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Un psychologue explique pourquoi l'être humain adore tripper
Depuis leur création, les drogues psychédéliques ont souvent été associées au spirituel. Théorisé par des chamanes, des écrivains (Aldous Huxley), des scientifiques (Stanislav Grof), mais aussi par beaucoup de raveurs, ce lien entre substances et pratique religieuse semble unanimement reconnu par les adeptes. L'art psychédélique lui-même puise son inspiration dans des symboles et références religieuses. James Carney, chercheur en psychologie à l’Université de Lancaster, partage lui aussi cette hypothèse et nous a expliqué pourquoi il est « convaincu d’une corrélation entre drogues et religion ».
Chercheur en psychologie à l'université de Lancaster, James Carney consacre l’ensemble de ses recherches à la compréhension de ce qui lie les êtres humains en société. Dans cet immense ensemble, le psychologue a laissé son intérêt le porter jusqu’aux substances psychoactives et autres drogues. Le 10 juin dernier, le psychologue publiait une tribune dans The Conversation, affirmant que « les humains ont un désir inné à se défoncer ». Nous l'avons donc appelé pour en savoir plus, à commencer par les raisons l'ayant poussé à étudier les drogues. « Les discours autour de ce sujet sont souvent moralistes, nous explique-t-il. Pour ma part, je suis bien plus intéressé par une vision scientifique. »
James Carney est donc parti d’une question : « Peut-on donner une valeur à la prise de drogues ? Peut-elle ne pas être que négative ? » Son hypothèse : il doit bien exister quelques aspects positifs – sinon, les consommateurs ne seraient pas si nombreux. « J’ai réalisé des recherches, lu des textes écrits par des consommateurs : une véritable enquête anthropologique, se souvient-il. Je me suis intéressé à la manière dont les gens parlaient de leurs expériences. »
“Une patiente était atteinte de carence en dopamine. Plus sa maladie progressait, et plus les médecins notaient qu’elle perdait sa foi : elle se désintéressait de la religion.”
Après ses lectures, il distingue deux catégories. « Il y a d’abord les amphétamines – comme la cocaïne, l’héroïne ou la MDMA – qui intensifient les sensations et émotions du consommateur, dans un contexte fait de musiques et de danse » déroule-t-il. « Nous avons ensuite les drogues psychédéliques – bien plus puissantes – qui permettent de créer des liens d’une manière très puissante avec autrui et son environnement. »
Ce sont les drogues psychédéliques, telles que les champignons ou le LSD, qui vont réellement susciter son intérêt : « J’ai été surpris par les allusions à la transcendance et au divin, énoncées par les consommateurs de drogues psychédéliques ». Que ce soit dans les « trip reports » qu’il lit sur le web, ou dans les livres d’Aldous Huxley, James Carney trouve les mêmes remarques conférant aux drogues psychédéliques un aspect spirituel.
Il s’interroge alors sur un lien potentiel entre la pratique religieuse et la prise de drogues psychédéliques : « De nombreuses cultures – notamment le chamanisme avec l'ayahuasca – utilisent ce type de produits pour créer un effet psychologique, je me doutais d'une corrélation entre drogue et religion. »
« J’ai effectivement fini par trouver ce lien : c’est la dopamine », déclare-t-il. Hormone et neurotransmetteur surpuissant, la dopamine est souvent servie – à raison – à toutes les sauces. Responsable du désir, de la motivation et des addictions, ou de leur absence, la dopamine explique beaucoup de nos phases psychologiques et de nos activités mentales. « Ce qui m’a mené sur cette piste, c’est le cas d’une patiente atteinte de carence en dopamine » explique-t-il. « Plus sa maladie progressait, et plus les médecins notaient qu’elle perdait sa foi : elle se désintéressait de la religion. » Observant que le LSD a lui pour effet d’augmenter la sécrétion de dopamine, le chercheur fait vite le lien. « Cette dopamine sécrétée dans le corps lors de trips psychédéliques est à l’origine de la sensation de connexion que relatent les consommateurs. »
Le lien, c’est donc la dopamine, mais on a toujours du mal a comprendre comment la religion et la prise de drogues peuvent avoir un lien si fort. James Carney l'explique ainsi : « La pratique religieuse et la prise de drogues naissent d’un même désir naturel humain : celui de sécréter de la dopamine ». Et si les gens sont toujours plus nombreux à goûter aux joies des substances psychoactives, c'est, selon James Carney, parce que « nous vivons dans une société anonyme, déconnectés les uns des autres. Les jeunes manquent de quelque chose, cette connexion au travers d’eux-mêmes… » Il poursuit : « Traditionnellement, cette connexion est offerte par la religion, une fois par semaine dans une église, lorsque l’on s’engage dans une activité avec autrui. »
Selon le chercheur, le manque de liens sociaux et spirituels dans notre monde actuel est à l’origine d’une carence en dopamine globale, à laquelle certains répondent par l’usage de drogues – précisons psychédéliques, car « les amphétamines ont l’effet opposé : elles nous rendent encore plus individualistes ».
Pour autant, James Carney ne banalise pas les risques, mais pense qu’ils « sont induits et augmentés par le contexte illégal dans lequel les produits sont consommés ». Le chercheur dénonce le tabou qui règne sur le sujet des drogues, expliquant que « les non-dits ont un effet psychologique néfaste, une influence forte et inconsciente sur le comportement des êtres humains ». Il espère que son étude permettra d’en finir avec la « morale victorienne » et espère une évolution du discours pour que les consommateurs ne soient plus « criminalisés, diabolisés », et que les « risques soient conceptualisés, énoncés dans une forme propre qui puisse être comprise et discutée ». Il conclut : « Je crois qu’il faut un système légal, qui autorise une personne à prendre cette décision en étant informée des conséquences, sans faire de lui un criminel. Je rêve d’un médium entre deux extrêmes. »
[small]Source : traxmag.com[/small]
Hors ligne
Comme la drogue, la religion est donc une illusion mais aussi une résignation, et donc un poison qui ne s’attaque pas aux causes véritables qui nous font souffrir et qui nous font désirer un remède à nos souffrances (c’est une fausse solution à un vrai problème). Si la fonction de la religion est ainsi de fournir à l’homme un bonheur par procuration, la conséquence de cette projection de soi dans un ciel vide est donc de nous résigner au final à un monde qui n’est pourtant pas acceptable et contre lequel il conviendrait de se révolter. Le besoin d’illusion est donc bien l’expression d’une protestation contre la détresse humaine (« la détresse religieuse est, pour une part, l’expression de la détresse réelle et, pour une autre, la protestation contre la détresse réelle » nous dit Marx) et dénoncer l’illusion religieuse c’est alors exiger que l’homme ne se résigne pas à sa condition mais vouloir qu’il soit heureux réellement, qu’il réalise ici-bas l’idéal de justice qu’il exprimait parl’espérance religieuse (idéal de justice qui s’exprime travers le concept de jugement dernier ou de providence)
Amicalement
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