Bonjour à tous.
Ce long post a pour but de démêler mes pensées, dans un but cathartique et de partager ce que je ressens, comme un témoignage qui se veut le plus sincère possible. Mi-littéraire, mi-gros bordel, ça risque d’être décousu, mais c’est normal. Je suis une personne naturellement décousue. Tout d’abord, je me présente vite fait. J’ai 23 ans, suis de petite constitution et très sensible à toutes les substances qui rentrent dans mon corps (dis comme ça, j'avoue c'est bizarre) et même si je tiens pas si mal l’alcool, je dois dire qu’il me suffit de quelques lattes de
weed pour être foncédée comme jaja : qu’importe le flacon, l’ivresse est toujours là.
Ce qui débutait comme une soirée annulée à la Clairière pour cause de gros orages, s’est transformée en nuit épique avec une pote fraîchement rencontrée la semaine passée. Le Rex Club : fameux pour sa techno puissante, ses toilettes qui deviennent épisodiquement un salon de thé et de maquillage, un repaire de loups de mer qui vendent leur
came au plus offrant, son fumoir irrespirable, et dans l’obscurité de la boîte, les grands yeux pétillants et les mâchoires serrées de danseurs aux fronts luisants.
J’étais de ceux-là hier soir. Cela faisait un an et demi que je n’avais plus pris d’exta. C’était la cinquième fois que j’en prenais un, toujours sous forme solide, genre les tic-tac à avaler tout rond : jamais, au grand jamais, n’ai-je pris plus d’une moitié - je suis sensible à ces machins-là. On avait pas mal bu d’alcool avant (une bouteille à 2 d’un cocktail de mon cru, vodka, citronnade, badoit, grenadine) et une grande bière, et je dois dire que tout allait comme sur des roulettes, bon rapport qualité-cuite.
Arrivée dans la boîte, je gobe un demi. Me rappelle même plus de la tête ou la couleur du truc. C’était pas prévu mais eh, ma pote me propose, et je dispose.
30 minutes après, je commence à me liquéfier (mains moites, sensations incroyables) à danser n’importe comment et me fondre dans la masse de gens qui grouillent. Dans mon comportement on reconnaît notamment plusieurs variantes de la « danse du poulpe » qui consiste à faire des vagues avec ses bras sur les côtés. Ca devrait être breveté... J’attrape ma nouvelle amie et lui fais des câlins, je saute au cou d’un de ses potes que je ne connaissais pas deux minutes plus tôt. Ma pote sourit, veille sur moi, me répète de bien kiffer et de profiter à fond de la soirée. Tout se passe bien. Une impression d’amour et de désir universel, fusionnel et physique, extraordinaire, m’assaille et me rétame, la montée est violente, c’est les montagnes russes. Tout est beau, tout est bon, mon corps est un réservoir inépuisable de nouvelles sensations, ma vision est focus et le monde devient un décor de films à travers mes yeux ronds comme des soucoupes.
C’était comme la première fois que j’ai pris de l’exta, aussi fort, aussi dingue. Je ne pensais pas avoir les capacités sérotoniennes de revivre ça un jour. Ma pote, qui voit bien que je suis partie en trip, me donne un chewing-gum - que je suis, après coup, quasiment sûre d’avoir avalé - et je commence à mastiquer furieusement, presque comiquement, avec l’envie de graille le monde entier.
Une heure après (ou plus ? ou moins ? je n’avais, à vrai dire, aucune notion du temps) des hauts-le-cœur me font redescendre de mes nuages. Dans mon corps, une urgence irrépressible, quelque chose ne va pas. Je met ma main devant ma bouche et dévale les escaliers. Mon estomac fait des bonds. Heureusement, personne ne me voit dans cet état. Je reste 5 minutes aux toilettes, on peut parler sobrement d’un vomi efficace. Kudo au monsieur travaillant là, qui m’a tendu un verre après en disant « tiens ma chérie. ». Il a dû en voir d’autres. Après coup, j’ai bu beaucoup d’eau et fumé, et les effets de l’exta ont diminué de 80% après mon passage au sous-sol ....ce qui sur le coup, je dois l’admettre, m’a bien soulagé, malgré mes dents toujours vissées les unes sur les autres.
Je rentre vers les coups de 5-6 heures. Ce matin, je me réveille dans mon lit, 11h, file sous la douche, et n’arrive pas à réprimer une folle envie de pleurer. Mes mains tremblent en tapant à l'ordi, ma mâchoire est serrée, j’ai une boule dans la gorge. En ce moment, en PLS dans mon lit avec les cheveux mouillés qui suintent encore d’une vieille odeur de clope, j’écris avec de la musique des Beatles et du Lofi-Hip hop (je vous conseille d’ailleurs Solitude de leaf beach, arrêtez de lire, allez écouter ça c’est bien chill) et j’ai des sensations de sensibilité, d’irritabilité qui me traversent et m’irradient de chagrin en s’espaçant . Parfois ça va, et je suis sur une bonne vibe, juste fatiguée. Parfois j’ai juste envie de pleurer un bon coup, trouver un film bien triste et me complaire dans un spleen inexplicable. J’ai mangé une banane, un burger maison et j’ai juste envie de fumer de la
weed ou faire un câlin à quelqu’un et aller comater dans un parc au soleil... plus de conso, personne dispo, moral à zéro. Et me voilà à errer sans but à la recherche de l’insaisissable sur internet.
En fait la vérité sur ce qui me rend triste, c’est que j'ai une impression de gâchis qui me prend à la gorge, d’avoir conscience d'avoir détruit sciemment mon taux de bonheur. Comme une auto-destruction programmée et recherchée. Je crois que j’ai beaucoup trop lu d’informations sur internet par rapport à l’exta et que ça me travaille. L’impression de me flinguer, que toute ma joie et ma force se sont concentrées en des soirées, au final pas si extraordinaires que ça, par rapport au compte-rendu purement chimique qui s’en dégage. Pourtant, j’ai toujours été raisonnable et lucide.. en tous cas plus, je pense, que tous mes amis consommateurs réunis, en ne prenant jamais plus d’un demi tous les six mois. Enfin, je sais pas, y’a quelque chose de plus. Je m’étais toujours dit que la prochaine fois que j’en reprendrais ce serait en pleine campagne, en vacances, dans les bois, avec des amis très proches. C’est comme si je m’en voulais d’avoir été si à découvert, si vulnérable, dans un club, d’avoir recherché un état qui n’est qu’un leurre, qui ne m’apportera jamais plus que tout le bonheur possible chimiquement, quelques heures de ma vie. Et tout ça, pour rien. La désillusion d’avoir pu toucher l’infini du bout des doigts pendant quelques heures et d’en avoir rien à foutre. Comme si j’aurais voulu vivre une expérience mystique et inoubliable, plutôt qu’une soirée dans un contexte festif de beuverie dans un club. Est-ce que c’est une phase ? Je n’en sais rien. C’est peut-être juste la fatigue. Une chose est sûre, ça va passer...
Je sais pas trop à quoi ça rime tout ça, mais je suis contente de l’avoir écrit. Hésitez pas à donner votre ressenti ou laisser un petit commentaire.
Merci de m’avoir lu.