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Je suis Nadia, une usagère de cannabis thérapeutique de 45 ans. VIH détecté et traité sous trithérapie depuis 1997. Je consommais préalablement du cannabis parmi d'autres substances.
J'ai constaté assez vite des effets positifs sur le traitement des symptômes, surtout l'appétit. J'avais déjà perdu 10 kilos avant d'inverser la courbe. J'ai été contrainte au marché noir pendant très longtemps : produit cher et de mauvaise qualité.
En réaction, je me suis décidée à planter. Sans problème pendant quelques années. J'ai subi un incendie provoqué par une lampe, descente de police, assurance caduque face aux milliers d'euros de dégâts. J'ai été condamnée seulement à 500 euros avec sursis grâce à l'intervention d'un médecin parisien.
Personne dans ma région ne voulait faire une attestation d'usage thérapeutique. Je suis contrainte à la green guerilla et à son stress majeur. C'est inadmissible dans un cadre thérapeutique. J'exige une solution officielle efficace.
Je suis Béa, une consommatrice de cannabis thérapeutique de 48 ans. J'ai un passé turbulent : clopes et alcool à 12 ans, anorexie mentale à 13 ans, cannabis à 15 ans, polytoxico à 20 ans, VIH et VHC dépistée en 1992 et traitée en 1995, sevrée des poudres de perlimpinpin aussi en 1995. Mais pas du triptyque clope-alcool-cachetons (Palfium, Néocodion, Valium, Tranxène, Moscontin,...).
En 2000, j'ai changé de rythme de vie, conservant seulement l'alcool, le cannabis et la benzo, normale quoi. Mais des effets secondaires indésirables sont survenus, le foie.
En augmentant les doses de cannabis, j'ai constaté que je pouvais me passer de l'alcool, donc diminuer les dommages des différents médicaments. Mais pas les effets secondaires violents type nausées, vomissement, diarrhées, anorexie, insomnie. A ce stade, j'ai encore augmenté mon usage de chanvre et supprimé totalement les chimiques et autres stupéfiants. Rapidement, les effets secondaires du traitement ont disparu.
Depuis 2007, je souffre d'insuffisance rénale terminale ; dialyse, donc carence en fer et à nouveau nausée violente due au substitut oral de fer ; j'ai constaté qu'à la survenance de la nausée un joint me faisait passer rapidement la nausée alors que l'imprégnation permanente de cannabis n'y suffit. Pour cette indication précise, une variété hybride mostly Indica avec un rapport élevé tant en THC Delta 9 qu'en CBD ou THCV.
Depuis je régule ma consommation en fonction des crises. L'objectif de régulation, ne pas dépasser les cinq grammes de fleurs par jour, toujours pondéré en fonction de la qualité et typologie des produits disponibles et des moyens financiers du moment. L'herbe n'agit pas sur les mêmes effets secondaires que le haschich. Et aussi selon la génétique des plantes.
Depuis je continue ; je pensais être un peu isolée, mais je constate chaque jour que ce n'est plus le cas.
[ndr : CBD : Cannabidiol - THCV : Tétrahydrocannabivarine - Delta-9-THC : delta-9-tétrahydrocannabinol]
"Il est temps de changer les choses et de rattraper notre retard."
Je m'appelle François I. Je suis militant d'Asud et le président d'Asud Le Mans.
Je suis également co-infecté VIH-VHC comme la plupart des usagers au sein de l'association.
Moi-même, j'utilise du cannabis de manière thérapeutique depuis que je prends des anti-viraux.
En parallèle d'Asud, nous avons décidé en 1997, de créer une association afin de parler et témoigner des bienfaits de cette plante. Le MLC (Mouvement de Légalisation Contrôlée) présidé par Maître Caballero a demandé une importation de cannabis thérapeutique offert par Val Chanvre de Suisse. Le but était de faire un essai sur un groupe de 10 malades, avec suivi des médecins sur une durée de un an.
La demande d'importation, et donc l'essai, furent rejetés en 1999 par le Tribunal de Nantes.
Depuis rien. Les malades ont toujours et encore plus besoin d'un accès légal au cannabis thérapeutique ne pouvant se passer de ses bienfaits.
Cela concerne beaucoup de maladies et de fait, de gens menacés par la répression.
La clandestinité a de beaux jours devant elle, mais malheureusement ce n'est pas une solution pour les malades.
Il est temps de changer les choses et de rattraper notre retard.
Témoignage de Sébastien B. Patient Hyperactif.
Je suis Sébastien, âgé de 25 ans, et étudiant en dernière année d'un master en science des plantes, spécialisé en production horticole. Je consomme du cannabis à des fins thérapeutiques depuis bientôt 10 ans.
Depuis tout petit, je souffre de trouble du mouvement, mes parents débattant sur le fait de devoir me faire écrire de la main gauche ou de la droite. Suite à de nombreuses visites chez des spécialistes, j'ai fini par écrire de la main gauche mais en restant avec des réflexes de droitier comme attraper une balle de la main droite. Ensuite vers l'âge de 6 ans, mes institutrices et ma mère se plaignaient du fait que j'étais trop turbulent en classe avec les autres élèves. Ce qui m'a amené à voir différents pédo-psychiatres et autres spécialistes des troubles du comportement. Finalement les docteurs m'ont diagnostiqué hyperactif et dyslexique à l'âge de 11 ans.
Du fait de mon hyperactivité le cadre scolaire français n'était point fait pour moi, [cela] a entraîné mon échec scolaire jusqu'au lycée, moment auquel mes parents m'ont mis en internat. Arrivé à l'internat, beaucoup d'amis autour de moi fumaient du cannabis, ce qui m'a amené à ma première expérience vers l'âge de 15 ans. Et depuis je consomme régulièrement et [cela] m'a permis de rester concentré en cours pour finalement réussir un bac scientifique dans une structure scolaire étant non adaptée à ma pathologie. Après mon Bac, j'ai suivi un BTS en production horticole par alternance qui alternait pratique et théorie. J'ai pu enfin m'épanouir et ma volonté de faire des choses était enfin assouvie. Après cette formation, je suis parti aux Pays-Bas, faire un master des plantes spécialisé en production horticole.
A l'heure actuelle, dans ma vie de tous les jours, je travaille sur le terrain dans des serres et en laboratoire. En laboratoire, j'effectue des travaux minutieux qui me demandent énormément de concentration. De ce fait, je consomme quotidiennement pour pouvoir rester concentré et efficace toute la journée sans [perdre] de temps à m'éparpiller dans tous les sens et à divaguer.
Etant originaire de Marseille, jusqu'à mon départ pour les Pays-Bas, il y a 4 ans, il n'a jamais été un problème de me procurer du cannabis sous forme de résine. Notamment dans les quartiers nord marseillais où il est vendu en libre service tel que l'on peut en trouver en Coffee-Shop à Amsterdam. Maintenant, vivant en Hollande, je me procure du cannabis médical dans les pharmacies qui garantissent un produit sans pesticide et avec un taux de cannabinoïdes constant.
D'autre part, voici le texte de Bertrand R. lu par François, le lendemain, en ouverture de la première journée des Egus.
"Il est temps pour le gouvernement français de reconnaître l'utilisation thérapeutique..."
Je suis séropositif depuis 25 ans, co-infecté VHC pour faire bonne mesure...
Je ne peux malheureusement être parmi vous aujourd'hui, mon état de santé ne me le permettant pas. Je le regrette croyez-moi, j'aurais aimé pouvoir vous dire ça moi-même.
Depuis 10 ans je consomme du cannabis de qualité thérapeutique. J'ai commencé grâce à la rencontre avec des cultivateurs allemands qui m'ont vendu du cannabis thérapeutique alors que je n'arrivais plus à m'alimenter et que je pesais 45 kilos.
J'ai tout de suite compris que ma survie dépendrait dorénavant de l'utilisation de cette plante médicinale, une arme nécessaire pour lutter contre les effets secondaires des traitements VIH et, ou VHC, et d'ailleurs de bien d'autres anti-rétroviraux que je prends de manière préventive notamment pour éviter l'herpès qui m'a pendant longtemps posé problème.
Il est temps pour le gouvernement français de reconnaître l'utilisation thérapeutique de la marijuana, ne serait-ce qu'à titre compassionnel pour tous les malades, quelle que soit la pathologie dont ils souffrent, qui l'utilisent quotidiennement en toute illégalité.
Je me lève aujourd'hui comme le font de nombreux malades [atteints de], sclérose en plaques, cancers, glaucome, VIH Sida, Hépatites, pour demander l'autorisation d'auto-production afin de ne plus être angoissé par l'éventualité d'une descente de police ; nous avons déjà d'autres problèmes à prendre en considération, nos pathologies quelles qu'elles soient.
Quand une prohibition prive les malades d'une plante utilisée à des fins thérapeutiques depuis des milliers d'années, je ne peux plus l'accepter. Obéir à une loi d'un autre siècle parce que les politiques n'ont aucun courage, je ne le supporte plus.
Aussi je demande avec Asud et les autres associations d'usagers du système de soins que l'auto production soit légale, que nos qualités de professionnels de la culture du cannabis soient reconnues, qu'une association soit créée afin de collecter les surplus des récoltants pour les redistribuer (au plus juste prix) aux malades qui en font la demande par le biais de leur médecin.
La prohibition des drogues n'est pas la solution.
Légiférez Messieurs les politiques, en écoutant la parole des citoyens français que nous sommes.
Je vous remercie de votre attention.
Je précise que j'assumerai tout ce qui est dit dans ce témoignage devant n'importe quelle juridiction, j'assume mes actes. Merci de votre attention et je vous souhaite de bons Egus, en espérant être parmi vous l'année prochaine.
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