Bonjour,
J'ai du mal à comprendre pourquoi tu veux entreprendre un
sevrage brutal.
J'ai été dépendante de la
codéine 10 ans à raison de 24 codoliprane gobés tous les soirs en me couchant donc au niveau de la dose, j'étais quand même bien perchée et c'est un miracle que mon foie s'en soit tiré sans dommage.
J'ai commencé un
sevrage dégressif toute seule quand la
codéine était encore en vente libre et en juillet 2017 je suis allée en
CSAPA. L'addicto a compris que je ne voulais pas d'un
TSO et comme j'étais à 10 codoliprane, on a repris le
sevrage dégressif.
Je comprends parfaitement que tu ne veuilles pas de
TSO, j'étais pareil et aujourd'hui je sais que ce n'était vraiment pas une solution pour moi pour plein de raisons tenant à ma personnalité, dont le besoin d'extirper avec le temps l'emprise de la
codéine sur mon cerveau, quitte à souffrir un peu.
Je peux comprendre aussi que l'idée d'un
sevrage dégressif t'ennuies car c'est long, même si en
CSAPA c'est toi qui est le maitre du temps (enfin normalement). Il s'avère que lorsque j'ai commencé seule, j'ai pris tout mon temps, mais qu'en
CSAPA, j'ai fait assez vite puisque je suis passée de 10 codo à 0 entre août et décembre 2017, soit 5 mois.
Quand la
codéine a cessé d'avoir un effet intéressant sur moi et que le manque physique a pointé très sérieusement son nez à chaque retrait (6 cachets), j'en ai eu tellement marre qu'au lieu de ralentir, j'ai accéléré, en passant à la fin de 2 à 0 en me disant que quitte à souffrir, autant y aller.
Les symptômes du manque n'ont pas été aussi brutaux que dans un
sevrage sec (pas de tremblement, de grosses douleurs, de suées, de problèmes intestinaux). Pour moi, la difficulté a tourné autour d'impatiences nocturnes monstrueuses (7 heures par nuit, toutes les nuits d'octobre 2017 à mars 2018, ce qui m'a obligé à prendre du
lyrica car je ne dormais plus à cause de ces impatiences qui ne cessent qu'en se levant. C'est rare à un tel niveau, mais ça arrive et c'est tombé sur moi), d'insomnie et d'une tension physique énorme, un truc difficile à décrire qui n'a cessé qu'en juin 2018, soit 5 mois après la fin du
sevrage.
Pourquoi, ne veux tu pas essayer d'y aller en dégressif, quitte à faire comme moi, un peu vite. C'est une souffrance, certes, mais sans commune mesure avec le
sevrage de brute.
Le problème du
sevrage brut c'est le risque de déprime et donc de rechute avec la
codéine ou tout autre produit, puisque tu as déjà été dépendant à un autre opiacé.
Si j'avais arrêté d'un coup, j'aurai flanché côté moral, je le sais, ce qui ne s'est pas produit en dégressif car l'effort est progressif et le cerveau s'habitue peu à peu à la réduction de ses besoins. Je croise les doigts mais à ce jour, je n'ai jamais eu envie de
codéine depuis que j'ai fini mon
sevrage. C'est plus sur le plan psy que le
sevrage brut me fait peur car physiquement, quand on est prêt, on peut supporter beaucoup, j'ai découvert ça avec étonnement car j'ai toléré 1 mois d'impatiences de dingue avant d'être traitée mais qu'ensuite, j'ai été insomniaque pendant 9 mois en supportant bien la chose, tout comme cette tension physique en moi que je ne peux pas décrire mais qui est une drôle de sensation qui donne l'impression qu'on pourrait éclairer une ville.
Maintenant, si tu veux quand même tenter le
sevrage brutal, prévois du lopéramide pour les boyaux, éventuellement du vogalib pour les nausées. Si tu as de fortes douleurs, tu peux essayer un anti inflammatoire si tu en as chez toi (pendant mon
sevrage, j'ai eu une tendinite à l'épaule et j'ai remarqué qu'en retirant un cachet de codo au lieu d'avoir mal partout 3 jours comme d'habitude, je n'ai eu aucune douleur grâce à l'anti inflammatoire qui était pour moi du feldene). Il ne s'agit pas d'en prendre des mois mais les quelques jours où tu vas déguster. Quand j'ai sauté le pas de 2 à 0 j'ai pris 3 jours de feldene et au moins je n'ai eu aucune douleur (qui ressemblait chez moi à ce qu'on ressent quand on a 40 de fièvre, c'est à dire mal partout).
Pour les impatiences nocturnes et bien j'espère pour toi que ça va juste durer quelques jours et que tu ne vas pas subir ma mésaventure car là il te faudra une aide médicale sauf à accepter de rester debout sans dormir pendant plusieurs mois (ou alors de dormir comme une girafe ou un éléphant...).
Quant à la durée, 15 jours, c'est très personnel car ça peut être bien plus long pour certains aspects du manque physique, tandis que d'autres se résorberont plus vite (les intestins par exemple).
Bon, je te souhaite bon courage et comme il n'est pas encore trop tard, réfléchis à essayer plutôt un
sevrage dégressif, même rapide, plutôt qu'un truc de brutasse. Pense à ton moral et prends bien soin de toi.