EST FAISABLE et n'est paraît-il (et je confirme) pas médicalement dangereux (pas de delirium, pas de crises d'épilepsie, pas de colères, pas de cauchemars ni d'hallucinations comme avec certains produits)
J'aurais eu besoin d'en connaître la longueur et la difficulté, car IL EST TRES DUR ET TRES LONG (il dure un mois au total, infos médicales prises, le recouvrement du corps et de l'esprit est très lent après de telles doses de ce fameux produit 400 fois plus fort que la morphine ...)
Si ce mail peut aider, encourager quiconque, il a sa signification
Bonne journée à toi qui connais ce type de galère également ...;-)
Delleur
Je me reconnais un peu dans ton récit, même s'il s'agissait de codéine pour moi. Je suis content que tu aies trouvé la motivation pour ne pas craquer. Dans les "cold turkey", ce que les gens cherchent sur notre forum c'est un calendrier, sûrement pour reprendre un peu de contrôle sur la situation (du moins essayer d'en avoir). Superbe initiative.
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