Est-ce que pour toi l'aider signifie : l'aider A ARRÊTER l'
héroïne?
Ou bien est-ce que pour toi l'aider ça veut dire : l'aider à être heureux et bien dans sa vie pour ne plus être dépendant de l'
héroïne (mais sans chercher à le forcer à arrêter / en acceptant sa conso)?
Si c'est la première option, je ne peux pas t'aider pour deux raisons : (1) je n'approuve pas l'idée, (2) ça ne marchera pas ou fera du mal.
Si c'est la seconde option, on aide quelqu'un en lui donnant l'écoute, la compréhension, l'aide inconditionnelle d'une part, mais aussi en lui transmettant la rigueur d'autre part. C'est un subtil équilibre où on fait les choix par amour de l'autre. Un consommateur d'
héroïne est au prises avec une incompréhension TOTALE de son entourage, et une impossibilité de s'exprimer vu que tout le monde considère sa conso comme le mal et n'envisage plus sa relation avec lui que sous l'angle "comment le faire arrêter". A partir de quoi le dialogue est rompu et le consommateur marginalisé par son propre entourage - autant dire sa situation est encore pire qu'avant que l'entourage essaye de "l'aider".
Mais ça ne veut pas dire non plus qu'il faut tout passer. Simplement qu'il faut
mettre l'écoute et la compréhension en premier dans la balance, et ensuite rester fidèle à ses convictions en les partageant lorsque c'est possible, mais sans les imposer autrement. Surtout, il faut arrêter d'exiger de l'autre ce qu'il est incapable de donner. C'est souvent (entre autre) parce qu'il était dans une impasse de ce genre (décalage entre ce que les gens attendent de lui et ce qu'il est capable de faire) qu'il a fuit dans un produit pour trouver dans le produit la satisfaction qu'on lui refuse autrement. Tu comprends donc qu'il ne s'agit pas d'aggraver cette rupture souvent déjà consommée en exigeant toujours et encore de lui!
Si un consommateur est heureux dans sa vie, s'il trouve dans sa relation avec l'autre la valorisation dont il a besoin, il ne sera plus dépendant de l'
héroïne, cela ne veut pas dire qu'il va arrêter, il est libre d'arrêter ou non, mais cela veut dire qu'il pourra arrêter s'il le veut. Le
sevrage sera pour lui une formalité qui prendra le temps nécessaire et c'est tout. Et s'il n'arrête pas, au moins il abandonnera les comportements les plus à risques (surdoses, OD, manque d'hygiène, maladies etc.)
Pour moi c'est là la priorité absolue. Maintenant pour certains personnes, il n'y a que "il faut qu'il arrête car l'
héro est responsable de ses problèmes". Ce genre de personnes, je n'ai rien à leur dire, ils vont s'entêter, la situation va empirer et à la fin ils n'auront rien appris mais il leur restera les yeux pour pleurer.
Justification scientifique (parfaitement résumée et expliquée) de mes conseils :
http://www.stuartmcmillen.com/comics_fr/parc-aux-rats/Il faut bien entendu aussi le soutenir dans son choix (puisque c'est le sien) d'une
substitution, l'encourager à continuer les démarches auprès des soignants pour trouver le bon dosage (il faut un dosage où il se sente bien, sinon ça risque de ne pas marcher). Je dis ça parce que l'entourage est souvent obnubilé par le fait d'arrêter au plus vite et à tout prix ce qui est horriblement contreproductif.
Il faut savoir qu'il est possible (pas nécessaire mais possible) qu'il prenne une
substitution pour arrêter les galères mais qu'il ait la volonté de continuer l'
héro quand même (sous forme d'extras) et mon conseil c'est de l'écouter et de ne pas diaboliser. Il est déjà dans une démarche très positive à ce qu'il semble, le mieux est de l'encourager, pas de lui mettre la pression. L'erreur inverse existe aussi : tout passer au consommateur par "amour pour lui" : certains parents payent la
came au jeune consommateur, supportent ses caprices etc. Il ne semble pas que vous soyez dans ce cas mais évidemment, c'est tout aussi néfaste que de le comportement opposé. Désapprouver sa conso n'est pas constructif, mais l'approuver et la faciliter non plus.
Dernière modification par Syam (04 mars 2016 à 04:54)