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"Non mais cette tête !"
En tombant sur "le Parisien" du jour, Pauline, 34 ans, enceinte de six semaines, a été glacée. Elle nous a dit :
"Tout fait peur dans la page, jusqu'au dessin du bébé. Non mais cette tête ! Ces yeux exorbités. Il fait flipper. C'est vraiment hallucinant. C'est un parfait exemple d'éducation ou dressage des femmes par la peur."
Dans les affiches de la campagne nationale, le pauvre fœtus a des yeux moins inquiétants (ils sont fermés) mais il baigne shooté dans du pinard ou de la bière.
Pauline a bu joyeusement au tout début de sa grossesse. Elle ne se savait pas enceinte. Après lecture de l'article du "Parisien", elle se demande :
"Quand est-ce qu'on nous donne des infos ? Là, dans cet article, on me dit juste : 'Tu as bu, tu es enceinte d'un attardé. Tant pis pour toi.' Ça sert à quoi de faire ça ?"
Enfin, elle remarque que tout cela nourrit un imaginaire. Celui du corps de la femme enceinte comme temple sacré d'utilité publique.
Je partage la colère de Pauline. Depuis plusieurs jours, ça monte, ça monte. Reprenons depuis le début.
Faire assimiler
Tout ceci (la campagne zéro alcool, le tweet du ministère, les confrères, "le Parisien") s'accompagne d'une nouvelle étude.
Est-ce que cette étude prouve les méfaits de l'alcool sur les enfants ? Est-ce qu'elle apporte des informations supplémentaires aux femmes enceintes sur les risques qu'il y a à boire pendant la grossesse ? Pas du tout.
Il s'agit d'une étude d'opinion en réalité (deux pages de pourcentages) qui pose cette question : les Français sont-ils bien au courant qu'il ne faut pas boire pendant la grossesse ?
Apparemment oui, ça va, lit-on-dans ladite "étude".
Mais ce n'est pas encore suffisant.
"Le dispositif de communication déployé depuis deux ans par Santé publique France semble avoir porté ses fruits car le principe de précaution est de mieux en mieux assimilé. Santé publique France déploie un large dispositif digital pour renforcer les connaissances et faire adopter le bon réflexe 'zéro alcool pendant la grossesse'."
Le but est donc "de faire assimiler", "de faire adopter un bon réflexe". Comme à un lycéen qui prend des cours de conduite. Ça va finir par rentrer, le clignotant.
Des études rassurantes
Ce qu'il faudrait nous dire plutôt : c'est que la toxicité dépend bien sûr de la quantité d'alcool consommée et de la période, qu'il y a des fenêtres de vulnérabilité encore mal identifiées, et des études rassurantes quant à la consommation légère d'alcool.
L'Inserm résume ainsi les résultats d'une équipe de chercheurs :
https://www.inserm.fr/actualites/rubriq … -cerebrale
"L'exposition du fœtus à l'alcool est délétère pour la maturation du système nerveux central, que ce soit au niveau des neurones ou des microvaisseaux qui irriguent le cortex cérébral. Cette toxicité dépend de la quantité d’alcool consommée par la mère et de la période à laquelle le fœtus y est exposé (fenêtre de vulnérabilité)."
Et mettre le nez dans les études est plutôt rassurant. Personne n'incite à boire pendant sa grossesse bien sûr. Mais ...
• Dans une étude menée sur 11.513 enfants, Yvonne Kelly, chercheuse en épidémiologie à l'université de Londres, remarque après des années d'observation sur les enfants dont les mères ont bu modérément : "A l'âge de 5 ans, les enfants dont les mères avaient bu un à deux verres par semaine ou par occasion pendant leur grossesse n'étaient pas diagnostiqués comme ayant plus de trouble du comportement ou de déficits cognitifs que les enfants dont les mères n'avaient pas bu."
• Sur le site du Centre de référencement sur les agents tératogènes (CRAT), dépendant de l'hôpital Armand-Trousseau, on lit ensuite : "En dessous de 2 unités d’alcool par jour, ou moins de 1 binge drinking par semaine, la fréquence globale des malformations n’est pas augmentée. Les études sur des effectifs très importants (plus de 15.000 enfants), semblent, dans l’ensemble, écarter un retentissement neuro-comportemental de ce type de consommation maternelle d’alcool chez les enfants évalués à un âge de 2 à 14 ans."
• Le Cochrane est une organisation internationale, indépendante et à but non lucratif, qui s'est donné pour mission de "rassembler et résumer les meilleures données probantes issues de la recherche pour aider [les citoyens] à faire des choix de traitement éclairés". Sur son site, on peut lire : "Il a été démontré qu'en faible quantité, la consommation d'alcool de la mère n'était pas associée à des effets indésirables sur le bébé, mais que la consommation excessive d'alcool entraînait un certain nombre d'anomalies congénitales ainsi que le syndrome de l'alcoolisme fœtal."
Chez nos voisins anglais
On se demande donc comment on en arrive à cette campagne qui culpabilise des femmes enceintes qui ont bu deux verres de vin blanc ces deux derniers mois.
C'est d'autant plus fascinant à observer qu'il suffit de passer une frontière pour découvrir qu'on peut traiter ce sujet différemment.
Chez nos voisins anglais par exemple, on conseille aussi de ne pas boire du tout. Sur le site du NHS, système de santé public anglais :
"Les experts ne savent toujours pas quelle est la quantité d'alcool que l'on peut consommer sans prendre de risque quand on est enceinte – et si la réponse est zéro. L'approche la plus prudente est donc de ne pas boire pendant qu'on attend un enfant."
Déjà, vous remarquez, on ne dit pas "zéro alcool" comme un ordre à un enfant. Ensuite, toujours sur le site du NHS, dans un article sur la consommation d'alcool à faible dose pendant la grossesse, les résultats de l'étude d'Yvonne Kelly sont présentés.https://www.nhs.uk/news/pregnancy-and-child/light-drinking-in-pregnancy/
Et tout en saluant ses méthodes rigoureuses, le NHS émet une réserve : les mères ont déclaré leur consommation a posteriori (les bébés avaient 9 mois).
Les préconisations du NHS sont ensuite rappelées :
• "Les femmes enceintes et les femmes qui envisagent une grossesse devraient être invitées à éviter de consommer de l'alcool au cours des trois premiers mois de la grossesse, car il peut être associé à un risque accru de fausse couche."
• "Si les femmes choisissent de boire de l'alcool pendant la grossesse, on leur conseille de ne pas boire plus de 1 à 2 unités une ou deux fois par semaine (1 unité équivalant à une demi-pinte de bière, un shot [25 ml] de spiritueux et un petit verre de vin [125 ml] peut atteindre 1,5 unité au Royaume-Uni). Bien qu'il y ait une incertitude quant au niveau bénin de consommation d'alcool pendant la grossesse, à ce faible niveau, il n'y a aucune preuve de préjudice pour le bébé à naître."
• "Les femmes devraient être informées que l'ivresse ou le binge drinking (défini comme plus de cinq boissons standards ou 7,5 unités en une seule occasion) peuvent être nocifs pour le bébé à naître."
https://www.nhs.uk/news/pregnancy-and-c … pregnancy/
Serait-ce trop demander en France que de disposer d'une information aussi mesurée ? Peut-on arrêter de nous prendre pour des idiotes ?
Nous avons contacté Santé publique France. Au téléphone, Pierre Arwidson, directeur scientifique réagit :
"Quand on regarde les recommandations internationales, elles vont toutes dans le sens du zéro alcool. Nous ne sommes donc pas originaux. Ensuite, quand on observe les suivis de la littérature, il y a des travaux qui vont dans un sens, d'autres qui vont dans l'autre."
Il cite le travail de Sarah Lewis, chercheuse en psychologie à l'université de Bristol et selon laquelle l'alcool a une incidence sur le QI des enfants même à dose modérée (jusqu'à 6 unités).
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/26588883
Pourquoi ne pas présenter les différents travaux aux femmes ? Pierre Arwidson remarque que c'est aussi le travail des journalistes, de proposer une information nuancée.
Il dit aussi qu'"il faut être simple". Je lui demande si on nous pense incapables de comprendre la complexité. Gros silence. Puis :
"Il n'y a pas une volonté de paternalisme. La campagne est forcément simplificatrice. Il y a une hiérarchie avec des messages courts et des messages plus élaborés."
Enfin, il renvoie les femmes vers "les médecins et vers Alcool info service"...
Voilà. Pour l'instant le discours sanitaire français est donc le suivant : il y a un doute, donc zéro alcool. Mais cet ordre en dit très long sur le rapport des Français aux médecins. Nous sommes censés obéir tout le temps. C'est toute la différence avec la médecine anglo-saxonne qui considère que le patient et le soignant sont une équipe qui travaille ensemble.
Qu'on nous informe, qu'on vulgarise des études et qu'on les nuance comme a pu le faire le NHS. Ensuite, les femmes enceintes pourront faire un choix éclairé. On vous jure qu'elles en sont capables.
Auteure : Renée Greusard
https://twitter.com/reneegr?lang=fr
Source:
http://tempsreel.nouvelobs.com/rue89/no … ciles.html
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Pour l'instant le discours sanitaire français est donc le suivant : il y a un doute, donc zéro alcool.
Ca me parait plus que normal.A partir du moment où le problème peut toucher quelqu'un d'autre (ton futur enfant en l’occurrence) ça me parait normal de jouer la prudence plutôt que d'y aller en mode YOLO sur la bouteille...
Ca fait vraiment vieux caprice de féministe 2.0 cet article, en plus d'être totalement irresponsable.
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Pauline a bu joyeusement au tout début de sa grossesse. Elle ne se savait pas enceinte. Après lecture de l'article du "Parisien", elle se demande :
"Quand est-ce qu'on nous donne des infos ? Là, dans cet article, on me dit juste : 'Tu as bu, tu es enceinte d'un attardé. Tant pis pour toi.' Ça sert à quoi de faire ça ?"
La culpabilité qu'elle ressent est plutôt naturelle, partagée, pourquoi cette campagne fait polémique?
sinon j'ajouterai que le contrôle du corps des femmes reste un "nerf de la guerre", que l'on peut glisser pas mal de messages via des campagnes de préventions (fumeurs de cannabis, gobeur de mdma etc.). Bonne mère, bonne femme, bonne fille, bonne employée. "(...)Toujours pareil, boom boom dans les oreilles." comme disait "salut c'est cool".
L'idée n'est pas forcément de défendre la consommation d'alcool lors de la grossesse mais plutôt de regarder avec un certain recul la situation, analyser la campagne de prévention en faisant preuve d'empathie pour les futurs mamans.
Est ce que c'est comme ça que tu ferais de la prévention? qu'est ce que tu aurais amélioré, modifié?
cordialement
groovie
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Je suis d'accord avec le fait de faire des mises en garde, mais là c'est plus de la peur que de la mise en garde qu'ils font.
Un peu comme les photos sur les paquets de cigarettes, quelle belle hypocrisie. Si c'est si dangereux interdisez la vente comme vous nous interdisez de nous droguer.
Donc même si cette étude n'est pas parfaite, je la remercie car elle a au moins le mérite de soulever un sujet tabou.
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L'idée n'est pas forcément de défendre la consommation d'alcool lors de la grossesse mais plutôt de regarder avec un certain recul la situation, analyser la campagne de prévention en faisant preuve d'empathie pour les futurs mamans.
Est ce que c'est comme ça que tu ferais de la prévention? qu'est ce que tu aurais amélioré, modifié?
Le problème c'est qu'étant consommateur de diverses substances légales ou non pour moi ça ressemble juste à un texte bien hypocrite. On le sait très bien que l'alcool est une drogue de merde ultra toxique, et on sait très bien que la plupart des aliments qui finissent dans le ventre de la mère finissent aussi "dans" le bébé. A partir de ce moment ça me semble logique d'arrêter tout produits qui pourrait nuire au bébé non ? C'est + une question morale que purement scientifique.
Après si certaines femmes ont besoin d'être rassuré parce qu'elles ont un peu bu au début de leur grossesse je comprend, mais n'importe quel médecin lui dirait que c'est pas très grave. La en lisant l'article on dirait qu'il y a une chasse aux femmes qui ont bu pendant leur grossesse en france, faut arrêter la parano.
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Après si certaines femmes ont besoin d'être rassuré parce qu'elles ont un peu bu au début de leur grossesse je comprend, mais n'importe quel médecin lui dirait que c'est pas très grave. La en lisant l'article on dirait qu'il y a une chasse aux femmes qui ont bu pendant leur grossesse en france, faut arrêter la parano.
Oui il y a une chasse eux femmes qui boivent pendant leur grossesse ! Et non aucun medecin ne dira que ce n'est pas grave.... c'est insupportable.
Tu ecoutes plein de médecin et autres soignants, à la moindre goute tu risques un SAF. Ce procédé est insupportable car c'est toujours la meme stratégie que la répression des drogues : essayer de faire peur, de faire paniquer, pour la consommation cesse. La peur panique n'est pas du tout la meilleure conseillère, et surtout on sait que cela ne marche pas,si ce n'est de culpabiliser énormément les femmes qui boivent et les enfermer dans le silence sur leur conso d'alcool !
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Par contre ce qui pose problème est la culpabilisation des femmes qui ont bu de petites quantités avant qu'elles ne sachent qu'elles sont enceintes ou parce qu'elles n'ont pas pu résister à une pression sociale par exemple. Le doute dont j'ai parlé plus haut et qui justifie le principe de précaution justifie aussi qu'on ne culpabilise pas abusivement ces femmes et futures mères.
D'autant que le risque qu'il y ait "quelque chose" dans le futur de l'enfant, caprices, troubles du comportement ou de l'attention, malformation majeure ou mineure etc.. est assez élevé au naturel et qu'il est alors trop "facile" de le mettre sur le compte d'une consommation même ponctuelle de la mère.
En conclusion, il faut recommander l'abstention d'alcool aux femmes enceintes en faisant appel à leur intelligence, leur compréhension et leur amour maternel et non en leur promettant l'enfer et la damnation.
Amicalement.
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Cobe a écrit
.A partir du moment où le problème peut toucher quelqu'un d'autre (ton futur enfant en l’occurrence) ça me parait normal de jouer la prudence plutôt que d'y aller en mode YOLO sur la bouteille...
.
Oh là, si tu penses ça :
Les parents UD, a qui il arrive parfois de faire passer le prod avant leur famille?
T'en dis quoi?
On vit pas dans un monde parfait, donc oui tt est pas nickel.
Mais les mères encientes qui tapent de l'héro ou meme restent juste sous TSO? On vient les pointer du doigt sur PA?
D'autant qu'il est prouvé qu'un sevrage brutal risque plus de tuer le foetus ou l'endommager qu'autre chose.
Et puis en tant quUD tu sais ce qu'est l'addiction. Faut arreter de penser que la grossesse est un truc mystique qui devrait nous transformer, et anhiler tout besoin.
Ta dépendance ne t'as jamais poussé à faire des choses que tu regrettes, fait perdre le sens des priorités?
Les femmes alcooliques sont MALADES c'est pas de la mauvaise volonté.
Et pour les autres, un petit verre ponctuellement, c'est pas pir que cloper....
J'aimerai mais TELLEMENT que les heureux futurs papas s'imposent toutes les restrictions qu'on devrait se poser une fois enceinte. La on rigolerai bien à mon avis
Bref, jspr ne pas paraître seche, mais un peu de logique et de mise en situation avnt de sortir des trucs comme ceux que tu as dit, ce serait pas mal.
Et mm si je répète, la culpabilisation, à part participer au cercle vicieux, ça pas bien utile.
Amicalement,t
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