Sous
méthadone depuis le mois de mars, j'ai mis du temps à arreter vraiment. C'était mon énième tentative d'arreter, mais comme toujours j'avais vraiment du mal à me passer de la pompe, et j'étais toujours à la recherche de ce
truc qu'on ressent après un shoot. Pourtant j'avais vraiment envie d'arreter. Après une longue phase de rechutes, arrets, reprises, doutes, découragement, nouveaux espoirs, nouvelles motivations, rererererechutes, etc, le dégout a fini par l'emporter et la dernière fois que je me suis shootée, j'en avais tellement marre que je me suis jurée que c'était la dernière.
Marre de me charcuter 15x par jours pour m'injecter un truc qui ne me faisait plus rien, si ce n'est que ça me passait le manque quelques heures à peine.
Marre de claquer mes thunes pour cette merde, et d'être comme toujours dans une situation catastrophique niveau financier, situation qui même aujourd'hui après arret total, me poursuit et n'en finit pas.
Marre de foutre en l'air ma vie pour rien, car cette putain de
came ne m'apporte plus rien (plus, car malgré tous les ennuis qu'elle a pu me causer, elle m'a apporté de l'expérience, et malgré tout, malgré le doute qui subsiste, malgré les difficultés, je trouve que j'en sors grandie, alors oui, quelque part, elle m'aura été utile, peut etre fallait-il que j'en passe par là ).
Marre de ne plus pouvoir avancer, de faire des efforts fous pour ne finalement réussir qu'à rester sur place, à moins que je ne m'enfonce...
Marre de ce produit que j'aime et que je hais en même temps, qui m'a étreint quelques fois, dans les bras duquel je me suis sentie si bien... mais qui depuis me nargue et me nuit.
Marre d'avoir perdu tous mes amis, d'avoir fait souffrir tous ceux qui ont assisté à ma dégringolade sans fin, de les avoir fait souffrir d'avoir voulu m'aider quand je les en empechais.
Marre de les avoir condamnés à assister, impuissants à ma destruction
choisie et
consciente, que seul le désespoir guidait.
Marre d'être trop souvent en manque, quand je n'avais pas pu trouver assez vite une solution pour me trouver l'elixir qui aurait soulagé mon corps et flatté mon âme. Ce manque qui trop souvent m'a poussée à souhaiter mourir plutôt que souffrir, encore et encore.
Marre de fuir cette souffrance lancinante qui ne cessait jamais, ravivée chaque fois plus fort dès que les effets de la drogue s'estompaient, me ramenant à la réalité.
Marre de fuir lachement cette vie qui m'effraie et m'angoisse, hantée par ce passé que je laisse m'emprisonner.
Marre de toujours décevoir, de toujours lâcher, de toujours mentir quand je sais d'avance que je vais échouer, faute d'avoir la force et encore moins le courage de fournir l'effort qui me permettrait de
réussir, de m'en
sortir.
Marre de provoquer, inconsciemment, mes échecs, incapable de contrôler ces mécanismes qui me poussent à agir ainsi.
Marre de ce tourbillon qui m'emporte et dans lequel je me laisse submerger.
STOP!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! Oui, mais maintenant ?
Depuis cette dernière fois, depuis que j'ai arrêté, finalement, rien n'a changé. Toutes les difficultés sont toujours présentes. Certes, je ne fais plus tout ce que j'ai pu faire, jusqu'au plus sordide, pour trouver ma
came, et c'est une véritable libération. Mais ensuite ? Les problèmes d'argent sont toujours là , toujours aussi grands, ils me tiennent, m'emprisonnent. Ils me font culpabiliser, car la raison est ... Je ne peux m'en prendre qu'à moi même, mais combien de temps encore devrais-je payer mes erreurs ?
Et puis je suis seule... je n'ai plus aucun contact avec aucun de mes amis d'avant, que j'ai éloignés volontairement, ou qui sont partis, écoeurés. Je n'ose pas les rappeler, j'ai honte, tout ça est encore trop récent, je ne voudrais pas leur faire subir une nouvelle rechute, toujours possible.
J'ai coupé les contacts avec mes relations de
came, c'était indispensable... je croise encore quelques personnes, au hasard de mes sorties, mais je n'ai plus de relation suivie, et c'est mieux comme ça.
Mais je me sens seule. Vide. Je ne sais plus comment occuper le temps que j'ai...
Je vis en décalage complet avec la
société je dors n'importe quand, souvent dans la journée, la nuit je regarde la tv, seuls mes rdv au CSST rythment encore mes journées, et il m'est extrèmement difficile de me lever, d'arriver dans les temps avant la fermeture.
Je n'ai pas de rythme de vie en fait. Je ne mange pas, je grignote un peu, je ne me lave presque pas, parce que toutes ces petites choses si simples et si normales me semblent énormes, et représentent autant de difficultés que j'ai du mal à dépasser.
C'est tellement ridicule...
J'ai décidé de faire une post cure, je pense que ça me fera le plus grand bien. Il faut que je réapprenne à vivre normalement, à vivre, tout simplement. Pour le moment je vivote, et par moments je survis.
A terme, je veux reprendre mes études pour être infirmière. J'ai du les abandonner car dans les conditions actuelles, je n'étais plus capable du tout de les poursuivre... j'ai bien essayé mais c'était un fiasco. Mais je veux les reprendre, même si je dois commencer par me soigner, pour pouvoir le faire ensuite. Sans ce projet, je ne ferais plus aucun effort, je n'aurais pas envie de m'en sortir.
Malgré tout, le vide au quotidien est difficile à supporter. Le vide et la solitude.
Comment ceux qui sont passés par là , parmis vous, ont vécu et dépassé ces moments ?
Je suis fatiguée, lassée, mais heureusement je me dis que ça finira bien par s'arranger, que je vais me tirer de là et que j'en sortirais plus forte que jamais, du moins je l'espère !
Je vous embrasse tous, en espérant que je ne vous ai pas trop saoulés avec mes états d'âme, en tout cas ça fait du bien de poser tout ça, ça soulage, merci à ceux qui auront eu le courage de me lire :)
Bise à tous, et bon courage, quelle que soit votre situation et vos difficultés, n'abandonnez jamais.
Ciao !