Un article du Flyer que j'ai découvert aujourd'hui sur le
suboxone, qui est assez edifiant...
L'association buprénorphine-naloxone peut-elle faire mieux que la buprénorphine seule ?Ernesto DE BERNARDIS(1) and Lina BUSà(2)
1 Drug addiction service (SerT), Lentini, Italy, EU
2 Drug addiction service (SerT), District 1, Catania, Italy, EUCette lettre au rédacteur en chef de la revue Heroin Addiction and Related Clinical Problems a été publiée dans le numéro de mars 2014. Son auteur, le Dr De Bernardis a souhaité également la proposer aux lecteurs du Flyer, avec l’accord amical du Pr Icro Maremmani qui dirige cette revue.
Lettre au rédacteur en chefAu rédacteur en chef : Monsieur, onze ans après la décision prise par la FDA, et sept ans après l'autorisation par l’Agence Européenne des Médicaments pour la mise sur le marché de l’association
buprénorphine-naloxone dans un rapport de 4 pour 1 (4 mg de
buprénorphine pour 1 mg de
naloxone) dans le traitement de la dépendance aux
opiacés, le temps est peut-être venu d'une réévaluation critique de sa capacité prétendue à dissuader le détournement d’usage par des voies d'administration autres que sublinguale.
À l'heure actuelle et après toutes ces années, nous manquons toujours d’essais randomisés spécifiant, parmi les résultats principaux des traitements, le taux de détournement d’usage de l'association
buprénorphine-naloxone par comparaison avec la
buprénorphine seule.
En revanche, l’usage intraveineux de l'association a été signalé à plusieurs reprises dans des études cliniques dans le monde entier [1, 2, 3, 4, 7, 10]. D'autres auto-administrations détournées, par voie nasale et orale (fumée) ont également été rapportées [6, 8]. Rétrospectivement, suite à la
substitution forcée de
buprénorphine pure par l'association, une augmentation du nombre d'injecteurs [2, 10] et des pratiques d'injection à risques [2] ont été notées. La
substitution forcée a également conduit à une fréquence de 50 % des événements indésirables, et un taux d’abandon des patients de 59 %, dont 12 % perdus de vue [10], ce qui devrait être considéré comme un événement indésirable grave, étant donné le taux élevé de morbidité et de mortalité connu pour les patients dépendants aux
opiacés en dehors de tout traitement.
Il a été également signalé que l'usage parentéral de l'association provoque un empoisonnement létal dans une proportion supérieure à celle de la
buprénorphine seule [4].
Le grand public a également pris conscience du détournement d’usage réel de l'association par l'intermédiaire des médias traditionnels et ce, dès les premières années de son adoption [9] jusqu'à aujourd’hui [11].
Le principe pharmacologique, différent du postulat du fabricant, repose sur la capacité de la
buprénorphine, dès les premiers injections intraveineuses, à occuper les récepteurs mu des
opiacés, empêchant ainsi la
naloxone d’exercer un effet aversif significatif [5, 12]. 10En outre, la
naloxone ne peut pas provoquer d’état de manque chez les sujets qui n’ont pas développé de tolérance aux
opiacés, y compris les expérimentateurs de drogue dépourvus de dépendance aux
opiacés ou les anciens héroïnomanes récemment sevrés [5, 12].
Compte tenu de ce qui précède, et en attendant les développements de futurs médicaments agonistes (traitements de
substitution), les cliniciens et décideurs devraient soigneusement reconsidérer si l'association
buprénorphine et
naloxone répond à leurs exigences en termes de coûts-bénéfices, ou si l'utilisation de la
buprénorphine pure à un prix plus bas serait plus sage pour le moment (ndlr : ce dernier argument doit être tempéré par la situation française, où
Suboxone est moins cher que
Subutex et a le même coût que les génériques).
Publication initiale dans : Heroin Addiction and Related Clinical Problems a été publiée dans le
numéro de mars 2014; 16(1): 63-64References1. Alho H, Sinclair D, Vuori E, Holopainen A (2007): Abuse liability of buprenorphine-naloxone tablets in untreated IV drug users. Drug Alcohol Depend. 88(1):75-78.
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7. Larance B, Degenhardt L, Lintzeris N, Bell J, Winstock A, Dietze P, Mattick R, Ali R, Horyniak D (2011): Post-marketing surveillance of buprenorphine-naloxone in Australia: Diversion,injection and adherence with supervised dosing. Drug Alcohol Depend. 118(2-3):265-73
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11. Sontag D (2013): Addiction treatment with a dark side. The New York Times, November 16th, 2013
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