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magnum357 a écrit
L'histoire fait son chemin et veillons que les erreurs du passé ne se reproduise plus .
Très bonne histoire Alain , j'ai appris qu'est ce qu'est le sida.
Non ce n'est pas une "bonne histoire" et je n'ai pas décrit ce qu'est le Sida. J'ai voulu témoigner de ce qui se passait à une certaine époque, et de comment je l'ai vécu.
Je vous invite à écouter Fabrice Olivet et Maya qui parlent de cette époque dans cette interview en 2006 (bien que d'autres aspects thématiques soient évoqués) (*) :
http://lemegalodon.net/a6901-pourquoi-a … mines.html
Quant aux erreurs du passé, je crois qu'il est difficile de dire que l'on en commet pas d'autres à l'heure actuelle. La répression est le pire ennemi de la réduction des risques.
Je pense aussi à l'hépatite C. Jusqu'en 1989, date à laquelle a été identifié précisément le virus VHC, on l'appelait hépatite non-A non B. Je pense à celles et ceux qui ont été contaminés dans les années 80-90 (toxicos, homos, transfusés) et qui aujourd'hui doivent faire face à l'évolution de leur hépatite.
Je pense aussi aux nouveaux usagers susceptibles de se contaminer. L'information doit circuler. Les salles de consommation ne doivent pas être réservées à une certaine catégorie d'usagers comme les vieux routards toxicos (j'emploie le terme à bon escient) qui auront peut-être, eux, le courage de franchir la porte. Comment protéger celles et ceux qui ne voudront ou ne pourront pas mettre les pieds dans ces salles dont j'encourage la mise en place, si tant est qu'elles voient le jour ?
Comment protéger ceux qui sont les plus "favorisés" d'entre nous ? Je n'oublie pas que la contamination par le VIH (au départ des homosexuels, puis des transfusés, puis des hétérosexuels) a touché toutes les catégories sociales. Y compris les plus "protégés" (voir les plus avertis) d'entre nous. Je pense aux zones rurales où le terme de réduction des risques est encore inconnu ou mal compris.
Il n'est pas toujours facile de se déclarer toxico face au public. Pas plus que de parler de sa sexualité. Ce sont des facettes de la vie privée, qui doivent rester personnelles. Certains d'entre-nous acceptent de franchir le pas pour pouvoir s'exprimer, alerter et agir dans la mesure de ses moyens. Certains en ont effectivement les moyens, d'autres pas.
Les drogues existent depuis toujours. Je pense que le combat contre la drogue est à la fois stérile et dangereux. Si l'on avait permis aux toxicos (injecteurs d'héroïne ou autre) que je croisais à cette époque de bénéficier de matériel stérile, nombre d'entre-eux n'auraient pas été contaminés. Aujourd'hui les kits d'injection existent. C'est une avancée considérable. Mais il a fallu batailler pour l'obtenir. Pour les plus jeunes d'entre nous, cela paraît sans doute "normal" que de disposer de matériel d'injection ou de sniff. Ca ne l'était pas à l'époque dont je parlais précédemment.
A l'heure où les moyens de la recherche ont considérablement évolué, il n'existe toujours pas de vaccin préventif contre le virus de l'hépatite C, pas plus que pour celui du Sida.
Bref par le biais de ce récit, outre l'hommage que je voulais rendre à celles et ceux qui sont morts du Sida dans le silence et l'inconnu, à la veille des Egus dont la deuxième journée sera consacrée à l'auto-support et aux changements politiques, je souhaite aussi faire réagir les usagers du forum sur la politique de réduction des risques... et sur l'auto-support.
(*) l'article évoqué dans l'interview sur "les Drogués et l'anti-France" correspond à l'édito du Journal n° 30 d'Asud disponible ici : ftp://ftp2.asud.org/asud/asud_journal_30.pdf
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Alain Will a écrit
je souhaite aussi faire réagir les usagers du forum sur la politique de réduction des risques...
c'est marrant c'est un dossier sur lequel je bosse en ce moment en collaboration avec une autre personne
témoignage poignant de cette époque que je n'ai pas connu (j'étais encore bien innocente) mais qui m'a été relaté par des proches exerçant à cette époque dans le milieu médical. sombre à une certaine hauteur de ce qui pouvait se passer.
merci Alain pour le partage d'infos
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Alain Will a écrit
magnum357 a écrit
L'histoire fait son chemin et veillons que les erreurs du passé ne se reproduise plus .
Très bonne histoire Alain , j'ai appris qu'est ce qu'est le sida.Non ce n'est pas une "bonne histoire" et je n'ai pas décrit ce qu'est le Sida. J'ai voulu témoigner de ce qui se passait à une certaine époque, et de comment je l'ai vécu.
Quant aux erreurs du passé, je crois qu'il est difficile de dire que l'on en commet pas d'autres à l'heure actuelle. La répression est le pire ennemi de la réduction des risques
Houla ça va , je me suis mal exprimé alors . OK c'est TON témoignage , pas une histoire mea culpa désolé . Si je peux me permettre , je sais ce qu'est le sida dans le fond ( et encore j'ai 27 ans et je n'ai pas connue de personne malade du sida ou seropositif(ve) , de plus j'etais un gamin quand j'entendait toute ces histoires " ouais c'est les PD refilent le sida , puis l'histoire des transfusés , enfin les premières heures de cette maladie quoi ! qui s'est mis a nos tête comme un nuage noir ) , mais tu peux me croire , ton témoignage m'a appris ce qu'est le sida dans LA FORME ... Ton ancien patient donc tu parles , j'ai appris ce qu'un malade du sida vie de ses derniers jours : entre souffrance et " l'envie de sourire au monde " si je puis dire . Je l'ignorais .
Et puis oui , la répression est notre pire ennemie , et c'est une des causes qui fait que je participe a ce fofo .
Dernière modification par 357magnum (22 novembre 2009 à 23:19)
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Dernière modification par 357magnum (23 novembre 2009 à 10:59)
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Dernière modification par Bruce Banner (23 novembre 2009 à 12:24)
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Alain Will a écrit
Des mots pour le dire, un passage de ma vie...
Novembre 1984. Paris. Je viens juste d'avoir 20 ans.
En ce mois de novembre 84 le taux de mortalité des patients hospitalisés temporairement dans le pavillon d'endocrinologie est de 100%... (**)
Rares sont les patients de couleur. De mémoire, et ne valant pas statistique, sur 10 patients, 6 sont homosexuels, 4 sont des injecteurs d'héroïne.
Personne ne sait ou ne veux savoir. Personne ne parle. Les données scientifiques tombent au goutte à goutte, même pour les futurs professionnels de la santé dont je fais partie. Je suis bien jeune... Bien trop jeune ?..
La mort est omniprésente. Inéluctable. Sur le trottoir d'en face, boulevard Saint Marcel, comme dans d'autres quartiers de Paris, je croise tous les jours quelques toxicos. Souvent "sans domicile fixe". Il me faudra parler, écouter, parfois provoquer, pour réaliser sans comprendre que chacune, chacun d'entre eux risque de finir dans le service d'où je sors. Dans la communauté gay, la mort plane dans toutes les conversations. Je ne peux pas être plus concerné.
Depuis un bon mois, désormais, je fume quasiment un paquet de cigarettes, tous les jours. D'autres services verront ma consommation augmenter prodigieusement. Mais c'est une autre histoire...
Novembre 1984 : je viens d'avoir trente ans, je suis papa de deux fils, je gagne beaucoup de sous et je suis malade comme un chien, en manque chez moi à côté de mon épouse en manque aussi. Certains potes sont déjà morts, d'autres malades.......... Je veux stopper, je rate mon suicide, je divorce et passe 4/5 ans à shooter de temps en temps avec des seringues partagées, car ................... j'ai peur, mais j'ai envie.
Alain, merci d'avoir muri ton texte qui décrit si bien l'instant des années 80 avec ces matins gelés et noirs. 1984 a été mon année noire. A cette époque, je me suis senti bien seul vis à vis de ma consommation et le parcours pour trouver de l'aide médicale demandait une énorme détermination. Des potes déclaraient une maladie mortelle inconnue, pas d'Aides, pas d'Asud, pas de CSST, Olivenstein, le bateau du père Jaouen, le Patriarche facho, Fernand Vidal, Ste Anne, mon psy Heidi (mal vu chez les addictologies pour être trop pote avec ses malades) et basta ! Pour essayer un sevrage moins dur, pour obtenir 15 jours de substitution en sevrage à la méthadone belge ou au burgodin, on allait (je parle de moi et de mes potes qui étions insérés socialemet avec travail et enfants) jusqu'à Bruxelles, ramer dans la salle d'attente du toubib belge qui acceptait de faire des ordonnances d'opiacés aux toxicomanes, surpeuplée de belges en manque haïssant les français en manque qui leur piquaient leur tour. Après, quand c'était jour de chance, c'était la course pour chopper la pharmacie avant la fermeture à 18 heures.
Alors, témoignage pour témoignage, merci pour l'immense travail réalisé par les militants. Mais, le paysage actuel est bien triste. Je ressens un grand Stop, retour en arrière dans la prévention "officielle"actuelle vis à vis des U.D. Si les Egus de cette année ont permis des témoignages forts mais une odeur de pas franc du collier règne dans le csst que je fréquente, avec un rejet raciste du cannabis en tant que thérapie.
Chapeau bas à ceux qui ne sont plus là et à tous ceux qui se battent avec leur coeur pour que le cheumileubilique avance plus haut que si il était descendu moins bas.
Fil à la patte et merci pour le Grand Livre Addictions & Prévention qui fera des cadeaux bien utiles à Noà«l (fille de 12 ans et petites filles de 3 et 1 an). Ca c'est de la prévention qui va permettre à Pappy de raconter ses bétises aux petites filles !
Dernière modification par filousky (28 novembre 2009 à 10:29)
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bighorsse a écrit
il est sur que le fait qu'il y ait un lien entre sexe et maladie n'a pas aidé dans l'histoire! d'abord perçue comme maladie d'homo, donc qq part dans l'inconscient des gens punition "divine" pour cette perversion du sexe...puis maladie d'homo et de tox (idem tox donc responsable de sa maladie....) les gens ont eu bien du mal à se sentir concerné par le sida! il a fallu l'affaire du sang contaminé pour que les gens commencent à se dire: mais on peut tous avoir le sida! et encore! cette prise de conscience a tendance à se rendormir régulierement..et la vigilance diminuer...il suffit de regarder certains pays d'afrique pour comprendre l'extreme gravité du sida sur l'économie réelle d'un pays! quand il ne reste plus d'homme valide, que les 3/4 des enfants sont orphelins, élevés par les grand mères...on sait que ces pays là n'ont pas d'avenir.....le manque d'info sur les modes de transmission, le manque de traitements, conduisent à la disparition des etres humains , de l'espece ........si cela ne gêne pas certains racistes, moi perso cela me dérange profondément!
Oui , et c'est bien pour cela que j'espère que la world cup south Arfrica aura beaucoup d'impact sur le même continent Afriquain , en matière de prévention et et d'accessibilité aux soins .
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Bertrand a écrit
il est tres triste de constater que parmis nous certains ont oubliés notre histoire et le respect de nos morts, desolé ...
J'ai pas l'impression que quiconque sur ce topic soit coupable de cela...
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Alain Will a écrit
...
Je pense à tous mes petits camarades qui sont passés par le même centre, ou d'autres, qui ont fait les mêmes choses que moi, sans savoir, sans être informés, sans pouvoir dire quoique ce soit, et qui n'ont eu que la culpabilité ensuite pour survivre ...
Je tiens à préciser que je parle ici de culpabilité rétrograde ou à posteriori. A l'époque, en 84, les tests de dépistage n'existaient pas encore, le séquençage du virus (LAV-1) n'étant pas encore complet. Les tests seront conçus et utilisés fin 85 et surtout à partir de 86 (date du séquençage du virus LAV-2).
Mais ça fait mal d'apprendre quelques années après (précisément au moment de l'affaire du sang contaminé) que certains de nos gestes, par le passé, ont pu coûter la vie, sans que nous le sachions, à d'autres personnes.
Quant à "P..... C..", je présume, Bertrand, que cela signifie "Pauvre Con". Si c'est adressé à l'auteur de ce thread (moi en l'occurrence) j'en prends bonne note Sinon j'ai pas tout compris et tu ne m'a certainement pas compris non plus Car loin de moi l'idée de bafouer la mémoire des morts du Sida ou de leur manquer de respect, j'ai au contraire voulu leur rendre un hommage appuyé et respectueux, teinté de révolte, ainsi que j'ai pu l'écrire.
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Dernière modification par mikou (06 janvier 2010 à 15:03)
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