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Ma première od, automne 1992. Je sortais de 24h chez les flics et me suis acheté un pacs et une pompe et me suis rendu dans les chiottes les plus proches pour satisfaire une envie pressante. C'est une iv de Narcan qui m'a reveillée aux urgences. Je n'ai aucun souvenir de ce qui s'est passé, si ce n'est que j'ai sûrement trop dosé mon shoot, le dernier remontait à 26-28h.
Le réveil est brutal, on passe du niveau maximum de défonce au niveau maximum de manque. J'ai engueulé tout le monde autour de moi, puis ai retrouvé rapidement mon calme, sûrement suite à une iv de benzo, ou du genre. Je suis resté là 2-3h, le temps de récupérer un peu étant équivalent au temps nécessaire pour pouvoir signer une décharge et m'en aller. Direction la zone pour un autre pacs, et me suis shooté la moitié arrivé chez moi.
IV depuis ~ 1 an, premier incident, aucun problème de flics, durée : un après-midi, impact sur moi : minime, parce que j'ai pas vraiment réalisé que ça aurait pu mal finir. Pour tout dire je m'en tapais complètement même, j'allais avoir vingt ans, et à cet âge on se sent immortel.
Ma deuxième od, printemps 93. Je revenais d'une affaire qui s'était compliquée et avait nécessitée un itinéraire détourné. A destination, j'ai reçu ce qui me revenait et suis allé de suite chez mon pote qui revendait pour moi. L'usage était qu'un des deux prépare de quoi faire deux pompes. Je commencais à être bien en manque, et me suis IV sans demandé comment c'était dosé. Cette pratique n'avait jamais posée problème, seringues neuves à chaque fois. Gros flash, un peu gros quand même, en plus de la fatigue du trajet de la nuit. Je me suis posé sur le canapé et lui ai dis que je me sentais verser mais que ça devrait aller. Pas de perte de conscience soudaine, donc pas de quoi m'affoler.
Mon pote a appellé une ambulance, position latérale en attendant. Pas de flics, une od ne justifiait pas leur présence, déjà à l'époque. Ma seconde od avait débutée en douceur, pour se terminer aussi brutalement azx urgences après une iv de Narcan. Là j'ai pas passé mes nerfs sur les toubibs mais leur ai demandé de faire ce qu'il fallait pour que ça cesse (ou diminue fortement). Le Narcan c'est très hard, pour moi en tous cas, mais les toubibs font le nécessaire pour que ça dure le moins longtemps possible. C'est pas traumatisant, justement parce que "traité" en quelques minutes. La décharge a prit plus de temps cette fois-ci, le doc qui la délivre est celui qui vient te voir deux fois en deux heures, double ration de RDR because 2ème od en moins d'une année.
Ensuite je suis retourné chez mon pote, qui s'était informé de mon état par téléphone. Il se sentait plus mal que moi, culpabilité d'avoir bien chargée la cuillère et conscient que ça aurait été merdique si les ambulanciers avaient eu un cadavre à prendre en charge. Il m'a laissé repartir que le lendemain, délai durant lequel il veillerait que quoique je m'iv, ça soit du light. Depuis quelques mois, je m'injectais souvent des slowball (héro-rohypnol), des mixball (héro-coke-rohypnol) et des speedball, sans pour autant délaisser les iv d'héroïne seule, qui restaient le must en matière d'opiacés. Ce second incident a eu le mérite de me calmer quelques jours, sans toutefois m'inquiéter d'avantage car là aussi, c'était (dans mon esprit en tous cas) causé par une dose élevée qui venait après plus de 12-16h d'attente. Si ça devait se reproduire, je ferai gaffe en mettant moitié moins de poudre. Dans le but de prévenir une situation qui assurément serait merdique, à savoir comment et quand obtenir une décharge. Je ne pensais pas vraiment à une prochaine od, mais je mentionne cette pensée, aussi petite soit-elle, car ô combien plus présente que l'idée d'en mourir. J'étais loin d'être suicidaire, mais si mourir c'était comme un flash qui ne finit jamais...Mais là encore, mon insouciance restait intact.
Ma troisième od, janvier 94. J'étais en liberté provisoire depuis quelques jours, après un semestre en détention préventive. J'avais choisi d'être en affaires avec des gens qui étaient dans le collimateur des stups depuis un moment, direction la prison sans passer par le start et ne touche pas de prime. En 1993, les TSO en milieu carcéral se réduisait à : le manque d'héroïne ne dure pas longtemps, mais si tu insistes vraiment je peux t'apporter une aspirine. Libéré provisoirement, et libéré pour de bon de ma dépendance selon la logique judiciaire (car si tu tiens 6 mois sans héro, tu n'en as plus besoin ensuite. Y revenir, c'était du vice et démontrait un caractère auto-destructeur défiant toute logique. J'avais répondu que bon sang mais c'est bien sûr, vous avez raison, au juge qui allait signer mon bon de sortie)
J'ai donc été guéri, pendant 24h. Mais j'ai préféré re-être malade, privilégiant la voie intraveineuse, sans autre raison que quoi de meilleur qu'un shoot après si longtemps. Un second shoot, puis d'autres, on est d'accord. J'ai gardé un profil bas, because les flics et les parents à ménager quand même un peu. (ils n'ont jamais été informés des deux précédents. J'ai entendu de vagues rumeurs sur de l'héro coupée avec de la strychnine qui circulait dans la région. Fin février, je me suis shooté pour la première et dernière fois dans la salle de bain, chez mes parents. J'ai pas eu le temps de pomper que j'ai me suis senti brûler de l'intérieur, ça montait dans le bras, puis la poitrine, oh merde, puis plus rien. Le détail qui a tout changé, c'est que je me suis levé quand ça a commencé à picoter, ça a fait du bruit quand je suis tombé. Je me suis réveillé 2,5 jours plus tard. On m'a raconté la suite.
Comme je ne répondais pas, mon père a enfoncé la porte, a fait chercher la voisine de pallier qui était infirmière et a commencé le bouche-à -bouche, la voisine a commencé un massage cardiaque. Il y avait de l'agitation et des pleurs parce que pour eux, j'étais en train de mourir et le spectacle est paraît-il très impressionnant. Perso j'ai rien senti, donc ça allait. Je n'avais plus de pouls et ne respirait pas à l'arrivée de l'ambulance. J'ai pas senti le Narcan cette fois-çi, et suis sorti du coma deux jours plus tard. J'ai mis du temps à émerger, et me suis vite senti mal, à l'instant où je me suis souvenu que ça s'était passé chez mes parents. Aucun parent, aussi merdique soit-il, mérite de voir mourir son enfant étouffé par son vomit, une pompe dans le bras. Là je m'en voulais, mais n'en avais rien à foutre d'être presque mort. A part la brûlure, le reste est pareil. Une heure ou soixante, c'est pareil. Premier souci, attendre la visite des parents, puis second souci, la décharge...Les bâtards, ils sont venu ensemble, j'étais tout seul et ne faisais pas le poids. OK pour 48h sous observation, non je ne me shooterai plus chez mes parents.
Cette fois, ça m'a marqué. J'ai pas reshooté avant 36h. Je ne sais rien du traitement que j'ai reçu, même le Narcan je n'en ai pas souvenir, je l'ai déduis car il était systématiquement utilisé. Et je m'en foutais complètement sur le moment. J'en ai tout de même gardé une crispation à chaque nouveau shoot. J'avais d'autres chats à fouetter, et des comptes à régler. Il s'est passé quelque chose, puis retour en prison.
J'ai reshooté un peu 13 ans plus tard, mais c'était plus comme avant.
....et, ma quatrième od aux opiacés, août 2012. Presque à la fin de mon sevrage de métha, en HP, j'aide une infirmière à relever un gars qui s'était évanoui à côté de moi. J'ai le dos niqué suite à un accident, et j'ai fais un faux mouvement qui m'a coincé un nerf. J'ai demandé à voir le médecin de garde, pas disponible avant le lendemain. J'ai eu mal toute la journée suivante, et me suis entendu dire que je le verrais le lendemain suivant. Dans la soirée la douleur a augmenté, pour devenir insupportable durant la nuit. Les tox sont mal vus en HP si ils se sèvrent durant leur séjour, c'est sûrement la raison qui m'a fait devoir attendre un jour de plus. En ajoutant le fait que mon seuil de tolérance à la douleur avait diminué because plus d'opiacés. Alors le lendemain matin, j'ai envoyer chier cette équipe de malades (pas les clients hein) et leur ai dit que si ils n'appellaient pas une ambulance immédiatement, je le ferais moi-même et qu'ensuite j'allais leur pourrir la vie (parce que bordel à cul, je ne pouvais plus poser ma jambe droite sur le sol, les tendons derrière le genoux avaient triplé de volume à cause de l'inflammation, et n'avais vu aucun médecin). Ca a fait venir la cheffe de clinique m'ausculter en personne, et elle a constaté que y'avait besoin d'une ambulance. Que si elle en faisait venir une, je renoncerais à en l'appeller moi-même ? Et qu'en attendant, il fallait calmer la douleur, et que même si je n'e prenais plus de métha, j'avais besoin de tramal et d'une injection de valium. J'ai avalé ce qu'on m'a donné, j'ai eu une piqûre, et j'ai eu une abulance dans les minutes qui suivaient.
Ca a été pratique, j'étais déjà dans une ambulance quand j'ai fais ma 4ème od. Qui a été prise en charge avant que je ne m'enfonce trop. J'ai reçun une injection de je sais pas quoi après que le doc des urgences ait appellà la doc du HP et ait appris que j'avais été surdosé en Tramal. Je me suis sentî moins glauque suite à cette iv, mais pas en manque puisque quasi sevré. J'avais trop mal pour sentir autre chose. Suis reparti en fin d'après-midi, la doc du HP est venue me voir et m'a dit qu'elle avait mal évalué la quantité de Tramal, mais qu'elle l'avait calculée en prenant compte de ma tolérance aux opïacés.
Pas d'intervention de flic, positon couchée dans une civière d'ambulance, accompagnée d'un médecin-urgentiste. Qui a dit que d'une od à la suivante on apprenait rien?
Et ce n'est pas une farce, après trois od par shoot, je fais une od en sevrage suite à une erreur de toubib. C'était important pour moi de la mentionner, parce qu'od signifie "il a risqué une fois de trop" , et on ne parle pratiquement pas d'od provoquées par un tiers.
Pour finir, j'ai eu une pensée pour le gars chez qui j'avais fais ma 2ème et qui s'était occupé de moi en attendant l'ambulance. Je sais qu'il avait récolté des signatures pour une petition demandant l'ouverture d'une salle de shoot, qui a ouvert en 1986 à Bienne, en Suisse. La première salle de shoot en Europe. Lui il est mort en 1994 d'une od, et bordel à cul quand je pense à tous les autres que j'ai connu, je me demande qui de eux ou de moi a eu de la chance.
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Dernière modification par stella (11 octobre 2015 à 12:51)
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stella a écrit
Bref il l'ont emmener et arrivé à l'hosto ils lui ont filé du narcan mais beaucoup trop je pense.... Car ils m'ont demandé ce qu'il avait pris, et moi bah forcément j'ai fais la liste. Ils ont fait une tête de 6 pieds de long.
Je pense qu'il ont vraiment chargé la dose car mon copain s'est réveillé d'un coup mais en hurlant. Et il a gerbé pendant 10 h d'affilé. Il avait les veines qui le brûlaient. Bref il m'a dit que c'était la sensation la plus horrible qu'il est jamais eu.
Moi c'etait pas avec du narcan mais de la naloxone, mais je pense que ca doit se ressembler, et je peux confirmer que c'est la sensation la plus degueulasse, la plus affreuse que j'ai eu de ma vie (et pourtant j'ai eu mon lot de trucs douloureux et pas agreables). C'est ce qui arrive quand on envoie trop de Narcan/Naloxone d'un coup, ce qui provoque un sevrage precipite extremement brutal. Je me souviens d'abord d'un enorme frisson glace qui m'a parcouru tout le corps et les os, et j'ai ouvert les yeux et les lumieres de l'appart m'eclataient les yeux, j'avais de la morve qui coulait de partout et les yeux noyes, et une nausee et une chiasse de malade (d'ailleurs je crois que je me suis ch** dessus), un mal de tete a crever, et toujours l'interieur du corps completement frigorifie et la peau brulante avec des litres de sueur degueulasse qui coulaient de partout. Et j'ai saute sur mes camarades, en mode bete sauvage, c'a pas ete facile de me calmer et de m'expliquer... Et le pire c'est que meme en reprenant de la came pour appaiser l'etat dans lequel j'etais, je sentais rien du tout, aucune amelioration (j'ai su plus tard que la nalox bloque les opiaces) je me suis rabattu sur des benzos et de l'alcool (que je degeulais instantanement). Me souviens plus combien de temps c'avait dure, mais j'avais l'impression que ca durait une eternite... Et sur le coup j'etais super venere contre mes potes, je me rendais pas compte qu'ils m'avaient sauve la vie... Faut dire qu'a l'epoque, j'y tenais pas vraiment, a la vie....
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clem a écrit
je sens ma respiration qui diminue beaucoup mais ce n'est pas vraiment perturbant _ au contraire c'est comme si je m'en foutais parceque je suis bien. (parfois il m'arrive quand même de me "forcer" à respirer parceque je sens que je ne le fais pas depuis un peu trop longtemps à mon gout),
Ca m'est arrivé très souvent !
Sensation super bizarre de prendre conscience qu'on ne respire pas et bdu coup on se force à respirer, même si on se sentait super relax! ^^
Concernant mon témoignage je reviendrais sur le post car là pas trop le temps et c'est long à expliquer (surtout lorsque l'on écrit le texte via la tablette, niveau rapidité ce n'est pas top comparait à un clavier d'ordinateur !)
Bref!
À très vite!
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Dernière modification par Shantee59 (10 mai 2017 à 21:51)
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Dernière modification par Sufenta (14 mai 2017 à 02:44)
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Sufenta a écrit
La ils nous demande ce qu'on a pris qu'ils ne sont pas la police, mon pote leur dit héro et à ce moment même les flics qui étaient devant la porte à écouter rentrent, les battards de pompiers, c'est pas cool, je fini ma nuit en observation normal et par la suite convoqué chez les stup, où on raconte etre allé acheter un gramme au quartier ... Puis tribunal pour les deux.
Verdict 3 mois ferme pour mon pote, 1 mois ferme pour moi heureusement les peines furent aménagées avec le bracelet et mon casier 3 et 2 effacé par une Jap consiliente pour ne pas griller mon avenir ...
C'est grave pas cool qd même, mon pote appelle les secours, ce qui est un geste bien et il se prend du ferme pour conso, et moi apres une od pareil, ferme pour conso merci les secours en plus je me suis réveillé à la pose du KT ...
Enfin tout est bien qui fini bien
Alors, là , oui, c'est VRAIMENT grave! Ca s'est passé dans quelle ville? Parce que bossant dans un service d'urgence, je peux te dire que, nous, les flics, moins on a besoin de les appeler et mieux on se porte!
Dailleurs, ne serait ce que quand les toubibs sont réquisitionnés pour les prises de sang de mecs alcoolisés au volant ou autre, ils sont dègs...Ils le font quand même mais pas de gaieté de coeur je t'assure.....
Ton histoire, c'est grave parce que ça peut inciter des gens à foutre le mec dehors pour qu'il aille crever ailleurs au lieu d'appeler les secours
De mon temps , dans la région parisienne, appeler les pompiers voulait dire pas de flics (tant qu'il n'y avait pas mort d'homme évidemment), par contre le samu arrivait systématiquement avec les keufs, et ça, on le savait c'est pourquoi on appelait toujours les pompiers et pas le samu...
Les keufs ils avaient trouvé la came ou même pas pour que vous vous preniez du ferme?
Tu dis que ça finit bien....Perso, je trouve cette histoire affligeante en terme de RDR...
Bravo les pompiers comme tu dis!
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Sufenta a écrit
C'est grave pas cool qd même, mon pote appelle les secours, ce qui est un geste bien et il se prend du ferme pour conso, et moi apres une od pareil, ferme pour conso merci les secours
C'est pour ça que tous les anciens (nés dans les 60) balançaient parfois, sans pitié les cadavres sans même les réanimer ou tenter. Chacun sa merde.
Horrible!
Il faudrait déjà apprendre les gestes qui sauvent et les étapes. A moins de 50% des gens afps c'est pas assez et en France c'est? Moins que moins.
Révolté par ton histoire qui ne se passe pas en 83...
Dernière modification par Sufenta (27 août 2019 à 11:03)
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Dernière modification par sud 2 france (26 août 2019 à 22:53)
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