Des victimes s'insurgent. Le scandale du Mediator n'a, selon elles, rien à voir avec celui de l'affaire du sang contaminé.L'interview du député Gérard Bapt par L'Express, comparant le scandale du Mediator et celui du sang contaminé, a fait bondir certaines victimes de cette dernière. Le Dr Claude Samuel, de l'Association de défense des victimes de l'affaire du sang contaminé (ADVASC) donne son point de vue.
Pourquoi contestez vous le chiffre de "quelques dizaines de morts" avancé par Gérard Bapt concernant le sang contaminé?
M. Bapt se livre à ce que j'appellerai du révisionnisme médical, et cela me semble scandaleux dans la bouche d'un médecin, député de l'Assemblée nationale qui plus est. Je n'entends pas me situer sur ce terrain-là , qui consisterait à se lancer dans une espèce de hiérarchie morbide du nombre de décès, mais tout de même: le scandale de la transfusion sanguine, c'est 8000 transfusés et 1200 hémophiles atteints du sida. On est bien loin de l'estimation officielle de 500 à 2000 morts concernant le Mediator.
Voulez vous dire par là que ces deux affaires ne sont pas de même nature?
Bien entendu! Je ne sous-estime pas l'ampleur des conséquences du Mediator, même si je ne connais pas bien le dossier. Je constate néanmoins que, une fois ce produit potentiellement mortel retiré du marché, les risques ne concernent plus "que", si j'ose dire, les patients qui en ont pris. En revanche, pour le sang contaminé, il existe une chaine de transmission de l'hépatite C comme du sida qui, elle, ne s'arrête pas le jour où des produits sanguins chauffés, donc sûrs, sont mis à disposition des patients. Ces malades là peuvent, à leur tour, contaminer d'autres personnes. A titre d'exemple, on compte environ 100 000 à 200 000 personnes porteuses du virus de l'hépatite C du fait d'une transfusion sanguine.
Tout de même, il existe bien quelques similitudes entre ces deux affaires?
Il en existe même pas mal... D'abord, je remarque que, dans les deux cas, les autorités sanitaires, les responsables politiques ainsi qu'un certain nombre de médecins sont mis en cause. En outre, on peut déplorer le même mécanisme de déni général, qui voudrait in fine que, puisque c'est un peu la faute de tout le monde, ce serait la faute de personne en particulier... Enfin la demande, émanant de certains patients et de certains avocats, d'une mise en place d'un fonds d'indemnisation pour les victimes du Mediator me rappelle furieusement ce qui s'est produit avec le sang contaminé. Les vrais fautifs espèrent sans doute étouffer l'affaire en filant du fric. Avec un chantage à la clé: un peu d'argent, contre la promesse écrite d'une renonciation à toute action légale devant les tribunaux. Je trouve cela ignoble.
Source :
http://www.lexpress.fr/actualite/scienc … 51915.html