Etats-Unis : la relance par le hasch ? (Liberation.fr)

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Alain Will homme
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Liberation.fr 16/01/10

http://www.liberation.fr/economie/01016 … r-le-hasch

Enquête : Un référendum devrait être organisé en novembre pour légaliser le cannabis outre-Atlantique. Déjà  autorisé dans plusieurs Etats à  des fins thérapeutiques, ce business compenserait la chute des recettes fiscales.

Par LAUREEN ORTIZ LOS ANGELES, de notre correspondante

Et si, aux Etats-Unis, 2010 était l´année du cannabis ? De la Californie à  la côte Est, plusieurs décisions viennent de réactiver l´idée d´une légalisation dans ce pays où le «canna-business» fleurit malgré la sécheresse financière actuelle. Le New Jersey a ainsi légalisé, lundi, l´usage médical de l´herbe, qui devient, du même coup, une source de revenu fiscal. C´est le 14e Etat où l´on peut se procurer la substance sur prescription médicale (*). En tête de gondole, l´Etat d´Arnold Schwartzenegger, la Californie, où la culture de la marijuana est, semble-t-il, devenue la première filière agricole. Bien qu´illégale, sa production rapporterait 14 milliards de dollars (près de 10 milliards d´euros) par an.

Afin d´éviter de devenir un eldorado pour dealers, le New Jersey s´est attaché à  rester strict et à  ne pas copier la Californie, où «la situation est hors de contrôle», selon le gouverneur du New Jersey, Chris Christie. Malgré tout, le phénomène s´amplifie et prouve qu´en pleine récession l´idée de la légalisation - soutenue par les économistes les plus libéraux et, paradoxalement, plutôt populaires dans des bastions démocrates - avance plus vite. Avec le Golden State pour locomotive, Etat le plus peuplé et le plus riche, mais à  la recherche de la moindre rentrée d´argent pour remédier à  la fonte de ses recettes fiscales. Cette année, il pourrait être le premier à  légaliser à  100% ce nouvel or vert.

Feu vert. Les pro-légalisations ont annoncé avoir récolté assez de signatures pour soumettre la question à  référendum en novembre, lors des élections générales où les Californiens éliront le successeur de Schwarzenegger au poste de gouverneur. «C´était tellement facile de les avoir, les gens étaient impatients de signer», a raconté Richard Lee, propriétaire du Coffee shop Blue Sky, à  Oakland, dans la banlieue de San Francisco, et de l´«université Oaksterdam», qui délivre un enseignement consacré à  la plante. La loi proposée par cette «initiative populaire» permettrait à  quiconque âgé d´au moins 21 ans de posséder 28 grammes. Les autorités, elles, auraient ainsi la possibilité de taxer la production et la vente du cannabis.

Le oui a-t-il vraiment ses chances ? Certes, un sondage a montré que 56% des Californiens étaient pour, mais comme le note Steve Smith, un conseiller politique habitué des campagnes, il suffit d´un bon argument dans le camp adverse pour perdre rapidement des points. Or, la marge n´est pas grande. Si le non l´emporte, le plan B est déjà  prêt : une proposition de loi (le Marijuana Control, Regulation and Education Act), introduite en 2009 par Tom Ammiano, député démocrate de San Francisco. Ce projet qui «encourage le gouvernement fédéral à  revoir sa politique concernant la marijuana» vient d´obtenir le feu vert du comité de sécurité publique de l´Assemblée californienne. Une étape essentielle même si, en raison de complications procédurales, il faudra encore attendre pour la voir votée. En tout cas, l´auteur promet qu´elle fera rentrer 1,3 milliard de dollars par an dans les caisses de l´Etat. Un argument choc à  l´heure où Schwarzenegger, victime collatérale de la crise avec un déficit de 20 milliards, se heurte à  Washington, à  qui il réclame 6,9 milliards.

«Governator» compte d´ailleurs se rendre dans la capitale américaine, la semaine prochaine, pour plaider sa cause. D´ores et déjà , Schwartzenegger a changé d´avis sur la question du cannabis : s´il était «de tout temps opposé à  la légalisation des drogues», au moment où la loi Ammiano a été proposée, il s´est ensuite déclaré «ouvert au débat». Mais il n´est que la partie immergée de l´iceberg.

Brèche. Le cannabis est devenu «politiquement correct», car économiquement attractif. Partout, la récession a dévasté les deniers publics californiens. La chute de la consommation et des bénéfices a amputé les programmes sociaux. Impuissants, certains élus se sont donc tournés vers cette nouvelle manne. Oakland, confronté à  un déficit de 83 millions, a créé, cet été, une taxe de 1,8% sur les ventes de cannabis, qui flirtent avec les 20 millions par an pour l´ensemble des quatre dispensaires de la ville. Los Angeles, San Francisco et Berkeley sont en train de préparer leur propre loi. Si le but est aussi de contrecarrer l´économie souterraine, qui prospère dans la brèche ouverte par le cannabis médical, la crise a légitimé ces pratiques fiscales. «Ici, comme dans de nombreux endroits en Amérique, le futur du cannabis est semé - et il est prometteur, prédit David Ferrell, auteur d´une enquête, parue cette semaine, dans le magazine culturel de référence LA Weekly. La légalisation semble aussi inévitable aujourd´hui qu´elle était impensable une génération plus tôt.»

(*) article connexe sur le New Jersey : http://www.psychoactif.org/forum/t2784- … iques.html


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filousky homme
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Et dire que je tenais des propos limite incorrects sur les USA !! Capables du pire comme du meilleur, mais toujours rapides. Merci Alain !
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Alain Will homme
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Dans la même "veine" :

http://www.lemonde.fr/a-la-une/article/ … _3208.html

Faut-il légaliser le cannabis ?

© LE MONDE | 03.06.10 | 13h40

La crise financière a de curieux effets secondaires. Au bord de la faillite avec 19 milliards de dollars de déficit, une administration paralysée et des services publics laminés, la Californie pourrait trouver dans le cannabis une solution pour soulager les caisses de l'Etat. Fin mars, les autorités locales ont annoncé la tenue, en novembre, d'un référendum sur une proposition de loi visant à  "légaliser, taxer et réguler la marijuana".

La mesure permettrait, selon ses initiateurs, non seulement de rapporter près de 1,4 milliard de dollars par an, mais aussi de soulager les forces de police et de décongestionner les établissements pénitentiaires. Autant dire une révolution. Aucun autre Etat américain et aucun pays au monde n'a légalisé ni taxé la vente de cannabis, les conventions de l'ONU imposant sa prohibition.

Arnold Schwarzenegger se dit ouvert à  "un débat robuste". Contrairement à  1972, quand la Californie avait massivement rejeté une initiative visant à  légaliser la marijuana, défendue alors comme étant "inoffensive" et favorisant la "tolérance sociale", la campagne de 2010 s'attaque aux aspects financiers. Et cela marche. D'après un récent sondage, près de 56 % des électeurs californiens voteraient en faveur de la loi. Toutefois, les nombreux opposants n'ont pas encore jeté leurs armes dans la bataille. Arnold Schwarzenegger, le gouverneur républicain de Californie, est personnellement opposé à  la légalisation, mais se dit ouvert à  "un débat robuste" sur la question. Une façon d'admettre que l'idée a progressivement fait son chemin.

On est loin de la "guerre à  la drogue" proclamée par Richard Nixon en 1969, un mois avant le festival de Woodstock. Loin des déclarations d'intention de la communauté internationale qui, en juin 1998, réunie dans l'enceinte des Nations unies, se donna dix ans pour éradiquer la culture des drogues illicites et réduire leur consommation. A l'époque, l'ONU avait même trouvé un slogan : "Un monde sans drogue est possible." La bataille a eu lieu, mais elle a échoué, et sur tous les fronts.

La drogue la plus prisée au monde. Jamais la consommation de drogues n'a été aussi importante. Jamais elle ne s'est autant répandue et diversifiée. L'exemple de la marijuana est à  ce titre exemplaire et pas seulement en Californie. Drogue la plus prisée au monde, elle est consommée par plus de 170 millions d'individus (4 % de la population mondiale adulte), soit 10 % de plus que durant les années 1990, d'après l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (UNODC). Le cannabis était, il y a un demi-siècle, une drogue quasiment inconnue, à  l'exception de certaines poches comme l'Inde ou la Jamaïque, ou de quelques cercles "avant-gardistes" dans les pays riches.

Tous les pays ont banni la production et l'usage du cannabis, à  tout le moins depuis la Convention unique sur les stupéfiants de 1961. Mais aucun n'est parvenu à  réduire la consommation de ses habitants avec des lois prohibitionnistes. Pire, celles-ci se sont révélées onéreuses, discriminatoires - particulièrement envers les jeunes et les minorités ethniques - et même prétextes à  des atteintes aux libertés dans de nombreux pays. C'est le constat sans appel établi, cette année, par un groupe d'experts internationaux réuni par la Beckley Foundation, un groupe de réflexion britannique.

Une aubaine pour les organisations criminelles. Auteurs d'un rapport éloquent, comparant les usages et les politiques d'une vingtaine de pays, ils avancent qu'il n'y a pas de lien entre la consommation et la prévalence du cannabis avec la politique - répressive ou libérale - mise en place par les gouvernants. "On observe même une très légère baisse de la consommation en affinant les résultats dans les pays les plus permissifs, comme les Pays-Bas", insiste Amanda Feilding, directrice de la fondation. Selon elle, les données récoltées plaident en faveur d'une approche "moins punitive" dans cette guerre "dont il est impossible de sortir vainqueur".

En 2006, près de 750 000 personnes ont ainsi été arrêtées aux Etats-Unis pour possession de marijuana. Un taux qui, rapporté à  la population totale (environ 300 millions d'habitants), est comparable à  celui d'autres pays comme la Suisse ou l'Australie. Toutefois, seule une infime partie de ces arrestations a occasionné des peines d'emprisonnement. "Devant l'absence de preuves indiquant que ces arrestations entraînent une baisse de la consommation du cannabis, il est difficile de voir une quelconque justification dans ces chiffres démesurés", note le rapport.

Depuis quelques années, de nombreuses voix s'élèvent pour pointer les positions de plus en plus difficiles, sinon intenables, des gouvernements. Un des meilleurs exemples est l'ouvrage du juge californien à  la retraite, James P. Gray, paru en 2001 et intitulé Why Our Drug Laws Have Failed ("Pourquoi nos lois sur les drogues ont échoué", non traduit).
L'argumentation développée par ce juriste vise à  montrer comment la prohibition est devenue "une poule aux oeufs d'or" pour les organisations criminelles, un point de vue partagé par un nombre croissant de personnes. Selon un sondage Gallup, 44 % des Américains sont en faveur d'une légalisation du cannabis. Ils n'étaient que 23 % en 1983.

Un phénomène culturel. En 2009, le Mexique et l'Argentine ont décidé de ne plus pénaliser les petits consommateurs. Au Brésil, la prison n'est plus obligatoire pour les consommateurs, même si la possession de drogue est toujours considérée comme un crime. Aux Etats-Unis, une quinzaine d'Etats étudient des projets de loi ou des référendums similaires à  celui qui sera soumis au vote cet automne en Californie. Une dizaine d'autres planchent également sur des textes visant à  décriminaliser ou à  réduire les peines infligées aux consommateurs de cannabis.

Pointant du doigt ce phénomène culturel, le magazine économique Fortune avait d'ailleurs estimé, dans un article très remarqué, publié en septembre 2009, que "la question pertinente n'était plus de savoir s'il fallait légaliser ou non, mais plutôt jusqu'à  quel point la marijuana ne l'était pas déjà  - au moins en tant qu'option locale".
Alors ? Il semble que l'idée d'une légalisation "contrôlée", comme le préconise la Beckley Foundation, couplée à  l'argument financier, gagne du terrain en ces temps difficiles. D'après Jeffrey A. Miron, économiste à  l'université Harvard, l'impact d'une telle mesure rapporterait plus de 25 milliards de dollars annuels au budget fédéral des Etats-Unis. De quoi faire réfléchir.

Nicolas Bourcier
Article paru dans l'édition du 04.06.10

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LLoigor homme
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Un peu pareil que Filousky , j'ai (très) souvent la dent dure envers les USA , mais faut dire que c'est déjà  plus réfléchit.

Enfin ils sont les champions du capitalisme avant tout et comme le dit l'article , y a des millions de dollar a ne pas négliger , le cannabis thérapeutique et les soins que ca pourrai amener a des malades je pense que ca ils s'en foutent un peu (merde j'ai encore eu la dent dure ^^ )

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filousky homme
Modérateur
Inscrit le 14 Dec 2008
12273 messages
Ayant fait deux années d'études en chirurgie dentaire, je vais nous ramollir les dents. La pensée est plus protestante aux USA. Ca les rend plus pragmatiques que nous. La vague est profonde ici même en France. Hier après midi, à  mon grand étonnement, la femme de ménage de mon papa, généreuse femme portugaise de plus de 50 ans, pas du tout branchée par les produits, m'a tenu toute une diatribe contre la police française, ayant vu a la télévision un reportage sur les forces de polices verbalisant et confisquant les quatre pieds d'un sexagénaire atteint d'un cancer ! Elle m'a fait part de sa révolte de bonne citoyenne. 
Ce que je sais, c'est que dans deux ans, on a une élection au suffrage universel et que tel que le débat est parti aux USA, nos candidats ne pourront pas s'offrir le luxe du silence sur le sujet.
25 milliards de dollards, ça fait réfléchir ! Je suis d'accord. Et c'est cela le moteur principal.

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