Décidément...Je ne sais pas si c'est que vous êtes habitués à "ce genre de cas" mais j'avoue être surprise par les réponses à chaque fois et les intentions si bienveillantes.
Ça remue des choses, ce qu'il faut je pense, et ce qui est pointé est important.
Merci bighorsse pour ton questionnement.
Effectivement, quand la puce est née, mon regard sur la vie en général s'est modifié ainsi que mes priorités. L'amour d'un enfant est indescriptible et je sais que je serais prête à tout pour elle. Je suis très investie et pourrais déplacer des montagnes.
Mais tu as raison, la culpabilité vis à vis d'elle est quelque chose de très présent.
Dernièrement, mon père qui est pharmacien de recherche en industrie m'a expliqué qu'il avait travaillé sur la
méthadone quelques années (il ne savait rien sur mon chéri à ce sujet jusqu'il y a trois semaines) et les retombées génétiques, apparemment un lien pourrait être fait sur les malformations de conception. J'ai coupé court et je ne me suis pas renseignée plus, mais ça me trotte. Dans mon dossier de grossesse, il était noté partout que le papa était sous
méthadone, on ne nous a jamais rien dit à ce sujet quand on a appris pour notre fille, les soignants n'ont pas fait le lien ou du moins ne nous l'ont pas dit.
Nous l'avons appris à 5 mois de grossesse, à l'échographie morphologique. On se faisait une fête de voir notre bout de chou à nouveau et le ciel s'est écroulé sur notre tête. L'échographe avait beau être rassurant et franchement très porteur, jusqu'au bout, j'étais anéantie. Et déformation professionnelle aidant, j'ai pensé dialyse, j'ai pensé greffe, j'ai pensé handicap et j'en passe. Nous qui voulions garder la surprise avons appris que c'était une fille... en plus... je l'imaginais déjà fragile. Bref, ce fut une période atroce pour nous où nous avons du cesser nos professions quelques temps.
Je ne sais pas si mon homme s'est vu responsable. Aujourd'hui je me dis qu'avec tout ce qu'il sait de ses produits, il a certainement dû l'envisager, en tout cas il ne me l'a pas dit, et jusqu'à aujourd'hui, je n'y ai pas pensé. C'est moi qui ait énormément culpabilisé, un fardeau que je porte encore. Parce qu'elle s'est développée en moi, c'est moi qui ait failli, j'ai râté quelque chose et ma fille allait le payer toute sa vie. On a eu beau me dire de toutes parts que c'était la faute à "pas de chance" et qu'elle irait très bien, que plein de gens vivaient qu'avec un seul rein, je me sens toujours fautive de n'avoir pas pu donner toutes les chances d'entrée à mon bébé. Et c'est toujours ce que je ressens, je pleure en écrivant.
Je me disais à l'époque que c'était à cause du travail (infirmière en maison de retraite, 80 résidents à gérer seule) puis que c'était parce que j'étais fumeuse (cigarettes), j'avais diminué autant que possible (une dizaine dans les premiers temps, 5 puis 3, je suis grosse fumeuse) mais visiblement pas assez. A refaire je n'en fumerais pas une. De ce qu'on m'a confirmé à maintes reprises, la
cigarette n'est pas responsable de ça, mais pour ce qui est de son arrivée précoce par contre, outre le fait que j'ai beaucoup forcé, ça n'a pas du arranger.
Aujourd'hui elle va très bien, elle est suivie en néphrologie pédiatrique...on lui fait des examens régulièrement... et tout soupçon d'infection urinaire qu'elle n'a jamais faite se termine aux urgences... Je fais très attention à l'alimentation et bref, je pense faire tout ce qu'il faut aujourd'hui pour protéger son rein unique en très bonne santé jusqu'ici. Elle devra éviter certaines activités plus tard où son rein pourrait être endommagé, et pour finir, son père et moi sommes compatibles s'il arrive quelque chose même si j'imagine mes reins meilleurs que les siens. Je sais qu'il y a tellement pire et qu'au jour le jour on "l'oublie" tellement elle déborde de vie, mais toutes ces situations sont tellement à l'opposé de ce qu'on souhaitait pour elle, c'est tellement triste...mais c'est comme ça, l'un comme l'autre, on a sacrément merdé et c'est un poids intolérable.
Je ne sais pas si je devrais lui parler de l'éventualité qu'il y ait un lien avec les produits, je ne sais pas si c'est aussi plausible que ce que mon père me dit, je ne sais pas s'il y a pensé et je ne sais pas si ça ferait du bien... Je suis déjà si mal avec ma propre culpabilité, j'aurais le sentiment d'en rajouter. Mais on y viendra surement un jour, tu as raison de le pointer.
Le grand, nous l'avions en garde classique, un w-e/2 et la moitié des vacances, nous avons toujours eu d'excellents rapports (je l'ai connu à deux ans, certainement que ça a aidé) et nous nous sommes vus grandir mutuellement, nous sommes très proches. Il adore son père et c'est pour lui un exemple à suivre...et son père le lui rend vraiment bien, il a évolué en huit ans (il a eu son petit à 18 ans, se sont séparés avec la maman aux 4 mois du petit : 10 ans d'écart, pbs de drogues et rien à voir l'un avec l'autre à part les produits), ils partagent beaucoup de choses en commun et en dehors de la
méthadone qui le scotche tous les matins, il s'investit beaucoup pour lui.
Puis les services sociaux l'ont contacté en début d'année, nous voyions bien que ça n'allait pas pour le petit mais nous essayions, à tort à l'époque, de lui apporter le plus de joie possible ses temps de présence alors que nous aurions du le questionner et l'aider. Il vivait en fait un enfer chez sa maman bourrée du matin jusqu'au soir (+produits) avec violences avérées, sa fille a été placée en famille d'accueil, pour dire. Mon chéri s'est battu et a déplacé des montagnes tout au long de l'année pour obtenir la garde exclusive avec visites médiatisées de la maman qu'il a obtenu. Il a été exemplaire et le petit bout a retrouvé le sourire. Pour moi ça a été compliqué. Le papa était très absent du fait d'une formation plus que prenante qu'il suivait avec un maitre de stage harcelant. J'ai été seule avec la petite de deux ans et le fiston en miettes qui montrait sa souffrance (j'ai stoppé le travail) : provoquant, désagréable, testeur et j'en passe. J'avais beau savoir qu'il était dans un état affectif des plus déplorables, les mois défilants, à force de prendre des baffes, je finissais par être sur la défensive aussi. Mais petit à petit, avec le soutien perpétuel de mon amoureux, aussi bien de façon intime que face au petit, les choses se sont mis en place et j'ai retrouvé le petit bout attachant que je connaissais. Au niveau judiciaire, les choses se calaient, il a repris l'école, il trime un peu mais fait plein d'efforts, est mignon avec sa soeur et tout le monde et a trouvé son équilibre. Jusqu'à il y a trois semaines, il était bien, on était bien, on sortait la tête de l'eau. Et aujourd'hui... voilà qu'il nous arrive cette crasse supplémentaire où je n'ai plus beaucoup de force.
Ce petit garçon que j'adore est à nouveau très malheureux et complètement désorienté vu qu'il ne sait rien à part qu'on a eu un incident son papa et moi suite à une "hospit pour burn out" et qu'on a besoin de temps pour se retrouver... Alors qu'il ne me l'a jamais dit, à chaque fois que je le vois, il me serre dans ses bras à n'en plus finir, me dit que je lui manque et qu'il m'aime...et il voit beaucoup moins sa soeur... Bref, ça me fend le coeur, vraiment.
Le papa n'a jamais dérapé avant ça, comme j'ai pu le préciser dans d'autres posts, la
méthadone et les autres produits n'ont eu comme retombées essentielles que les absences momentanées qui lui font rater des tas de moments en famille et les gros manques de vigilance vis à vis de la petite qui ont été les deux fois citées, dangereuses.
Oui c'est ce produit de merde qui l'a rendu fou, complètement, il n'y avait plus la moindre étincelle de lui, et ce durant presque 48 heures.
Ca l'a bien évidemment fait réagir, et de ce qu'il me dit, il ne prend plus que ses 110mg de
méthadone et c'est tout, souhaitant baisser par pallier toutes les trois semaines. Il est rongé par la honte et le désespoir actuellement, je lui manque atrocement et sa fille aussi. Même si j'y vais presque à chaque fois qu'il m'en fait la demande, la situation actuelle est dramatique. Il souhaite me prouver que je n'ai plus à m'inquiéter de rien mais je suis en dents de scie, un jour je le crois, un autre non. Je le connais depuis 8 ans, et jusqu'ici, ce que j'ai pu constater était qu'à chaque mal son produit. Et, que je le veuille ou non, je fais un rejet complet des produits aujourd'hui. Mais pas de l'amour de ma vie...
Alors c'est extrêmement compliqué. Ce serait tellement plus évident si c'était un simple enfoiré, or ce n'est absolument pas son cas.
Nous devions quitter l'appartement, le bail est arrivé à terme, nous étions en visite le jour où il est devenu fou. Aujourd'hui j'ai stoppé ma part de loyer. Il visite un appartement pour nous 4 mardi, il faut que je donne ma réponse d'ici une grosse semaine si je veux retenter quelque chose dans l'immédiat (les rejoindre quand j'y arriverai) ou s'il doit s'installer à deux, ailleurs. Ses parents se porteraient garants (c'est désormais mort pour les miens) mais ils ne le feront pas si je ne suis sure de rien, normal. Bref, je ne sais pas où j'en suis, j'ai tellement tellement peur de faire un mauvais choix que je ne dors plus, c'est épuisant. Va-t-il vraiment se tenir à ce qu'il souhaite? Ne feras-t-il pas, un jour, sans prévenir, une autre connerie? Et si cette connerie était fatale?
J'ai été en stage en prison, il y avait un pauvre monsieur qui était au milieu de plein de criminels, il semblait rien avoir à faire là . Il était UD, il avait jeté son bébé de 20 mois par la fenêtre. Il ne l'avait pas fait exprès.
S'il arrive quoi que ce soit de définitif je n'aurais jamais suffisamment d'une vie pour m'en remettre.
Ai-je tort de penser aussi à ça? Vais-je trop loin en pensant que ça pourrait m'arriver?