MEDICALISATION DES EMOTIONS ET DES PETITES CONTRARIETES

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Gilac
RIP
Inscrit le 07 Mar 2008
585 messages
Un excellent article sur le blog de Libé.
(Serge Heffez s'est beaucoup investi pour la réduction des risques dans les années 90.)

Comment l'industrie pharmaceutique a médicalisé nos émotions

Au moment où l´ensemble des organisations syndicales des psychiatres publics constate qu´en l´espace de deux mois, les réformes annoncées pour la psychiatrie constituent de graves menaces pour la discipline, les soins, les patients et les libertés publiques, et alors que la tradition psycho-dynamique française semble voler en éclats face aux modèles cognitivo-comportementalistes nord-américains, nous arrive d´outre-atlantique un essai réjouissant.

Dans son livre «Comment la psychiatrie et l´industrie pharmaceutique ont médicalisé nos émotions», Christopher Lane, spécialiste des cultural studies, dénonce le modèle comportementaliste américain présenté aujourd´hui dans le monde comme le parangon du réalisme scientifique.

Prenant l´exemple de la timidité, qui n´est en rien une maladie mais une émotion ordinaire, l´auteur souligne la manière dont le fameux DSM (manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux), véritable bible de la psychiatrie internationale, élaboré par l´APA (American psychiatric association), peut s´avérer inefficace voire carrément dangereux. C´est pourtant ce DSM, volumineux catalogue de l´ensemble des symptômes que l´être humain est capable de produire qui est adopté dans le monde entier à  travers l´Organisation mondiale de la santé (OMS) comme outil diagnostique et donc comme guide thérapeutique. Ce répertoire a toujours rencontré la méfiance d´une psychiatrie française davantage intéressée par le sens des symptômes que par leur description.

Le DSM s´inscrit en effet volontiers dans une logique hygiéniste et sécuritaire, nous invitant à  tous nous considérer comme des malades mentaux dangereux pour les autres ou pour nous-mêmes.

L´essai de Lane décrypte comment on a progressivement transformé en maladie mentale nos émotions les plus banales, pour le plus grand bonheur d´une industrie pharmaceutique soucieuse de rentabiliser ses précieuses molécules : contre l´angoisse de mourir quand on est atteint d´une maladie mortelle, contre le désir de bien manger parfois avec excès ou de boire un verre de vin par jour.

Si les deux premiers DSM, rédigés entre 1952 et 1968, respectaient une logique psychodynamique, prenant en compte la subjectivité des individus, à  partir des années 1970, sous la pression des laboratoires et des départements de neurosciences soucieux de réintégrer la psychiatrie dans une vaste science du cerveau, le DSM se dirige résolument vers une analogie entre troubles mentaux et maladies organiques.

Entre 1980 (DSM 3) et 1987 (DSM 3 révisé) on procéda à  un «balayage athéorique» se basant sur les psychologies du conditionnement. Les concepts classiques de la psychiatrie sont bannis au profit de la seule notion de trouble (disorder). Ceci permet de faire entrer dans le DSM 4 de 1994 trois cent cinquante nouvelles maladies dont une foule de nouveaux syndromes baptisés addictions tels que l´activité sexuelle libertine, l´apathie, l´amour de la gastronomie ou encore le plaisir de déambuler sur Internet.

Toutes les émotions, y compris les plus banales, sont répertoriées. La dépression connaît sous toutes ses formes son heure de gloire, y compris la tristesse liée à  un deuil, pour la plus grande gloire des antidépresseurs.

Faire entrer d´un côté l´existence ordinaire des hommes dans des tableaux pathologiques pour la normaliser par des traitements et de l´autre susciter la terreur de la folie en montant en épingle le moindre fait divers, en renforçant les logiques d´enfermement, de surveillance et d´exclusion, conforter la peur de soi et la frayeur des autres, voilà  un beau programme qui devrait inciter chacun de nous à  se tenir à  carreau…

P.S. Dans la série la peur des autres, j´apprends que l´avant projet de loi sur le statut de tiers auquel j´avais précédemment fait référence a été ajourné, vraisemblablement sous la pression des associations familiales catholiques et de l´entente parlementaire contre l´homoparentalité….
Il aurait un peu facilité le quotidien des familles recomposées et des familles homoparentales. Surveiller et exclure, encore et encore…

• Serge Hefez •

"Tu peux t'abstenir des souffrances du monde, Tu es libre de le faire et cela répond à  ta nature: mais cette abstention est peut-être précisément la seule souffrance que tu puisses éviter"  Franz Kafka

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bighorsse femme
Banni
Inscrit le 19 Mar 2007
8506 messages
dans le meme ordre d'idée il suffit de voir comment on utilise le prozac, à  qui on le prescrit pour voir qu'on est en plein délire pharmaceutique...sans parler des fameux enfants dits hyper actifs, que l'on drogue à  la ritaline, pour le bonheur des parents et des instit..l'enfant lui n'avait qu'à  bien se tenir!

l angoisse est le vertige de la liberté

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Mammon Tobin homme
Modéranimateur à  la retraite
Inscrit le 07 Sep 2007
5581 messages
Ça donne à  réfléchir :) Merci Gilac.

Big: tu devrais te renseigner sur l'hyperactivité... Sur un enfant non atteint de cette "tare", la ritaline aura un effet speedant... On arrête donc le TTT. Sur les vrais hyperactifs ça les calme et leur permet de se concentrer.

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loulou reed
Psycho sénior
Inscrit le 01 Nov 2008
916 messages
Mais non, Mamounet, tu as dû mal comprendre. Les industries pharmaceutiques sont bénéfiques. Sans elles nous serions encore à  l'âge de pierre.

A la recherche de l'euphorie perdue

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Mammon Tobin homme
Modéranimateur à  la retraite
Inscrit le 07 Sep 2007
5581 messages
Mais j'ai rien dit moi xD

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bighorsse femme
Banni
Inscrit le 19 Mar 2007
8506 messages
Mammon,
je ne pense pas me tromper en disant qu'il y a des abus de prescription ritaline pour des enfants non hyperactifsn mais à  qui ont en prescrit pour avoir la paix à  l'école , à  la maisonetc comme tout traitement il y de bonne chose et de mauvaises choses; je suis juste contre la mise sous dépendance des enfants, voilà ! quant à  me renseigner merci mais je le suis

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