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ARTICLE 2 : Le chemsex : un danger extrême pour la communauté gay
Avoir des rapports sexuels sous l'effet de certaines drogues favoriserait les comportements à risque et la transmission du VIH. La population homosexuelle est la plus touchée par cette pratique.
Le "chemsex" consiste à réaliser des performances sexuelles avec des produits psychoactifs tels que la cocaïne, la MDMA ou la méthamphétamine appelé crystal. Cette pratique reste rare mais n’est pas sans danger comme le souligne le bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) du 19 septembre 2017. Elle concerne en particulier les homosexuels porteurs du VIH. "Contrairement à ce qu’on pourrait penser, le chemsex n’est pas un microphénomène parisien" mais est un vrai problème qui prend de l'ampleur à Montpellier par exemple, explique Philippe Batel, psychiatre addictologue et président de SOS addiction.
En 2015, un questionnaire anonyme a été proposé durant une semaine à tous les patients venus consulter dans quatre structures de dépistage/suivi du VIH et des hépatites virales des Alpes-Maritimes. Ce questionnaire recueillait des données sur la consommation de produits psychoactifs, leur mode d’administration, leur utilisation au cours des relations sexuelles et les prises de risques sexuels associées. Au total, 306 personnes ont participé.
"Notre travail avait pour objectif de décrire les consommations de produits psychoactifs au cours des relations sexuelles, leur association avec la prise d’alcool et les pratiques sexuelles à risque, ainsi que les déterminants de ces comportements dans une population fréquentant quatre lieux de dépistage et/ou de suivi du VIH et des hépatites virales dans les Alpes-Maritimes", indiquent les auteurs de l’étude.
Une majorité d'hommes jeunes, homo ou bisexuels
Sur l'ensemble des participants, 36% avaient consommé des produits psychoactifs dans le mois précédent, dont 16% pendant des relations sexuelles. Chez ces derniers, on notait 88% d’hommes, un âge médian de 34 ans et dans plus de la moitié de cas des homo/bisexuels. Dans 44% des cas, les patients ont déclaré une séropositivité au VIH.
Parmi les psychoactifs consommés on retrouve "les stimulants, les drogues de synthèse, le cannabis, les produits pharmaceutiques et surtout les nouveaux produits de synthèse (NPS) qui gagnent en importance par rapport à l’héroïne", précisent les auteurs. "En effet, les cathinones, nouvelles drogues de synthèse, sont des amphétamines pures et puissantes telles que le crystal. Elles vont donner une sensation d’empathie très forte et provoquer des hallucinations. Par exemple, lors d’une relation sexuelle, un des partenaires va effleurer une zone non érogène du corps de l’autre et celui-ci va avoir l’impression que ce mollet est la zone la plus érogène de son corps", précise l’addictologue.
Les principaux risques sexuels associés étaient d'avoir eu plus d’un partenaire dans le mois, de ne pas porter de préservatif ou de pratiquer une activité sexuelle en groupe. Ces drogues sont prises pour augmenter le plaisir et la performance mais en réalité elles abîment la sexualité. En effet, pour avoir une sexualité satisfaisante, il faut que le cerveau soit en bon état. "Or avec les psycho-actifs, il y a un trouble de l’attention et une obsession à jouir," ajoute le spécialiste. "De plus, parmi ceux qui pratiquent le chemsex, il serait pertinent de mener une étude afin d’identifier quelles sont les personnes qui ont des troubles addictifs avec les nouvelles drogues de synthèse".
Des consommations plus fréquentes chez les porteurs du VIH
Pour ce qui est des habitudes de consommation, "la prise d’alcool et/ou de produits psychoactifs, hors tabac, au cours des relations sexuelles sont des facteurs de risque de contamination par le VIH chez les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH)", notent les auteurs de l'étude. Ces consommations sont plus fréquentes chez les HSH, particulièrement lorsqu’ils sont séropositifs au VIH. Les consommations de produits psycho-actifs au cours des rapports sexuels étaient occasionnelles pour 84% des personnes et régulières pour 16%. De plus, 6% des patients ont déclaré pratiquer l’injection par intraveineuse de drogues au cours des rapports sexuels, cette pratique est appelée le slam.
"Ces résultats devraient permettre d’adapter les stratégies d’éducation pour la santé dans cette population en combinant la réduction des risques sexuels et des risques liés à la consommation de produits psychoactifs", indiquent les auteurs. La pratique du chemsex mène dans certains cas à des drames. Au delà de la transmission du sida ou de l’hépatite C, il y a aussi des morts par overdose ou par mélange de drogues et aussi des suicides déguisés.
Pour cette raison Philippe Batel rappelle que la question de la prévention est essentielle. "Il faut sortir de l’ostracisme intra-communautaire des chemsexeurs et des slameurs. On a besoin d’un réveil et d’une solidarité de la communauté gay. Le problème est que beaucoup d’entre eux ne se considèrent pas comme toxicomane. Il faut dire et répéter aux homosexuels qui pratiquent le chemsex de se mettre sous prophylaxie pré-exposition (PrEP traitement médicamenteux préventif contre le sida ).
Les associations aussi s'emparent du problème, c'est le cas de AIDES qui a développé un réseau national d’entraide communautaire pour les usagers de chemsex, leurs proches, leurs partenaires. Ce numéro d’appel d’urgence est destiné à gérer les situations qui requièrent une prise en charge immédiate.
#DROGUES - Une #etude parue dans le BEH rappelle que le #chemsex augmente le risque #VIH et #VHC. Cf. dispositif d'urgence @assoAIDES pic.twitter.com/qgxhPAQJ6q
— Coalition PLUS (@CoalitionPLUS) 21 septembre 2017
par Laurence Moisdon Twitter journaliste à la rédaction d'Allodocteurs.fr
Je vais tenté de finir l'article du wiki ghb dès que possible, notamment sur le sevrage. Pour que psychoactif reste une source d'information utile pour les usagers, car ça reste difficile de trouver des infos sur ce produit...
bonne fin de semaine à tous
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Questionnaire exclusif Hornet: Un quart des répondants gays pratiquent le chemsex
C’est la première étude de ce genre à cette échelle en France. Vous avez été près de 4000 à répondre à notre questionnaire « Le chemsex et les gays ». Les résultats ont été présentés en avant-première hier lors de la première édition de Conversation, notre rendez-vous de débats autour d’un thème de santé communautaire. Ils sont détaillés ci-dessous, avec l’analyse de Stephan Vernhes du Spot Beaumarchais et de Fred Bladou, de Aides.
Près de 1000 chemsexers
Rappelons d’emblée qu’il ne s’agissait pas d’un sondage portant sur un échantillon représentatif. Vous avez été précisément 3 736 à répondre, en grande majorité via un message reçu dans vos messages Hornet. Parmi les répondants, 965 ont coché la case « Oui » à la question « Avez-vous pratiqué le chemsex ces douze derniers mois », soit 25% de toutes les réponses.
Dans les différentes classes d’âge, les 36-45 ont été un peu plus nombreux à répondre oui (30%) et les 18-24 ans un peu moins (20%).
Parmi ceux qui ont déclaré avoir pratiqué le chemsex, 70% disent être séronégatifs, 21% séropositifs et 8% ne savent pas. Par ailleurs, 82% de ceux qui ne pratiquent pas le chemsex sont séronégatifs et 6% sont séropositifs.
66% de ceux qui pratiquement le chemsex sont célibataires.
Tous les âges sont représentés. Parmi les répondants chemsexers, 24% ont entre 18 et 24 ans ; 36,8% ont entre 25 et 35 ; 28,8% ont entre 36 et 49 ans et 10,4% ont plus de 50 ans.
Les principales raisons qui ont poussé nos répondants à pratiquer le chemsex sont à quasi égalité «Pour améliorer ta vie sexuelle», «Parce que tes partenaires le faisaient» ou «Parce que tu es allé à une soirée où tu étais pratiqué» (environ 27% chacun).
Les répondants pratiquent le chemsex avec un ou des partenaires réguliers qu’ils connaissent déjà (61%), puis avec des partenaires inconnus (49%), lors de soirées chemsex et avec leur boyfriend (respectivement 23 et 24 %) et seul avec du porno à 16%.
A ceux qui se demandent si le sexe seul est bien du sexe, Fred Bladou de Aides a répondu lors de notre Conversation: « Une étude a montré que la stimulation par l’image était équivalente au rapport sexuel, parce qu’elle active les mêmes zones dans le cerveau. Le chemsex a aussi bouleversé ce constat que les gens n’ont pas forcément besoin d’avoir des relations sexuelles avec d’autres personnes pour faire du sexe. »
7% des chemsexers pratiquent plusieurs fois par semaine
Pour ce qui est de la fréquence, les répondants affirment en majorité pratiquer le chemsex plusieurs fois par an (31%) et plusieurs fois par mois (29%). Ils sont un peu moins nombreux pratiquer une fois par mois (18%). Ils sont 7% en revanche à pratiquer plusieurs fois par semaine.
Les produits utilisés sont en majorité le GHB, GBL ou « G » à 48%, les Cathinones (3MMC, 4MEC) à 46% suivis de la MDMA, à 38% de la ketamine à 16%. Les répondants ont également déclaré utiliser d’autres produits comme la cocaïne ou la weed à 32%. A noter que chez les 18-24 la MDMA est le premier produit, avec 43%, devant le G et Autres (les cathinones sont en dessous de 30%).
61% des répondants affirment sniffer ou inhaler les produits, 27% à les ingérer et 8% à pratiquer des injections.
Parmi les répondants, 33% affirment consommer des produits en dehors du sexe, avec quelques variations selon l’âge: les 18-24 ans le font à 47%, les 50-60 à 20%. Par ailleurs, les Parisiens sont 45% à consommer hors relation sexuelle.
Paradoxalement, la vie sexuelle est la plus impactée
Nous avions ensuite demandé aux utilisateurs d’Hornet quel était l’impact des produits sur leurs vies sexuelle, affective, sociale, professionnelle et sur leur santé globale. Les réponses se présentaient sous forme d’une échelle de 0 à 10. « 0 » correspondait à un impact nul, une consommation totalement maîtrisée ; « 10 » correspondait à un impact très important avec une consommation hors de contrôle.
En moyenne sur chacun de ces items, entre 20 et 30% des répondants ont déclaré que leur situation était de problématique à très problématique (soit entre 5 et 10). L’impact le plus fort est sur la vie sexuelle, avec 32% des répondants pour qui la consommation commence à poser de sérieux problèmes. Cela monte jusqu’à 50% pour les utilisateurs qui déclarent pratiquer le chemsex plusieurs fois par semaine. On notera par ailleurs que plus de 50% des répondants ont coché la case 0 pour leur vie affective, leur vie sociale et surtout leur vie professionnelle (59%).
Ces chiffres font réagir Stephan Vernes. Le responsable du Spot Beaumarchais, qui anime chaque mardi un groupe de paroles autour du chemsex pointe notamment un paradoxe: « On parle beaucoup de désocialisation, d’isolement, mais on parle peu du fait que le chemsex est censé déshiniber et améliorer les sensations lors de relations sexuelles et au final on voit que c’est la vie sexuelle la plus impactée ».
82% des répondants affirment n’avoir eu aucun recours à des professionnels de santé. Ce chiffre tombe à 66% pour les usagers les plus fréquents de chemsex, ceux qui pratiquent plusieurs fois par semaine. Commentaire de Stephan Vernhes:
« On parle beaucoup des garçons en grande difficulté, mais malgré tout il semble que la grande majorité des usagers soit en contrôle. Ceux qui sont en difficulté sont une minorité, qui semble aller en grandissant, mais une minorité tout de même ».
« T’es tu stigmatisé en raison de ta consommation de produits? », demandions nous. 80% ont répondu « Non, pas vraiment » ou « Non, pas du tout ».
En publiant les résultats de son enquête, Gaystarnews avait titré sur un chiffre choc « 1 répondant sur 4 connaît quelqu’un qui est mort suite à une séance de chemsex. Nos résultats montre une tendance assez proche: 43% de nos répondants chemsexers connaissent une ou plusieurs personnes en difficulté ; 18% connaissent une ou plusieurs personnes qui ont fait une overdose ».
Fred Bladou, de Aides se veut prudent: « Avec les réseaux sociaux, tout le monde connaît quelqu’un qui a eu des difficultés ». C’est en tout cas moins vrai pour les répondants qui ne pratiquent pas le chemsex. Ils ne sont que 15% à connaître une ou plusieurs personnes en difficulté et 5% à connaître une ou plusieurs personnes qui ont fait une overdose.
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Source : hornetapp
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