L´efficacité des cures de
substitution à la
méthadone a été largement étudiée et
démontrée, notamment en ce qui concerne la réduction de l´usage de drogues, la réduction de l´activité
criminelle, la baisse de la mortalité, l´amélioration psychique et physique ainsi qu´une meilleure
adaptation sociale. Pour être efficace, ces traitements doivent le plus souvent s´inscrire dans la durée,
les
sevrages à court terme présentant quant à eux un risque très élevé de rechute. Cependant, le
clinicien se trouve confronté à certains patients traités depuis de nombreuses années dont la situation
peut rester problématique. Nous avons voulu savoir dans quelle mesure ces traitements restent
pertinents parmi la population traitée au long cours.
Matériels et méthode: Le Drop-in de Neuchâtel (Suisse) est un centre de prévention et de traitement
de l´addiction. Les traitements de
méthadone y ont été introduits il y a plus de trente ans, ils sont
associés à une prise en charge somato-psycho-sociale. La première phase de la recherche a pour but
d´analyser l´évolution des patients traités en 1997 dans notre centre, et d´en extraire ceux qui ont
conservé une
substitution à la
méthadone en 2006. La deuxième phase vise à étudier, selon des critères
évalués avant le traitement et 10 ans après son introduction, dans quelle mesure le programme de
substitution contribue (ou non) à améliorer la qualité de vie de ces patients.
Résultats et discussion: Une première analyse de nos données démontre qu´une majorité de patients
traités avec de la
méthadone (56%) la conserve 10 ans après son introduction. Parmi cette population,
les domaines d´amélioration les plus marqués sont la réduction de la consommation d´héroïne ainsi que
la baisse de la criminalité. Les scores sont stables dans le domaine de la santé psychique. Ils sont par
contre mitigés en ce qui concerne la santé physique et l´insertion professionnelle. Pour cette dernière,
nous observons un glissement vers l´aide sociale et l´assurance invalidité (A.I.).
Dans ce groupe de patients substitués au long cours, nous constatons également une très haute
prévalence de comorbidités psychiatriques sévères. Nous pensons que cette réalité permet de rendre
compte des résultats modestes en ce qui concerne les derniers domaines cités, ainsi que de la difficulté
de ces patients à s´extraire du programme de soins (méthadone et soutien psycho