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"Un verre, ça va. Trois verres, bonjour les dégâts". Les plus de 40 ans se souviennent certainement de ce slogan qui tournait en boucle sur les postes télé et radio dans les années 1980. Il vient d'être remis au goût du jour par une étude de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) sur les effets de l'alcool sur le cerveau. Comme attendu, les chercheurs ont confirmé qu'à haute dose, l'alcool était mauvais pour nos neurones : abuser de la bouteille augmenterait considérablement le risque de développer une démence sénile en vieillissant. Jusque-là, pas vraiment de surprise. Mais les scientifiques se sont aussi rendu compte que boire un petit verre de temps en temps pouvait avoir un effet protecteur contre cette maladie. Et qu'au contraire, de façon encore plus étonnante, l'abstinence totale était, elle aussi, liée à un risque accru de perdre la tête en prenant de l'âge. Pour un peu, on proposerait presque de moderniser la vieille antienne, qui pourrait devenir : "Un verre, c'est bien. Trois verres, bonjour les dégâts".
L'alcool activerait le système de "nettoyage" du cerveau
Les scientifiques de l'Inserm ne s'attendaient sans doute pas à ce type de résultat quand ils ont commencé à décortiquer les données de la cohorte de 9000 Britanniques sur laquelle reposent leurs travaux. Ces fonctionnaires, âgés de 35 à 55 ans en 1985, ont été suivis leur vie durant, et leur consommation d'alcool, en particulier, a été évaluée à échéance régulière jusqu'en 1993. Puis, à compter de cette période, les cas de démence ont été enregistrés à partir de leurs dossiers d'hospitalisation. Après avoir pris en compte les facteurs associés à la santé qui auraient pu affecter les résultats, les conclusions se sont imposées : ceux qui ont déclaré ne jamais boire d'alcool ont eu un risque plus élevé de 47% d'être atteints par la maladie par rapport aux personnes buvant une quantité conforme aux recommandations (l'équivalent d'environ dix verres par semaine). En revanche, chaque augmentation de quatre verres hebdomadaires au-delà de cette limite était associée à une hausse de 17% supplémentaire du risque de démence.
Mais par quels mécanismes biologiques une quantité modérée d'alcool pourrait-elle bien avoir un effet protecteur sur nos neurones ? La réponse à cette question se trouve peut-être dans une étude parue en début d'année dans la revue Scientific Reports, qui a montré qu'à faible dose, cette substance activerait le système de nettoyage du cerveau. Les neurones sont en effet entourés d'un réseau appelé "système glymphatique", dont l'existence a été découverte en 1992 seulement, qui joue le rôle de tout à l'égout de l'encéphale : c'est lui qui est chargé d'évacuer les protéines toxiques produites lorsque les cellules nerveuses brûlent l'énergie nécessaire à leur fonctionnement. Des protéines qui, justement, semblent en cause dans les maladies neurodégénératives lorsqu'elles s'accumulent de façon anormale dans le cerveau.
Une équipe de l'université de Rochester à New-York (Etats-Unis) a administré à des souris une quantité d'alcool correspondant à l'équivalent d'une pinte de bière chez l'homme. Résultat : une augmentation de 40% de l'efficacité du système glymphatique à éliminer ces toxines, par rapport à l'absence totale de consommation. Cela pourrait être lié au fait que l'alcool augmente le rythme cardiaque, ce qui accélérerait la circulation des fluides du système glymphatique, mais ce point reste à démontrer, selon ces chercheurs. Quoi qu'il en soit, la même équipe a aussi constaté que des doses plus élevées d'alcool entraînaient au contraire une moindre élimination des toxines. Les scientifiques précisent bien que cette étude ayant été menée chez des rongeurs, il est trop tôt pour en tirer des conclusions définitives sur les mécanismes à l'oeuvre chez l'homme. Mais le parallèle avec les effets décrits dans l'étude de l'Inserm est frappant.
Augmentation du risque de cancer
Il n'en demeure pas moins que les travaux des chercheurs français ont dû être moyennement appréciés avenue de Ségur. La ministre Agnès Buzyn bataille en effet depuis des mois contre le lobby viticole pour imposer l'idée que l'alcool est vraiment mauvais pour la santé - y compris quand il est consommé avec modération. Et de fait, différentes études ont montré que même un petit verre quotidien serait toxique pour notre organisme, du fait notamment d'une augmentation non négligeable du risque de développer un cancer. C'est particulièrement vrai pour les tumeurs du sein, de la bouche, du larynx et du pharynx, du foie et de l'oesophage, ainsi que pour les cancers colorectaux, comme le rappelait récemment l'Inca (Institut national du cancer). Sans vouloir jouer les rabat-joie, ce serait peut-être finalement un autre vieux slogan qu'il faudrait adapter, à la lumière de ces différentes découvertes. Après "boire ou conduire...", nous suggérons : "démence ou cancer, il faut choisir"...
[small]Source : L'express
spoutniknews[/small]
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mikykeupon a écrit
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Mais par quels mécanismes biologiques une quantité modérée d'alcool pourrait-elle bien avoir un effet protecteur sur nos neurones ? La réponse à cette question se trouve peut-être dans une étude parue en début d'année dans la revue Scientific Reports, qui a montré qu'à faible dose, cette substance activerait le système de nettoyage du cerveau. Les neurones sont en effet entourés d'un réseau appelé "système glymphatique", dont l'existence a été découverte en 1992 seulement, qui joue le rôle de tout à l'égout de l'encéphale : c'est lui qui est chargé d'évacuer les protéines toxiques produites lorsque les cellules nerveuses brûlent l'énergie nécessaire à leur fonctionnement. Des protéines qui, justement, semblent en cause dans les maladies neurodégénératives lorsqu'elles s'accumulent de façon anormale dans le cerveau.
Une équipe de l'université de Rochester à New-York (Etats-Unis) a administré à des souris une quantité d'alcool correspondant à l'équivalent d'une pinte de bière chez l'homme. Résultat : une augmentation de 40% de l'efficacité du système glymphatique à éliminer ces toxines, par rapport à l'absence totale de consommation. Cela pourrait être lié au fait que l'alcool augmente le rythme cardiaque, ce qui accélérerait la circulation des fluides du système glymphatique, mais ce point reste à démontrer, selon ces chercheurs. Quoi qu'il en soit, la même équipe a aussi constaté que des doses plus élevées d'alcool entraînaient au contraire une moindre élimination des toxines. Les scientifiques précisent bien que cette étude ayant été menée chez des rongeurs, il est trop tôt pour en tirer des conclusions définitives sur les mécanismes à l'oeuvre chez l'homme. Mais le parallèle avec les effets décrits dans l'étude de l'Inserm est frappant.
C'est sur le fond super intéressant parce que si l'on sait depuis longtemps que la consommation d'alcool est associée à une courbe en J des effets sur la santé, les raisons n'ont jamais été claires.
Elles sont épidémiologiquement d'autant plus difficile à clarifier qu'une très faible consommation régulière ne peut correspondre qu'à des profils particuliers - quelle personnalité faut-il avoir pour boire un verre par jour et seulement un verre par jour, pratiquement tous les jours, pendant des décennies? -, profils qui pourraient justifier le meilleur état de santé des individus.
Là, l'article de recherche entre dans le dur des mécanismes de nettoyage du cerveau et de la sensabilité de ces mécanismes à la consommation d'alcool, ce qui nous autorise à espérer vraiment comprendre un jour, même si à ce stade il ne s'agit que de rongeurs. D'ailleurs l'article est en libre accès pour ceux qui veulent le consulter.
Une précision toutefois, l'article original dit:
The acute glymphatic suppression from moderate and high dose alcohol may be due simply to lowered cardiac output from alcohol intoxication resulting in reduced pulse pressure, which has previously been identified as a driver of CSF flux along the periarterial channels.
Ce que je comprends plutôt comme débit que comme rythme (voir citation plus haut). Et ce n'est pas du tout la même chose parce qu'on nous dit par ailleurs que ceux qui ont le rythme cardiaque le plus faible au repos ont la meilleure espérance de vie, ou simplement un coeur en meilleure santé (enfin je crois).
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