PABLO PORCIUNCULA / AFPPhoto:
La légalisation du cannabis encadrée par l'Etat uruguayen est une décision qui fait polémique, même en Uruguay.L'Uruguay souhaite produire six à dix tonnes de
cannabis par an pour pouvoir fournir les pharmacies, a annoncé à l'AFP Milton Romani, secrétaire général du Conseil national des drogues. Cette décision fait suite au vote d'une loi pionnière dans le monde sur la
légalisation du
cannabis.
Milton Romani a déclaré que tout était quasiment prêt pour commencer la production. "Il reste à affiner le logiciel du registre (sur lequel doivent s'inscrire les consommateurs et producteurs de
cannabis, ndlr) et du retrait en pharmacie", et à définir quelles entreprises seront en charge du transport, a-t-il ajouté.
Légaliser pour le plaisir
Fin 2013, l'Uruguay a adopté une loi unique au monde permettant à l'Etat de fournir des licences de production de
cannabis pour sa commercialisation en pharmacie. Mais contrairement à ce qui se fait aux Etats-Unis, le
cannabis pourra être consommé pour un usage récréatif. José Mujica, l'ex-président à qui l'Uruguay doit cette loi, avait affirmé qu'il s'agissait d'une "expérience". La vente de
cannabis à usage récréatif en pharmacie est le troisième volet, longtemps repoussé, de la loi votée en Uruguay, dont les deux premiers - la culture de
cannabis pour la consommation personnelle ou au sein d'un club - ont déjà été mis en pratique.
Deux entreprises privées ont déjà été choisies pour produire la drogue, dont la variété de graines est originaire d'Uruguay, le "cannabis charrua", a expliqué Milton Romani. La production commencera à 2 tonnes par entreprise "et au fur et à mesure que le système s'affinera, nous allons lancer d'autres appels d'offres ou autoriser ces entreprises à produire plus", afin d'atteindre les volumes nécessaires pour répondre à la demande, a détaillé Milton Romani. L'Etat percevra 10 à 13% des recettes, plus le prix des licences payées par les entreprises productrices.
Légaliser pour lutter contre le trafic
Le gouvernement uruguayen prévoit une commercialisation d'ici à juin 2016. Il estime pouvoir toucher un marché de 160 000 consommateurs fréquents ou réguliers, dans un pays qui compte 3 millions d'habitants. "Au regard de la loi, qui autorise la vente de 40 grammes mensuellement par personne enregistrée, il nous faut produire entre 6 et 10 tonnes par an", a indiqué Milton Romani, à un prix de 1,40 dollar le gramme.
L'objectif du gouvernement est de "reprendre le marché occupé par le narcotrafic". De plus, le "tourisme cannabique" serait impossible, car il faut s'enregistrer (et donc être Uruguayen) pour pouvoir acheter la drogue en pharmacie. Si l'Uruguay fait figure de précurseur, cette loi continue de faire polémique, notamment auprès de ceux qui luttent conte les effets destructeurs des drogues dites "douces".
Source :
metronews