Tu ne fais rien d'autre, hein ?

Qu'est-ce que je ne ferais pas, ce soir, pour quelques grammes de volupté ?
Que ne ferais-je pas, pour sentir cette odeur s'échapper en douce volutes d'une légère fumée. Cette odeur âcre qui précède l'instant fatidique... mélée au goût du cuir de la ceinture qui me sert de garrot. Et puis après la sensation glaciale du metal perçant la peau, la douce chaleur de la potion se déversant dans mes veines... la sentir parcourir mon corps pour atteindre en quelques instants cet état d'effervescence et de quiétude, de longue plongée vers le bien-être suprême, glissant lentement en un flottement euphorique et sensuel...
...
J'ai tellement besoin d'un peu de réconfort... j'ai vendu mon âme au diable... je lui laisserais mon corps ! M'appartient-il encore? Je vous offrirais ma dignité, je vous lèguerais mon honneur, j'étranglerais ma fierté, je vous laisserais même mon coeur... si ce n'était pas déjà  fait !
Que puisse encore échanger pour un gramme de bonheur ?
Qui voudrait encore me laisser un paquet contre une faveur ?
Et toi, ma Soeur, ne songes-tu pas à  tout ce qu'on a pu vivre, ensemble ? Pourquoi me laisses-tu là , vide de toi, privée de toi ? J'ai froid sans toi, j'ai mal. Tu hantes de ton vide mon âme absente, avide de toi...
Je t'attends... et le temps distendu prolonge ses secondes pour que ton absence soit plus longue encore...
Que ne ferais-je pas pour t'avoir au creux de mon poing, au creux de mon bras !

moi JEON me dit surtout que ça me fait chier de ne plus pouvoir lire les textes de certaines personnes... tout ça pour CA ! ben MERDE alors

Merci Cath.
Pour ma part, ce texte, à  la fois je l'aime bien pcq ça colle à  100% avec ce que je ressent, normal, ça sort des tripes, mais à  la fois je le hais, pcq ces derniers temps je n'ai qu'une seule envie : me shooter. Et il me rappelle encore cette soif qui me déchire. Je suis déprimée et j'en peux plus de ne penser qu'à  ça à  longueur de journée. En plus je ne trouve rien ici, ou alors à  des prix hallucinants... et j'en ai marre de claquer autant pour un pov gramme de merde qui fait à  peine 0.8 en réalité, et dont la qualité laisse à  désirer... Cet aprem g failli prendre le train sans billet, comme ça, pour monter à  Paname... à  la fois pour pecho qqch de mieux, et à  la fois pour changer d'air, pcq j'étouffe et que je me sens peter les plombs...

Salut Pierre,
Ne t'en fais pas, je ne prends pas mal du tout ta question, et pour cause, je suis bien forcée de me la poser moi-même... J'ai eu envie d'arrêter la came, le shoot, et tout le reste, à  cause de tous les problèmes que ça draine, parce que j'étais dans une situation que j'estime pas terrible et qui ne me convenait pas vraiment, et parce que ça m'apportait au final plus de négatif que de positif, à  en être dégoutée par la came elle-même (et surtout de moi-même). Mais le problème, c'est que je n'ai jamais réussi à  arrêter complètement. Même lorsque j'ai suivi ma substitution le plus régulièrement et le plus sérieusement, j'ai toujours eu des moments où l'envie me reprenait, ou était trop forte, ou me harcelait, et où je finissais par reconsommer, et reshooter, principalement quand ça va pas fort moralement. Dans ces cas là  j'ai tendance à  avoir besoin de fuir ce qui me fait souffrir, par overdose de mal-être (il faut dire que ça fait des années que ça dure, pour ne pas dire des décennies, et que c'est épuisant... et bien que je m'en accomode la plupart du temps car je n'ai jamais réussi à  me défaire de cet état, il y a bien souvent des moments où je ne supporte plus d'aller mal et de déprimer, et où la déprime prend le dessus sur tout, et comme c'est elle qui m'a conduit à  la came au départ, c'est la même raison qui me pousse vers elle encore aujourd'hui). Ca, c'est l'explication psychologique.
Chimiquement, tes hypothèses sont tout à  fait sensées. Pour la methadone, j'espère beaucoup de ce traitement, mais pour le moment, et malgré un dosage déjà  élevé, je n'ai pas trouvé celui qui me convient. Il faut dire que selon toute vraisemblance, j'ai la chance (?) d'avoir un foie qui fonctionne trop bien, et qui élimine trés, trop, vite, la methadone, ce qui fait que je suis obligée d'en prendre des doses énormes pour obtenir les effets qu'ont la plupart des gens avec moins de 100mg. Pour te donner une idée, ce n'est qu'avec le double de mon dosage quotidien actuel (140mg) donc 280mg, que je me sens défoncée, euphorique etc, ce qui ne m'est jamais arrivé avec aucun dosage inférieur auparavant.
Il m'arrive aussi de prendre double dose de metha (ce qui suppose que j'en ai en surplus, donc en général que j'ai sauté une ou plusieurs prises car j'ai consommé de l'héro ou du skenan...) lorsque j'ai trop envie de me shooter. Ca me passe momentanément l'envie, ça me fait bien planer pendant quelques petites heures, ça me permet de me sentir bien pendant ce temps là ... et de repousser le moment où je vais finir par craquer pour un shoot et aller m'en acheter....
Tu me diras que le but du traitement n'est pas la défonce, certes, mais c'est juste pour expliquer que même pour un usage normal, je suis obligée de prendre des doses hallucinantes pour quelqu'un qui n'a pas connaissance de mon dosage sanguin de la metha (qui est tjrs trés inférieur à  celui que j'absorbe). En gros même si je prends 140mg tous les jours, je n'ai pas 140mg dans le sang. Bref, un peu compliqué.
Le problème, c'est la réticence du CSST à  augmenter encore mon dosage, ils n'ont visiblement pas encore compris que c'était encore trop peu, et j'ai beau les tanner toutes les semaines pour qu'ils acceptent de refaire des methadonémies étalées sur 24h pour voir l'évolution du dosage sanguin de la metha, rien à  faire, je n'ai toujours pas de réaction en ce sens, et je dois dire que ça commence à  m'énerver sérieusement. Comment jouer le jeu et controler ma conso s'ils ne m'aident pas en adaptant le traitement selon la nécessité ? Je me le demande. Même si ce n'est pas une excuse, ça peut expliquer la pensée permanente du shoot qui me poursuit.
Pour ce qui est des sulfates de morphine, j'y ai bien pensé, mais pour le moment ça en reste là . D'une part, c'est sensé être délivré sous forme de gelule (du moins pour le skenan), mais je sais que je ne pourrais jamais m'en tenir à  les avaler gentiment et que je me le shooterais systématiquement. Si j'entame un traitement dans cette optique, en connaissance de cause, pourquoi pas, même si c'est vrai qu'en commençant le Sub, puis en passant à  la metha, un des avantages était l'abandon (même s'il n'est pas total) du shoot et des conséquences que ça entraine (en particulier l'état de mes veines et plus généralement de mes bras, ce qui est trés stigmatisant et me gêne énormément dans certains contextes). Par contre, un avantage non négligeable c'est que le shoot de morphine, du moins pour le moment, et à  un certain dosage, me procure un certain plaisir, élément déterminant quand il m'arrive de consommer de la came malgré mon traitement ! Au delà  d'un simple soulagement de l'envie et de la déprime, c'est bien le plaisir que je recherche, même si j'ai l'impression de parler pour ne rien dire car ça me semble évident
Et ultime problème en ce qui concerne la morphine : trouver et un médecin, et une pharmacie, qui accepteraient la prescription et la délivrance régulière de ce médicament, dans le cadre, ou hors du cadre, d'un protocole ; et c'est loin d'être chose facile, tu le sais aussi bien que moi.

Bref, et si, après tout, ça ne devait pas être un problème, que de me shooter de temps en temps, quand ce n'est pas plus que de temps en temps.... ?
Ca reste malgré tout un problème, ne serait-ce que financier... ben oui, la came, ou la coke car il m'arrive de plus en plus souvent de consommer les 2 simultanément quand je me shoote, ça coute cher... et je n'ai pas le budget taillé pour... loin de là ... si je consomme une fois, ça me pourrit le mois entier car il ne me reste plus rien pour vivre pendant les semaines qui restent... ce qui pose un problème évident. D'autant que depuis que j'ai cessé ma conso quotidienne, j'ai arrêté mes activités parallèles qui me servaient à  me procurer les thunes nécessaires à  ma dose quotidienne... et que là , par contre, ça me ferait vraiment chier, quand même, de replonger là  dedans, car c'est une des choses qui m'ont décidée à  "arrêter" ... Je prendrais ça comme un échec, une défaite, un nouveau pas vers la déchéance, et comme un nouveau glissement vers une inévitable rechute, cette fois quotidienne, ce que je voudrais vraiment éviter... C'est en quelque sorte LA LIMITE que je ne veux pas franchir, et qui signifie pour moi un retour à  la case départ et un nouveau début de la fin...
Tiens, tu vois, ça fait du bien d'écrire, je me sens soulagée d'avoir couché tout ça "sur le clavier", tu vois, tu as bien fait d'aborder le sujet, car c'est en effet quelque chose qui me pèse en ce moment... je pense que dans un sens, pour moi, le recours au shoot me fait craindre un retour à  une consommation plus régulière, et le retour à  ce qui va avec. Je pense d'ailleurs que c'est pour ça que j'ai tendance à  considérer chaque reprise comme une rechute, et comme un échec.
Mais en même temps, j'ai du mal à  envisager d'arrêter totalement et définitivement toute consommation... car quelque part elle révèle un manque, et tant que ce manque là  ne sera pas comblé, je crois que j'aurais toujours besoin de la came, ou de tout produit que je consomme en général, pour colmater la brêche... (et là  je repense à  ce qu'écrit Catherine à  ce sujet).

Sur ces réflexions tardives, je vous embrasse affectueusement toi Pierre, et toutes et tous qui lisez, et/ou participez à  ce forum,

Estelle

Dernière modification par Stelli (05 juin 2009 à  03:55)

stelli et bighorse = même problème.....
En effet, je suis un vrai cheval(mais si, "on dit" comme le dit mon fils ) qui devait tjs prendre 5X plus que les autres en came pour moins que leur résultat!!!ce qui m'énervais et me déprimais....quand les autres piquaient du nez j'essayais de piquer le restant de came pour tenter d'approcher leur état.....voleuse malgré moi j'appelais ça!! mes amis m'ont tjs dit que j'étais effroyable : 1 acide pour YVES; 3 pour ..BIGHORSE...même là  je devais tripler la dose!!!! alors pour la métha j'en suis à  100 et ne PIQUE JAMAIS du nez;il faudrait avec 2 lexomyl complets...des fois je le fais mais bof....pauvre grand cheval!!!!!
tu sais pouquoi en fait j'ai fini par ne plus touché à  la came? non pas parce que j'en étais dégoutée vraiment, non (avec de tb plans la bonne came y en a), mais parce que j'ai dû vendre mon AME au diable..comme pour ressentir qq chose je devais dépenser 4000FRS/JOUR, en cc et héro alternée, j'ai TRAHI mon ame pour avoir de telles ressources; j'en ai encore des frissons à  ce jours rien que d'y penser....( non je n'ai pas tuer;violer;vendu au flics etc..rien de cela) a partir du moment où l'on commet ce qui nous semble,A NOS YEUX,le pire on est presque mort...alors où on meurt vraiment, ou on se restaure pour pouvoir se regarder en face soi même....voilà  un nouvel aspect de ma décroche "définitive" (???)

Cat,
Je ne pense pas que ce soit grave, non, je ne suis pas la mieux placée pour interpréter ton fonctionnement psychologique mais j'ai l'impression que "Stelli" se rapporte à  tout ce qui est de la came, le moi "tox" et qu"Estelle" te vient plutôt quand il s'agit de ce que je suis "en profondeur". J'ai un peu de mal à  m'expliquer et je peux me tromper mais bon, c'est ce que je comprends de ce que tu écris.
C'est curieux, en ce qui te concerne cette "résistance" hors du commun t'as plutôt valu une certaine reconnaissance, peut-être de l'admiration, et certainement des envieux, mais pour ma part, j'ai surtout ressenti une certaine incrédulité, de la méfiance, on ne me prenait pas au sérieux.
D'ailleurs je n'ai vraiment réalisé que j'étais particulièrement résistante qu'assez récemment, avant, je me demandais toujours pourquoi je ne sentais rien, ou pas grand chose. J'en arrivais toujours à  la conclusion qu'il devait rester du Subutex ou de la metha (selon la periode concernée) dans mon sang, et que c'était ça qui empêchait la came de faire tout son effet. Ou alors je me disais que j'en avais pas pris assez, ou qu'elle était pas top (ça par contre ça devait souvent être vrai malgré tout). Mais quand les autres se prenaient de bonnes défonces, et que moi je restais sur ma faim, je ne comprenais pas trop, je cherchais toujours la raison ailleurs.
Quand je repense à  tous ces shoots que je sentais à  peine, ou pas du tout, ou qui suffisaient à  peine à  ce que je ne sente plus le manque... Les quantités que je prenais n'étaient jamais suffisantes... c'est déjà  le cas pour la plupart des UD, au bout d'un certain temps qu'on consomme, mais pour nous c'est pire ! Un gramme de came dans le sang ne me fait rien du tout ... Ca suffit tout juste à  me passer le manque quelques heures. Il m'arrivaitsouvent, pour potentialiser les effets, de mélanger plusieurs opiacés, dont certains qui me coûtaient moins cher, par exemple, je gobais du rach en bonne quantité, ou je shootais du sken, ça me permettait de mieux sentir la came que je shootais ensuite. De toute façon, je n'ai jamais pu me contenter d'un shoot, il fallait toujours que j'en enchaine plusieurs pour sentir quelque chose. D'ailleurs, depuis quelques temps, j'utilise de moins en moins les petites insulines pour me shooter... Je préfère acheter des seringues de 2cc, ça me permet de shooter de plus grandes quantités en 1 seule fois (ça fait des trous en moins dans les veines, c pas négligeable quand même) et du coup, de mieux sentir le shoot.
Bref...
J'ai la vague sensation, tout d'un coup, que ce que je suis en train d'écrire n'a pas de sens, et surtout que je parle pour ne rien dire... Ca m'a coupée dans mon élan... Je me sens ridicule là ...

DE L IMPORTANCE VITALE DE S EXPRIMER

Stelli, Pierre a tout à  fait raison quand il dit qu'il nous faut parler, et encore parler...c'est vital sur plusieurs plans:parler de ses pratiques, c'est déjà  mettre des mots sur ce qui nous échappe souvent,et qu'on se met à  mieux comprendre dès que l'on cherche à  les mettre en mots pour faire passer notre message à  autrui;
en plus, comme le fait remarquer Pierre, cela permet aux personnes qui lisent ce forum sans s'y exprimer, peut être de trouver des expériences proches des leurs, et les aider ainsi à  se comprendre eux mêmes...et peut être aussi qu'un joour il franchiront le pas de parler à  leur tour.
Il y a un autre fait qui me semble primordial: tous les intervenants en toxicomanie dans leurs écrits,leurs rencontres, font un constat identique: la difficulté inhérente selon eux à  nos personnalités toxicomaniaques, de ne pas SAVOIR ou ne pas POUVOIR EXPRIMER nos ressentis,ni analyser encore moins nos actes....je crois que ce forum vient prouver l'inverse, que nos paroles ne surgissent que si l'on se sent suffisamment compris pour continuer à  avancer dans notre prise de paroles...ce qui vient bien sur remettre en question leurs propres pratiques...mais ça c'est un autre débat.ce qui compte c'est qu'ici les choses viennent se dire telles qu'on les ressent, même si parfois il y a maladresse,reprise alors par l'administrateur..
Et pour finir je crois aux vertus salvatrices de la prise de paroles : longtemps on a du se taire, ravaler, rentrer nos pensées, nos coups de gueules, nos coups de flippes etc....et il n'y a rien de plus nocif pour la santé que cette perpétuelle mise à  l'écart de nos pensées les plus vrais, les plus difficiles aussi à  dire..cet espace permet un début de mise en mots des maux; car sinon gare au retour nocif de toute cette masse de mots non dits : dans mon cas par ex tout est resté au niveau de la gorge..à  mon détriment énorme...la  vie même peut en être menaçée!
Je ne parle pas ainsi pour faire pression par l'angoisse, non;mais que mon expérience douloureuse du non dit et ses conséquences à  venir serve au moins à  quelqu'un. bye à  tous