En ligne, le
cannabis se vend mieux que la
cocaïneMalgré la fermeture de Silk Road en octobre 2013 et les politiques de luttes contre le trafic de drogue, les dealers en ligne continuent à prospérer.
Selon une étude publiée par l'université Carnegie Mellon de Pittsburgh, aux Etats-Unis, les ventes de drogue par ce biais ont totalisé 100 millions de dollars par an entre juillet 2013 et le début de l'année 2015, soit 89 millions d'euros.
L'étude est ce qui se trouve de plus complet aujourd'hui sur le marché de la drogue en ligne depuis la fermeture de Silk Road, un magasin en ligne sur lequel on pouvait tout vendre et tout acheter, y compris de la drogue.
Des dizaines de sites « cachés » passés à la moulinette des chercheursPour parvenir à ces résultats, les chercheurs Kyle Soska et Nicolas Christin ont aspiré les données – dont le prix ou le type de drogue – de 35 sites de vente en ligne sur le « Dark Web », cet Internet caché uniquement accessible ne passant par le système d'anonymisation
TOR.
Parmi ces 35 sites ciblés, on trouve par exemple le successeur de Silk Road – baptisé avec originalité Silk Road 2.0 –, fermé en novembre 2014. Parmi les « gros », le site Evolution, disparu subitement et mystérieusement en mars dernier, a été analysé 43 fois entre juillet 2014 et février 2015. L'étude publie un tableau qui laisse peu de place à l'imagination quant à la masse de données recueillies.
Les chercheurs ont « aspiré » les données de ces sites 1 908 fois en l'espace de dix-neuf mois – cela leur a pris parfois cinq jours pour tout « scraper » –, ce qui représente un total de 3,2 téraoctets de données à traiter. En s'appuyant sur cette masse et sur les notes – ainsi que les commentaires laissés aux vendeurs –, ils ont pu dégager des tendances et même estimer les volumes de vente.
Des résultats stupéfiantsL'étude met en lumière la croissance du marché de la drogue en ligne – une croissance moins importante qu'à l'époque de Silk Road, cela dit –, et reconnaît que la fermeture du site phare en octobre 2013 « a provoqué un peu d'agitation dans le milieu de la drogue en ligne ». A l'automne 2013, plusieurs sites ont fermé spontanément, notent les chercheurs.
Pour la période de leur étude, les deux universitaires indiquent que les ventes quotidiennes ont représenté entre 270 000 et et 450 000 euros en ligne.
Les ventes de drogue en ligne par type, entre juillet 2013 et janvier 2015. © Carnegie Mellon
Parmi toutes les données sur les drogues « aspirées » par les chercheurs, de l'
héroïne au
LSD en passant par le
cannabis ou la
MDMA, ce sont le
cannabis – sous forme d'herbe – et l'
ecstasy qui sont devant, elles trustent plus de la moitié des ventes. En revanche, les ventes de
cocaïne ont diminué, note le Washington Post.
A propos des vendeurs, l'étude relève que la plupart – 70 % – ne vendent pas plus de 1 000 dollars (900 euros) de drogues. Seuls 2 % des vendeurs ont écoulé pour plus 100 000 dollars.
Parmi les conclusions de l'étude, les chercheurs indiquent qu'à ce rythme de fermeture et d'ouverture de nouveaux sites de vente, qui s'apparente au jeu du chat et de la souris, les pouvoirs publics ne sont pas du tout certains de l'emporter. D'autant qu'une étude du printemps 2015 révélait que l
es consommateurs de drogue trouvent l'achat en ligne plus sûr.