Particulièrement intéressant !!! Je n'ai pas pu resister à l'envie de vous traduire le résumé.
Remarquons que ces "zozos" sont parmi les ex premiers dirigeants du monde.
http://www.globalcommissionondrugs.org/ … NGLISH.pdfTHE WORLD DRUG PERCEPTION PROBLEM 2017 REPORT
COUNTERING PREJUDICES ABOUT PEOPLE WHO USE DRUGS
Contre les préjugés sur les usagers de drogueDe précédents rapports de cette Commission Globale sur la Politique des Drogues ont montré comment les méfaits potentiel des drogues sur les individus et les communautés sont exacerbés par les politiques répressives, tant au niveau local que national et international.
Le présent rapport, tout en reconnaissant l'impact négatif que l'usage problématique de drogues peut avoir sur les usagers, se concentre sur l'effet des perceptions actuelles concernant l'alourdissement ou l'allégement des politiques prohibitionnistes.
Les réformes proposées sur la politique des drogues sont difficiles à mener, définir ou implémenter parce que les politiques en place sont souvent basées sur des opinions et des croyances "passionnées" et ce qui devrait faire l'objet de discussions pragmatiques , comme l'efficacité de la
réduction des risques, est souvent traité comme un débat moral. Le présent rapport cherche à analyser ces perceptions et peurs communes, les mettre en perspective avec les connaissances scientifiques sur les drogues et leurs usagers, et, sur cette
base, recommander des changements qui peuvent être mis en place pour favoriser des politiques des drogues plus efficaces.
Drogues, addictions et buts du traitementLes drogues sont souvent présentées comme des contaminants artificiels, introduits dans la société par des forces extérieures ou déviantes et beaucoup de personnes en ont peur. En réalité, prendre des substances pour modifier son propre esprit semble être une impulsion universelle, et exister dans toutes les cultures et à tout moment de l'histoire (bien que les produits eux même puissent varier).
De plus, bien qu'il y ait certainement des risques dans tout usage de drogue, le statut légal des produits correspond rarement à leur dangerosité réelle. Au surplus, les méfaits potentiels des produits sont accrus quand ils sont produits, achetés ou consommés de façon illégale.
L'opinion est aussi largement répandue que l'addiction aux drogues est le résultat "simple" d'un usager qui consomme ponctuellement pour le plaisir et qui devient accidentellement "accro" puis "asservi" (dépendant). Ceci est une mauvaise compréhension de l'addiction. L'usage des drogues est relativement répandu et , en 2016, environ un quart de milliard de personnes ont utilisé des drogues illégales, tandis que 11,6% de ces consommateurs sont considérés comme consommateurs problématiques ou dépendants.
L'addiction est souvent vue comme permanente et irreversible. Si la guérison est considérée comme possible, l'abstinence est généralement perçue comme le but principal, voire unique, du traitement. Toutefois, le but principal du traitement devrait être d'atteindre, si possible, une santé physique et psychique optimale. Selon cette façon de voir, l'abstinence n'est pas nécessairement le meilleur objectif thérapeutique pour une personne donnée, et peut être pas non plus son objectif propre. Même quand c'est le cas, de nombreuses personnes ne réussissent à se sevrer qu'après plusieurs essais.
Une gamme étendue d'options thérapeutiques est donc nécessaire pour que les médecins et les patients puissent choisir la plus appropriée.
Les options incluent le support psychosocial, les traitements de
substitution et l'accès à l'
héroine médicalisée. Il y a de fortes évidences sur l'efficacité de ces traitements.
Au surplus, beaucoup de méthodes scientifiquement prouvées préviennent beaucoup des méfaits causés par l'usage de drogues , et au premier chef ceux qui sont entraînés par des politiques répressives inappropriées, sans viser l'abstinence. Ces programmes de Réduction des méfaits (RdR) comprennent les échanges de seringues et d'aiguilles, les salles d'injection sécurisées, la délivrance d'antagonistes des
opioides et le testing de drogues.
La perception des usagersQuand on considère les raisons pour lesquelles les usagers consomment des drogues, des explications psychologiques et morales sont généralement avancées, et surtout que la personne est "faible" ou "immorale". De ce fait, le public voit généralement l'usage problématique de drogues comme un problème personnel et non comme un problème interpellant la société. Un autre stéreotype fréquent est que les usagers sont des marginaux et qu'ils ne sont pas des membres de plein droit de la société ou disposer des même droits que les autres citoyens.
Ces perceptions contrastent avec celles des experts concernant les motivations de la consommation. Celles ci incluent l'expérimentation à l'adolescence, la recherche du plaisir, les influences sociales, la recherche de performance et l'auto-medication des souffrances physiques et psychiques.
Une autre opinion fréquente est que les usagers de drogues, et particulièrement les usagers problématiques, s'engagent dans des activités criminelles. Mais la vaste majorité des usagers ne commettent aucun crime en dehors de ceux qui sont punis par les Lois sur les drogues.
Les usagers problématiques de drogues ne peuvent souvent pas supporter financièrement leur consommation sans recourir à des actes délictueux.
De plus les usagers de drogues sont souvent poussés vers la marginalisation ou des sous cultures où la criminalité est présente.
S'ils ont un casier judiciaire, ils ont encore plus de mal à trouver du travail et le marché noir et le crime deviennent leur seul moyen de survie.
Images des drogues et des usagers dans les médias et chez le grand public.Les opinions du public décrites dans ce rapport sont largement influencées par les médias , qui décrivent l'effet des drogues comme uniformément négatives. Deux récits sur drogue et usager sont prédominants , l'un relie drogue et crime et l'autre suggère que les conséquences dévastatrices de l'usage sont inévitables.
L'opinion publique et les médias se renforcent mutuellement et ils contribuent à nourrir la
stigmatisation de la drogue et des usagers. Des termes couramment rencontrés comme "junkie", "tox" ou "crackhead" sont dépréciateurs et désignent les usagers comme des "autres", des individus inférieurs et sans moralité. Cette
stigmatisation et discrimination, combinées à la criminalisation de l'usage, sont directement reliées à des atteintes graves contre les Droits de l'Homme dans de nombreux pays. De ce fait pour changer notre perception des drogues et comment nous traitons leurs usagers, nous devons changer nos perceptions et le premier pas est de changer le discours.
Le lien entre la perception des drogues et des usagers et les politiques publiques de contrôle des drogues Ce lien constitue un cercle vicieux. Dans un régime prohibitionniste un consommateur s'engage dans un acte illégal, ce qui augmente la
stigmatisation. Cela favorise la discrimination à leur égard et permet à ces politiques de traiter les usagers comme des sous-hommes, des non citoyens et des boucs émissaires de problème sociétaux plus larges.
D'abord la peur des drogues s'est traduite par des messages de prévention qui ne promeuvent que l'abstinence complète et ne font aucune différence entre les produits. Malheureusement donner une information incomplète et souvent incorrecte ruine la confiance entre la jeunesse et les autorités. Une meilleure voie serait de donner des informations honnêtes, d'encourager la modération de l'usage et de donner des informations sur un usage plus sécuritaire.
Ensuite, l'usage de drogues est perçu comme un problème moral, anti-social, et donc criminalisé bien que la consommation en elle même soit un acte dénué de violence et ne constitue un risque que pour l'usager lui même. De ce fait dans de nombreux pays la peine de mort est appliquée pour des actes non violents, les plaçant ainsi de facto au niveau moral du meurtre et d'autres crimes graves.
Un changement dans les opinions et les politiques est deja en route dans certains pays. L'influence des élites (leadership) et l'information ont joué un rôle crucial en montrant que le public peut supporter des politiques pragmatiques et fondées sur des données scientifiques quand on lui donne une information crédible. Il a été possible de persuader des personnes en charge de l'ordre public et de la sécurité que des politiques alternatives peuvent être plus efficaces pour réduire l'impact de la consommation de drogues pour les usagers, leur environnement et la société en général.
Principes de réforme des politique des drogues.Avec l'adoption de l'agenda du développement durable comme modèle universel de développement, les droits de l'homme, la sécurité et le développement doivent être à la
base de toute politique publique. Nous réaffirmons donc les principes de cette Commission Globale sur la politique des drogues :
1 Les politiques des drogues doivent etre basées sur des évidences scientifiques fortes. La première mesure de succès doit etre la réduction des méfaits pour la santé, la sécurité et le bien être des individus et de la société.
2 Les politiques doivent être basées sur le respect des Droits de l'Homme et de la Santé Publique. La criminalisation, la
stigmatisation et la marginalisation des usagers et des personnes impliquées, à un bas niveau de responsabilités, dans la culture, la production et la distribution doivent cesser et les usagers problématiques traités comme des patients non comme des criminels.
3 Le développement et l'implémentation des politiques des drogues doit etre une responsabilité collective mais aussi tenir compte des diverses réalités politiques, sociales et culturelles et permettre des expériences de régulation légale au niveau national.Les Droits de l'Homme des personnes impliquées dans la production, le trafic et la consommation doivent être respectés.
4 Les politiques des drogues doivent être mises en place de façon étendue impliquant les usagers mais aussi les familles, les écoles, les spécialistes de santé publique les leaders politiques et administratifs en partenariat avec les structures de police et justice et les autres structures gouvernementales.
Notre principe final , illustré par ce rapport, est d'appeler tous les membres de la société à chercher et partager de l'information fiable sur les drogues, les usagers, les raisons de leurs consommations et de s'interroger sur leurs propres perceptions de ce problème. Seul un effort collectif pour changer ces perceptions permettra de mettre en place des réformes efficaces. Les six recommandations de ce rapport donnent des pistes aux gestionnaires des politiques des drogues, aux leaders d'opinion, à la communauté médicale, et au grand public pour réussir ce pari.
Brisez le tabou sur la drogue et sur les usagers de drogue. Il est, maintenant, temps de changer nos perceptions et nos habitudes.
THE COMMISSIONERS (et signataires)
KOFI ANNAN
Chairman of the Kofi Annan Foundation
and Former Secretary-General of the
United Nations, Ghana
JOYCE BANDA
Former President of Malawi
PAVEL BÉM
Former Mayor of Prague, Czech Republic
RICHARD BRANSON
Entrepreneur, founder of the Virgin Group,
co-founder of The Elders, United Kingdom
FERNANDO HENRIQUE CARDOSO
Former President of Brazil
MARIA CATTAUI
Former Secretary-General of the International
Chamber of Commerce, Switzerland
HELEN CLARK
Former Prime Minister of New Zealand
and Administrator of the United Nations
Development Programme
NICK CLEGG
Former Deputy Prime Minister of the
United Kingdom
RUTH DREIFUSS
(CHAIR)
Former President of Switzerland
and Minister of Home Affairs
CESAR GAVIRIA
Former President of Colombia
ANAND GROVER
Former UN Special Rapporteur on the right of
everyone to the enjoyment of the highest attai-
nable standard of physical and mental health, India
ASMA JAHANGIR
Former UN Special Rapporteur on Arbitrary,
Extrajudicial and Summary Executions, Pakistan
MICHEL KAZATCHKINE
Former Executive Director of the Global Fund
to Fight AIDS, Tuberculosis and Malaria, France
ALEKSANDER KWASNIEWSKI
Former President of Poland
RICARDO LAGOS
Former President of Chile
OLUSEGUN OBASANJO
Former President of Nigeria
GEORGE PAPANDREOU
Former Prime Minister of Greece
JOSÉ RAMOS-HORTA
Former President of Timor-Leste
JORGE SAMPAIO
Former President of Portugal
GEORGE SHULTZ
(HONORARY CHAIR)
Former Secretary of State of the
United States of America
JAVIER SOLANA
Former European Union High Representative
for the Common Foreign and Security Policy,
Spain
THORVALD STOLTENBERG
Former Minister of Foreign Affairs and
UN High Commissioner for Refugees, Norway
MARIO VARGAS LLOSA
Writer and public intellectual, Peru
PAUL VOLCKER
Former Chairman of the US Federal Reserve and
of the Economic Recovery Board,
United States of America
ERNESTO ZEDILLO
Former President of Mexico