La consommation de cannabis chez les ados entraînerait un déclin du quotient intellectuel. Mais une étude sur les jumeaux suggère que le lien n'est pas aussi clair.Eduardo Verdugo/AP/SIPASi vous avez grandi dans les années 80 ou 90, vous avez sûrement dû tomber sur des clips télé delivrant le message suivant : le
cannabis rend bête. Au Etats-Unis, les candidats républicains, comme Donald Trump, font même de la lutte contre la consommation de
cannabis un axe majeur de leur campagne.
Comme argument, ces détracteurs ressortent souvent une étude de l'Université Duke (Durham, Caroline du Nord) menée en 2012, qui a constaté qu'une consommation importante de
marijuana durant l'adolescence et l'âge adulte est associée à une baisse du Quotient Intellectuel (QI).
Des résultats vivement critiqués par la communauté scientifique et à nouveau remis en cause dans une étude dévoilée ce mardi.
Pas de baisse des résultats scolaires Dans ces nouveaux travaux publiés dans Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS), des chercheurs américains ont analysé les données recueillies lors de deux études menées sur de grandes cohortes de jumeaux. Elles comprenaient en tout 3 066 participants à qui on a fait passer une batterie de tests d'intelligence (QI) entre 9-12 ans puis de nouveau entre 17-20 ans. A chaque fois, ces scientifiques ont comparé un jumeau qui ne consommait pas de
marijuana à son frère qui en consommait.
Résultat, peu importe la cohorte, l'étude aboutit à la même conclusion, expliquent les chercheurs. Ils n'ont trouvé aucune preuve que la consommation de
marijuana chez les adolescents conduit à un déclin de l'intelligence et donc du QI.
Après ajustement avec une gamme de facteurs confondants (santé maternelle, santé mentale, prise d'autres substances), les chercheurs ont constaté que « la consommation de
cannabis à l'âge de 15 ans n'entraîne pas de scores inférieurs de QI chez les adolescentes ou même de moins bonnes performances scolaires ».
Précisément, les consommateurs de
marijuana ont perdu environ quatre points de QI au cours de l'étude, mais leurs frère et sœur jumeaux abstinents ont montré une tendance similaire de déclin !
« Ces résultats suggèrent qu'ici, la baisse de l'acuité mentale était due à autre chose que le
cannabis », a indiqué Nicholas Jackson, principal auteur de l'étude et Pr à l'Université de Californie du Sud (Los Angeles). Nos données nous amènent à croire que cette baisse du QI serait liée à autre chose, présent dans l'environnement de ces jeunes, et qui conduit à une perte de matière grise », rajoute-t-il.
« La consommation de
cannabis à des niveaux faibles ne constitue donc pas en soi un lien causal avec la déficience cognitive, ni avec des trajectoires de vie dégradées », conclut l'équipe.
Néanmoins, il faut tout de même souligner qu'une consommation importante de
cannabis comporte, elle, des risques. Une récente étude réalisée par l'Université de Northwestern (Chicago) a montré par exemple qu'une consommation fréquente de
cannabis pendant l'adolescence peut affecter la mémoire à l'âge adulte. Et dernièrement, la revue scientifique Addiction a fait le point sur 20 ans de littérature sur le
cannabis. Les connaissances sur les risques dont on dispose sont ainsi de plus en plus précises (risques doublé d'accident de la route, etc.)
Source :
pourquoidocteur.fr