L'article
joint montre qu'"il y a bien un risque de
syndrome serotoninergique avec l'association
iboga + IRS
chercher le wiki sur
Syndrome serotoninergique sur ce site.
Amicalement
http://urpsmedecins-limousin.org/Pharma … 012007.pdfBulletin d’information du Centre Régional de Pharmacovigilance
de Limoges
N° 34, janvier 2007
Service de Pharmacologie-Toxicologie
Hôpital Dupuytren 87042 Limoges cedex
Tél : 05 55 05 67 43
Télécopie : 05 55 05 61 62
E-mail : louis.merle@chu-limoges.fr
Le Centre a pour mission de répondre à vos
questions sur les médicaments
Les effets indésirables graves ou nouveaux
doivent être déclarés au Centre régional de
pharmacovigilance (décret du 13 mars 1995).
•
IbogaL’iboga a connu récemment un certain essor dans les associations issues du mouvement New
Age, et il est maintenant sur le point d’être classé comme stupéfiant.
L’iboga est une préparation élaborée à partir des racines du Tabernanthe
iboga, un arbuste
d’Afrique Equatoriale (Gabon principalement), qui aurait, outre son effet hallucinogène, des
propriétés anti-addictives.
L’iboga contient principalement de l’ibogaïne, un alcaloïde indolique, aux effets
psychostimulants et hallucinogènes. L’ibogaïne interagit avec de nombreux neurotransmetteurs
(sérotonine,
dopamine, glutamate, acétylcholine) et sur les récepteurs
opioïdes. L’ibogaïne est très
lipophile et métabolisée par le foie en noribogaïne, son métabolite actif. Son excrétion est
principalement rénale et sa demi-vie de 7 heures. Sa durée d’action est longue, environ 48 heures.
La consommation d’iboga, sous forme de poudre, entraîne des nausées, des vomissements,
une stimulation psychique (agitation, tremblements) pouvant aller jusqu’à des convulsions. On peut
observer une hypo ou une hyperthermie, une baisse de pression artérielle, une bradycardie, une
dyspnée, une défaillance cardio-respiratoire, des décès. A forte dose, l’iboga entraîne des
hallucinations, parfois très anxiogènes, pouvant conduire à un passage à l’acte suicidaire. Des
sentiments de
dépersonnalisation et d’états similaires à la « Near Death Experience » sont décrits.
Enfin, des interactions médicamenteuses sont à craindre avec certains médicaments comme les
inhibiteurs du recaptage de la sérotonine, à l’origine de syndrome sérotoninergique.L’iboga est utilisée traditionnellement dans les rites initiatiques africains du culte Bwiti pour
le passage de l’enfance à l’âge adulte, mais aussi pour communiquer avec les ancêtres et se
réconcilier avec la mort. Dans les années 60, l’iboga était commercialisé en France par le
laboratoire Houdé sous le nom de LAMBARENE (6,5 mg d’ibogaïne par tablette chocolatée ou
comprimé). Il était donné comme « stimulant neuromusculaire, excitant les combustions cellulaires
et effaçant la fatigue, était indiqué en cas de dépression, asthénie, convalescence, maladies
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infectieuses, effort physique ou intellectuel anormal à fournir par un sujet sain – 1 à 6 cp/jour ».
C’était donc un produit intéressant pour les sportifs mais qui fut inscrit sur la liste des produits
dopants en...1989. La vente du LAMBARENE fut interdite au début des années 70 du fait de
stimulations cardiaques excessives chez certains sujets. Actuellement en France, la Mission
interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires signale l’utilisation de l’iboga à
l'intérieur de diverses organisations sur le thème de la connaissance de soi et du
sevrage des
toxicomanes. Plusieurs études font en effet état des propriétés anti-addictives de l’iboga. Quelques
essais cliniques avaient été tentés mais rapidement arrêtés en raison de la neurotoxicité de
l’ibogaïne.
L’iboga est donc promu par certaines associations pour lutter contre la dépendance aux
drogues dont l’héroïne, la
cocaïne mais aussi l’alcool...le
tabac. A l’heure où l’on parle des mille et
une manières d’arrêter la consommation de
tabac, grande ne serait-elle pas la tentation de substituer
l’iboga à la
cigarette ?
Mais qu’en est-il des effets des autres stratégies thérapeutiques du
sevrage tabagique ?
• Autres stratégies de
sevrage tabagique
a) Il existe actuellement deux solutions pharmacologiques : la
substitution nicotinique et le
bupropion.
La première est facile à comprendre. La seconde fait appel à un antidépresseur, le bupropion
(ZYBAN) qui est un inhibiteur du recaptage de la
dopamine et de la noradrénaline. Il est amusant
de constater que cet antidépresseur entraîne des effets indésirables proches de ceux de l’iboga. On
peut observer en effet sur le plan neuropsychique des tremblements, une agitation, une anxiété, des
troubles de la concentration, des crises convulsives, une agressivité, des hallucinations, un état de
dépersonnalisation, des tentatives de suicide, des syndromes parkinsoniens. Sur le plan digestif, les
nausées et vomissements ne sont pas rares. Sur le plan cardio-vasculaire, une tachycardie,
hypertension, peuvent s'observer. Des réactions allergiques cutanées, des œdèmes de Quincke, des
élévations des enzymes hépatiques sont aussi rapportés.
b) De nouvelles voies sont proposées : le rimonabant, la sélégiline, la varénicline.
- Le rimonabant = ACOMPLIA (antagoniste de récepteurs cannabinoïdes) pourrait être
utilisé dans ce cadre bien que n'ayant pas d'AMM ; nous avons déjà envisagé ce médicament à effet
anorexigène qui va en partie éviter la prise de poids à l'arrêt de consommation du
tabac.
- On pourrait aussi donner un inhibiteur de la monoamine oxydase (IMAO) comme la
sélégiline = DEPRENYL (dont l'AMM est actuellement limitée à la maladie de Parkinson) pour
remplacer l'action
IMAO du
tabac qui fait défaut lors du
sevrage.
- Un nouveau médicament va être commercialisé sous peu, il s'agit du CHAMPIX (tartrate
de varénicline) dont le mécanisme d’action repose sur le principe suivant. On sait que la
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consommation régulière de
nicotine désensibilise les récepteurs nicotiniques ; ceci semble être un
déterminant essentiel de la dépendance. En réponse, il y a synthèse de nouveaux récepteurs,
phénomène qui concourt aux manifestations du
sevrage. La dépendance serait liée essentiellement à
l'action sur un type particulier de récepteurs nicotiniques (appelés α4β2).
La varénicline est un agoniste-antagoniste de ces récepteurs. Quand la
nicotine est dans la
circulation, l'action antagoniste sur les récepteurs bloque l'effet "gratifiant" de la
nicotine ; en
l'absence de
nicotine, l'action agoniste s'oppose aux manifestations de
sevrage. Ce nouveau
médicament jouant à la fois sur la dépendance et le
sevrage va faire l'objet d'un plan de gestion de
risque (technique de pharmacovigilance particulière que nous avons déjà abordée).
D'après les essais cliniques effectués, la varénicline entraîne surtout des effets indésirables
digestifs (nausées, vomissements, constipation), ainsi que des céphalées et des rêves anormaux. Ce
médicament est en fait mal connu ; il n'a pas été étudié chez la femme enceinte, ni au-dessous de 18
ans, ni chez la personne âgée ou la personne souffrant de divers états pathologiques, notamment
cardiovasculaires.
Nous serons très intéressés par les avis des prescripteurs sur ce médicament.
• Réponse à la question soumise dans le numéro précédent du bulletin
Dans le numéro précédent du bulletin, nous signalions que le mâchonnement de comprimés
de charbon activé pouvait chez certaines personnes entraîner des sensations de courant électrique
dans la bouche. Nous demandions pourquoi ?
Un seul lecteur nous a offert une réponse. Nous pensions lui proposer en récompense une
boîte de charbon activé nouvelle formule, mais il s’agit d’un pharmacien d’officine !
Nous proposons la réponse suivante. Cette sensation est liée au fait que la cavité buccale se
comporte comme une pile électrique avec deux électrodes séparées par un électrolyte. L’une de ces
électrodes est constituée par le charbon qui est mâché dans la bouche ; l’autre est constituée par les
divers implants métalliques présents sur les dents (plombages, couronnes,...). Entre ces deux
électrodes, la salive constitue un milieu électrolytique conduisant le courant (l'osmolalité salivaire,
égale à environ le tiers de celle du plasma, est suffisante pour conduire le courant). Les papilles
gustatives interposées perçoivent le passage de ce courant. Une sensation analogue se produit
lorsque certaines personnes affamées mangent une plaque de chocolat avec des morceaux du papier
d’aluminium qui l’enveloppe.
Moralité : si l’on a des plombages, attention à ce que l’on mange ; les caramels ne sont pas
les seuls produits à éviter.
Marie-Laure Laroche, Yves Nouaille, Louis Merle