Note : j'ai fait un peu long mais ce serait quand même bien d'attendre les conseils d'Away qui anime le sujet de la
codéine avec plus d'expérience que moi.
Claire : "Je prends de la
codéine depuis 4 ans, et suis accroc depuis 3 ans. Je suis tombée dedans comme beaucoup de monde, à la suite d'une prescription médicale censée soulager des maux de dents insoutenables qui ont duré des mois et des mois."
Et suite à l'utilisation du produit pour le plaisir quand le mal a disparu? Ou bien une dépendance physique rendait impossible de décrocher à la fin du traitement?
Claire : "Après quelques essais de
sevrage en douceur par paliers chez moi (je suis actuellement sans emploi) infructueux, j'ai franchi le pas et j'ai consulté."
Bien vu.
Claire : "Après 4 rdv, le psy préconise une hospitalisation de 2 semaines, mais pas de traitement de
substitution. Il veut me mettre sous anxiolytiques."
Pourquoi pas. C'est à tenter si tu n'es pas capable de descendre par palier. La
descente par palier est à priori efficace pour ne pas rencontrer de manque physique, donc si tu as été assez doucement dans les paliers, le fait que tu n'y parviennes pas montre qu'il y a une dépendance essentiellement psychologique (si tu confirmes que tu es allée assez lentement).
Dans ce cas pour décrocher du produit un switch vers des Benzo pour arriver à franchir cette difficulté psychologique est une possibilité. Ca a certainement des inconvénients : hospitalisation c'est un peu lourd pour une dose finalement pas énorme de
codéine, médicaments plus toxiques que la
codéine etc. Mais si ça réussit, c'est une façon de remédier au manque psychologique. J'insiste que malgré les inconvénients que tu vois, il faut pas t'imaginer que les autres méthodes sont particulièrement anodines! La
codéine n'est pas parmi les plus difficiles à baisser en respectant des petits paliers. Les
TSO sont pas des miracles et il se peut que tu n'arrives pas mieux à les gérer et que tu y restes accrochée alors qu'ils sont finalement moins anodins que la
codéine.
Claire : "Je n'ai jamais pris aucun médoc (anti depresseurs, anxiolytiques, somnifères..) sauf mes daffalgan codeiné ou klipal quand j'avais la chance d'avoir une ordonnance, et surtout ces saloperies de codoliprane que j'ai mangé comme des bonbons pendant 3 ans."
Evite les qualificatifs de ce genre vis à vis des produits. C'est toujours pratique d'accuser les produits...
Je note accessoirement que tu consommes depuis des années beaucoup trop de
paracétamol. Il y a beaucoup de personnes qui meurent de consommations bien moins excessives que la tienne.
Pour moi la première urgence vitale est de supprimer à tout prix le paracétamol de ta consommation.Soit en cessant la consommation, soit en suivant le programme proposé par ton médecin, soit en switchant vers de la
codéine sans
paracétamol (padéryl, tussipax,
néocodion), soit en pratiquant l'extraction à froid pour éliminer le plus gros du
paracétamol (c'est pas assez mais à ce stade ça peut te sauver la vie).
Le paracétamol est très toxique pour le foie à ce dosage! Et si le médecin ne t'a pas averti c'est un inconscient.
Claire : "Je trouve ma conso certes excessive, mais pas alarmante non plus."
Ta conso de codé n'est pas alarmante, mais ta conso de
paracétamol est très alarmante. Il ne faut jamais dépasser 4g/j, l'intoxication au
paracétamol est mortelle et cause bien plus de morts que la
codéine. Avec un bon foie et pas trop d'autres traumatismes pour lui, il se peut que tu aies supporté ces doses pendant trois ans sans séquelles, mais c'est pas dit que ça continue encore longtemps.
Claire : "Mais mon docteur dit que ce n'est pas tant le dosage que le temps depuis lequel le produit est installé dans mon organisme qui est grave."
S'il veut dire que même un faible dosage sur une longue durée peut être terriblement addictif, il a raison.
Claire : "Je suis sous le choc d'apprendre que le docteur veut m'hospitaliser."
Et tu as peut-être besoin d'un choc pour sortir la tête de ton trou d'autruche et réaliser que la dépendance aux
opiacés c'est pas anodin du tout! C'est dur d'en sortir, les méthodes sont pas anodines! Si tu attends un miracle qui fasse ça sans effort, il a de grandes chances de ne jamais avoir lieu le miracle.
Claire : "Je ne veux pas. Je ne veux pas annuler mes vacances, je ne veux pas laisser passer l'opportunité d'un job"
Oui mais encore une fois si tu veux arrêter la
codéine, vois si les autres solutions sont vraiment meilleures.
# Le
TSO implique souvent que tu vas exploser ta tolérance et partir sur des années de dépendance à un produit qui sera peut-être plus facile à baisser que la codé (c'est souvent vrai, mais pas garanti) et qui reste nettement plus fort que la
codéine. Ca peut être une très bonne solution. Je laisse Away, notre spécialiste de la codé te donner son avis sur sa propre expérience du
TSO. Je n'ai rien contre cette hypothèse, pas plus que contre l'hypothèse d'une hospitalisation, mais je dis juste que si tu imagines que c'est anodin et que ça te fait décrocher par magie, tu es vraiment dans l'erreur.
# Le
sevrage à la dure. Il faut rappeler à son sujet qu'il est accompagné des risques les plus élevés de rechute. Souffrir de l'absence du produit est de nature à ce que le cerveau enregistre à quel point il aime le produit et les rechutes sont beaucoup plus fréquentes qu'avec les doses dégressives (du produit ou du
TSO).
# Les doses dégressives. Maintenant que tu as eu une sorte de prise de conscience, peut-être que tu réussirait mieux que les précédentes tentatives.
Claire : "je ne veux pas mentir à tous mes proches sur les raisons de mon absence"
Tu n'as pas à menti, pourquoi imagines-tu que tes proches te condamneraient pour une petite dépendance? Faut arrêter les fantasmes là , ça arrive à plein de gens, c'est pas une honte enfin!
Surtout, s'imposer comme tu le fais de toujours donner une image parfaite et forte, ça rend la vie très difficile, toujours dans l'angoisse d'être pris en flagrant délit de faiblesse (en fait de faiblesse supposée!) alors que la vie est tellement plus simple quand on est aimé pour ce qu'on est plutôt que pour une image forte fictive qu'on donne de nous! Ca simplifie tellement les choses de se montrer comme on est sans honte!
Claire : "à cause de cette merde de produit qui m'a déjà privée de plein de choses"
Oui enfin, le produit ne fait rien tout seul. C'est un couple : un produit et un consommateur. Le consommateur a quand même un rôle majeur faut pas l'oublier, et ce qui est une merde pour toi à cause de la relation que tu as développé avec, est une bénédiction pour un autre qui réussit à retrouver une vie normale sans développer de dépendance.
Claire : "Peut-être que la menace de cette hospitalisation était la motivation qui me manquait, car c'est seulement maintenant que ça devient réel, genre ça existe vraiment, je suis toxicomane et je vais en désintoxication."
Effectivement. Tu as jusqu'ici semble-t-il fermé les yeux sur la force de ta toxicomanie.
Claire : "Du coup, je n'aurais jamais pensé, mais je démarre un
sevrage à la dure. C'est la première fois, je n'ai pas passé une journée sans
codéine depuis 3 ans (même si j'arrivais à réduire par moments)"
Peut-être que ton médecin a finalement été fin psychologue avec toi
C'est ce que le résultat tendrait à montrer... Ou pas.
Claire : "Je me suis dit qu'écrire le journal de mon
sevrage pourrait m'aider. Et me donner une motivation en plus, car je n'ai aucune envie de revenir compléter mon topic par un "j'ai rechuté"."
On aurait beaucoup de plaisir à suivre ton journal! Mais ne sois pas trop dure avec toi-même, parfois plusieurs rechutes ont lieu avant la réussite - c'est parfois nécessaire tout simplement.
Claire : "Aujourd'hui je suis donc super motivée. J'ai tout jeté. Je sais que je ne ressentirai presque rien avant 2 jours, ou des choses supportables. Je n'ai rien d'autre, mon
doc ne m'a pas encore mis sous traitement anxiolytique."
Et si tu peux t'en passer c'est pas plus mal. Les Benzo sont bien plus toxiques que la
codéine.
Dernière modification par Syam (21 juillet 2016 à 18:05)