[ Opinions ]

Quand l'Oregon fait le premier pas vers la décriminalisation.

source de l'actualité , par Nicole Lewis le 11 juillet  :
https://www.washingtonpost.com/news/pos … cd9f5fad11


Afin de réduire l'explosion du nombre d’incarcération dans l'état américain de l'Oregon vient de décriminaliser la détention d'héroïne, cocaïne, méthamphétamine ainsi que tous les produits illégaux. Désormais les peines seront plus légères ainsi que les amendes. C'est un premier pas qui est justifié par "l'explosion carcérale". Mais on perçoit aussi une tendance de fond au sein de cet état qui s’intéresse de plus en plus aux problématiques raciales et d'injustice mais aussi du traitement de la société envers les usagers.

Pour rappel dans ce pays :
1- toutes les 25 secondes , une personne est arrêté pour possession de drogue (pour utilisation personnelle)
2- Au moins 137 000 personnes sont sous les barreaux, n'importe quel jour de l'année, pour possssion de drogue dans le pays
3- Les noirs ont 4x plus de chance d'être arrêté pour possession de cannabis que les blancs

L'Oregon est un état relativement à gauche qui est situé au nord ouest sur la côte pacifique, voisin de l'état de Washington (et sa capitale Seattle réputée progressiste) , mais aussi de la californie (pionnier en matière de drogues), du nevada (qui vient de légaliser aussi le cannabis) , et enfin de l'idaho.
La région semble amorcé une chute de dominos prohibitionnistes, plutôt agréable à observer.

Qu'est ce qui a motivé cet état à décriminaliser?
1) les coûts des prisons
2) les inégalités raciales
3) l'inefficacité de la pénalisation des usagers (sur le plan médical, criminel etc)

En effet même dans cet état les peines de prison étaient largement subis par les minorités (afro américains, hispanique etc).
Pour cela, l'état a été le 31ième a établir des "profils raciaux"  de ses citoyens dans un objectif statistique.

Ce type de profiling a mis en lumière les inégalités ethniques profondes , que ce soit au niveau de l'usage de drogues mais aussi de l’ethnie des personnes qui sont mises en prison pour quel type charge etc mais aussi des inégalités de traitements entre les citoyens.
Ce n'est pas un problème propre à cet état mais à tous le pays, où les noirs sont 5.1x plus en prison que les blancs par exemple. Plus d'indication sur les inégalités au sein des prisons ici:
http://www.businessinsider.fr/us/study- … ns-2016-6/

(taux moyen d'incarcération par ethnie sur 100 000 habitants)
Average rate of incarceration by race and ethnicity, per 100,000 population.Bureau of Justice Statistics

Ce type de profiling est illégal dans des pays comme la France, peut être que cela révélerait un peu trop officiellement une forme de racisme institutionnalisé (qui est contrôlé par la police? qui a les peines les plus lourdes en fonction du même délit? qui est en prison?).
En maintenant les statistiques dans l'obscurité, cela permet un relatif statut-quo.

Pour l'Oregon, le tout carcéral étant trop cher et plutôt "raciste" , l'identification et le profiling a préparé la voie vers la décriminalisation comme le souligne Aaron Knott ( legislative director for Oregon’s Office of the Attorney General ).
En effet, à chaque arrestation, l'officier de police devait désormais remonter les résultats de prises de notes au sein de sa hiérarchie (âge, sex, groupe socio-ethnique) qui la transmettait à une comission qui analysait les donnés.

The bill also requires police officers to record demographic information — including the age, race and gender — of any person stopped during routine pedestrian and traffic stops. The Oregon Criminal Justice Commission will analyze the demographic data police departments collect and will notify them of any disparities so that the departments can make adjustments to their practices.

Une étude qui a durée une année (Unequal justice, INVESTIGATE WEST) a utilisé ces donnés et a démontré que les personnes racisées subissaient un traitement profondément injuste.

In February, a year-long investigation by InvestigateWest, titled Unequal Justice, revealed that Oregon’s black and Hispanic residents routinely experienced unfair treatment within the criminal justice system. Reporters analyzed more than a decade of court records and found that minority residents were far more likely to be charged for dozens of crimes, from minor infractions such as littering and jaywalking to more serious offenses, such as robbery.

Pour revenir à l'usage de stupéfiants, dans la région avec la même quantité d'héroïne on pouvait être jugé pour "félonie" (délit grave, généralement dans les états ruraux)  et dans un autre état voisin, avoir accès à un TSO ainsi qu'une prise en charge par des soignants un peu comme dans un pays comme le Portugal.
L'Oregon a décidé de faire le premier pas vers la décriminalisation et même si il reste encore beaucoup à faire, la nouvelle a réjouit de nombreux citoyens.

Cette loi tente donc de rétablir une certaine justice au sein des communautés, en réduisant l'impact judiciaire de la consommation/possession de drogue (qui touche particulièrement les minorités).
En pleine crise des opioïdes et dans un contexte de légalisation du cannabis (Nevada ce mois de juillet), ce genre de loi est très attendue par les citoyens.


Le nombre d'od avec des opis est passé à 33 000 en 2015 , les substances illégales sont décrites comme étant de plus en plus fortes et difficile à gérer au sein des urgences/secours/hopitaux.

“Drugs are being introduced into the illicit drug supply that are more powerful than anything we’ve ever seen before, and it’s taxing our law enforcement resources, our EMS resources, our emergency departments and hospitals, and it’s difficult to manage,” Ingram said.

Ingram, executive director of the Kentucky Office of Drug Control Policy.

L'oregon est en vert clair sur la carte. Cela ne fait donc pas suite au fait que l'état a été poussé à agir suite à des overdoses.

où les opiacés tuent le plus :
https://www.washingtonpost.com/news/won … 022d20fc33

La police joue un rôle très important au sein de cette crise, les officiers sont souvent en première ligne pour les overdoses , le traffic, les abus...  au sein des campagnes,  de nombreux flics ont choisis de ne pas "punir" systématiquement et appliquer la loi de façon stricte mais au contraire d'établir un dialogue avec ces usagers qu'ils ont appris à connaître. Parfois établir un lien humains avec ces usagers très isolés semble plus logique, cela permet aux policiers de  guider les consommateurs vers des soins ou une aide qui n'est pas proposé au sein des prisons.

https://www.washingtonpost.com/national … 2f091493f8


Le député J. David Weber et un policier échangeant avec une personne ayant effectué les premiers soins sur une victime d'overdose.  Chillicothe, Ohio