Bonjour Néo,
Je comprends bien ce que tu dis. En fait, je trouve que l'addiction est un très long processus qui nous fait passer par des états mentaux divers et variés.
J'ai connu comme toi une époque ou l'idée de ne plus éprouver le plaisir de la
codéine n'était pas envisageable. J'étais d'ailleurs totalement incapable de retirer un seul cachet car l'envie me dévorais toute crue dès le 1er jour.
Le temps m'a fait évoluer, murir. J'ai compris que l'anxiété était à l'origine de ma consommation uniquement la nuit (pics anxieux et pour pouvoir notamment travailler en journée car la
codéine me donne des vertiges et me brouille le cerveau, je n'aurai jamais pu bosser et consommer en journée).
Un jour, j'ai compris que j'étais dans une impasse personnelle, que les effets secondaires prenaient le pas sur le bien être et le plaisir de la
codéine. J'ai surtout compris qu'il ne résolvait pas mon anxiété qui ne cessait de croitre. Elle mettait un mouchoir dessus la nuit, c'est tout. Bon, quand je tentais de retirer un cachet, c'était pareil, l'envie me rattrapais.
Un an après, après une énorme crise de micro occlusion intestinale qui a duré un mois (oh my god, un cauchemar absolu), je me suis rendue compte que j'avais placé des attentes dans la
codéine qui ne correspondaient plus à rien:
- Elle ne réduisait pas mon anxiété,
- Le plaisir procuré était contrebalancé par des effets secondaires de pire en pire,
- je m'étais renfermée sur moi et ma conso car je m'interdisais plein de choses comme prendre l'avion pour voyager, des WE entre amis par peur d'être prise sur le fait...
- j'étais prisonnière de ma tournée des pharmacies de Paris pour pas qu'on me reconnaisse et parfois c'était le cas et j'avais des remarques qui me faisaient pleurer de honte...
J'ai décidé d'y aller en douceur, un cachet par ci, par là et l'envie n'est arrivée que tardivement cette fois ci (à 12 cachets, sachant que je partais de 24).
J'ai fini le
sevrage en addicto car la
codéine n'était plus en vente libre et que de toute façon, la fin est assez difficile en dégressif, il vaut mieux être aidé. Ce n'est pas l'horreur du
sevrage brut, mais ce n'est pas une partie de plaisir non plus.
Donc en effet, quand j'ai pris cet
AD pour mon trouble anxieux, l'envie a disparu du jour au lendemain, c'était étrange et ça l'est toujours. Je pense que j'avais moi même muri et que l'envie était réduite car elle est arrivée tardivement. Je crois ensuite que je n'attendais plus rien de la
codéine, j'étais donc prête à renoncer à son plaisir. L'
AD a fait le reste.
Tout cela pour dire qu'il y a un temps pour tout et que tu ne dois pas culpabiliser de ce que tu ressens. Tu n'es pas prête à lâcher prise alors tiens comme tu le fais et du mieux que tu peux. Si jamais tu craques, il ne faudra pas en faire un plat. J'ai toujours considéré que l'important c'est d'évoluer, de comprendre pourquoi on est attiré vers un produit psychoactif car il y a toujours des raisons à la dépendance, d'essayer de temps en temps de modérer ou d'agir et parfois de retomber, jusqu'à ce qu'on soit prêt.
Pour le
TSO, je dois reconnaitre que je trouvais moi aussi que ça ne cadrait pas du tout avec ma personnalité. J'avais peur en fait de transformer 10 ans d'addiction, de plaisir et de souffrance en appuyant sur un petit bouton et clac. Je savais que je partais pour des années avec le
TSO et étant moi même très indépendante, ça me faisait flipper. Mon addicto l'a compris, elle m'a laissée totalement libre de gérer mon
sevrage dégressif à ma sauce. Je n'ai jamais eu la moindre réflexion ni de contrôle de mes stocks. En contrepartie, j'ai accepté l'
AD et il s'est avéré un plus pour moi. Avec cette liberté, j'ai fini mon
sevrage dégressif comme je l'entendais et pour l'instant ça tient.