[ Première injection ]

L'initiation au shoot avant la réduction des risques

Moi, mon premier shoot, c'était en 1976/77...dans une piaule entre Répu et le canal.

J'avais 17 ans.Je revenais du Sud de la France avec une gamine de 15 ans, Isabelle.

Il était 2h du mat, on avait raté les derniers trains de banlieue pour Grigny, où j'avais un point de chute.A "La bonne Bière", troquet repère de ts les toxs du coin, on a rencontré un mec, Lou, qui nous a proposé de nous héberger pour la nuit.

On est monté chez lui, il s'est fait un shoot.Moi je sniffais depuis deux trois ans.Isabelle, à  peine de temps en temps.Moi ça me disait depuis longtemps de faire un fix, je voulais goûter au flash.

J'ai voulu en dissuader Isabelle, qui ne m'a pas écouté.

Lou lui a donc fait un shoot, qui l'a envoyée dans les vaps.

Puis il m'en a fait un, qui a eu le même résultat.

Je suis sorti du brouillard une heure après pour trouver le Lou en train de sauter Isabelle que cela paraissait indifférer, en fait....

Je suis parti vers le canal.

Tirez en les interprétations que vious voulez....Ce soir je me sens pas d'humeur romancière, ni psy.
phenix2007

1er shoot en l'an 1976

l'amie O shootait occasionnellement avec sa belle "susie" de verre, la roll royce des tox à  l'époque de la prohibition des seringues; pour avoir une pompe, il fallait débourser une dizaine de francs, après avoir ronronner un mensonge au pharmacien, qui selon son unique bon vouloir, vous accordait ou non le droit à  disposer d'une seringue neuve et..propre! sinon, si comme l'amie O, vous n'aviez pas le privilège de posséder une seringue en verre (meilleur moyen à  l'époque pour se protéger puisqu'on pouvait la réutiliser après l'avoir fait bouillir, et désinfecter l'aiguille, qui elle, devait durer longtemps!) , vous deviez vous rabattre sur la pompe du pote, attendre votre tour donc, ou alors reprendre dans la trousse "de secours" une vieille seringue, une aiguille multi- usagée ( on les "réparait " avec une boite d'allumette) ; dans ma troussed de "secours" perso on pouvait trouver jusqu'à  30 corps de pompe usagers; des dizaines d'aiguilles de différentes tailles.. la plupart de nos jours auraient fini rapido à  la poubelle, tellement l'etat des pompes étaient "craignos : pleines de poussieres, de noir collés au fond du corps et des aiguilles si émoussées qu'elles vous déchiraient la peau et la veine, éveillant de terribles douleurs, vite oubliées grace au flash salvateur! mais à  l'époque de la préhistoire de la RDR , la seule chance était d'avoir un bon pote..et un bon pharmacien : la vente des vaccins genre ribomunil (?) se portaient surement mieux que maintenant!
Le 1er shoot qui ouvrit la voie à  des miliers d'autres, fut entrepris avec une pompe de verre, ce qui a certainement éviter des échanges de virus.;du moins à  ce moment là !
O après avoir fait le sien , me tendit une cuillere , une à  soupe (on ne lésinait pas à  l'époque sur les quantité!) , et me demanda si cela me tentait! mon coeur s'est mis à  battre plus vite; mon regard fixement collé sur la pompe encore rougi du crime contre la veine commis par O sur sa personne, et je murmurais un "oui" aussi timide que celui d'une jeune épousée à  l'église! dans ce oui là , il y a eu tous les désirs du monde, tous les fantasmes les plus vifs, et interdits que j'ai pu imaginer, tous les pires désirs anti parentaux de mon monde, les pires révoltes contre l'ordre à  jamais établi par des adultes indignes....de ce oui là , je dois dire que mon amie n'y fut pour rien! si coupable il y a eu, je dirais sans aucune hésitation : mon passé , mon enfance, qui m'ont poussé vers la drogue plus surement que vers une tout autre voie!
je ne peux rien regretté de ce geste, car il était inexorablement "écrit" dans mon histoire personnel! mon pérer ne m'avait il pas condamné à  etre "ratée" dès ma naissance, et ne me qualifiait il pas de droguée dès l'age de 10ans?
Je revendique le plaisir immense ressenti ce jour là ! oui celui là  m'appartiens à  jamais! il m'avait ouvert la voie à  l'espérance, à  la joie profonde d'un vécu immensément riche de sensations inconnues, toujours à  renouvelées certes, mais oh combien jouissives? la passion de la dope est née avec ce shoot là ! passion jamais démentie, et qui ne pourra jamais etre effaçée, meme si je ne consomme plus de ces drogues "paradisiaques"...
De cette passion est aussi née le cortège moins drole des douleurs effroyables, des nuits blanches et noires d'angoisses infinies, de choses sordides vues et vécues aussi : les shoot dans les WC publics, avec l'eau des chasses d'eau! les pompes reprises du caniveaux, au sortiir d'une garde à  vues musclées, où les flics s'étaient "amusés" à  nous menacer, nous les deux seules femmes dans la cage de verre, de viols collectifs, les mains sur leur ceintures, mimant le débouclage de celle ci, et les rires grossiers de la collegue femme qui les incitait au passage à  l'acte, pour finallement nous dire "oh non on va choper le sida!!"...
les soirées coton aussi où le manque nous pressait si fort qu'on prenait tous les cotons soigneusement gardés depuis des semaines dans un tube vide de comprimés effervescents , et de se les faire...et parfois froler la mort avec des septicémie ..galopantes!
que d'un shoot on puisse passer à  tout cela, est une conséquence et d'une histoire, mais aussi de la prohibition, de la chasse aux tox, des interdits mutiples et anti tox, qui ne font que nous pousser à  la clandestinité, et donc à  subir toutes les actions démoniaques anti démocratiques, anti liberté individuelle, d'un système qui ne vénère que ceux qui sont à  son image! qu'on puisse récolter la mort pour avoir voulu rester dans le monde des "paradis artificiel" me semble une bien lourde peine , de l'ordre de la peine capitale d'ailleurs, pour un délit si ...individuel
Bighorse