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Parmi les produits ayant fait l’objet du plus grand nombre d’arnaques, tromperies ou adultérations, ce sont, comme les années précédentes, la cocaïne et la MDMA qui sont les plus concernées. Les produits par lesquels ces molécules peuvent être remplacées sont extrêmement variables : produits inertes (alun de potassium, lactose, bicarbonate de sodium…) ou produits pouvant plus ou moins imiter les effets attendus de la drogue comme l’éthylphénidate (NPS) pour la cocaïne ou l’éphylone (NPS) pour la MDMA, mais aussi des antagonistes telle que l’héroïne (dépresseur) à la place de la cocaïne (stimulant).
Des médicaments sont également utilisés comme la chloroquine (antipaludéen), arnaque classique de la MDMA sous forme comprimé (ecstasy), le bumétanide (diurétique) ou encore le sildénafil (molécule active du Viagra®), avec les conséquences et effets indésirables qu’ils peuvent engendrer. Les NPS font également l’objet de nombreuses « arnaques ». Il s’agit, tout d’abord, de la 3-MMC, une des cathinones les plus demandées, notamment auprès des chemsexeurs (personnes associant la prise de produits psychoactifs au plaisir sexuel dans un but de performance et d’augmentation de la libido) et des slamers (sous-groupe de chemsexeurs ayant recours à l’injection pour consommer des produits), dont on a observé une pénurie durant plusieurs mois en 2017, période au cours de laquelle plusieurs sites ont continué à prétendre la vendre alors qu’ils la
substituaient par d’autres cathinones n’ayant pas tout à fait les mêmes effets. Autrement, il apparaît que nombre de ces molécules, pour la plupart vendues sur Internet, sont en fait remplacées par d’autres molécules de la même famille d’effet ou bien mélangées à une ou plusieurs autres. Les risques d’intoxications sont donc nombreux car, selon les molécules, les dosages peuvent varier du simple au double, de même que les seuils de toxicité. On peut notamment remarquer la substitution du furanylfentanyl, un dérivé du fentanyl (opioïde) par un cannabinoïde de synthèse, le 5F-MDMB-PINACA dont les doses actives et toxiques sont très différentes.
La cocaïne qui rend « fou »
Une cocaïne, dénommée « écaille de poisson » du fait d’une poudre ayant l’apparence de paillettes nacrées, a été collectée car les usagers qui l’avaient consommée déclaraient qu’elle les « rendait fous ». L’un des usagers décrivait des sentiments paranoïaques et était notamment persuadé d’être suivi par des gens voulant lui dérober sa cocaïne.
Selon lui, il se retournait frénétiquement pour surveiller ce qu’il se passait derrière lui, sursautait au moindre bruit et consultait compulsivement son téléphone. Un tel tableau plus fréquent chez des usagers dépendants au crack, peut apparaître progressivement chez des usagers abusifs de cocaïne après plusieurs années de consommation.
Sa survenue soudaine et chez plusieurs usagers à la fois, même réguliers, exigeait une vérification du contenu du produit consommé. En effet, ce type d’effets secondaires constitue aussi une complication non rare de certaines prises de NPS.
L’analyse de ce produit collecté a permis d’identifier de la cocaïne mais dont la teneur était très élevée (84 %) sans qu’aucune autre molécule n’ait été retrouvée. Cependant, la réaction de ce jeune usager régulier, à la suite de la consommation de ce produit peut s’expliquer par la teneur élevée en molécule active. À ce niveau, on peut parler de produit quasiment pur. Ces dernières années et particulièrement en 2017, une augmentation des teneurs relevées dans les cocaïnes collectées ou saisies a été observée de même qu’une hausse des cas sanitaires en lien avec la prise
de ce produit (Tendances n°121). Ainsi, des teneurs élevées de cocaïne peuvent provoquer des réactions parfois violentes chez des usagers y compris s’ils en consomment régulièrement, avec parfois des conséquences psychiatriques. Bien sûr, comme tous les stimulants, la cocaïne à forte dose peut entraîner des affections somatiques et notamment au niveau du système cardiovasculaire.
L’éphylone anxiogène
Deux usagers ont rapporté pour analyse deux échantillons supposés être de la 3-MMC pour l’un et de la MDMA pour l’autre. Les deux personnes racontent une phase de descente (moment où les effets du produit diminuent jusqu’à disparaître) particulièrement difficile à vivre avec des bouffées d’angoisse, persistantes pour l’une d’entre elles et une phase de déprime de plusieurs jours. Il s’agit d’un épisode traumatisant pour les deux usagers : l’un raconte une expérience douloureuse avec un épisode de dépersonnalisation même s’il a très peu de souvenirs, l’autre évoque un sentiment de paranoïa et de claustrophobie. L’usager qui a consommé ce produit en pensant que c’était de la 3-MMC l’a pris en « sniff » et les effets sont apparus en 10 à 15 minutes ; il évoque un fort craving survenant juste après sa consommation (envie irrépressible de consommer le produit à nouveau), décrit d’ailleurs par de nombreux témoignages d’usagers. Par ailleurs, il avait utilisé un test colorimétrique pour la détection de méthylone, méphédrone, 3-MMC et 4-MEC qui avait réagi positivement. L’usager qui pensait consommer de la MDMA l’a prise par voie orale sous forme de parachute (poudre enrobée dans une feuille de papier à cigarette). Outre les effets psychologiques, il a présenté des difficultés respiratoires et des maux de ventre accompagnés de vomissements.
Les analyses des produits ont finalement permis de détecter qu’il ne s’agissait ni de 3-MMC dans un cas, ni de MDMA dans l’autre cas mais dans les 2 cas de l’éphylone. Autrement appelée N-ethyl-pentylone ou BK-EBDP, l’éphylone est une molécule de la famille des cathinones, des stimulants de synthèse dérivés de la cathinone naturelle, molécule active du khat, un arbuste de l’Afrique de l’Est. En plus de leurs propriétés stimulantes, les cathinones peuvent provoquer des effets plus ou moins empathogènes. L’éphylone a fait l’objet de nombreuses saisies en Europe sous différentes formes : poudre, cristaux mais aussi comprimés. Comme la plupart des cathinones de synthèse, l’éphylone est classée en France depuis l’arrêté du 27 juillet 2012 sur les stupéfiants et les substances psychotropes.
Les effets indésirables fréquents de ces molécules sont, au niveau somatique, hyperthermie entraînant hypersudation et déshydratation, tachycardie et serrement des mâchoires (trismus), et, au niveau psychiatrique, anxiété, paranoïa, dépression, fatigue et irritabilité. Plus gravement, dans les cas d’intoxications, il peut y avoir un déficit du contrôle moteur, une déshydratation critique, des attaques de panique accompagnées parfois de décompensations psychiatriques. Enfin, il faut noter que le test colorimétrique n’a pas permis d’éliminer/d’écarter avec certitude la présence de méthylone, de méphédrone, de 3-MMC ni de 4-MEC
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