http://www.24heures.ch/depeches/suisse/ … ontre-sida© AFP | 25.10.2010 | 16:12
Le directeur général du Fonds mondial de lutte contre le sida, Michel Kazatchkine, a appelé lundi à l'abandon des politiques répressives face à la toxicomanie, soulignant de récentes "avancées" en Iran et en Chine à l'image de ce qui est pratiqué en Suisse, un pionnier en la matière.
"L'Iran est un des pays qui a des politiques les plus avancées en matière de
réduction des risques", a déclaré M. Kazatchkine lors de la présentation d'une étude sur la politique des drogues en Suisse et ses enseignements pour le monde, un document de la fondation américaine Open Society.
Il a cité la mise en place en Iran d'"accès aux traitements de
substitution à la
méthadone" ou encore l'"échange de seringues".
Il a par ailleurs donné l'exemple de la prison iranienne de Karaj, qu'il a visité, où sur les 12.000 prisonniers quelque 2.200 reçoivent de la
méthadone.
"Cela ne veut pas dire que tout est rose en Iran. C'est paradoxal, il y a aussi une répression très forte", a relevé M. Kazatchkine, qualifiant la situation d"'hypocrise sociale".
Il a également salué de récentes réformes en Chine qui ont permis la création de "centres d'accès à la
méthadone", estimant que d'autres pays asiatiques, comme le Vietnam et l'Indonésie, tentaient désormais de suivre le modèle chinois.
=> Il a en revanche jugé la France trop "timide" vis-à -vis des centres d'accès à la
méthadone, considérant également que le pays était, par rapport à d'autres pays européens, "en retard" en matière de "qualités d'information au public et aux praticiens".
Mais un des pays les plus critiques vis-à -vis de ces programmes reste la Russie, a déploré M. Kazatchkine, soulignant que "plus de 70% des personnes infectées par le sida (en Russie) l'ont été directement ou indirectement par l'usage de la drogue".
Le partage des aiguilles pour l'injection de drogues comme l'
héroïne est une des principales causes de la transmission du sida dans le monde, raison pour laquelle le Fonds mondial de lutte contre le sida appelle à une refonte des politiques de lutte contre la toxicomanie, défendant le modèle suisse.
La Suisse fait partie des premiers pays européens avec les Pays-Bas à avoir lancé des programmes de
substitution et de consommation de drogues sous surveillance médicale à la fin des années 1980, pour faire face à une population grandissante de toxicomanes.
Les quelque 20 centres de
substitution répartis dans la Confédération distribuent ainsi sous surveillance médicale de la
méthadone, produit proche de l'
héroïne. Cet
opioïde peut également être prescrit par des médecins généralistes.
La Suisse a également mis en place 14 salles de consommation, où des personnes dépendantes peuvent s'injecter de l'
héroïne qu'elles fournissent elles-mêmes.
Près de 70% des 20.000 à 30.000 toxicomanes "qui font un usage problématique" de l'
héroïne ou de la
cocaïne" en Suisse sont traités dans ces centres d'accueil, selon le président de la Fondation pour la santé publique et la toxicomanie de l'Université de Zurich, Ambros Uchtenhagen, présent à la conférence.