J'y vais aussi de mon analyse personnelle. Comme je n'ai pas la science infuse, tu prends ce qui peut t'être utile après avoir évalué toi-même la qualité des conseils et tu jettes le reste. On est pas là pour débattre si j'ai tort ou raison, mais pour t'aider à trouver l'équilibre dans ta vie. Mon analyse est un peu "dure", mais elle ne constitue pas un jugement, je te donne un point de vue, s'il est faux, j'en serai le premier ravi, s'il est juste, il peut te bénéficier de l'entendre sans ménagement.
Lali : "Sauf qu'à force, ça épuise bien sur, ça ne m'empêche pas de faire ma vie (petit kiff du jour, je me suis pris des billets pour les caraïbes dans quelques semaines ^^), même si je consomme depuis 3 ans maintenant, ça reste bien après tout, je garde valeur des factures pour avoir un toit, de l'électricité, le frigo plein, petits plaisirs resto, apéro entre amis... mes économies voyage (c'est mon kiff de découvrir la planète) et la
came des fois en festivité, toujours la mesure depuis 3 ans !"
Effectivement tu t'en sors bien! Je suis tenté de te féliciter pour ta capacité à faire pas trop mauvais ménage avec des produits aussi addictifs.
Lali : "Bref ! vous avez raison, pourtant après 6 mois de rupture, je pensais vraiment qu'il allait tenir ses promesses d'arrêt"
Ton envie d'y croire était telle que tu y a cédé alors même que rationnellement tu vois bien que ça tenait pas debout de miser ta vie sur les promesses d'un homme dans sa situation. Quand on est entré sur le mode irrationnel/émotionnel, on est incapable d'en sortir en général et on imagine qu'on est dans une impasse etc, alors qu'il suffit de revenir à la raison et à la logique du bon sens, de définir ses buts correctement, pour très bien savoir ce qu'on a à faire.
Lali : "je ne dis pas arrêter, puisque je vois qu'il galère, mais consommer occasionnellement, se fixer des échéances, et c'est encore plus appréciable je trouve"
Tu as bien entendu raison c'est la seule façon de vraiment apprécier les produits à 100%, mais tu ne sembles pas comprendre à quel point tu as de la chance d'avoir une relation plus équilibrée que la moyenne avec ces produits (pourvu que ça dure). Selon les prédispositions, en particulier génétiques, il est pour beaucoup juste
impossible d'avoir une consommation raisonnable. J'ai bien dit
impossible - c'est à dire que vouloir appliquer pour lui ce qui fonctionne pour toi est simplement comme vouloir faire rentrer le triangle rouge dans le rond vert (tu sais dans les jeux pour bébé).
Donc tu t'es engagée dans un projet totalement irrationnel, ou du moins qui ignore la nature des relations de certaines personnes avec les prods. En plus pour cet homme tu dois être un vrai cauchemar, l'illustration quotidienne de sa faiblesse et une humiliation. Tout ça pour rien alors que ton projet pour lui est peut-être juste irréalisable. Ce genre de relation est très toxique pour lui, tu ne l'acceptes pas tel qu'il est!
C'est environ 23% de la population qui est incapable de consommer raisonnablement les
opiacés, pour l'
alcool c'est 14%, pour le
crack, je ne sais pas, je n'ai pas trouvé de statistiques mais c'est sans doute du même ordre. Tu ne peux rien y faire, et leur faire peser une morale, du chantage, de la critique ne fait que les enfoncer dans leur malheur et souvent aussi dans la conso.
Lali : "comme si cette échéance était bien pire que la liberté de consommer et être raisonnable."
Tu le fais passer pour une personne au comportement irrationnel parce que tu ne le comprends pas, tu ne comprends pas sa relation au produit qui est un besoin. Tu n'as pas cette expérience (tant mieux pour toi et bravo), c'est pour cela que tu ne peux pas le comprendre. Mais au final c'est toi qui est irrationnelle, pas lui, à vouloir à tout prix faire entrer le triangle rouge dans le rond vert et faire dépendre ton bonheur d'une chose aussi improbable. Que la "morale" soit de ton côté t'encourage peut-être à croire que tu peux obtenir gain de cause, mais c'est une couche d'irrationalité supplémentaire.
Lali : "J'attends son retour demain (en déplacement pro là ) et lui suggérer d'aller dans un centre"
Les centres. La vieille réponse des proches qui ne savent plus quoi faire pour garder le contrôle de leur protégé (ou de leur faire-valoir).
Tu sais les centres ne sont pas souvent capables de guérir une personne. Le chantage au centre est juste... ... "Chéri, va faire un tour en prison pour moi." - Non merci!
Lali : "j'avais déja proposé, il avait refusé, il en a fait des centres, mais n'a jamais trouvé le bon psy ou sa place... (excuse facile, mais possible aussi)"
Est-ce une question de bon psy? Les 20% incapables, nourrissent les éternelles statistiques de rechute des méthodes d'arrêt traditionnelles.
Je suis d'accord que si LUI il veut vraiment arrêter alors trouver un centre où il se sent bien est une aide remarquable, et un suivi psy dans lequel il se sent bien, une vraie bénédiction.
Lali : "lui dire que cette fois il doit vraiment le faire (sans chantage, ni menace)"
C'est en soi un chantage et une menace. Ta position reste ambigüe, il ne peut pas savoir si tu es vraiment prête à partir pour de bon, mais pour lui, cela restera du chantage dans les faits. Il risque d'être tenté de croire que tu bluffes.
Lali : "s'il esquive encore une fois, je serai dans l'obligation de le laisser"
Tu raisonnes à l'envers. Fais ce que toi tu veux, et lui il te suivra si lui il veut et s'il en est capable. Tu ne peux pas arriver à restaurer des relations saines si tu le mets sous une menace même avec les meilleures intentions du monde. Soit tu es bien avec lui et tu l'acceptes comme il est et tu restes, soit tu es mal avec lui tel qu'il est et tu pars. Le reste est irrationnel et l'irrationnel appelle l'irrationnel (après il le devient et tu le lui mets sur le dos).
Dans tous les cas tu ne peux pas te marier avec un
projet pour ton homme, tu peux seulement te marier avec un homme tel qu'il est. Je ne dis pas qu'il ne peut pas arrêter, il peut peut-être, c'est possible d'arrêter pour les plus chanceux. Mais la menace n'est d'aucun secours, elle ne fait qu'aggraver l'impasse.
Ne mets pas ton homme devant tes fantasmes de ce que tu désires qu'il soit. Met-le devant une réalité. Si c'est que tu n'es pas heureuse avec lui dans les termes actuels alors pars, et ne pars pas pour le faire changer, mais pars pour être heureuse. Tu peux lui laisser la porte ouverte, et ensuite le laisser choisir sans l'influencer.
Les vraies questions à te poser : es-tu réellement malheureuse avec lui? Ou te rends-tu malheureuse parce que tu veux qu'il suive le modèle que tu lui imposes? Dans le premier cas tu pars, dans le second c'est toi qu'il faut soigner en premier. Quand on fait notre part du travail, l'autre fait parfois aussi naturellement la sienne et qui sait ça peut peut-être marcher. Quand c'est toujours l'autre qui doit changer, la relation ne peut pas durer. Elle est mort-née. Et au fond tu le sais, donc pourquoi prendre cette voie? Veux-tu avoir raison, ou veux-tu vivre une bonne relation? Est-ce si important d'avoir raison que ça mérite de sacrifier tout le reste?
Lali : "la
came est malheureusement le seul (gros) problème à notre bonheur donc ça reste "amer" !"
C'est naïf de penser ça. Le problème de la conso cache en fait ses problèmes à lui (voire à toi). On met sur le dos de la
came ou des prods ce dont elle n'est que la manifestation et non la cause. La réalité c'est que tu as un homme qui a des problèmes et que tu veux un homme qui n'en a pas. Cet homme sans problème que tu cherches, je ne suis pas sûr moi que tu vas le trouver ailleurs. Ca court pas les rues figures-toi et si avec le prochain tu fais comme avec lui, à lui présenter un plan du type "chéri, voilà comment tu dois être pour me satisfaire" et bien figure-toi que ça a des chances de pas mieux marcher du tout, et ce même s'il ne consomme pas d'
héro ni de
crack!
(base = crack, c'est synonyme)Lali : "cette addiction m'agace... surtout que je
base aussi puisqu'il me la fout sous le nez (la pipe)"
Tu sais c'est beaucoup de risques que tu prends vis à vis de tes propres projets en acceptant cette situation. Fumer régulièrement du
crack, c'est loin d'être anodin.
Lali : "Alala vous avez raison dans la dévolarisation, je ne dois pas rentrer dedans, mais quand même des mecs s'en sortent pour eux, leurs femmes, leurs enfants !"
Aucun mec ne deviendra jamais ce que sa compagne rêve qu'il soit. Si ces mecs s'en sortent c'est pour eux-mêmes. Et si certains s'en sortent, ça veut pas dire que tous peuvent s'en sortir.
J'ai envie de te dire Lali : ne remets pas le couvert pour 20 ans de comportement irrationnel qui finira par de l'amertume -comme tu en as déjà -. On perd vite des décennies en construisant des projets impossibles qu'avec du bon sens on aurait détecté dès les premières minutes. Choisis la rationalité, les projets raisonnables. Malheureusement on a un siècle de cinéma et quatre millénaires de littérature qui éduque les femmes à être irrationnelles dans la gestion des relations amoureuses. Essentiellement l'oeuvre d'hommes qui trouvent cela confortable de tenir les femmes dans des espoirs romantiques qui n'ont aucune possibilité de fonctionner dans la vie réelle. Et ça ne fait qu'empirer.
Fais des projets pour toi, pas pour les hommes, pas pour les autres, pas sur leurs vies. Et ceux qui t'aiment te suivront bien vite. Et avec ou sans came cela marchera. La came n'est vraiment pas un si gros obstacle quand les projets sont réalistes.Note : on peut *jouer* avec ces standards féminins du romantisme, je ne suis pas contre le romantisme, ça fait partie de vos charmes et de vos atouts si vous comprenez que c'est un outil, un art, un charme subtil ou un bel idéal... J'en suis moi-même adepte. Mais il ne faut pas faire dépendre les décisions importantes et votre bonheur de ces idéaux. Le romantisme oui, mais pas au prix de sacrifier la raison.
Dernière modification par Syam (05 juin 2017 à 13:03)