Le Monde - La production mondiale d’opium et de
cocaïne a explosé, alerte l’ONU
La production mondiale de
cocaïne, essentiellement en provenance de Colombie, et celle d’opium, principalement d’Afghanistan, ont fortement progressé pour atteindre leur plus haut niveau historique en 2016-2017.
La production mondiale d’opium et de
cocaïne a explosé, alerte l’ONU
Le Monde.fr avec AFP
Le 26 juin 2018 à 18h34
Mis à jour le 27 juin 2018 à 06h36
La production mondiale de
cocaïne, essentiellement en provenance de Colombie, et celle d’opium, principalement d’Afghanistan, ont fortement progressé pour atteindre leur plus haut niveau historique en 2016-2017.
Saisie de
cocaïne destinée au marché européen sur le port colombien de Buenaventura en août 2017.
Saisie de
cocaïne destinée au marché européen sur le port colombien de Buenaventura en août 2017. / RAUL ARBOLEDA / AFP
C’est une nouvelle qui alarme l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC). La production mondiale de
cocaïne, essentiellement en provenance de Colombie, et celle d’opium, principalement d’Afghanistan, ont explosé pour atteindre leur plus haut niveau historique en 2016-2017, selon l’agence onusienne qui publie son rapport annuel, mardi 26 juin.
Elle s’inquiète aussi de voir les médicaments antidouleur à
base d’opiacés, détournés à usage de drogue, devenir « une menace majeure pour la santé publique mondiale », en Amérique du Nord mais aussi en Afrique.
La production mondiale d’opium a bondi de 65 % de 2016 à 2017, à 10 500 tonnes, chiffre « le plus élevé » depuis les premières estimations de l’ONUDC au début des années 2000. L’Afghanistan se taille la part du lion avec une production de 9 000 tonnes, soit 87 % de plus qu’en 2016.
Les surfaces de culture de
pavot à
opium ont progressé de 37 % au niveau mondial entre 2016 et 2017, atteignant 420 000 hectares, dont plus des trois quarts se trouvent en Afghanistan, où cette manne contribue à financer l’insurrection qui déstabilise le pays.
En Afghanistan, cette évolution est à mettre sur le compte de l’instabilité politique, du manque de contrôle par les autorités, du manque de perspectives en termes d’emploi et d’éducation, et des hausses du rendement agricole, selon ce rapport de l’agence onusienne qui a son siège à Vienne.
Un défi pour l’accord de paix en Colombie
La fabrication mondiale de
cocaïne en 2016 « a atteint son niveau le plus élevé » : 1 410 tonnes, soit 25 % de plus qu’en 2015. En Colombie, premier producteur mondial, la hausse de la production a été de plus d’un tiers entre 2015 et 2016, à 866 tonnes.
La culture de
feuille de coca, ingrédient de
base de la
cocaïne, couvre 213 000 hectares au niveau mondial, dont 69 % se trouvent en Colombie. Il s’agit d’« un défi à la mise en œuvre de l’accord de paix » avec l’ex-guérilla des FARC, impliquée dans le trafic de drogue, souligne l’ONUDC.
Conséquence : une hausse, déjà perceptible, de l’offre sur les marchés traditionnels de consommation en Amérique du Nord et en Europe occidentale ainsi que la création prévisible de nouveaux marchés ciblant notamment « la classe moyenne en expansion des grandes économies d’Asie ».
L’ensemble des
opiacés représentent 76 % des morts liées à la consommation de stupéfiants. Née d’une surprescription médicale de ces molécules, la crise des
opiacés qui ravage les Etats-Unis depuis quelques années ne montre pas de signe d’apaisement. En 2016, 63 632 personnes sont mortes d’une surdose de drogue aux Etats-Unis, un record et une augmentation de 21 % par rapport à l’année précédente.
Opiacé anti douleur
OxyContin dans une pharmacie de Montpelier (Vermont), en 2013.
Opiacé anti douleur
OxyContin dans une pharmacie de Montpelier (Vermont), en 2013. / TOBY TALBOT / AP
Le fléau des « drogues sur ordonnance »
Les dégâts de ces « drogues sur ordonnance » ont également contribué à la diminution de l’espérance de vie enregistrée aux Etats-Unis en 2015 et 2016, une première. L’Europe reste pour l’instant globalement épargnée par ce phénomène.
Alors que le
fentanyl, un
opioïde synthétique 50 fois plus puissant que l’héroïne, constitue le principal opiacé sur ordonnance des marchés américain et canadien, l’ONUDC s’inquiète de « l’expansion rapide » en Afrique de la consommation et du trafic de
tramadol, un puissant antalgique.
Si le
tramadol est encore essentiellement perçu comme une molécule aux usages récréatifs prisée par les jeunes Africains, l’agence appelle à se saisir de cette menace qui « met une pression supplémentaire sur les systèmes de santé déjà fragiles » des pays en développement concernés. L’Afrique a concentré en 2016 87 % des saisies mondiales d’opiacés pharmaceutiques, notamment en raison de l’essor du
tramadol.
L’ONUDC relève la fréquence de la consommation de drogue chez les plus de 50 ans, émettant l’hypothèse que parmi les « baby-boomers » ayant goûté aux stupéfiants dans leur jeunesse, une partie n’a pas abandonné ces addictions.
En Europe, les morts par surdose ont ainsi augmenté chez les plus de 40 ans entre 2006 et 2013 alors qu’elles baissaient chez les moins de 40 ans. Au niveau mondial, les plus de 50 ans, qui comptaient pour 27 % des morts liées à la drogue en 2000, représentaient 39 % du total en 2015.