L’hypothèse d’un effet direct de la consommation de cannabis sur la concentration, la motivation, et à terme la réussite scolaire des jeunes, est soutenue par des données de recherches en neurosciences montrant des lésions spécifiques chez les adolescents consommateurs. Maria Melchior, Directrice de recherche Inserm (Institut Pierre Louis d’épidémiologie et de santé publique, Inserm-Université Pierre et Marie Curie, Paris) et ses collègues français et nord-américains, ont voulu étudier l’existence d’une éventuelle relation causale entre l’initiation précoce de la consommation de cannabis (avant 17 ans) et le niveau d’étude atteint plus tard. Leurs résultats, qui portent sur plus de 1000 personnes, sont publiés ce jour dans la revue International Journal of Epidemiology.
La dernière en date, en nouvelle Zélande, qui prouvait soi-disant que les ados qui fumaient beaucoup perdaient des points de QI, s'est révélé biaiser....
Bonjour, Ayant vu l'article en question il utilise bien des méthodes statistiques complexes pour éliminer les facteurs de confusion (social, alcool, tabac etc..) Il faut noter qu'il démontre surtout un effet chez la jeune femme.
Je rappelle les references bibliographiques que j'avais deja donné.(voir ci dessous) 4 articles montrent un effet , un article sur des jumeaux montre l'absence d'effet et un article critique les conclusions de l'étude de dunedin (la premiere ref).
Comme souvent en science les articles contradictoires permettent de douter. Toutefois, Il y a assez d'articles "inquiétants" pour invoquer le principe de précaution. Remarquons d'ailleurs que tous ces articles montrent l'absence d'effet quand le cannabis est débuté après 17 ans !!!! Ce qui est un argument fort pour une modification de la Loi. Mais si la Loi devait changer, je pense qu'il serait, en l'état des publications, difficile de défendre l'inocuité chez les jeunes. Je pense donc qu'il serait indispensable de défendre avec toute modification de la Loi une politique de protection chez le jeune (comme pour l'alcool et le tabac et si possible avec plus d'efficacité). C'est tout à fait possible. Voir l'experience US https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4819395/
J'ajouterais aussi que le doute porte sur la causalité (le cannabis entraine les difficultés scolaires ??) mais qu'il n'y a pas de doute sur la corrélation (le cannabis avant 17 ans est associé à des difficultés scolaires, qu'il ait ou non un effet causal). Il est donc logique de mettre en place pour les très jeunes fumant du cannabis des programmes de soutien psychologique, scolaire, social etc.. qui , généralement, mènent à une baisse de la consommation. Il est évident par contre que la prison et/ou les sanctions disciplinaires ne sont PAS une option valable.
Excuse moi Jean Paul mais j'ai supprimé l'adresse de l'article qui est protégé par un copyright. Le forum pourrait donc etre condamné !!! D'autant plus que l'un des auteurs me l'a envoyé mais je me suis engagé à ne pas le publier. Par contre je peux répondre à des questions s'il y en a !! Amicalement Prescripteur
Comment interprètes-tu l'étude sur les jumeaux ? Quand je l'ai lue il y a quelques années, j'ai eu un sérieux doute sur une quelconque différence entre ceux qui consomment et ceux qui ne consomment pas. Mais tellement de publications semblent vouloir prouver le contraire. Qu'en penses-tu Prescripteur ?
J'ai des doutes sérieux.
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La table 3 montre clairement un déficit de Vocabulaire et Information chez les usagers de cannabis .Pour le vocabulaire, -4 pour un groupe et -3,2 pour l'autre (ça semble être des points de QI mais en effet c'est assez mal expliqué. ça peut aussi etre des % comme le suggère la figure 1). Les autres composants du QI ne sont pas affectés. Donc sur le déficit entre fumeurs et non fumeurs il n'y a pas de doute, il existe et semble concentré sur deux sous parties du QI bien précises. Par contre je ne m'y connais pas assez pour préciser l'ampleur que cela fait en pratique. Il semble quand même que cela corresponde à 4 points de QI, ce qui n'est pas négligeable.
Par contre ce qui est discuté est la relation de causalité. Dans un groupe (Minnesota) une différence existe à 10 ans (donc dès le début) entre les futurs fumeurs et les autres. Cette différence n'existe pas dans le groupe Californie. Ensuite à 16-18 ans environ la différence ne semble pas expliquée par la dose de cannabis (pas de différence entre les gros et les petites fumeurs) ce qui va contre une relation de causalité. La conclusion est donc que la différence est plutot liée à un ensemble de facteurs de confusion (éducation, etc..) plutot qu'à une relation de causalité. nb= certains facteurs de confusion sont testés dans le modèle, donc il s'agirait de facteurs de confusion non testés (par exemple troubles du comportement de la première enfance, comme le suggère une autre étude de Dunedin que je cite).
Enfin l'étude sur les jumeaux ne montre pas de différence entre les jumeaux consommateurs et non consommateurs et là encore va dans le sens d'une absence de causalité.
Cet article doit etre mis en perspective des autres articles qui suggèrent une relation de causalité pour la consommation avant 17 ans. Evidemment chacun aura son avis, mais ce qui me parait important est que l'absence de lien de causalité ne peut pas être prouvée (alors qu'il l'est par toutes ces études pour la consommation à l'âge adulte). Donc dans une discussion sur la "libération" du cannabis, je pense que vouloir étendre cette libération aux mineurs risque de s'opposer à tout changement.
Et, comme je le dis plus haut, le fait qu'il y ait une différence ne justifie pas d'affirmer la causalité ou d'imposer des "solutions" ( prison etc..) qui aggravent encore le poids "social" responsable à la fois de la consommation et des retards scolaires et personnels. Mais elle justifie des interventions psychosociales pour aider les jeunes en difficulté. Car si le cannabis précoce n'est pas une cause de ces difficultés , elle en est au moins le marqueur.
Amicalement
S'il n'y a pas de solution, il n'y a pas de problème. Devise Shadok (et stoicienne)
Voici un article paru hier sur newsweed.fr et qui parle de la consommation précoce de cannabis :
La consommation précoce de cannabis aurait une incidence sur les résultats scolaires
« On roule un spliff ? » cette phrase, de nombreux d’adolescents l’entendent quotidiennement. La France est aujourd’hui le pays européen qui consomme le plus de cannabis devant l’Italie, l’Estonie ou encore la Pologne. Et cette consommation débute de plus en plus tôt, les adolescents français étant également les plus gros consommateurs du continent.
La consommation des jeunes garçons à l’âge de 15 ans en Europe et Amérique du Nord
La consommation des jeunes filles à l’âge de 15 ans en Europe et en Amérique du Nord
Ces deux cartes qui proviennent de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) comparent le pourcentage des filles et des garçons qui ont déjà fumé un joint à l’âge de 15 ans en Europe et en Amérique du Nord. On constate que dans l’Hexagone au moins 29% des garçons et 26% des filles ont déjà tiré sur un pétard tandis que la moyenne européenne est d’environ 15%. Les pays les plus touchés pour les garçons sont la France, la Suisse, la Pologne ou encore l’Italie tandis que pour les filles, on retrouve une nouvelle fois notre cher pays, suivi du Canada et de la Bulgarie.
Un frein pour les résultats scolaires ?
Une nouvelle étude parue dans la revue International Journal of Epidemiology montre le lien de causalité entre l’initiation d’une consommation précoce de cannabis, c’est à dire avant l’âge de 17 ans, et les résultats ultérieurs sur le parcours scolaire. La consommation du cannabis à l’adolescence prédirait le niveau d’étude qu’atteindra l’adolescent.
L’étude compare les jeunes consommateurs en tenant compte des caractéristiques sociodémographiques des adolescents et de leurs parents. Elle ne prend en revanche pas en compte certaines difficultés que peuvent rencontrer les adolescents, comme les troubles psychologiques.
L’étude a donc suivi de jeunes français, consommateurs et non-consommateurs. Elle constate que les adolescents qui fument du cannabis très tôt ont plus de probabilités que les non-fumeurs de ne pas aller au-delà du baccalauréat. Les adolescents qui ont commencé à fumer du cannabis après l’âge de 17 ans ont, d’après cette étude, un niveau d’étude comparable aux non-fumeurs. Enfin, l’étude montre que le lien entre une consommation précoce de cannabis et le niveau d’études est plus associé chez les jeunes filles que chez les jeunes garçons.
Les résultats montrent également un faible niveau scolaire chez les adolescents qui commencent très tôt à fumer des joints. Ces derniers auraient besoin de l’attention de spécialistes de la toxicomanie afin de limiter les risques à long terme. Pour rappel, l’Observatoire français des Drogues et des Toxicomanie (OFDT) chiffre la première expérimentation de cannabis des jeunes français entre l’âge de 11 et 15 ans.
Les risques dépendent de la dose et la quantité de cannabis consommée
Le cerveau de l’adolescent est très sensible car le THC, la molécule psychoactive du cannabis, va perturber le développement des zones cérébrales, en particulier par des lésions qui vont venir perturber la concentration, engendrer une baisse de motivation et des perte de mémoires, ce qui va favoriser l’échec scolaire.
La dose de cannabis consommée n’est pas mentionnée dans l’étude. On sait pourtant que le nombre de pétards fumés va influencer les résultats. Ainsi, d’après une autre étude de la revue scientifique Hippocampus réalisée en 2015, les gros consommateurs de cannabis présentent des anomalies au niveau de l’hippocampe, une zone du cerveau située dans le lobe temporal, qui est l’un des centres de la mémoire. Les personnes qui fument le plus de cannabis ont alors plus de difficultés de mémoire à long-terme.