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Dernière modification par nokkloom (24 décembre 2015 à 13:42)
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Dernière modification par Syam (29 décembre 2015 à 19:48)
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nokkloom a écrit
Quand tu te sens obligé de taper d'un prod pour fonctionner comme tu le voudrais, là c'est problématique. D'après moi, un prod peut effectivement t'aider à combattre certaines peurs & angoisses, ça peut être un partenaire de vie agréable, tant que tu n'es pas totalement englouti par le prod en question! Tant que tu arrives à rester toi-même, à ce que ta personnalité vraie ne soit pas dépassée par ta personnalité sous prod (qui n'est qu'une sorte de projection de ta personnalité subjectivement idéale).
Syam a écrit
Mais il faut savoir ce que tu veux dans la vie et identifier les obstacles - selon tes ambitions cette conso peut s'avérer un énooooorme obstacle.
C'est amusant on dirait que vous parlez exactement de la même chose ! L'idéal, les ambitions... C'est comme des visions de sa propre réalisation. Ensuite viennent les moyens qu'utilise l'homme pour se réaliser (inconsciemment ou non) : la drogue et la spiritualité (la sagesse en somme, ce qui couvre à peu près tout d'une existence humaine) en gros... C'est un peu retrouver l'opposition entre opulence et ascèse ; qu'y aurait-il d'autre d'ailleurs ?
Le "toi-même" dont parle nokkloom, c'est pas non plus celui que tu es obligé de vivre pour le restant de tes jours, à savoir ici en l'occurrence un être plutôt réservé comme tu semble le dire. Mais c'est ce que tu es sans prod aujourd'hui, intimement. Un être d'ambivalence et de contradiction comme nous tous, qui dévoile bien par son désir une intimité encore plus profonde, comme un besoin d'ouverture et de libération.
La drogue permet largement en fait de ne pas se condamner à se vivre tout le temps, quand on n'a pas les moyens présents de se surmonter ou qu'on en a pas la témérité. Prise en plus grande fréquence, elle permet même de presque oublier tout un tempérament naturel morne et douloureux, mais bien sûr jusqu'à une certaine limite, qui est celle de ton corps ou de ton accoutumance psychique.
Je veux pas faire d'apologie mais de toute façon je m'en fous, je suis pas dans la drogue là mais dans l'idée de la drogue. En pensant et en ne parlant de la drogue tu ne seras toujours embourbé que dans une spiritualité de la drogue même si celle-ci peut être déclinante et fausse. Au moins passer ce temps à ces conneries de pensées autocentrées ce serait toujours mieux pour un addict que de replonger dans la vraie drogue, pas celle des idées. Ce serait une bonne thérapie. Donc j'en parle. Ne voit pas la drogue comme quelque chose de mal en soi c'est neutre c'est un élément de chimie et elle n'a pas demandé à ce qu'on la prenne. Et si jamais elle est "faite" pour l'homme, ce serait plutôt de l'ordre de la révélation divine donc c'est pas si mal... Mais donc là je veux juste dire ne vois pas d'antithèse absolue entre sagesse et drogue, entre équilibre et le fait de se doper si tu veux. Penser qu'un trip c'est un état humain inauthentique, faux, par définition c'est une bêtise abyssale, parce que ça reste un état humain. La drogue a au moins le mérite de te faire voir et même parfois consentir (ce qui peut être pas mal aussi) à des choses qui dérangent, à une sorte de "crasse" consubstantiellement liée à l'homme à l'origine. Là où je me distingue de la pensée judéo-chrétienne, du Mal originel, c'est que je ne considère pas le "mal" comme foncièrement inauthentique. Les mystiques chrétiens l'ont bien dit avant moi... Donc à ce moment, drogue et spiritualité peuvent avoir foncièrement le même but. Le seul hic c'est, comme met en garde Syam, le fait de pas savoir se débrouiller par soi-même un minimum. Laisser tout le pouvoir à la drogue, c'est dangereux, c'est vrai pour le coup que là c'est pas un produit naturel à l'homme, donc du coup c'est pas tant qu'il ne peux rien en faire mais c'est surtout que ça peut l'aliéner rapidement et le rendre dépendant : et le pire c'est que c'est quelque chose qui n'est pas en toi (du moins physiquement) : ce sont des substances venant de plantes ou du génie génétique.
Quand j'entend des personnes dire que la sagesse, la spiritualité, ça consiste à "s'accepter tel que l'on est", je me méfie d'un certain présupposé sous-jacent, qui pue vraiment la honte et le paternalisme démagogique... Parce que les gars ils seraient déjà censés savoir qui ils sont ? Et donc la voie serait toute tracée... Même ça ce serait trop facile, c'est inacceptable. La première voie de la spiritualité c'est l'exploration de soi. On s'accepte après seulement quand on se connaît intérieurement, et on ne finit pas de s'explorer si tu veux mon avis... Pas de sagesse sans exploration préalable. Tu peux prendre des précautions pour cela, mais la drogue elle aussi est une forme d'exploration de soi. Rien que l'idée que t'as de la drogue, elle macère depuis le début en toi, elle est aussi puissante quasiment que la dépendance physique, la dépendance psychologique c'est pas autre chose que la spiritualité, animale, qui sera toujours là , qu'il faut dompter, et qui peut être toute aussi dangereuse. Beaucoup de dépendants crèvent ou se crèvent de par leur idée de la drogue, tu n'imagine pas à quel point la spiritualité que l'on érige aussi en vertu cardinale peut être d'un danger énorme, et comment elle est ancrée en nous constamment dans cet état larvaire qu'on appelle la conscience.
Aussi je redis qu'au moment où on ne connaît pas entièrement, cet être timide, c'est pas exactement ce que tu es profondément non plus, du moins il n'y a pas que ça, autrement ça te conviendrait très bien et tu ne ressentirais pas l'envie et encore moins le besoin de prendre des prods ! Il y a bien toujours en soi comme un désir opposé très profond. C'est juste parce que l'homme déteste les cadres parce qu'il veut se sentir dominant, et parce que la routine c'est le pire ennemi de l'homme mais mille fois. Quitte à ce qu'il doive se transformer...
Je pense même que l'envie (pas seulement le besoin) peut poser un soucis, parce quand on est bien high, on exauce bien facilement même une petite envie, et on s'exauce pareillement de sa peine morale. La dope ça donne (du moins au début) une telle vigilance et attention que finalement bien souvent l'ouverture normalement si positive pour faire plein de choses, se rapprocher des gens et kiffer la vie, se retourne contre soi : on se livre trop facilement et à tout. On a la sensation qu'on risque pas grand chose ou que même s'il nous arrive quelque chose de tragique c'est pas grave on en souffrirait pas, et puis de toute façon on est bien trop apaisé sur le moment : c'est l'anesthésie dû aux effets analgésiques de l'immense majorité des prods. Ce qu'il y a de très grisant mais aussi de flippant sur ce point, c'est que ça peut délivrer totalement de la peur de la mort sur le moment, voir la sublimer. C'est à la fois une leçon de vie et une vision de mort que te destine à voir la drogue. C'est certain que quand on est à tendance timide et en mal de sensation, que l'on s'ennuie, c'est tentant, et si on réagit un tant soit peu bien aux prods c'est encore mieux, ça devient une expérience enrichissante, si enrichissante par contraste de ce que l'on a vécu avant, de la récurrente routine passée (entendue dans sa globalité), que c'est une "révélation", comme le dit si bien nokkloom.
L'ouverture c'est bien mais la "fermeture" c'est bien aussi. Etre timide, réservé, introverti... Imagine toi à quel point ça sied à un idéal d'indépendance. Y en a même qui prennent du lsd ou d'autres prods pour ça... C'est qu'on a aussi finalement besoin de revenir à soi-même, dans ce calme et presque cette inertie, où l'on doit certes grignoter longtemps une poutre, parce que les chose s'y font lentement, mais où au moins on a liberté à réfléchir sur tous les sujets ou maîtrises et à chercher à tout construire tout seul...
Je veux dire, tu dois pas voir l'ouverture aux autres comme la panacée existentielle. Quand j'ai vécu des trucs super à l'extérieur moi, j'ai surtout eu envie après coup de m'enfermer pour ruminer tout ce bonheur interne en moi et réussir à l'exploiter et à le sauvegarder. C'était plus essentiel qu'autre chose : revenir à soi à ce moment, c'est un peu continuer le trip. On ne se souvient pas d'une entité conceptuelle du trip selon moi, on ne recherche pas la fuite mais le bonheur du voyage. On se souvient et on ne cherche donc que des instants de trips, parce que tout trip par définition se doit d'être unique... L'idéal dépasse le concept, la promesse la routine d'une expérience systématisée. Car la drogue tu la prend toujours (j'espère pour toi) au sein d'un contexte, lui qui se doit de changer régulièrement (j'espère aussi pour toi). Tu fous pas rien en la prenant : tu t'ouvre et tu te répand en elle. Déjà tu t'ouvre au monde et aux humains et c'est une bonne chose. C'est pour cela que l'hero est plus chaude peut-être...
Il y a plusieurs tonalités comportementales, et lorsque tu auras bien vécu les contraires, tu reviendras aussi avec plaisir aux premiers qui te constituent : ceux de la timidité, de l'introversion, même de la paresse, parce qu'eux sont très importants, ils te fournissent comme de la foi dans les choses, du temps pour désirer, de l'espoir, une belle appréciation des choses. Tu y reviendras, et ils te feront un clin d'œil : tu te rendras compte que c'est vraiment aussi grâce à eux que tu as pu tant décoller. A terme ça fait aimer même les côtés renfermés et apparemment faibles de l'humain. C'est de là aussi que naît l'humilité, la générosité, l'empathie, ainsi qu'un sentiment esthétique et une acceptation de l'humain dans toutes ses facettes, beaucoup plus global et universel.
Tu peux bien avoir une peur et une sorte de colère contre la drogue, mais c'est la façon dont tu les utilise qui importe le plus. Moi j'ai plutôt une sorte d'idolâtrie pour ce qu'elles procurent sur moi (c'est pas la drogue en elle-même, c'est la réaction : c'est ce qui se passe dans mon cerveau et dans mon corps !), sur ce que je suis au moment X, et donc une drogue je cherche à la mériter avant comme après : je me prépare à , et je l'utilise pour, je l'exploite. Rien qu'en y pensant je jubile, j'ai des bouffées délirantes parfois rien qu'en pensant à la prochaine... C'est un délire un peu louche, mais c'est pas le pire, ça va. Le vrai pire danger de la drogue c'est vraiment quand elle devient un motif à ne plus "travailler", enfin tu vois ce que je veux dire...
Se réaliser c'est bien tout ce qui compte, tu as l'air de te préoccuper de ton corps et de ton cerveau, c'est légitime, je te rejoins, mais ce n'est toujours que pour te réaliser. N'attend pas trop un futur hypothétique, ne soit pas trop exigeant sur les conditions, parce qu'à choisir l'homme il s'en fout de la vie éternelle, tout ce qu'il veut c'est se réaliser. Faut pas que tes préoccupations certes légitimes deviennent un flippe, sinon ça va te pourrir ton présent, c'est dommage... Bien sûr il y a de l'inconnu. Il n'est pas question au contraire de se risquer inutilement non plus. Mais si on a peur au point de ne rien foutre alors autant aller dormir. Si tu veux diminuer seulement les substances alors je t'encourage, mais si jamais ça t'obnubile trop autant faire un art totalement inspiré de la drogue que de culpabiliser : réfléchis. Ta conscience te serviras au moins à quelque chose et de très positif. Il n'y a pas d'art morbide d'abord... Ca n'existe pas, l'art c'est toujours création, vie. Si tu t'accroche à ça t'auras déjà une autre passion, et liée à ton envie de prod tu te sentiras pas isolé non plus, et en plus tu spiritualiseras un peu le truc, donc tu seras finalement plus fort intérieurement dans ton approche des prods et la manière de les réguler et de les vivre : t'auras moins besoin de quantité, parce que ton esprit expérimenté fera déjà un super boulot au point de rendre épique en matière d'effets même des quantités dérisoires de prod. Ca c'est l'effet réseau : ça détermine la sagesse, c'est juste le fait d'être plus fin dans l'écoute de son corps. Je te dis ça parce que perso avant de commencer tout prod, j'étais complètement dans l'art et l'écriture. J'étais paré si on peut dire... Je suis pas non plus sauvé aujourd'hui, j'ai beaucoup à faire, à travailler. Je décèle déjà en moi des limites à reproduire des comportements identiques pour ce qui est de la drogue. Je ferais pas la connerie bien longtemps, rien que par amour des prods. Alors j'avance en esprit. L'art, la spiritualité, tout ça, c'est le seul moyen de vivre la drogue en paix, coûte que coûte, parce qu'on a fait le nécessaire avant, pendant et après. Au contraire vivre en paix avec la drogue, tout arrêter, c'est bien plus difficile, parce qu'on se retrouve vite seul, on a pas de support, et faut tout oublier autrement le besoin est trop grand, il y a les tentations, c'est comme essayer de devenir aveugle à tout un pan parfois de notre vie, de notre entourage, du monde qui est rempli d'éléments comme de substances incroyables... Dans ce contexte là on a presque besoin de jouer au con d'en reprendre pour se remettre du plomb dans la tête... Faudrait jouer au con ailleurs pour s'en sortir à mon avis.
Perso je vois la drogue comme un support - et pas moi le support, ou alors moi aussi mais comme un sujet d'expérimentations mais c'est tout. Je me force à ne jamais patauger longtemps dans un rapport de "je subis". Alors oui il y a un danger, pas des moindres, mais si tu spiritualise un minimum ce sera pas la folie de la corde raide non plus, tu culpabiliseras beaucoup moins et puis n'étant pas non plus en agonie physique bah tu pourras enfin vivre dans une harmonie conséquente. Le corps et l'esprit s'exacerbent mutuellement. Il n'est pas nécessaire que les deux soient parfaits tout le temps pour être heureux, mais juste que ni l'un ni l'autre ne soit trop gâteux, et que de l'autre côté tu sois un minimum détaché dans ton esprit et forgé de corps pour que ça se passe bien. Ca c'est ma méthode douce.
Moi je conçois une spiritualité sans dope, mais aussi une spiritualité sous dope. La dope ça peut être un moyen fabuleux de transposer tout le Temps sur l'espace, ainsi de voir très vite ses aboutissants, parce que sous dope le monde t'apparais un peu comme un kairos perpétuel, un "bon moment" mais qui est à chaque instant et à tout endroit. C'est bien parce que l'esprit en fini avec son rapport stérile à un espace qui serait sous la contrainte constante d'un temps : un espace qui n'aurait rien du passé ni du futur en lui. Ainsi ça te sape très vite ta croyance pour lui, et tu ne fais qu'attendre au sein d'un référent que tu ne parviens pas à appréhender, qui t'es toujours inconnu et qui te fais flipper.
Faire de la spiritualité sur le dos de la drogue, c'est le luxe suprême, crois moi !
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