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Une fois que Andrew Turner a appris la nouvelle concernant le bannissement de son herbe médicinal par la DEA, il a fait ce que de nombreux activistes font au quotidien : il a enregistré son témoignage et l'a mis sur youtube.
Ce vétéran de l'US NAVY n'a pas fait que raconter son histoire dans un énième podcast ; Il pouvait montrer ce qu'était sa vie sans le kratom. A.Turner souffre d'un handicap issue d'un combat lors de la guerre, il souffre de douleurs chroniques, d'un état de stress post traumatique (ESPT), du syndrome de Meige et de dystonie. Il prend une fois par jour une faible dose de poudre de feuilles de kratom pour son traitement.
En octobre, il a arrêté de prendre du kratom pendant six jours et son état a rapidement empiré. Il a enregistré avec sa caméra " à quoi ressemble ma nouvelle réalité sans kratom ". Le cinquième jour, il clignait des yeux bien trop souvent, l'un de ses sourcil bougeait tout le temps. Il avalait sa salive en plein milieu de ses phrases, qui sembles lentes et laborieuses. "Voila ce à quoi je dois faire face" si le kratom est bannis du pays dit il. Il nous confie : " Les traitements pharmaceutiques ne lui ont été d'aucune aide voir elles aggravent la situation".
Le sixième jour, une rapide successions de tics le défigure et transforment ses expressions faciales, ses bégaiements sont incontrôlables. "Si cela continue ainsi, dans quelques jours je ne pourrais plus parler et la douleur est revenu ce matin, elle était insupportable".
Des milliers d'autres ont la même histoire
Même si le syndrome de Meige est peu commun, ce qui lie son histoire avec celles des plusieurs milliers de témoignages c'est comment le kratom leur ont permit d'arrêter les opioïdes sous prescription ou de les éviter.
Comme l'explique Turner : "Pendant longtemps j'ai arrêté de travaillé avec les docteurs et le département de la défense pour gérer mes symptômes. Un peu de kratom le matin et j'étais capable d'arrêter les opiacés. Pour moi c'était de très groses doses de vicodine (hydrocodone) de percosets (oxycodone/paracetamol).
Cela fait des mois que je n'en prenais plus, le kratom me permet de faire les choses par moi même à nouveau sans avoir besoin d'aide."
Le kratom, de nombreux vétérans ont pratiqué l'automédication avec succès pour le traitement des douleurs chroniques et des ESPT, comme la fondatrice de l'association américaine du kratom (AKA) qui se nomme Susan ASH. Cette dernière , ainsi que de nombreux patients ont écrit aux journaux comme U.S News ou directement à la DEA quand ils ont appris la nouvelle du ban en approche.
Abraham, un ancien sergent de l'U.S Army a écrit : " C'est le seul traitement qui agit très bien avec l'ESPT sans être hépatotoxique...J'ai de nombreux camarades qui ont fait des tentatives de suicides à cause de ce syndrome de stress post traumatique. On leur a présenté le kratom, maintenant ils vivent des vies normales".
De nombreux témoignages de vétérans peuvent être trouvé sur YouTube sous le hashtag #IAmKratom. Josh, un vétéran en situation de handicap qui a subit de la chirurgie pour son dos, qui a de l'anxiété et l'ESPT a raconté aux spectateurs de ses vidéos "comment je marchais comme un zombie" à cause des 12 traitements que l'hopital militaire lui donnait avant de les arrêter et de passer au kratom. Il confie : "Je me sens mieux ces trois dernières années que les six précédentes où je n'en prenais pas".
Curtis, un autre vétéran handicapé, fantassin cette fois témoigne qu'il était sous traitement pour l'ESPT mais aussi sous opiacés pour traiter ses douleurs. "C'était un mauvais moment de ma vie...J'ai décidé d'essayer le kratom en prenant une cuillère bien pleine , les deux premières heures mes douleurs chroniques s'étaient presque envolées. Les premières semaines, je n'étais plus déprimé et mon anxiété commençait à disparaître." Désormais il peut à nouveau susbvenir aux besoins de sa famille et il ne prend plus aucun autre traitement.
Susan ASH dit qu'il utilise le kratom pour traiter ses douleurs chroniques qui proviennent de sa maladie de Lyme et qu'elle arrêté d'être accro aux opiacés. De nombreux autres personnes non vétérans ont testifié son efficacité pour le traitement de la douleurs, à travers les années* (cf: reddit, TKF the kratom forum etc).
Une femme de 48 ans : " Je souffre de douleurs insupportables, débilitantes, odieuses[sic], CHAQUE MINUTE de chaque journée. Le kratom a signé l'arrêt de mort de toutes ces douleurs, désormais JE VIS. Je peux travailler à nouveau, je suis à nouveau une mère, je suis à nouveau une femme ".
Ces feuilles sont elles proches de l'héroine ou de l'ecstasy ?
Des milliers de consommateurs ont pris la parole en août 2016 quand la DEA a notifié la population de son intention de bannir tous les alcaloïdes présents naturellement dans la plante (7-hydroximitragynine). Désormais, le kratom rejoindre le classement I, une décision "nécessaire pour éviter un danger pour la population et protéger la santé publique". Cela mettrait cette herbe ancienne d'Asie du Sud-Est dans la même catégorie que l'héroïne, l'ecstasy, le cannabis et d'autres drogues qui sont considéré par la DEA comme "non accepté pour les traitements médicaux et fort potentiel d'abus".
Aux états unis, la DEA a le pouvoir de prohiber immédiatement une substance et de distribuer des permis d'utilisation à qui l'agence autorise au cas par cas. En mettant le kratom dans la catégorie I , cela paraît drastique en considérant son caractère doux vis a vis des autres substances présentent dans le tableau. Cependant, c'est le seul endroit où la DEA peut mettre une drogue dans l'objectif de l'interdire rapidement sans en demander la permission au congrès.
Le journaliste Anthony Robert a rapporté que la première semaine de l'annonce de la DEA , plus de 100 000 personnes ont signé la pétition pour maintenir le kratom dans un statut non illégal. Plus de 23 000 commentaires dont la plupart positif ont été écrit, pour souligner l’intérêt de ce produit.
Turner dit que les vendeurs de kratom ont eu entre 3 et 5 millions de clients américains, le marché croît. Plus de 55 tonnes de feuilles séchés ont été repéré par les douanes lors de leurs entrées aux USA entre 2014 et 2016.
Après la colère des consommateurs, le 12 octobre 2016 la DEA retire sa suggestion d'interdiction. Le porte parole Melvin Patteson dit que cette décision est "quelque chose que nous n'avions jamais vu". La DEA ouvra alors une autre période de commentaire public et demanda à la Food and Drugs Administration (FDA) de faire une "analyse complète" du kratom pour qu'ensuite l'agence prenne sa décision. Cette analyse n'a pas encore commencé mais l'AKA et PinneyAssociates (entreprise RDR/consultants pharmaceutiques) ont déclarés que le kratom "apparait être bien moins dangereux [que les opiacés]."
D'après le Docteur Jack Henningfield, un des auteurs de l'analyse décrit à propos du kratom : "Son profil de sécurité avantageux favorise l'accès continu pour des consommateurs qui pourraient avoir accès à des produits réglementés de façon appropriée. La recherche sur ses utilisations se poursuit". L'avenir légal de cette plante ne semble pas si sombre.
Autres bénéfices et effets du kratom
Les feuilles de Mitragyna Speciosa ont été utilisé par les natifs d'Asie du Sud Est depuis des millénaires et plus récemment par les américains pour son effet calmant mais aussi analgésique. C'est une alternative aux opiacés sous prescription.
Le kratom est plutôt bon marché. Une faible dose de Bali rouge coûte environ 1$
C'est beaucoup moins que ce que dépense de nombreux amateurs de café tous les matins mais aussi plus proche d'une dose d'ibuprofène que ceux des autres traitements pour les douleurs chroniques.
Une personne souffrant de fibromyalgie décrit : "un traitement qui dépasse largement ses allocations pour son handicap". "C'est vraiment une substance pas chère" dit Turner, "Vous ne risquez pas d'être victime d'un cambrioleur qui fait ça pour payer sa dose de kratom .
Les dernières analyses conduites par des chercheurs de l'université de Rochester, reconnues pour leur compétences sur Erowid ont trouvé que l'addiction au kratom était comparable à "un syndrome de manque doux" par rapport aux autres opiacés.
Cependant certains usagers rapportent leur dépendance et leurs difficultés, certains disent que le produit détruit leur créativité ou les rends béats.
Une personne qui se décrit addict au kratom pendant 2ans et demi , avec 25 à 50g par jour commente sur reddit : "le kratom m'a rendu trop serein, négligé et je n'ai plus de créativité. C'est drôle comme tes attentes diminuent sous kratom , on est rasséréné d'une façon malsaine 'Vu que je me sens bien n'importe où et n'importe quand, tout ce que je fais me semble suffisant'. '
Un autre décrit la plante comme "la déception verte" , une "marionnettiste". Encore un autre utilisateur récréatif lui nous a rapporté des insomnies, une dépression, de l'anxiété, des sueurs chaudes ou froides lorsqu'il était en manque après une utilisation de 8 à 12g par jour. - Un montant qui équivaut pour Turner à "une pelleté dans le gosier" et "la chasse au high le plus long". Certains ont mentionnés des dosages montant jusqu'à 30g par jour.
Reddit contient de nombreux topics qui témoignent des effets négatifs du kratom, surtout pour les effets des sevrages. Notablement des utilisateurs récréationnels qui consomment de très grandes doses ou d'autres médicaments en même temps (par exemple ,celui qui souffrait d'insomnie prenait du Prozac). Ces retours supportent donc la méfiance initiale de la DEA et sa position comme quoi le kratom est "mésusé à cause de ses effets opiacés".
"Cela comporte des risques, comme n'importe quel chose que tu ingères" d'après Turner qui rajoute qu' avant d'essayer il faut procéder à une recherche en profondeur avant. Il dit aussi "Il ne faut pas chasser un high qui n'est pas là ." Ash avait aussi affirmé chez U.S News : "Il n'y pas de défonce comparable à ne serait ce qu'un opiacé de moyenne intensité dans les feuilles simples".
A faible dose , entre 2 et 4g , le kratom a un effet stimulant et réjouissant, certains usagers disent que cela leur donne un peu de concentration et de motivation supplémentaire. A haute dose, il agit comme un dépresseur et un antalgique, c'est cette effet que recherche les opiophiles en sevrage ou en substitution. De tous les arguments utilisés pour garder le kratom légal, la capacité de ce produit pour réduire les symptomes du manque et décrocher des opiacés est celui qui a eu le plus de poids.
Le kratom comme rampe de sortie vers l'abstinence
Un homme qui a développé une addiction a l'opium puis à l'héroïne nous fait part que : "le kratom m'a aidé, moi qui ne voulait pas arrêter les opiacés, à arrêter de consommer et il m'a permis de ne plus ressentir l'effet cold turkey de l'héroïne mais aussi de rester clean pendant ces six dernières années."
Kristofer a aussi décrit son expérience avec les narcotiques : "les effets secondaires de mon traitement étaient absolument désastreux... J'en étais à un point où je pensais que j'allais être handicapé par ces pillules jusqu'à la fin de ma vie. J'ai commencé à intégrer de la poudre de kratom dans mes consommations quotidiennes et cela a changé ma vie. Je n'ai expérimenté aucun effet secondaire et cela m'a permis de changer mon quotidien au point où aujourd'hui j'ai un boulot à temps complet de plus de 40h par semaine et je peux remplir le frigo comme je ne l'avais jamais fait auparavant.
Manifestation de soutient contre l'interdiction du kratom à Washington D.C
L'Amérique est en pleine crise des opiacés. Les centres de contrôle des maladies (CDC) ont rapporté qu'en 2015 plus de 33 000 personnes sont mortes suite à l'utilisation d'un opiacé, avec une augmentation de 72% par rapport à 2014. Pour les violences lié aux trafics de ces opiacés sur ordonnance, il y a eu plus de 35 000 morts. Les opiacés sur prescription sont puissants en terme d'effets et d'addictions. Le fentanyl par exemple est "50 fois plus puissant que l’héroïne" comme l'a indiqué CNN. Le traitement des douleurs moyennes ou importantes ont conduit des milliers de personnes ordinaires vers l'addiction aux opiacés.
Des antalgiques aussi addictif que l'Oxycodone ou la codéine ouvrent grande la porte vers l'addiction à l'héroïne. Malgré cette crise, la DEA a tenté d'interdire le kratom "faute d'utilisation médicale possible" avec "aucune recherche concernant son utilisation médicale, approuvée ou non" pour ces principaux alcaloïdes. Aussi les auteurs des rapports de la DEA ont pris connaissance des effets de la plante sur la douleur et ont noté que "le kratom a été utilisé pour l'automédication de douleurs chroniques, symptômes de sevrages et dépendance".
La dea cite aussi dans le même document une augmentation des échantillons de sangs et d'urines positifs au kratom au sein de laboratoires privés. Ce nombre était de 31 prélèvement en 2012 et il est désormais à 555 de janvier 2015 à mars 2016. La DEA dit que cela démontre la naissance d'un phénomène d'abus du kratom. L'administration cite aussi une explosion des appels concernant ce produit dans les centres antipoisons entre 2010 et 2015.
Comparaison des effets du kratom sur ceux des médicaments concurrents
Bien entendu, l'argument qui fait que cette substance est un danger grandissant et un problème de santé public est qu'il y a eu en tout plus de 30 "morts associés au kratom" constaté par les médecins légistes.
Le rapport de la DEA décrit les consommateurs comme des "abuseurs". Cependant ce néologisme anglais n'est pas présent dans la liste légale des termes au sein des textes judiciaires américains (Controller Substances Act). Ce sont des termes politiques, pour étiqueté leurs consommations comme du mésusage et ce peu importe la raison. Ainsi cela permet de mettre tous les usagers dans le même groupe, malgré leurs pratiques individuelles très différentes.
Pour comparer le mésusage du kratom à celui des opiacés, on utilisa le terme commun de la définition comme "une consommation compulsive, excessive, auto-destructrice qui mène à une addiction ou une dépendance".
Selon les sondages nationaux du département de la santé, le mésusage d'une substance qui a pour but de diminuer la douleurs est estimé à 2millions de personnes et celle de l'héroine à 591 000 en 2015. La même année il y a eu "20 101 morts suites à une overdose d'un opiacé sous prescription et 12990 overdoses d'héroïne" d'après la société américaine de l'addiction. Bien entendu le point le plus remarquable des mésusages sont les nombres de décès par surdosage, ces overdoses de médicaments sous prescriptions ont quadruplé en 15 ans (de 1999 à 2014).
Par contraste la DEA n'a identifié que 30 morts qui ont un éventuel lien avec le kratom, on a donc 1100 fois moins de chance de mourir avec ce produit que si on utilise un opioïde. Il est aussi important de prendre en compte que seule une des 30 personnes mortes n'avait que du kratom dans son corps, les autres en avaient plusieurs (amphétamine, héroïne, méthadone, fentanyl etc). La prise de kratom a engendrer 660 appels dans les centres anti poison entre 2010 et 2015, parmis les 50 cas les plus graves la plupart concernaient des mélanges de substances.
Même si quelqu'un conteste l'argument de la DEA comme quoi le kratom est un produit largement détourné aux USA, il faut reconnaître que le marché de ce produit ressemble à "the wild west". Les produits sont souvent étiquetés comme des "Legal High" ou étiqueté volontairement de la mauvaise manière. Il n'y a pas de dose recommandée et ce manque de régulation a motivé en grande partie la DEA pour interdire le produit.
Mais pourquoi bannir le produit au lieu de mettre en place une régulation intelligente? Tuner et ceux qui défendent l'accès au kratom proposent d'interdire le produit aux mineurs et d'analyser les produits pour vérifier leur qualité.
Il serait possible de le rendre accessible via un statut de "produit diététique" pour avoir l'accord de la FDA. Ce qui impliquera le fait de prouver que ce produit n'est pas toxique et consommable en toute sécurité. "Je serais heureux que le gouvernement arrive et déclare qu'il mettrait en place des tests . Je suis OK pour un minimum de surveillance." Dit Turner. Puis il rajoute : "Mais il y a une différence entre surveillance et rendre le produit inaccessible".
Pourquoi la DEA veut elle bannir le kratom?
Quand un gouvernement tente de bannir une substance subitement, sans drames ou plaintes des médias voir des citoyens, on a pour instinct d'établir comme suspects les grands acteurs de l'industrie pharmaceutique.
Les journalistes et les défenseurs du kratom ont pointé du doigt le Docteur Daniel Fabricant comme étant l'une des éléments clé derrière cette interdiction, il est en effet celui qui a critiqué le plus la situation actuelle. En 2014 cette personne dirigeait la division "complément alimentaire" de la FDA et c'était cette année là que la FDA commençait les saisies de kratom lors de leurs importations. Aujourd'hui il est directeur de "Natural Products Association", dont l'ancien directeur Corey Hilmas venait lui aussi de la FDA. Depuis 2014 , Dr.Fabricant pousse les régulateurs à l'action et maintient encore aujourd'hui que le produit devrait être interdit car il possède des propriétés ressemblant aux opiacés :
"Si vous prétendez que c'est un traitement pour la douleur, cela ne peut pas être un complément alimentaire."
Il fustige aussi les usagers qui font de l'automédicalisation : " Vous allez vous diagnostiquer vous même et choisir votre traitement pour votre addiction? Il n'y a pas de solution miracle pour une addiction. Les employés dans les cliniques de désintox ont été clair, le kratom provoque une addiction. Vous devriez plutôt reprendre contact avec le personnel soignant. " Et si le kratom repondait aux critères de complément alimentaire il aurait d'autres défis à relever comme il le précise : "Il faudra prouver que le produit est non toxique via une étude scientifique poussée et comprendre à quel point cela peut être addictif". Dans notre pays , nous faisons ça pour des produits qui sucrent notre café alors pourquoi pas pour la plante mitrgyna speciosa?
Dr.Fabricant tient une position claire, passionée et sincère sur le sujet. Cependant il est intéressant de noter que certains membre de la Natural Products Association fabriquent et vendent des produits en concurrence directe avec le kratom comme les produits "At Ease" ou "Brain Awakening" et autres formules pour avoir les "idées claires" ou réduire les spasmes musculaire et encore la tension. Ils ont donc un intérêt logique de pousser à l'interdiction du produit.
Charles Haddow, un représentant de l'association américaine du kratom argumente que : "Les entreprises qui vendent des produits diététiques ont peur du kratom. Si c'est le kratom est si atroce en terme de risques, il y aura un retournement de situation et le kratom serait le sujet de nombreux appels au congrès."
Cependant les importateurs et vendeurs de kratom ont un intérêt évident à maintenir le statut quo pour continuer les ventes. D'après Fabricant il y aurait une certaine hypocrisie : "Les vendeurs qui supportent le kratom se font beaucoup d'argent pourtant ils critiquent les fabricants de médicaments de faire la même chose. " Il ajoute que la recherche scientifique pour prouver que le kratom serait un produit "safe" coûterait très cher et que le lobby du kratom ne prend pas ses responsabilités, vu qu'il refuse de prendre en charge ce type d'initiative.
Manifestation de soutient à Borneo, pour conserver le marché du kratom américain.
Les principaux opposants du kratom font aussi parti du lobby pharmaceutique
En juillet 2013, trois organisations ont écrit une lettre à la FDA pour exprimer leurs inquiétudes concernant cette plante et son manque de régulation. La lettre fût signé par "The council for responsible nutrition (CRN)", the "Consumer Healthcare Products Association (CHPA) " et "the united natural products alliance (UNPA) ". Ainsi l'alliance des forces entre le lobby des compléments alimentaires et celui du médicament a déclenché l'intérêt de la FDA pour le kratom. La base de donnée de la FDA ne contient aucune mention du kratom avant septembre 2014, où il y a eu une perquisition dans le sud de la Californie.
En croisant la liste des membres du "Council for responsible nutrition" ou CRN et une liste des fabricants de médicaments de 2012 distribué par l'agence "United nation office of drugs and crime" , il apparait que le CRN représente des géants de l'industries. En premier lieu, BASF , qui fabrique de nombreux stimulants comme la cathine ou la methcathinone mais aussi des antidouleurs comme la Tilidine. Avec BASF il y a aussi DSM Nutritional Products qui fabrique des benzodiazépines comme le Bromazepam, Clonazepam ou le Diazepam. Il y a aussi l'entreprise Lonza Inc , qui fabrique le GHB , le methylphenidate qui est un traitement pour le trouble du déficit de l'attention.
Ensuite , est aussi présent au sein du CHPA plusieurs compagnies dont Chattem Chemicals (un membre de Sun Pharma) qui fabrique des opiacés et des opioïdes comme le fentanyl , la codéine, la methadone, l'oxycodone, la morphine, le sufentanil. Purdue Pharmaceuticals , le fabriquant de l'OxyContin est représenté aussi avec Teva Pharmaceuticals qui produit des tablettes d'oxycodone et l'Actiq un médicament contenant du fentanyl.
Enfin l'UNPA représente les entreprises vendant des produits plus "naturels" , avec Indena USA qui font des extraits de camomille ou de griffe du diable (pour les muscles, les migraines, douleurs au dos etc.). Il y a aussi Morinda qui distribue des boissons énergisantes "naturelles" et des compléments alimentaires. Ces produits sont en concurrence directe avec le kratom , que ce soit pour réduire des symptômes ou renforcer sa concentration ou son energie.
Ces entreprises sont des poids lourds : BASF est n°94 au classement Forbes des plus grandes entreprises au monde et en 2015, sa branche qui vend des produits d'alimentation ou de santé a générée 2,1 milliards de dollars de chiffre d'affaires. Purdue génère environ 3 milliards de dollars pour sa part, en grande partie grâce à l'OxyContin. Et Chattem de Sun pharma, a généré environ 403 millions de dollars aux Etats Unis seulement.
Pourquoi ces entreprises ne monétiseraient elles pas elles même ces herbes au lieu de les pousser à leur interdiction?
Après tout, leur équipe "recherche et développement" pourrait probablement mettre au point un produit supérieur aux petits sachets Zip remplis de poudre verte vendus depuis des headshops.
Le nombre d'alcaloïdes dans les feuilles de kratom est environ de 37 et leur durée de vie est très courte une fois isolée, ce qui rendrait leurs extractions difficiles pour un produit synthéthique. Même si ces compagnies vendaient ce produit sous forme naturelle, il faudrait des décennies de culture en milieu tropicale (à Hawaii ou Guam) pour générer un business modèle viable et rentable aux Etats-Unis. De plus il faudrait que la FDA assure que le kratom pourrait être commercialisé sur le long terme.
Pour compliquer encore plus ce marché, les régulateurs pourraient exiger des vendeurs de changer leurs produits pour répondre aux règles de complément alimentaire. D'après Fabricant, il faudrait extraire les alcaloïdes addictogènes ce qui rendrait le produit très cher , peu rentable et sans intérêt pour les usagers.
Alors il semble logique pour ces grandes entreprises de pousser le kratom vers la prohibition car les opiacés sous prescription rapportent des sommes importantes. Pour être plus précis, le marché du traitment de la douleur pèse environ 24 milliards de dollars à l'échelle mondiale et le kratom pourrait diminuer ces revenues.
Légaliser officiellement le kratom via la FDA?
Les agences qui régulent ce que les américains peuvent consommer (médicaments, nourritures etc) opèrent de la même manière, tant qu'un produit n'a pas été déterminé "sûre", il est considéré dangereux. Il est plus compliqué de prouver que le kratom est un produit sans danger que d'influencer l'agence pour qu'ils bannissent le produit en attendant. Lorsqu'un produit entre au sein du marché, les agences gouvernementales commencent leurs tests en supposant que le produit est dangereux jusqu'à ce qu'on prouve le contraire, on procède à des essais cliniques réalisés sur un temps relativement long puis la FDA officialise sa décision quelques années plus tard et le tout prend des années. Pour faire une comparaison avec un crime : un médicament (ou un complément alimentaire ou diététique) est considéré coupable jusqu'à ce qu'on prouve son innocence.
Maintenant pour les produits synthéthiques produit en laboratoire, cela est parfaitement logique. Les effets potentiels sont inconnus ou presque, les mettre directement sous forme de comprimés et les distribuer au public serait catastrophique. La durée des essais peut porter à débat mais fait des essais n'est pas seulement un choix responsable, c'est une question d'éthique. Le kratom n'est pas une susbtance expérimentale, ses effets ne sont pas inconnus. Certes sa nature psychoactive peut rendre les autorités ou les médecins nerveux mais il ne faut pas oublier qu'on utilise cette plante depuis des siècles en Asie. Et des usagers sont entrain de l'utiliser en ce moment même, avec des résultats majoritairement positifs.
Les autorités ne se contentent pas de l'Histoire ou des anecdotes. Les vendeurs de kratom n'ont pas prouvé l'absence de toxicité et mis sur la table des études scientifiques pour la FDA afin de défendre leur produit. D'autres scientifiques font des recherches précoces de manière indépendante et d'après les premiers résultats la Mitragynine pourrait être un marche pied a fin de quitter une addiction aux opiacés. (Note groovie : cette molécule est 100x moins forte que la morphine et l'autre alcaloïde principal du kratom, le 7-HO-Mitragynine est lui 10x moins fort que la morphine).
Les scientifiques des universités d'Etat et du gouvernement se trompent suffisament souvent pour qu'on emette des doutes sur leur capacité ou leur fiabilité à réguler les produits voir même à nous conseiller sur la manière de consommer au quotidien. Il faut considérer que pour le National Institute of Health il a fallut presque une décennie pour qu'ils régissent face aux erreurs qu'ils diffusaient sur les problèmes d'allergies liés aux cacahuètes , sur la diététique a travers l'ancienne pyramide des aliments ou les apports en sodium dans les plats industriel.
Pourquoi ne pas viser la réduction des risques au lieu de l'abstinence?
L'abstinence est au centre de la politique de guerre contre la drogue, c'est aussi le cas pour le kratom qui provoque des sevrages aussi difficile qu'un usage moyen de marijuana, cela n'empêche pas les autorités de traquet les petits vendeurs comme les consommateurs. Une infirmière de dit par une hyperbole que si la DEA voulait vraiment faire la différence, l'agence distriburait du kratom aux usagers addicts "qui veulent sortir de ce cercle vicieux". Docteur Fabricant lui pense que : " On a pas le réseau de distribution de nourritures et de médicaments le plus sûre au monde en laissant n'importe qui jeter n'importe quoi sur le marché, car il sent que c'est une bonne chose."
Turner lui pense que "ce sera une catastrophe pour la santé publique de bannir le kratom". Pour lui, encourager l'abstinence au lieu d'une substance qui a un potentiel de soin n'est pas la bonne réponse. "Les personnes addicts ont une occasion de devenir sobre. Il y a des questions sur le kratom, à propos de la dépendance mais à la fin de la journée, cela ne tuera personne."
Les régulateurs fédéraux des États-Unis , a travers leurs agences comme la FDA ou la DEA , qui ne rend des comptes ni aux élus ni au peuple, qui partage une certaine proximité avec le secteur privé, ouvre la voie à une certaine instrumentalisation des lois au dépend des citoyens. Une entreprise pourra gagner quelques parts de marché , agence pourra équilibrer son budget, un géant industriel aura une belle rentabilité mais au final c'est le consommateur qui est perdant. Dans le cas du kratom, beaucoup d'usagers souffrent et sont d'autant plus vulnérable ou fragile face à ces abus.
En conclusion le destin du kratom est encore dans les limbes. Esperons qu'une régulation désastreuse de cette plante donne une bonne leçon aux citoyens : le gouvernement ne considère pas toujours l’intérêt de ses citoyens comme la principale de ses priorités
Georgi est une contributrice senior à The Federalist.
Suivez là sur twitter @georgi_boorman
Suivez psychoactif @psychoactif
traduction groovie
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Dernière modification par groovie (07 juin 2017 à 23:26)
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Dernière modification par douwegberts (09 juin 2017 à 10:19)
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The most potent of the related alkaloids was the mitragynine oxidation product 7-hydroxymitragynine. Its MOR potency was one-tenth that of morphine, while mitragynine’s was one-hundredth.
source article résumé: https://cen.acs.org/articles/94/i23/Rec … -same.html
source originale : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5189718/
Kelly M. Standifer, professeure en pharmacologie à l'université de l'Oklahoma évoque que les chercheurs ont menés des essais sur des cellules non neuronales ce qui peut réduire le potentiel MOR et donc la force supposée du produit. Elle pense que lors de la consommatio, in vivo, les tissus du cerveaux des usagers réagiraient différemment et donc il se pourrait que la molécule 7-ho-mitragynine soit plus puissante en "situation réelle".
Risques et dépendance sur le kratom :
La mitragynine et le 7-hydroximitragynine, deux alcaloïdes principalement responsables des effets du kratom (mitragyna speciosa) sont des agonistes partiels et complets des récepteurs opioïdes mu(µ).
D'après les études sur les animaux , l'effet antinocicéptif et antitussif est comparable à la codéine. Sur la souris, le 7-hydroximitragynine avait un effet analgésique plus puissant que la morphine , même par voie orale.
Le kratom est légèrement toxic chez l'animal. La souris traité chroniquement avec du 7-hydroxymitragynine a développé une tolérance, une tolérance croisée avec la morphine et des signes de manque qui peuvent être amplifié par l'administration de naloxone.
La consommation régulière de kratom peut produire une dépendance. Les symptômes de manque chez l'humain sont relativement doux et diminuent typiquement en une semaine. Les symptômes du sevrage sont : le manque, la faiblesse et la léthargie, l'anxiété, les jambes sans repos, la rhinorrhée (Ndt: goutte au nez), la myalgie (ndt: Douleur musculaire), la nausée, la transpiration, les mouvements anormaux ou temblements, les perturbations du sommeil et des hallucinations sont possibles.
Le traitement, si besoin, inclus la dihydrocodéine et la lofexidine, des anti-inflammatoires non corticoïdiens, des antidepresseurs et/ou des anxiolytiques.
La mistragynine (ndt le second alcaloïde le plus puissant du kratom) a été retrouvé dans le corps d'une personne ayant fait une overdose suite à un mélange de propylhexedrine/kratom où la concentration postmortem de mitraginine était de 0,01mg/kg à 1,20mg/l
La consommation de kratom avec d'autres drogues récréatives peut provoquer des effets secondaires importants. Des intéractions dangereuses ont été reportés avec le modafinil, le prophylhexedrine, le datura stramonium, le carisoprodol. Un cas d'overdose a été reporté aux États-Unis suite à la consommation d'un mélange de kratom contenant du fentanyl, du diphenhydramine, de la cafféine et de la morphine, vendus comme "mélange d'herbes".
http://www.emcdda.europa.eu/publication … les/kratom
Si vous consommez des EXTRAITS ou des "BLENDS"/Mélange , faites les analyser ! (c'est gratuit et anonyme). Ce genre de produit peut contenir n’importe quoi et dans le meilleur des cas augmente drastiquement la composition en alcaloïdes, le sevrage peut être TRES difficile et il faut immédiatement vous mettre en relation avec des soignants pour vous accompagner dans votre addiction/sevrage. De pl
Dernière modification par groovie (17 juin 2017 à 17:20)
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groovie a écrit
Les principaux opposants du kratom font aussi parti du lobby pharmaceutique
Pas seulement.
T'as aussi pas mal de gens qui galèrent à se sevrer du kratom, notamment un forum dédié:
https://www.reddit.com/r/quittingkratom/
Ici, plus de 29 pages de témoignages:
https://drugs-forum.com/threads/kratom-addiction.24888/
Et même dans les pays d'origine:
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/24698080
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[ Forum ] Drogue info - Différences entre le kratom standard et le kratom dit premium??
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[ PsychoWIKI ] Kratom, effets, risques, témoignages |