La Norvège va expérimenter la distribution d’héroïne gratuite pour les toxicomanesLe gouvernement norvégien a annoncé aujourd’hui la mise en place d’un projet expérimental de prescription d’héroïne gratuite aux toxicomanes les plus marginalisés.
Méthode controversée, cette thérapie est cependant légale dans d’autres pays européens.
Le gouvernement norvégien a annoncé vendredi 9 août 2018 la mise en place d’un projet expérimental de prescription d’héroïne médicalisée et gratuite aux toxicomanes les plus marginalisés. / Boris Roessler/dpa/picture-alliance
Que prévoit le projet expérimental du gouvernement norvégien ?La Norvège va tester la thérapie par
héroïne médicalisée, dans le cadre d’un projet expérimental. La drogue sera distribuée gratuitement aux consommateurs les plus marginalisés et qui ont déjà effectué une thérapie pour arrêter, afin d’améliorer leurs conditions de vie.
La Direction norvégienne de la santé et des affaires sanitaires a été chargée de proposer un projet expérimental permettant notamment d’identifier les patients susceptibles de bénéficier du programme, de réfléchir au mode de mise en œuvre et de chiffrer les coûts. Les premiers traitements devraient débuter en 2020.
Le taux de mortalité par overdose en Norvège est un des plus élevés d’Europe, avec 81 décès par million en 2015, derrière l’Estonie (132 décès par million) et la Suède (88 décès par million), selon l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies.
Qu’est-ce que la thérapie par
héroïne médicalisée et fait-elle ses preuves ?
La méthode de thérapie par
héroïne médicalisée consiste à fournir aux patients une
héroïne de bonne qualité, non coupée, avec des dosages précis et adaptés à chaque consommateur. « Il faut pouvoir couvrir les signes de manque sans toutefois surdoser », précise Gabriel Thorens, médecin psychiatre et addictologue aux Hôpitaux Universitaires de Genève. Ce traitement a été adopté par référendum en Suisse depuis 1999.
Les toxicomanes sont accueillis dans des structures ouvertes 24 heures/24, une à deux fois par jour. Ils peuvent s’injecter l’héroïne avec du matériel stérile ou l’ingérer par comprimés, méthode moins connue.
« La thérapie par
héroïne médicalisée était aussi un projet expérimental en Suisse à ses débuts, poursuit Gabriel Thorens, mais depuis son adoption, des études montrent qu’il y a eu une diminution des activités illicites liées à la drogue, des comportements à risque et des maladies infectieuses. »
Tout comme les dosages, la finalité de cette thérapie est très individuelle et dépend des consommateurs. Elle ne prône pas l’arrêt ou la réduction drastique de la consommation d’héroïne chez les patients. Pour le spécialiste, « la méthode met surtout en avant l’amélioration de la qualité de vie des toxicomanes. On souhaite leur éviter d’abandonner leurs activités annexes, ce qui arrive quand on est en recherche constante de drogue. »
Quelles sont les difficultés de mise en œuvre de cette thérapie ?
La prescription d’héroïne par les services de santé publique est très controversée. En plus de la Suisse et bientôt de la Norvège, les Pays-Bas et le Danemark la pratiquent. Les premières difficultés sont d’ordre légal et juridique : les services de santé publique d’un État doivent obtenir l’autorisation de distribuer l’héroïne.
Cette thérapie fait aussi polémique au sein de l’opinion publique, qui a une image désastreuse et parfois stéréotypée des consommateurs de drogue dure. « Les toxicomanes sont très stigmatisés. Mais il faut faire une différence entre l’héroïne prise dans un cadre thérapeutique et l’héroïne de rue », conclut le médecin Gabriel Thorens. Il prône donc la nécessité d’informer et de sensibiliser la population aux problèmes d’addiction et de toxicomanie pour lutter contre les idées préconçues.
sources:
https://www.la-croix.com/Monde/Europe/N … 1200961473Voilà, comme toujours, si un jour ça devait arriver ici, on sera les derniers du monde à y venir...Vive la France !