BON.
Cela faisait un moment que ça me trottait dans la tête, mais j'aimerais avoir quelques témoignages, réflexions, avis de votre part.....
Je me demande si le
sevrage physique "à l'ancienn", "à la dure", appelez le comme vous voudrez, bref, le
sevrage PHYSIQUE, je précise, d'avant la
substitution et la surmédicalisation (c'est mon avis perso), n'a pas été, au fil du temps, quelque peu enjolivé, avec à l'appui des scènes de films, spectaculaires à l'envi, faites par des gens qui n'avaient jamais touché une pompe de leur vie, et encore moins cunnu de crises de manque....
Je vais essayer de vous décrire le plus sincèrement possible la façon dont j'ai décroché physiquement en 1983, sans en rajouter (et j'ai une excellente mémoire, cet épisode est gravé sur mon disque dur
)
Après avoir tourné pendant une dizaine d'années à tt ce qui se shootait, et les dernières années particulièrement à de la thaï d'importation directe, pour des tas de raisons, j'au décidé de décro.
Comme se le rappelleront les "vieux de la vieile" (survivants), à ce moment là , il fallait faire avec les moyens du bord, et quand on arrivait à se trouver une postcure, le deal était:Vous devez arriver sevré physiquement.
En tout cas c'est ce qu'on m'a demandé de faire. Comme cela urgeait, et ni envie ni possibilité d'aller me sevrer en hosto, j'ai donc décidé d'aller me sevrer physiquement tout seul comme un grand, comme, je tiens à le rappeler, cela se pratiquait de façon courante à cette époque.
Je n'en étais d'ailleurs pas moi-même à mon coup d'essai, en cas de rupture de plan inopinée, ou d'autres aléas, il fallait bien...se démerder.
Je précise qu'en hiver 83, je n'étais plus accro à la Thaï depeuis des mois, à laquelle j'avais "substitué" soit de la rose iranienne, ou du
brown de l'Ilôt Chalons, ou d'Amsterdam, dont j'estimerai au pif la pureté à 20% en moyenne (si je me permets cette estimation, c'est que j'avais eu la chance de tourner à la pure à (98%), ce qui me donnait une échelle de comparaison.
En tout cas des produits bien supérieurs en contenace réelle d'
héroine que ce qui circule aujourd'hui.
J'ai pu disposer d'une petite maison en normandie, dans un hameau, à 25 km de tte vile, et sans voisins directs.µ
J'aurais aimé partir avec du Palfium (idem temgésic), dont je pouvais en temps ordinaire avoir par un médecin soit des cachets, soit des ampoules.J'aurais pris des cachets, et me serais fait un plan dégressif sur dix jours.Cela n'a pas été possible.
Je suis donc parti avec , en fait, un stock de
valium, 6 ou 7 boîtes, et des antalgiques costauds, mais non
opiacés (sorry, je me rappele plu la marque!)Et avec de l'
alcool, que de toute façon je consommais modérément depuis longtemps, mais dont j'aimais le coté euphorisant, et je savis que les médocs en question ne me l'apporteraoient pas, dons...Vodka et Jack daniel's, 8 ou 10 bouteilles...
Alors, je ne vais pas me lancer dans un long descriptif, mamémoire n'est pas assez fidèle, et c'était...un peu flou
mais je me souviens très bien de CECI:
-Le cap le plus difficile est arrivé au bout de 3/4 jours, principalement avec le manque de sommeil, et la gamberge, même si je me suis scotché pendant tout ce temps devant un feu de bois, et avec de la musique soigneusement choisie (schubert, Nick Drake, et Stevie Wonder pour la fin,en l'occurence
on est esthète ou on l'set pô
).Quoique...la musicothérapie d'appoint, hein...
-Non, je ne me suis pas roulé par terre en me serrant les tripes de douleur.Le stock d'antalgiques dont je me suis bourré (pas d'interactions craignos...) a atténué les souffrances physiques.
Si j'ai hurlé, c'était pour d'autres raisons psychiques et morales, pas à cause de la douleur physique qui est restée supportable.Tiens, à ce propos, je signale en passant que pouvoir hurler sa rage sa haine son désespoir et tt ce que vous voudrez, sur une plage déserte de Normandie, ça aide aussi à décrocher....C'est aussi une excellente thérapie, après tout, tant que ça n'emmerde personne...Je déplore qu'on n'ait plus le droit de hurler tranquillement, dans cette société, y'a plus d'endroit où on puisse le faire peinard. A quand un "HURLOIR", insonorisé, dans les centres de cure....Et le pire c'est que je suis sérieux
-Ce "cap difficile" a duré 4/5 jours, et j'ai profité des derniers jours pour réduire la conso
alcool/benzo, ce qui a été assez facile.
Alors, questions/réflections....
Que je sache, de 1983 à 2008, le corps humain et le rapport à la douleur (je n'ai pas dit la SOUFFRANCE) n'a pas dù fondamentalement évoluer...Je ne suis pas un surhomme, je ne suis pas masochiste , je devais peser 60 kilos à tt casser et n'avais pas de constitution exceptionnelle.
Je le redis, cette pratique était courante à l'époque, tous les toxs au long cours que je connaissais la pratiquaient, de retour d'Inde, de Thaïlande etc...quand ils savaient qu'il allait falloir "réduire la voilure"...Après, a chacun ses trucs, ses médocs favoris, ses endroits appropriés, seuls ou auprès d'amis "cleans"....
Il est clair que j'avais une motivation en diamant, et l'attente assurée d'une place en postcure me soutenait, même s'il m'a fallu y"gérer" la fin de décroche des benzos, dans un lieu non médicalisé, donc 4 nuits sans dormir, mais dans un entourage humain favorable (auto-soutien des autres "postcuristes", entre autres...
Ce
sevrage "à la dure", n'était certes pas une partie de plaisir, mais sa réalité était bien loin des desciptions ou des "peurs" que j'ai pu lire ou entrevoir ca et là .....
Ce n'était rien de plus que l'équivalent d'une cure de trois semaines en hôpital telle qu'elle se pratique actuellement, mais bricolée sur mesure...
Un
sevrage IMPOSE, pour quelque raison que ce soit, oui, ça, ça risque de faire des dégats.
A mon humble niveau, la SEULE personne que j'aie vu vraiment se tordre de douleur malgré tout ce qu'on a pu lui filer, c'est mon ami Jean-Luc, qui est passé en quelques jours de la Thaï quasi pure à ce qu'on avait en france...rajoutez-y le jetlag.
Perso, je pense que ce
sevrage "à l'ancienne " a été enjolivé soit par d"anciens toxs désireux de se faire gentiment mousser, ou dans la nécessité d'y associer des douleurs hallucinantes pour consolider son sevrge, ou encore par des témoins de
sevrages qui ont peut-être pris les hurlements dont j'ai parlé plus haut, pour de la souffrance purement physique...quoique..la frontière est poreuse ....
Alors, surtout, n'allez pas croire que je prône quoi que ce soit, ou que je me la joue réac:"Ah, ces djeun's, moi, d'mon temps...."
Non, c'est simplement qu'à lire certains posts, j'ai l'impression que le
sevrage physique représente chez certains, fantasmatiquement parlant, une "épreuve" incroyable, surhumaine...ce qui est le meilleur moyen de ne pas la tenter...?
Alors bon, j'attends vos réactions, particulièrement des "grands anciens", côyé témoignages, et de plus jeunes pour éventuellement discuter de cette "peur" du
sevrage physique.
Ps:même si je n'en ai jamais pris, je me doute qu'après une longue prise de métha (le sub, sincèrement, j'ai toujours pas compris, y'a un truc qui m'échappe, je croyais qu'il désamorçait les effets du manque...quel intérêt d'en shooetr pour se défoncer, autre que comportemental?), bref, après des années de métha ou autres en CONTINU, ce n'est pas en dix jours qu'on arrête, je pense plutôt à ceux qui ont eu une consommation modérée, ou courte, et qui "Calent", justement, sur cette peur de la douleur...au rsique d'aller se "piéger" dans autre chose