Bene : "La
codéine est un produit que je connais un peu trop bien, pour en prendre ponctuellement depuis 15 ans pour diverses douleurs chroniques (à même pas 40 ans il semblerait que je sois bonne pour la casse)."
J'ai des douleurs depuis le berceau, je ne vois pas trop le rapport avec la casse, tu as des traitements pour vivre avec la douleur, ils sont faits pour ça, on les prend, on vit une vie correcte, on peut aider les autres, apporter notre pierre à l'humanité... Arrête donc de te dévaloriser ainsi et de dévaloriser toute personnes qui souffre! Je trouve tes propos blessants, non seulement pour toi, mais aussi pour moi parce qu'ils insinuent des choses très injustes!
Essaye aussi de ne pas qualifier ces produits de "saloperies" : que tu te dévalorises à tort me gène un peu, mais là tu dévalorises tous les utilisateurs, dont moi, et ça me gène beaucoup.
Bene : "Toujours sur prescription initiale et toujours sans dépasser la dose thérapeutique maximale par jour, mais je dois être honnête,
j'aime bien l'effet de cette foutue codéine..."
Et donc? Aimer quelque chose est-il une faiblesse? J'aime le chocolat, son goût, son effet, ça veut pas dire que je vais devenir un monstre! Dans les faits médicalement il est néfaste pour moi, le fait que j'aime le chocolat ne m'empêche pas de m'en abstenir conformément à mon intérêt.
C'est quoi cette culpabilité latente dès qu'on ressent du plaisir ou qu'on aime quelque chose? C'est complètement irrationnel Bene, c'est du délire!
Bene : "j'ai sûrement la main un peu légère pour taper dans la boîte pour une douleur qui ne le méritait peut-être pas, je m'en suis déjà envoyé une derrière la cravate juste pour le plaisir de temps à autres, et j'ai déjà prolongé la prescription initiale par un petit achat de
paracétamol-codéine 400mg/20mg en vente libre (qui n'a jamais fait tiquer mon pharmacien, vu que prescription initiale et "pas eu le temps d'avoir un rendez-vous chez le MG pour renouveler", m'voyez)."
Soit, il faut que tu saches que lorsqu'on développe une dépendance et une tolérance, il y a un gros problème : le plaisir est perdu mais le besoin devient incontrôlable. Forte de ce savoir, tiens-toi loin de la dépendance en reproduisant trop souvent ces extras. Il y a tout à perdre à passer d'une consommation occasionnelle à une dépendance. Parfois malheureusement on n'a pas le choix, que ce soit parce qu'on est incapable de résister ou parce que notre santé nous impose un traitement au long cours.
Bene : "Je sais que j'ai une personnalité à tendance aux addictions (grosse fumeuse, du mal à m'arrêter après le premier verre d'
alcool...) et je me méfie un peu de moi-même là -dessus."
Oui oui, il faut faire attention. Non pas parce que ce serait en quoi que ce soit coupable d'aimer la
codéine, mais parce que si on en arrive à une dépendance, cela cause beaucoup de problèmes.
Bene : "Je pense qu'avec le passage à "plus intensif" (donc 4
paracétamol-codéine / j pendant près de 2 mois, ce que je n'avais jamais fait même de loin) j'ai passé a minima le stade de la tolérance / accoutumance, mais je ne m'attendais pas à être en chien... et quand j'ai vu l'anesthésiste hier je n'étais pas en manque donc je ne lui ai pas parlé de tout ça, juste le fait que j'en avais pris pendant 2 mois et que j'avais arrêté mardi."
C'est pas de bol, normalement en deux mois on a pas le temps de développer une accoutumance suffisante pour "être en chien" de façon aussi manifeste. En plus tes doses sont faibles, il est donc plausible que tu métabolises bien la
codéine et qu'elle te fasse à toi plus d'effet. Je n'en suis pas sûr mais ça pourrait être une explication.
Bene : "Est-ce que je serai encore en manque pour la chirurgie lundi et est-ce que ça pose un problème avec l'anesthésie ?"
Le manque devrait être grandement apaisé, après trois jours il décline assez vite.
Ce ne sera pas un problème pour l'anesthésie à mon avis, bien que j'en sois tout à fait sûr à titre personnel, je ne suis pas médecin donc je te laisserai te référer à un médecin comme il se doit!
Bene : "Est-ce que le fait que j'aie probablement une tolérance à la
codéine devrait lui être signalé pour qu'il adapte l'anesth ?"
Oui, si ils décident pour une raison ou pour une autre de te donner un antidouleur, ils sauront que tu as besoin d'un peu plus. Par contre cela n'interfère pas avec l'anesthésie elle-même, donc si tu ne le dis pas, il n'y a pas de problème. Là encore, comme je ne suis pas médecin, mon avis ne doit pas être considéré comme une référence, alors parles-en à ton médecin... mais bon.
Bene : "J'ai un peu la trouille de douiller pendant l'intervention à cause d'un sous-dosage d'anesthésiques..."
Aucun risque. Ce n'est pas la même classe de médicament, à part si un dérivé du
fentanyl est utilisé comme anesthésique, ce qui serait tout à fait étonnant. Et même dans ce cas ta tolérance à la
codéine ne poserait aucun problème.
Au fait, c'est une anesthésie générale ou locale?
+ Si elle est générale, tu ne sentiras rien du tout car inconsciente.
+ Si elle est locale, c'est à toi de dire si tu as mal et la dose sera ajustée.
Dans tous les cas ta tolérance à la
codéine ne sera pas un problème.
Bene : "Est-ce que je peux gérer l'arrêt plus progressivement pour diminuer les symptômes de manque d'ici là en reprenant un petit cacheton ce soir, un demi demain et zou ?"
Oui mais tu en as probablement presque fini avec les symptômes de manque de toutes façons. Si tu préfères tu peux prendre une faible dose pour amortir mais cela retardera aussi la fin des symptômes de manque. Une fois que la dépendance est acquise, pour arrêter sans manque, les doses dégressives doivent être employées sur une durée assez longue. Ce dont tu parles ici ne peut qu'amortir un peu, mais pas supprimer les symptômes du manque. Pour ça il faudrait des doses dégressives sur plusieurs dizaines de jours voire quelques mois.
Bene : "Est-ce que partant de ma dose initiale c'est ridicule de ne pas faire un arrêt sec et juste serrer les dents ?"
Non c'est pas ridicule. Mais pas forcément pour les raisons que tu crois. Le
sevrage physique n'est pas tellement long, normalement après 3 jours les symptômes décroissent et au bout de 10 tu peux espérer qu'ils aient disparus. Peut être un peu plus si mon hypothèse est exacte que la
codéine a un fort effet sur toi. Mais dans tous les cas les symptômes vont diminuer rapidement.
Si on recommande la solution des doses dégressives sur une longue durée, c'est que c'est une meilleure façon de gérer l'addiction pour éviter des rechutes (dans le cas de personnes vraiment toxicomanes). Si tu penses être vraiment très accrochée (toxicomane) alors le
sevrage sec risque de laisser un désir de revenir à la consommation. D'autre part quand la dépendance est devenue très forte et quand la consommation a duré longtemps, le
sevrage sec est suivi d'une longue déprime et les doses dégressives permettent de l'éviter.
Bene : "et au bout de combien de temps la
codéine est éliminée (histoire de pas en avoir dans le corps le jour J ?)"
Cela n'a aucune importance s'il te reste un peu de
codéine dans le sang le jour "j" à des doses résiduelles. Tu n'as aucun soucis à te faire là -dessus. En fait il en restera toujours des doses résiduelles et on s'en fout. Ce n'est plus assez pour être pris en compte.
Bene : "Est-ce que je rappelle mon anesthésiste pour lui en parler (sachant que comme tout le monde j'ai pas forcément envie de déballer tout ça, mais que je suis aussi conscience que c'est très con de cacher des trucs importants à quelqu'un qui va avoir votre vie entre les mains) ?"
Pour moi il n'y a pas besoin de lui en parler du tout. Mais comme je ne suis pas médecin je suis obligé par éthique de t'encourager à le faire quand même, je n'ai pas le droit de faire des diagnostiques médicaux et je peux me tromper (...)
En revanche
+ Si tu reprends de la
codéine avant l'anesthésie, à des doses actives (et non pas résiduelles) peu importent tes raisons, il est nécessaire de le préciser à l'anesthésiste à cause des interactions éventuelles. Tu n'as pas besoin de le justifier et d'entrer dans les détails si tu ne veux pas raconter ta vie.
+ Si tu as encore des symptômes de manque importants lors de l'anesthésie, il faut le préciser en expliquant que tu as ces symptômes depuis l'arrêt de la
codéine. Ce n'est probablement pas un problème, mais il est normal et nécessaire d'informer le docteur de ton état avant une anesthésie.