Les Français fument, boivent, mais vivent longtempsLE MONDE | 05.11.2015 à 14h44 • Mis à jour le 05.11.2015 à 17h37 | Par Pierre Le Hir et Alexandre Pouchard
Les Français vivent plus vieux que la moyenne des habitants des pays riches. Cela en dépit d’un taux de tabagisme et de consommation d’alcool sensiblement plus élevé. C’est l’un des enseignements – paradoxal – du Panorama de la santé 2015 publié, mercredi 4 octobre, par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Celle-ci a réuni de multiples indicateurs comparant l’état sanitaire des populations et les performances des systèmes de santé dans ses 34 pays membres.
Les Français jouissent donc d’une espérance de vie relativement longue : elle est, hommes et femmes confondus, de 82,3 ans, contre une moyenne de 80,5 ans dans les autres pays de l’OCDE. C’est le cinquième meilleur « score », après le Japon, l’Espagne, la Suisse et l’Italie. Mais des écarts importants subsistent entre les sexes. Avec une espérance de vie moyenne de 85,6 ans, les Françaises ont la troisième plus grande longévité au sein de l’OCDE après les Japonaises et les Espagnoles. En revanche, leurs compatriotes masculins n’arrivent qu’en quinzième position, avec une longévité de 79 ans.
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Ces chiffres sont globalement en augmentation continue. Mais pas au même rythme : peu à peu, l’espérance de vie des hommes se rapproche de celle de femmes. Depuis 2000, les femmes ont « gagné » 2,6 ans en moyenne et les hommes, 3,7 ans.
Cette belle longévité s’accompagne pourtant d’importants facteurs de risques sanitaires. En 2013, le pourcentage de la population adulte (âgée de 15 ans et plus) qui fumait quotidiennement en France s’élevait à 24,1 %. Cette part diminue progressivement – elle était de 27 % en 2000 –, notamment sous l’effet des augmentations du prix des paquets de
cigarettes. Mais sur ce point, la France est mal classée au sein de l’OCDE, figurant loin derrière la moyenne des Etats membres (19,7 %).
11,1 litres d’alcool par habitantLes fumeurs sont majoritairement des hommes (28,7 % d’entre eux fument contre 20,2 % des femmes). La baisse de la consommation est constatée chez les hommes comme chez les femmes, mais elle est plus importante chez les premiers (– 4,3 points depuis 2000) que chez les secondes (– 0,8 point).
La France, où les taxes sur l’alcool sont plus faibles que dans d’autres pays, compte l’un des plus gros contingents de buveurs au sein de l’OCDE. Avec 11,1 litres d’alcool consommés par habitant en moyenne en 2013, les Français se classent en quatrième position derrière les Autrichiens (12,2 l), les Estoniens (11,8 l) et les Tchèques (11,5 l), à égalité avec les Hongrois.
Ce chiffre est toutefois en diminution constante : en 2000, chaque Français buvaitconsommait en moyenne 13,8 litres d’alcool par an. S’agissant du
tabac comme de l’alcool, l’OCDE souligne que « la France doit poursuivre ses efforts pour réduire les facteurs de risque ».
Sur la balance, les Français font plutôt bonne contenance. L’obésité (l’indice de masse corporelle , IMC, est égal ou supérieur à 30) touchait un adulte sur 7 en France en 2012, soit 14,5 % de la population âgée de 15 ans et plus. Les données ne sont pas disponibles pour l’ensemble des Etats mais la France est l’un des pays les moins touchés, loin derrière la Nouvelle-Zélande (29,9 %), les Etats-Unis (28,7 %) ou encore le Royaume-Uni (24,9 %).
Ce chiffre est cependant en augmentation régulière : l’obésité ne concernait qu’un adulte français sur 9 en 2000. L’étude relève que la probabilité d’être obèse varie fortement selon le statut socio-économique : elle est environ deux fois plus élevée pour les femmes et les hommes ayant un faible niveau d’éducation.
Concernant les personnes en surpoids (IMC situé entre 25 et 30), la France est également moins concernée que ses voisins (29,9 % de la population adulte contre 37,2 % au Royaume-Uni, 36,7 % en Allemagne, 36,1 % en Espagne…). Mais la tendance est elle aussi en augmentation depuis 2000 (27,2 % alors).
Autre indicateur, les dépenses de santé payées par les patients ont représenté environ 7 % des dépenses totales de santé en France en 2013. C’est beaucoup moins que la moyenne de l’OCDE (20 %) grâce « à la Sécurité sociale et aux dispositifs de couvertures complémentaires ». Les dépenses médicales ont ainsi représenté en moyenne 1,4 % des dépenses des ménages en 2013, quand la moyenne de l’OCDE se situe à 2,8 % et que certaines populations paient davantage, comme les Suisses (4,5 %), les Grecs (4,1 %) ou encore les Portugais (3,9 %).
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