Salut à tous !
C'est pas le premier topic que j'ouvre. Mais c'est le principal. J'ai besoin de parler. Certains psychos m'aident déjà en MP - en particulier L*** et N****** qui se reconnaîtront - mais j'aimerais des avis plus diverses.
Je vais être simple : je vais raconter ma life, voilà .
Je suis SheepskinTearaway, 21 ans, étudiant en 2ème année de Lettres Modernes. Je souffre d'une maladie mentale, le trouble de la personnalité borderline - j'ai pu dire "Asperger" : en fait, certains psychiatres ont voulu me faire croire que je pouvais avoir un diag tardif d'autisme. C'est certainement faux, je ne crois pas qu'on puisse cumuler les deux de toute façon...
Bref, dans ma vie, tout s'est pas forcément passé comme prévu. C'a été la merde depuis l'enfance, mais les choses ont commencé à partir vraiment en couilles vers 12/13 ans, fin du collège/début lycée. J'étais incapable de m'intégrer socialement, j'étais seul dans ma famille où on comprenait pas l'enfant du milieu un peu chelou. J'ai eu de très bonnes notes jusqu'à l'obtention du Bac L. En fait, le premier de la classe. Pourtant, celui qu'on ne remarquait jamais. Beaucoup de souffrances psychiques intenses. Notamment un ennui et une angoisse folles. L'ennui, parce que si à la maison ça allait, si y avait aucune dispute... c'est parce qu'il n'y avait rien. J'avais choisi de fuir, dans ce qui fut ma première addiction : le travail intellectuel. Les bouquins toute la journée... je parlais à quelques élèves du lycée tout de même. J'ai fumé mon premier
bédo avec un de ces types. Et il y a eu Camille... j'avais enfin une nouvelle relation sociale depuis le collège. J'avais abandonné l'évitement. Je me suis livré. Puis ça a fini en insultes. Elle m'a prise pour un schizo : elle a pas compris comment le type qui récitait Baudelaire d'"Au Lecteur" jusqu'à "Le Voyage" (si on oublie la pré et postface) pouvait la menacer de la foutre au sol et de lui arracher les globes oculaires deux ans après m'avoir connu.
En prépa, les choses ont basculé. Car j'ai bousculé les choses. Je voulais savoir ce que ça faisait de se réinsérer socialement. J'ai travaillé comme un fou - plus que jamais, ce que je n'ai plus refait ensuite... - intellectuellement. Et ai voulu m'investir dans quelques relations. Mais mes relations avec mes camarades étaient à chier. En fait je les aimais pas - sauf un type. Mais il pouvait pas calculer mes états d'âme. Il comprenait pas le pourquoi du comment je me sentais véner comme pas possible ou complètement vide à n'en plus pouvoir... j'ai découvert le
Valium. Première grosse addiction chimique. Jusqu'à deux boîtes/jours. C'est avec le
Valium que j'ai découvert les notions de "tolérance", de "sevrage"... qui ne me lâcheront plus. J'ai commencé les
AD aussi. J'ai fini à l'HP pour TS. Mes parents m'ont engueulé en me disant qu'il fallait que je travaille moins, que ça me fatigue trop. Je leur ai dit que le problème n'était pas là , mais dans mes relations sociales, familiales, dans ma solitude affective, dans mon vide chronique... ils ont rien compris. En même temps, s'ils avaient compris, y aurait pas de problèmes. Cette année-là , j'ai également découvert une substance qui me changera radicalement : l'
alcool.
Ensuite j'ai fait une année blanche. Je n'ai rien fait. Je suis resté chez mes parents. Les six premiers mois ont été un calvaire. Je buvais, je fumais, je prenais des benzos à la volée... mais surtout : je tisais, comme un porc. J'ai découvert le Néo-Codion associé à l'
alcool/bzd : mon premier piquage de blaze. Mes parents m'engueulaient. Je terminais à l'HP. C'étaient des menaces, des injures... si je continue à boire, mon père me mettrait dans un foyer. Je m'en battais les couilles. Je tisais comme un porc. Ca m'a sauvé du suicide. Y avait rien. RIEN. Ma vie c'était du Vide. J'étais incapable de nouer des relations. L'ambiance familiale est A CHIER. Mes émotions sont ingérables. Mon anxiété est permanente et trop forte. Je suis seul. C'est insupportable. Mes parents comprennent que dalle. J'étais plus capable d'étudier, de rien faire. Ces cons étaient impuissants. Mon père est impulsif, irréfléchi, médiocre. Ma mère pleurnicharde, angoissée pour des riens, immature, et tout aussi médiocre : le tableau est très subjectif. Non c'est pas vrai et oui je suis un petit con de dire ça. Mais je leur en veux de pas savoir quelles études je suis et douter de l'âge que je vais avoir quand vient mon anniv'. Pardonnez-moi, mais je crois que c'est compréhensible.
J'ai rencontré quelqu'un cependant à l'HP. Angélique. On entretenait une relation téléphonique régulière après ma sortie. On se comprenait. Ca m'a aidé. J'ai bien entendu vu 36 psychiatres qui m'ont appris l'évidence même : je suis borderline. Et dépressif. Et suicidaire. Mais aucun ne m'ont aidé/écouté/compris réellement. Puis il y a eu Karima, et Thomas. Deux personnes que je connu grâce à internet. Avec Angélique la relation a été légère. Pas assez pour que ce soit suffisant, gratifiant. Mais c'était plutôt correct. Thomas et moi nous nous parlions régulièrement mais il ne voulait pas que ça aille "plus loin", de même. Nous en sommes restés là . Et puis avec Karima, on se parlait très régulièrement, et j'avais vraiment l'impression d'avoir réussi quelque chose. D'avoir tissé un réseau, même s'il était mi-virtuel mi-réel - je parlais à la fois au téléphone et voyais de temps à autre Angélique et Karima en vrai. Mes parents ne comprenaient pas ce changement soudain. Ils disaient "c'est bien t'es plus stables depuis que t'as arrêté tes saloperies de boissons, de médicaments et de drogue.". Ils ont confondu la cause et la conséquence. Et surtout : avec eux, on s'entendait vraiment bien... j'avais des amis. C'est con mais j'avais des amis... je sais parler aux gens hein. Mais j'arrive pas à nouer des relations. A aller plus loin. Je m'y prends mal. Je ne le fais qu'en intimité avec une personne. Et je le fais mal. Ca foire toujours. Jusqu'à la violence physique et/ou verbale. Ca fini à l'hosto ou chez les lardus...
J'ai trouvé un taf durant cette année. Emploi Avenir Professeur dans un lycée. Je me suis réinscrit à la Fac. Je me suis acheté une guitare folk. J'étais prêt pour un nouveau départ : j'avais trouvé un appart dans une grande ville où je suis maintenant installé. Mais y avait un truc au fond de mon cerveau qui voulait resurgir. Comme une douleur sourde qui voulait se faire réentendre. Un jour j'ai affreusement mal à un point du ventre. J'ai la maladie de Crohn depuis 2011 : nouvelle poussée. J'ai vomi du sang ce jour-là . J'ai pleuré de douleur physique - ça ne m'était jamais arrivé. La douleur physique fait resurgir les angoisses. On me prescrit...
Oxycodone. Karima n'allait pas tarder à me lâcher. Je ne le savais pas, mais je lui avais déjà trouvé une remplaçante...
L'année 2014-2015, ce fut donc les désillusions. Karima était schizophrène. Son délire paranoïaque l'a emporté sur notre (ma) première relation saine dans l'histoire de ma vie sociale. Thomas ne me parlera plus que deux/trois fois dans l'année. Je parle un peu à Angélique, mais elle est loin... et surtout, c'est une "pote", pas une "amie". Je rencontre Elodie. Au début c'est génial. On se voit, on se fume des spliffs... elle connaît mon problème avec l'
alcool et sait que je prends "des médicaments". Mais ça va. On fait une soirée chez une amie à elle : Emma (le surnom de la
Morphine). On se paye ma gueule. Je le fais remarquer à Elodie. Elle me dit que "je gâche tout à chaque fois". J'encaisse. Mais elle me ment. Elle m'apprécie pas autant que ça en a l'air. Une soirée où elle ne veut pas m'inviter, elle prétexte qu'elle l'annule. J'apprends que non. J'ai failli lui foutre une dérouillée sévère. J'ai pas pu me contrôler. Je tremble, mon coeur palpite... j'angoisse. Mais je me tempère. Le lendemain en plus elle est froide. Et là j'ai fait ce qu'elle appelle une "crise". En gros je deviens tout rouge et je peux pas me calmer et je deviens "fou" "schizo" (selon les dires des autres). Au taf, j'ai pas d'élèves - je fais du tutorat, je donne des cours particuliers. Je suis content d'avoir un travail, mais nerveusement si fatigué par tous les changements sociaux, que... j'ai beaucoup de mal à tenir. Au travail je rencontre Sylvain, un intellectuel avec qui j'ai de très bons rapports, mais également Lucian, dans un bar. Ce seront mes deux meilleurs amis toute l'année. Je ne les reverrai malheureusement plus. Mais je n'ai jamais haussé le ton avec l'un d'entre eux. Ils me manquent affreusement pour ainsi dire...
Je bois. Enormément. Je prends des benzos de façon vraiment occasionnelle. Je fume quelques
joints de la même façon. N'ayant été vu prescrire qu'une boîte d'
Oxy passagère, on me met sous
Tramadol. J'en abuse et ré-abuse. Vers Janvier je suis trop tolérant au
Tramadol. Et je pète les plombs : ma relation chaotique avec Elodie, le taf que j'arrive pas à assumer, pas plus que les études, la solitude pesante, tout porter sur ses épaules TOUT SEUL... je fais une TS. Elodie vient me voir. Elle me raconte ses malheurs avec Emma. Je m'en bats les couilles. Emma, de son côté, m'a demandé de mes nouvelles. Et on se voit. Et elle ne s'entend plus avec Elodie, et me voit à la place. Et je l'adore Emma. En même temps, en allant chez elle, je vois par terre une boîte "SKENAN LP 100 MG SULFATE DE
MORPHINE". Ca tournait là -bas. J'y suis allé me fournir. Je ne savais pas ce qui m'attendait.
Les mois passent. Je bois. Je sniffe de la
morphine. Emma me fait découvrir la
coke - expérience frustrante, car sous benzos. Mais je suis bien avec elle. Et en voyant Lucian. Et Sylvain. Et je m'accroche aux études. Mais la relation évolue... Elodie reparaît. Elle se reparle. Emma me dit que j'attends trop d'elle. Que je me confie beaucoup trop. Qu'elle n'est pas ma mère, ni ma psy... elle me dit qu'il faut que j'arrête de boire, de me droguer. Elle devient froide. On s'engueule. Je pète les plombs :
alcool/médocs -> Urgences -> Psychiatrie. Elle s'en branle toujours autant ? Je vais acheter une
StériBox 2. Je prends une ceinture. Je filtre au coton. Je suis complètement bourré, plein de
Valium, et je me fais un taquet, le premier, de 200mg de
Skenan. Je lui dis par sms. Elle appelle les pompiers.
Naloxone. Nous sommes en mi-Juin.
De nouveau à l'HP je rencontre Jonathan, un toxicomane accro à la
came. Je suis fragile psychologiquement : Emma vient de me lâcher. On sympathise. Il veut 20 balles pour un képa. J'fais "vas-y ça roule tqt" ; je sais pas pourquoi, j'ai pas calculé, la veille on avait chanté ensembles sur une gratte... et je lui ai filé mes clefs en pensant qu'il serait sincère. Il m'a chourave ma gratte. Ma passion. Et les thunes pour le sken... je reçois une lettre en recommandée. J'apprends que mon CDD Emploi Avenir Professeur n'est pas renouvelé. Je suis au bord du gouffre. Ma tolérance à la
morphine est trop élevée pour moi : le keke est flagrant. Je pense à entamer un
TSO.
Et là je revois Emma... elle me dit d'arrêter mes conneries. Que je suis trop instable, immature. Je lui dis que j'ai besoin d'elle, que j'ai peur comme un fou qu'elle s'en aille. Je veux aussi qu'elle comprenne qu'elle m'a fait énormément de mal, que c'est pas de la comédie, que je n'exagère rien, que j'ai un trop plein d'émotions que je ne gère pas, que j'en peux plus. Qu'il faut qu'elle reste... ":)". J'ai pas entendu ce que je voulais. La première fille qui m'écoutait en me parlant doucement lorsque j'étais énervé, gentille comme tout, que j'adorais comme une idole, comme personne, comme jamais ; cette fille qui était l'amie qui m'aurait sauvée m'a dit d'aller raconter mes gamineries à ma mère. Mon coeur s'est emballé. Ma main a tremblé. Je lui ai dit en m'approchant nerveusement, les pupilles écarquillées "retire ce que t'as dit et tqt ça ira" et là ... "dégage arrête putain mais t'es taré qu'est-ce qui te prend ? Putaaiiin j'ai rien dit tu t'emballes direct mais t'as quel âge ? Arrête de jouer au type qui souffre c'est bon t'as rien vas te faire foutre je m'en fous de ce que tu me dis". J'ai pas supporté qu'elle ait dit exactement ce que je ne peux pas supporter d'entendre. J'ai donc dit en retour tout ce qu'elle ne voulait pas entendre, le pire, parce que je pouvais pas lui foutre une mornifle, quelque chose comme "Retourne voir ton daron sale pute, comme apparemment ça te plaît pas d'être avec moi..." : son père est mort. Elle a claqué la porte. J'ai un peu de mal à me regarder devant le miroir...
Entre temps j'ai été mis sous Sub. J'ai entamé un suivi psychologique au
CSAPA en même temps, ce depuis les vacances d'été 2015. J'ai reshooté de la
morphine. La seule chose qui me faisait repenser à Emma et l'oublier en même temps. Puis les ressources financières se sont vidées. Je n'ai pas trouvé de taf. Les dossiers faits avec les AS n'ont mené à rien. Les consos d'
alcool, de sken, de
shit, se sont calmés progressivement avec les thunes : autant dire que je suis en
sevrage forcé. Et je ne peux pas vivre sans. Je peux pas. J'ai essayé de me reconstruire. Mais j'en suis incapable. Ce qui me tenait c'était les substances. Aujourd'hui j'ai que la bourse du CROUS et une aide de mon père assez maigre (relations merdiques obliges). J'ai envie de tout claquer. Je m'en veux à mort. J'ai fini mon
shit Mercredi soir. Je tombe toujours sur le répondeur d'Emma. Le suivi psy me fait du bien ouais mais ça suffit pas... j'arrive pas à me faire d'autres relations. J'ai tellement morflé... je sais pas m'y prendre. Mes émotions m'envahissent. Mon impulsivité prend le dessus. J'investis trop... ou pas assez par peur. Y a beaucoup de choses mais, en somme, ça ne va pas.
J'y arrive plus putain. J'y arrive plus sans substitut chimique. J'ai eu une discussion ce matin avec un type du
CAARUD, sur la façon dont je voyais les
opiacés : actuellement, je mets beaucoup dedans oui. Je serais prêt à me prostituer. Je suis prêt à prendre le risque de faire cette dépense alors que mes ressources sont très restreintes et de perdre mon appart. Aujourd'hui, les seules choses qui me guident, sont les substances. Elles m'aident à tenir. Je ne supporte plus cette vie.
Merci mille fois de m'avoir lu.
Dernière modification par SheepskinTearaway (12 février 2016 à 22:09)