le "tox" et l'institution hospitaliere

Publié par ,
11205 vues, 32 réponses
cardio
Nouveau membre
Inscrit le 19 Sep 2010
4 messages
bonjour à  tous les consommateurs et les abstinents...

Je suis étudiante infirmière, en 2eme année, et j'évolue depuis 4ans dans la RdR festive.

Mon activité de bénévole aupres des UD récréatifs et le passé de ma famille ont orienté tres tot mon interet vers l'addictologie.
En entrant en école d'infirmiere, j'etais pleine d'enthousiasme à  l'idee d'acquerir des connaissances dans le champs des addictions.
J'ai ete tres vite decue... lors que j'ai pris en charge des patients consommateurs ou substitues hospitalises, j'ai decouvert que le milieu paramedical mene la vie dure aux toxs qui sont pourtant des malades comme les autres...
vraiment, j'ai vu des injustices... certaines infirmieres ont refuse de realiser des soins sur une patiente parce qu'elle consommait. Dans un autre service, on a refuse a une patiente VIH en fin de vie ses bolus de morphine, alors qu'elle souffrait vraiment, parce que l'infirmier etait persuadé qu'elle lui faisait une feinte pour se fonsder... je ne croyais vraiment pas rencontrer dans l'hopital ce genre de caricature grossiere...

mue par la conviction qu'il faut agir pour faire evoluer les mentalites, j'ai donc decide de m'orienter en addicto apres mon diplome.
et pour commencer, j'ai effectue un stage en CSAPA, et un stage en ECIMUD.
j'y suis allée avec des a priori sur l'equipe soignante, avant de m'apercevoir que je me fourvoyais. Les infirmiers de ces deux institutions n'ont pas les idees preconcues des autres services hospitaliers. Ils sont comprehensifs, plutot arrangeant avec les UD, attentifs a leurs besoins tant que possible.
Mais voila: je viens du milieu festif, et au CSAPA on m'a enormement parlé du CADRE.
une maniere carrée de se comporter avec les patients, qui passe par plein de symboles:
la blouse blanche, le vouvoiement, des horaires assez stricts, la menace du renvoi si les regles ne sont pas respectee, etc...
du coup, je me sens un peu perdue entre mon monde festif et mon monde professionnel. j'ai la sensation qu'un cadre trop rigide est prejudiciable aux substitues qui ont souvent deja du mal a cadrer leur propre vie, j'ai la sensation de les tenir à  distance avec les regles.

est ce moi qui ai une vision deformee par mon engagement en tant que volontaire à  techno+, et que mon habitude du festif deforme mes actions professionnelles, ou ai je raison de penser que les institutions trop reglementees ne sont pas adaptees aux UD?

si quelqu'un à  une opinion sur la question, un temoignage j'aimerai qu'il me donne son avis. Parce qu'apres tout, les services d'addicto sont fait pour s'adapter aux UD, et non l'inverse, non?
merci d'avance!

Hors ligne

 

avatar
Stelli femme
Modératrice - Dinosaure de PA
Inscrit le 06 Nov 2006
2161 messages
Tout d'abord, Merci pour ton témoignage et ta volonté d'engagement, il en faut comme toi pour avancer.

Je comprends que tu aies pu être choquée par le comportement de certains soignants avec les UD ou même ex-UD, effectivement, les clichés ont la vie dure, et malgré des avancées importantes par ailleurs, il existe et persiste dans les services classiques (non spécialisés dans les addictions) des problèmes avec le genre de comportement que tu cites. Ce n'est pas normal et il ne faut pas hésiter à  faire remonter ça comme tu peux, par exemple par tes compte-rendus de stage (tu peux y parler de ce qui t'as choqué alors profites-en).

Pour ce qui est de tes stages dans les services addictos, je ne suis pas surprise, il existe une idée comme quoi il faut cadrer le tox, qui ne sait pas se cadrer lui même. Je ne sais pas si c'est bien fondé, je ne saurais pas trop te répondre, mais il y a cadre et cadre.... c'est normal qu'on te demande de garder de la distance, dans ton rôle de soignant, la distance est importante, ça te sert à  te protéger ! Sa,s cette distance minimum, tu rentres dans la vie des patients et tu ne peux plus te protéger, ni les aider comme tu veux.
Un certain cadre est nécessaire aussi pour le traitement, c'est la loi aussi on n'y peut rien, mais pour la délivrance de la métha par exemple, il y a tout un tas de règles à  respecter. A toi après de faire la part des choses.
Enfin, chaque service addicto fonctionne à  sa façon, et dans beaucoup, le cadre n'empêche pas d'être humain malgré tout ! Dans mon CSST on vouvoie les soignants, eux nous tutoient, ça me pose pas de problème et le cadre est respecté malgré tout !

Je ne sais pas si j'ai répondu à  ta question, mais j'avais envie de donner un peu mon avis car ton parcous me touche (j'ai aussi commencé l'IFSI puis arrêté cause trop de pb persos, et je suis aussi, de par mon parcours intéressée et ai envie de m'impliquer auprès des ud)

Hors ligne

 

avatar
Alain Will homme
ancien Vice-Président
Inscrit le 14 Oct 2008
9618 messages

cardio a écrit

du coup, je me sens un peu perdue entre mon monde festif et mon monde professionnel. j'ai la sensation qu'un cadre trop rigide est prejudiciable aux substitues qui ont souvent deja du mal a cadrer leur propre vie...

Salut cardio, bienvenue sur le forum...

Je ne suis pas certain d'avoir compris la finalité de ton message. Pou reprendre la phrase citée ci-dessus, je crois qu'il ne faut pas tout mélanger. Le cadre de vie (privée) des usagers ne regarde que les usagers ; le "monde festif" n'a rien à  voir avec le "monde professionnel".

Et que ce soit dans un CSAPA, un CAARUD, un service d'addicto, la première des règles est le respect des uns envers les autres. Sans oublier ce qui va bien avec : le vouvoiement (sur le long terme) n'est pas obligatoire, mais le bonjour, si. Les horaires ne sont pas faits uniquement pour les chiens, d'autant qu'il y a très souvent des interventions personnalisées hors ouverture, (même si cela dépend des centres et des personnes qui y travaillent), perso, ce que j'ai pu constater c'est une demande de respect et donc d'un règlement de la part des usagers que je peux y croiser.

Ce qui ne veut pas dire que c'est valable partout. En revanche, quels que soient les caractères des personnes croisées, toutes se plient aux "directives"... Pour le bien-être de tout le monde... Et ça n'a jamais tué personne.

D'un autre côté, l'usager que tu va rencontrer dans un CAARUD va te parler de certaines choses. Lorsque tu croisera ce même usager assis dans un parc ou lors d'une teuf, le discours (et la relation) pourra être différent. C'est en cela que je disais qu'il faut faire le distinguo entre le festif et le professionnel.

Il faut savoir aussi que de nombreux CSAPA sont intimement liés aux CAARUD. Soit par leur direction, personnel infirmier, (sans parler des infrastructures), etc... Si un CAARUD fait bien son travail, ce qui s'y passe ne doit pas arriver aux oreilles de ceux qui exercent au CSAPA. C'est là  l'utilité des deux lieux dont la finalité n'est pas la même.

Est-ce bien de ceci dont tu voulais parler ??

ps : ton témoignage sur ce que tu as pu voir en service hospitalier est à  gerber...


Il m'arrive de trouver que la vie est une horrible plaisanterie. F. Sagan.

Je vois dans la révolution la revanche du faible sur le fort. La liberté est un mot que j'ai longtemps chéri. Sade (Le marquis de)

Hors ligne

 

Sakura41
Nouveau Psycho
Inscrit le 22 Jan 2009
151 messages
Bonjour,
J'ai rebondis sur la même phrase qu'Alain, je crois qu'il ne faut pas tout mélanger.

Les préjugés ont la vie dure.
Pour ce qui est des soignants, et pour l'avoir vécu, c'est effectivement à  gerber, mais hélas bien réel. Que pouvons nous faire ?

Lors d'une de mes  interventions chirurgicales, j'ai joué la transparence avec l'anesthésiste,consciente du risque que je prenais en dissimulant, mal m'en a pris, autant lui, a pu être "compréhensif" autant les infirmiers et infirmières du service, m'ont mise à  l'écart, j'ai été blessée par leurs façons d'agir, leur visage était fermé quand ils entraient dans ma chambre, ils/elles effectuaient le minimum, le sourire était de trop, la souffrance normale donc non traitée.

Sans compter le chirurgien qui, à  l'époque, avait demandé sans mon autorisation, les tests vih et Cie. Bref, je ne connaissais pas l'existence d'Asud, car je n'aurais pas hésité un seul  instant. Résultat des courses: dissimulation et mensonges pendant des années pour ne pas avoir à  revivre cela !

"La discorde est le plus grand mal du genre humain et la tolérance en est le seul remède " Voltaire.

Hors ligne

 

cardio
Nouveau membre
Inscrit le 19 Sep 2010
4 messages
merci pour vos témoignages!

je crois qu'en fait j'ai besoin de connaitre le ressenti des usagers de ce genre de structure pour me faire une opinion proche de la realité...
alain will, tu me dis que tu ne comprends pas la finalité de mon mesage, yen a pas trop en fait. je voulais que les gens rebondissent sur mon histoire pour me donner leur avis, ca m'aide a me faire le mien :)
j'ai un exemple qui m'a laissé perplexe: lors d'un entretien, un des UD a dit à  son médecin qu'il continue l'injection, en parle un peu... et annonce qu'il dilue avec du citron. J'aidonc essayé de lui parler du risque qu'il prend, d'utiliser plutot de lacide citrique. une fois l'entretien terminé, le medecin m'a dit que ce genre de propos n'a pas lieu d'etre dans un CSAPA. l'infirmiere, elle, ne connaissait pas le sterifiltre.... la prevention primaire a l'air d'etre deplacee au sein de ce "cadre institutionnel"... d'autant plus qu'ils n'ont pas de partenariat avec un caarud.
c'est vraiment hors cadre de parler de rdr lié à  l'usage, ou est ce normal? j'ai du mal a faire la part des choses...

Hors ligne

 

avatar
Stelli femme
Modératrice - Dinosaure de PA
Inscrit le 06 Nov 2006
2161 messages
ça me fait penser à  mon csst où la rdr n'existe pas... aucun partenariat avec le caarud qui existe aussi dans la ville... du coup j'en ai ignoré l'existence pendant des années... je ne comprends pas non plus ce refus de faire entrer la rdr dans ces institutions ... là  bas à  part sevragte et substitution.... bref... je voulais juste te dire que ce n'était pas un cas isolé.

Hors ligne

 

avatar
Alain Will homme
ancien Vice-Président
Inscrit le 14 Oct 2008
9618 messages
Ca n'est pas normal : une infirmière exerçant en CSAPA ou en CAARUD se doit de connaître les Stérifilts®. Les éducateurs et travailleurs sociaux sont là  pour en expliquer le maniement. Humble avis perso, il n'y a pas à  revenir sur ce point.

Quant au discours du médecin au sein du CSAPA, je ne suis pas là  pour juger, n'étant pas moi-même médecin d'un centre. Mais visiblement, la RDR et lui font 33. Ca lui donnera sans doute à  réfléchir lorsqu'il aura à  expliquer à  son usager ce qu'est une poussière, une septicémie, un syndrome de  popeye, une sclérose veineuse,... (si tant est qu'il le fasse, d'expliquer...)

Il m'arrive de trouver que la vie est une horrible plaisanterie. F. Sagan.

Je vois dans la révolution la revanche du faible sur le fort. La liberté est un mot que j'ai longtemps chéri. Sade (Le marquis de)

Hors ligne

 

avatar
Alain Will homme
ancien Vice-Président
Inscrit le 14 Oct 2008
9618 messages

Sakura41 a écrit

...Sans compter le chirurgien qui, à  l'époque, avait demandé sans mon autorisation, les tests vih et Cie.

Et moi je vais rebondir sur ta remarque... je vais chercher les textes actuels mais quel que soit leur contenu, mon petit doigt me dit que les choses n'ont pas forcément "changé". Je m'explique :

Il m'est arrivé deux fois de faire de moi-même, car j'en avais le droit (CSP de l'époque), un dépistage VIH pour deux patients dans un labo. Ce n'était pas outre-passer mes prérogatives. Il y a effectivement une question d'éthique et de déontologie qu'il ne faut pas négliger ; on ne fait pas ça à  la légère...

Si j'ai pris cette décision sans prévenir les personnes, c'est que j'avais, professionnellement, de bonnes raisons.

Bis repetita placent, je vais chercher ce qu'il en est à  l'heure actuelle. Les choses ont sans doute changé. Mais je pense qu'il ne faut pas en vouloir forcément au professionnel qui effectue ce test sans que ce soit la personne qui le demande. C'est, c'était dans mon cas, pour le bien des personnes (dont l'une savait sans l'avoir dit qu'elle était effectivement séropositive ; je l'ai su au rendu du résultat).

Il s'est avéré, malheureusement, pour les deux cas, que les tests se sont révélés positifs. Et il a fallut prendre beaucoup de précautions, de temps, "de savoir-faire", une bonne entente avec le généraliste à  l'origine d'une toute autre prescription pour aboutir au rendu du résultat. Sans parler des conséquences que cela a pu avoir. C'est quelque chose qui marque forcément.

Certains diront ou penseront que je joue l'avocat du diable, mais croyez-moi, je ne pouvais mieux faire. Si c'était à  refaire, je le referais sans hésiter davantage que je ne l'ai fait à  l'époque. Et j'ai "pris mon temps"...


Il m'arrive de trouver que la vie est une horrible plaisanterie. F. Sagan.

Je vois dans la révolution la revanche du faible sur le fort. La liberté est un mot que j'ai longtemps chéri. Sade (Le marquis de)

Hors ligne

 

avatar
mikykeupon homme
Modérateur à la retraite
Inscrit le 10 Mar 2009
9631 messages
Salut, pour avoir travailler dans un CAARUD je ne peux qu'être d'accord avec vous sur le fait que bien des CSST ne font pas de RdR.

Le CSST de la ville où je travaillais ne voulais même pas entendre parler de seringues, et beaucoup d'autres témoignages vont dans ce sens.

Pourquoi n'essaierai tu pas justement un CAARUD qui je pense correspondrai plus à  tes convictions personnelles ?

Hors ligne

 

avatar
bighorsse femme
Banni
Inscrit le 19 Mar 2007
8506 messages
a quoi sert un caarud s'il n'est pas là  pour faire de la RDR ? c'est sa raison d'être!!!
je ne suis pas du tout ok avec stelli quand elle dit "dans mon csst nous on vouvoie le personnel; eux nous tutoie!!!" quelle dissymétrie dans les relations!!!! cela est comparable à  l'adulte qui dit "tu" au jeune et le jeune qui doit vouvoyer les adultes !!! il n'est pas acceptable de laisser ce genre de situation tel quel car alors les UD acceptent d'être considérés comme "inférieurs"; le vouvoiement ou le tutoiement doivent être réciproques : tous le même language!

dans pas mal de villes les csst font comme si les caaruds n'existaient pas! cela fait partie de la vision schizo de la médecine qui "soignent" avec les substitutions mais se refusent aveuglement à  aller plus loin dans la RDR ; il ne faut pas oublier l'histoire des centres de soins qui ont été responsables de l'abscence de substitution pendant près de 20 ans!!!

cardio
tu n'as pas fini d'être "choqué" par ce que tu verras et entendras! ce que moi je peux te dire c'est :fais attention à  toi! ne mélanges surtout pas ta vie privée et ta vie professionnelle car sinon la suspiscion que tu "en es" ( faire partie des UD)  te portera préjudice! soit habiles, poses tes questions ou tes étonnements en t'appuyant sur la théorie, pas sur ta pratique perso!!!

l angoisse est le vertige de la liberté

Hors ligne

 

jegthegui
Psycho junior
Inscrit le 11 Jan 2007
204 messages
Bonjour Cardio,

Je trouve en effet étonnant que le personnel tutoie en demandant d'être vouvoyé !!! Pour bosser dans les deux, au CSAPA où je suis, tout le monde se vouvoie, au CAARUD, tout le monde se tutoie. Des choix...de cadre en effet.

ET la question du cadre ne peut être vue de façon manichéenne. Bon ou pas bon ? Et bien les deux mon capitaine ! Nous avons mis en place un diagnostic sur la nécessité, le besoin d'ouvrir des services de seuil adapté pour la métha au CSAPA. L'équipe du centre de soins est consciente du fait que, si le cadre est bon pour certaines personnes, il peut en empêcher bien d'autres de venir !

Mais ce qui m'a vraiment surpris dans les résultats de l'enquête par questionnaire, c'est que 80 % des usagers inscrits au protocole metha trouvent le cadre bénéfique. Pour un tiers, parce qu'il oblige à  la reprise d'un rythme, pour un autre tiers parce que le suivi pluridisciplinaire permet un suivi global, et enfin pour un autre tiers pour l'écoute et la disponibilité des professionnels.

J'estime donc que le cadre, à  des fins thérapeutiques, et pas à  des fins de relation dominant / dominé, peut être bénéfique, mais qu'il ne convient pas à  tous. Encore une fois, c'est en élargissant la palette de réponses possibles pour s'adapter à  l'usager/patient, en écoutant ce qu'il souhaite, ce qu'il peut faire, ce qu'il estimera bon pour lui que l'on se trompera le moins !

Et enfin, c'est vrai que y'a du boulot pour faire évoluer les représentations. Maintenant, à  chaque orientation aux urgences du CAARUD, on demande à  l'usager si elle souhaite qu'on l'accompagne.  Ca permet un tout petit peu d'atténuer ces représentations, mais c'est loin d'être gagné, puisqu'on est, nous aussi, pris de haut.

Hors ligne

 

meĩ
Nouveau Psycho
Inscrit le 19 May 2010
59 messages
bonjour,
ici le csst (je ne sais pas si ça en est un mais je pense que oui, bref, le centre adddicto) est relativemen cool je trouve...bon, ça reste un milieu hospitalier.
mais les relations avec mon addicto sont sympas, relativement détendues.
et le jeune homme de l'équipe de l'accueil de jour me tutoie quasi depuis le début.....

par contre en effet je crois qu'il n'y a pas de liaison caarud/centre. mai il y a une pub pour le caarud au csst.(et inversement je crois....)

Hors ligne

 

avatar
prescripteur homme
Modérateur
Inscrit le 22 Feb 2008
12147 messages
La question de la blouse blanche est un de mes sujets favoris.
Je me bats depuis longtemps dans mon hopital pour que les medecins soient AUTORISES à  travailler en civil. Notamment en addictologie et soins palliatifs. mais je suis allé aussi en stage au Chidren's hospital de Boston (Un des meilleurs hopitaux d'enfants au monde) où chacun a le droit de travailler en civil, même en soins intensifs post chirurgie cardiaque. Je travaille aussi en Oncologie et certains medecins du CHU viennent consulter en civil.
Malheureusement le service d'hygiene fait une pression d'enfer et je suis sur le point de perdre mon combat !!
A mon avis l'argument d'hygiene est un faux semblant quand on ne fait qu'une consultation sans geste technique, donc je pense que la raison principale est d'instituer une barrierre entre le soignant et le soigné et c'est pourquoi consulter comme médecin en civil est vu comme une trahison par les tenants du "pouvoir medical". C'est evidemment tout un programme quant à  la relation medecin-malade. ceci explique que la resistance soit plus forte dans les specialites qui imposent du relationnel = psychiatrie, addictologie, douleur, oncologie, soins palliatifs et pediatrie notamment.
En tous cas dans notre CSST personne n'aurait l'idee saugrenue de s'habiller en blouse blanche. Il m'est arrivé quelques rares fois de venir en blouse blanche en urgence et j'ai fait peur aux soignants comme aux soignés.
Amicalement

S'il n'y a pas de solution, il n'y a pas de problème. Devise Shadok (et stoicienne)

Hors ligne

 

avatar
prescripteur homme
Modérateur
Inscrit le 22 Feb 2008
12147 messages
J'aimerais bien des commentaires sur la blouse blanche. Quel que soit votre avis bien sûr.
Amicalement

S'il n'y a pas de solution, il n'y a pas de problème. Devise Shadok (et stoicienne)

Hors ligne

 

avatar
Alain Will homme
ancien Vice-Président
Inscrit le 14 Oct 2008
9618 messages
J'attendais pour répondre ; "les autres d'abord"... Mais dans quel contexte précis prescripteur ? Celui d'un CSAPA, d'un CAARUD, d'un service d'addicto hospitalier ? Ou dans n'importe quel contexte ?

Si je demande, c'est que j'en aurais long à  dire... et je doute que cela passionne les foules. Faut dire que lorsqu'on porte la blouse blanche et qu'il arrive un moment de sa vie où l'on doit en permanence la mettre et l'enlever, passer d'un côté du bureau et de l'autre, ça peut donner aussi un certain recul.

Il m'arrive de trouver que la vie est une horrible plaisanterie. F. Sagan.

Je vois dans la révolution la revanche du faible sur le fort. La liberté est un mot que j'ai longtemps chéri. Sade (Le marquis de)

Hors ligne

 

avatar
Stelli femme
Modératrice - Dinosaure de PA
Inscrit le 06 Nov 2006
2161 messages
Détrompes-toi Alain, ça passionne les foules wink enfin, au moins un certain nombre de personnes j'en suis sûre!

J'avoue personnellement ne jamais m'être posée la question, mais votre avis m'intéresse.

Dernière modification par Stelli (22 septembre 2010 à  13:53)

Hors ligne

 

avatar
prescripteur homme
Modérateur
Inscrit le 22 Feb 2008
12147 messages
Je pensais bien sûr à  la blouse blanche d&ans le contexte de l'addictologie , plutot hospitaliere (cf temoignage de cardio sur son stage)(nb= je ne pense pas que la blouse blanche soit utilisée  en extra hospitalier mais je me trompe peut etre).. Bien sûr la blouse blanche n'est qu'un "accessoire" à  tous points de vue mais je pense qu'il symbolise et cristallise la distance mise avec le client et dans ce sens son abandon est deja un gros progres.
Amicalement

Dernière modification par prescripteur (22 septembre 2010 à  14:03)


S'il n'y a pas de solution, il n'y a pas de problème. Devise Shadok (et stoicienne)

Hors ligne

 

Mad Professor
Tableau B
Inscrit le 19 Apr 2010
832 messages
Pas de blouses blanches dans mon CSAPA (pfff, ces changements de noms à  répétition).

Par contre je connais un centre qui était très mauvais et utilisait des blouses blanches: lien de cause à  effet? Je pense que oui.

La marge, c'est ce qui tient la page (Jean-Luc Godard)

Hors ligne

 

avatar
bighorsse femme
Banni
Inscrit le 19 Mar 2007
8506 messages
la blouse blanche est d'abord un symbole très puissant du savoir de celui qui la porte; on sait tous que ce n'est pas n'importe qui qui la porte! dans un hopital par ex on identifie de suite les fonctions selon les blouses, leur couleur....il y a des codes; celui de la blouse blanche est le plus élevée , et tous le savent...il suffit de voir les patients dans une salle d'attente et la modification subtile de leur attitude si c'est une blouse blanche ou non qui vient les chercher....
elle sert pour celui qui la porte à  être identifié facilement (pas besoin de nom ) et sert à  lui conférer une autorité indiscutable dans le domaine qui est le sien
mais elle sert aussi à  mettre à  distance! assurer une distance profonde entre celui qui sait et le patient; ajouter un bureau entre les deux et vous avez les ingrédients recherchés pour une relation dissymétrique, où l'un domine l'autre (par la position le savoir le savoir supposé etc...)
il y a aussi la mise à  distance necessaire du médecin à  l'égard du patient: soigner le corps necessite une certaine "froideur de la pensée" afin de mieux penser les soins adéquats..les affects ne doivent pas venir faire des "échos" qui troubleraient le diagnostic
maintenant concernant l'addictologie il s'agit de savoir comment les médecins se situent! s'ils conservent cet abord purement médical , alors pour eux la blouse blanche se justifie
par contre s'ils font entrer le psychologique dans leur abord des addictions, même s'ils sont prescripteurs, alors la blouse blanche ne se justifie plus de la même façon; elle devient rempart contre l'autre, le tox, contre son "étrangeté" , contre son "savoir fort dérangeant"; là  c'est seulement le médecin qui est comme obligé de se défendre car on sait bien que les tox ont cette prétention de "mieux savoir ce qu'il lui faut que le médecin lui même"; cette mise en cause radicale du sujet supposé savoir (le médecin) vient alors justifier (aux yeux du médecin) cette blouse blanche , venant faire rappel de qui pose la loi (le traitement; la maniere de le conduire etc...

l angoisse est le vertige de la liberté

Hors ligne

 

avatar
Alain Will homme
ancien Vice-Président
Inscrit le 14 Oct 2008
9618 messages
J'avais bien prévu une réponse hier mais je renonce finalement, pour l'instant. Les grandes généralités passent mal après un petit déjeuner tardif... Je dirais juste que mon addicto n'a jamais porté de blouse blanche avec moi. Normal, on arrivait tous deux du centre ville en même temps... Et on papotait dans les allées de l'hosto...

prescripteur a écrit

nb= je ne pense pas que la blouse blanche soit utilisée en extra hospitalier mais je me trompe peut etre...

J'en ai porté une (de façon très variable, selon les circonstances) pendant des années en exerçant en LABM ; ce qui était d'ailleurs un sujet de discussion de prédilection du personnel. Allez un détail malgré tout qui se rapproche un tant soit peu du monde de l'addicto : je n'en ai jamais mis lorsque je me rendais en maison d'arrêt. Pas plus que pour les enfants (je ne parle pas des nouveaux-nés), ni pour les "domiciles" dans un autre registre.

ps : quant au rempart évoqué par bighorse, elle ne me servait certainement pas à  ça. Cela aurait été à  mon sens se fourvoyer. Mon mental suffisait (du moins il était là  pour ça ; ressenti personnel).

prescripteur a écrit

Malheureusement le service d'hygiene fait une pression d'enfer et je suis sur le point de perdre mon combat !!

C'est effectivement probablement perdu d'avance... Après les impératifs que j'ai pu connaître au sein de l'AP-HP, la liberté du secteur privé, je pense qu'aujourd'hui les consignes font que ce combat me semble mal barré... tout spécialement en milieu hospitalier ; "l'essor" (médiatique ?)  des maladies nosocomiales n'y tant peut-être pas étranger, comme bouc émissaire...


Il m'arrive de trouver que la vie est une horrible plaisanterie. F. Sagan.

Je vois dans la révolution la revanche du faible sur le fort. La liberté est un mot que j'ai longtemps chéri. Sade (Le marquis de)

Hors ligne

 

avatar
prescripteur homme
Modérateur
Inscrit le 22 Feb 2008
12147 messages
Merci à  Big et à  Alain de leurs temoignages.
Rien à  redire, ils se suffissent à  eux même.
Reste le pb posé par Cardio de certaines attitudes psychorigides.
A mon avis cela repose le pb de fond, qu'on oublie souvent = pourquoi cette exception pour la toxicomanie (CSST, gratuité, reglements d'exception)  alors que le concept d'addictologie renvoie à  "une maladie comme les autres".
La gratuité est certes interressante pour l'usager mais elle limite les possibilités d'intervention des soignants. Ainsi dans notre CSST nous sommes finances pour 20 places Methadone,. En tirant surr tout nous arrivons à  avoir 40 usagers mais comme nous ne pouvons pas aller au dela il y a une liste d'attente de 2 mois.
Si la toxicomanie etait financee selon le droit commun (consultations remboursees etc..) il ya aurait plus de chances pour que l'offre soit adaptée à  la demande. Et aussi que la demande suscite un effort d'attractivité minimal de la part des soignants.
Amicalement

S'il n'y a pas de solution, il n'y a pas de problème. Devise Shadok (et stoicienne)

Hors ligne

 

avatar
Stelli femme
Modératrice - Dinosaure de PA
Inscrit le 06 Nov 2006
2161 messages
Ce que tu soulignes sur le nombre de places financées rapporté à  l'attente pour avoir la métha est intéressant (désolée si le sujet glisse), on se plaint souvent de cette attente en temps qu'usager sans forcément savoir ce qui est est la cause... à  part parfois une espèce "d'évaluation"...

Hors ligne

 

avatar
prescripteur homme
Modérateur
Inscrit le 22 Feb 2008
12147 messages
Il y a en effet l'evaluation qui prend entre une et trois semaines , selon le rythme des consultations et la situation de l'usager (il faut en principe une cs de medecin, une de psychologue et une sociale + une decision de staff (souvent hebdomadaire)).
Mais en plus, quand il n' y a plus de place dans le programme , il y a une liste d'attente pour commencer ou conclure l'evaluation et commencer le traitement. Chez nous cela va de 0 jours (parfois) à  2 mois. Je crois que ce genre de liste d'attente existe un peu partout.
Amicalement

S'il n'y a pas de solution, il n'y a pas de problème. Devise Shadok (et stoicienne)

Hors ligne

 

avatar
Stelli femme
Modératrice - Dinosaure de PA
Inscrit le 06 Nov 2006
2161 messages
merci pour ces précisions. Je crois, aussi, que ça dépend de la situation de chaque patient. Ça sera forcément plus rapide pour un patient connu du centre que pour quelqu'un qui n'est jamais venu avant la demande de métha. Pour ma part, j'étais justement connue du centre, et ça a du mettre une semaine tout au plus, le temps que l'équipe valide le passage sub/métha, ça facilite les choses d'être déjà  patient au centre, mais bon ça dépend aussi, comme tu le soulignes, des places disponibles.

Hors ligne

 

queb69
Polytoxinformaticien
Inscrit le 24 Aug 2010
203 messages
par rapport au tutoiement/vouvoiement c'est clair que ça fait une énorme différence, je continue a aller a l'HP en art thérapie, et dans le service c'est vouvoiement et dans l'atelier on se tutoie, on se fait même la bise, et je m'y sent bien, j'y vais depuis plus d'un an, je sais que quand ça va pas je peux me confier et discuter sans crainte d'être jugé ou autre, tout en étant sur de la qualité des réponses !!

Comment savez- vous que la Terre n'est pas l'enfer d'une autre planète ?(A Huxley)
Ancien SDF, 4 ans de rue, des années de tox, venez voir mon blog http://www.adhaine.org !
Enfermés Dehors La communauté des marginaux http://forum.enfermes-dehors.org

Hors ligne

 

avatar
prescripteur homme
Modérateur
Inscrit le 22 Feb 2008
12147 messages
Le probleme est que le bon usage du tutoiement est tres dependant du contexte.
Il peut etre un tutoiement d'empathie comme dans le cas que tu cites mais il peut aussi etre intolerable quand il est imposé, ou qu'il traduit un mepris implicite ou qu'il impose une "proximité" non souhaitée. D'ailleurs les textes officiels tendent à  l'interdire totalement par exemple à  l'hopital, en prison ou dans les residences pour personnes âgées ou handicapées.
Je pense que le "bon" tutoiement devrait continuer à  etre toléré, selon des modalités à  débattre pour en éviter le mesusage.
Amicalement

S'il n'y a pas de solution, il n'y a pas de problème. Devise Shadok (et stoicienne)

Hors ligne

 

avatar
bighorsse femme
Banni
Inscrit le 19 Mar 2007
8506 messages
en SuEDE par ex tout le monde se tutoie , du patron au laveur de carreaux..il est donc lié à  la culture du pays; ici on a établie une hierarchisation forte entre les gens, leur statut professionnel, l'âge etc...la dissymétrie entre le vouvoiement et le tutoiement n'est donc pas un "hasard" et dénote une volonté de faire preuve d'une relation d'autorité entre deux interlocuteurs,où l'un est plus "fort" que l'autre

l angoisse est le vertige de la liberté

Hors ligne

 

avatar
Alain Will homme
ancien Vice-Président
Inscrit le 14 Oct 2008
9618 messages
D'accord avec prescripteur.

Anecdote : je connais aussi des praticiens qui utilisent le "on" pour parler à  leurs patients :

"on présente donc un syndrome de... et on va prendre ... ". Ca m'a toujours fait rigoler. Ca m'est arrivé une fois de le "subir" : j'ai répondu (en prenant 'des risques') : "On a bien compris ce que tu voulais me dire". :) La fin de l'entretien s'est terminée avec un tutoiement réciproque (le mur, pas celui de Berlin, était tombé). Nous aurions fini avec le vouvoiement, ça ne m'aurait pas dérangé.

Il m'arrive de trouver que la vie est une horrible plaisanterie. F. Sagan.

Je vois dans la révolution la revanche du faible sur le fort. La liberté est un mot que j'ai longtemps chéri. Sade (Le marquis de)

Hors ligne

 

Mad Professor
Tableau B
Inscrit le 19 Apr 2010
832 messages
^ Et puis la variante: "Comment-va-t-il aujourd'hui?" (mon psychiatre). "Il va bof-bof" (moi).

La marge, c'est ce qui tient la page (Jean-Luc Godard)

Hors ligne

 

avatar
Alain Will homme
ancien Vice-Président
Inscrit le 14 Oct 2008
9618 messages
lol lol  C'est vrai, je l'avais oubliée celle-là  !! Heureusement que ma psy ne s'en est jamais servi...

HS : C'est très répandu à  la campagne, dans mon coin, comme expression (parler à  quelqu'un en disant "il")... Et comme tu dis, Mad', pourquoi se gêner : "Il va bof, bof... Il reprendrait bien un p'tit... (joint) si ça ne la gêne pas..."

Il m'arrive de trouver que la vie est une horrible plaisanterie. F. Sagan.

Je vois dans la révolution la revanche du faible sur le fort. La liberté est un mot que j'ai longtemps chéri. Sade (Le marquis de)

Hors ligne

 


Remonter


Pour répondre à cette discussion, vous devez vous inscrire

Pied de page des forums