Bonjour,
Dans le cadre du cours de Bruno Latour, intitulé "Cartographie des Controverses Scientifiques", des étudiants de sciences-po ont souhaité donner aux citoyens un éclairage sur la controverse des salles de consommation à moindre risque en France, mais aussi à l'étranger.
Un site web interactif, présente cette controverse, ses acteurs, et décrit 7 différentes salles de consommation.
En allant au-delà des débats idéologiques, éthiques, moraux : ce site écarte les faux débats de manière claire et se concentre sur le caractère technique de cette controverse. Aussi, ce site étudie les différents modèles existants et se pe...nche sur la question du type de centre nécessaire et efficace en France. Cette présentation la controverse des salles de consommation et de son contexte doit permettre aux visiteurs de se forger leur propre opinion sur les éléments techniques précis du débat.
A voir et à faire tourner absolument !
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Dans de nombreux pays, en Europe mais aussi au Canada, en Australie et même en Afghanistan, il existe ce qu´on appelle de plus en plus communément des « salles de shoot ».On entend parler régulièrement de ces "piqueries", "shooting room" ou "centres d'injection"...Mais de quoi s'agit-il exactement ?Piqûre de rappelSelon le rapport de l´OFDT (Observatoire Français des Drogues et de la Toxicomanie), ce sont des «
espaces qui offrent aux usagers de drogues un cadre d´usage sécurisé, en dehors des lieux publiques, où ils peuvent consommer dans des conditions d´hygiène acceptables » tout en étant encadrés par des professionnels (rapport "Les salles de consommation en Europe", synthèse de la revue de littérature internationale, par Critisina Diaz Gomez, mai 2009). La drogue n´est en aucun cas fournie, et les intervenants n´aident pas à la prise.
Le concept peut choquer,
mais à l´étranger, il cartonne ! Depuis que la Suisse a ouvert la voie en 1986, plus de 90 salles de consommation ont été implantées à ce jour dans différents pays du monde. Les objectifs sont multiples.
1.
Réduire les risques de santé liés à la prise de drogueFournir une salle aux usagers précaires s´injectant habituellement dans des lieux et dans des conditions peu hygiéniques, favorise une réduction de la prise de risque. Calme et propre, la salle offre aux usagers des tables, du matériel stérile et à usage unique, une supervision par du personnel médical capable d´expliquer les risques et de recommander des pratiques plus sûres (en général, l'encadrement se compose de médecins, de personnel paramédical et de travailleurs sociaux et parfois même d'anciens usagers en réinsertion) . Ces centres permettent aux usagers d´apprendre les gestes appropriés pour limiter les dommages liés aux injections (infections locales, phlébites, réactions aux produits associés, et surtout transmission de l´hépatite C ou B et du virus du Sida VIH) et limiter considérablement les risques d´overdose.
2.
Sortir les usagers de drogue de l'isolementL´intérêt principal de ces salles est d'agir dans le seul dispositif capable d´attirer une population très marginalisée, complètement exclue et coupée du système de soins, afin la réengager dans un processus de prise en charge de sa dépendance ainsi que dans un processus de réinsertion sociale.
La controverseCe type de salle, désigné par l´Observatoire Européen des Drogues et des Toxicomanies sous le sigle
SCMR, pour « Structure d´accueil avec possibilité de consommer à moindre risque des drogues psychoactives illicites », est aussi appelée « Centres d´Injection supervisés » (CIS) dans le rapport de l´Inserm, ou « piqueries », shooting room » par leurs détracteurs. Nous avons choisi d´utiliser l´expression « salles de consommation à moindre risque » ou «
SCMR » sur ce site, puisque c´est finalement la terminologie la plus simple et celle qui est généralement retenue par les différents acteurs de cette controverse.
Présentées comme une solution réduisant à la fois les pratiques à risque liées à l´usage de drogue et les taux de morbidité et de mortalité des usagers de drogue, les salles de consommation ont révolutionné la façon dont on envisageait jusqu´alors la prise en charge des toxicomanes. Cependant ces arguments sanitaires, auxquels viennent aussi s´ajouter des arguments d´ordre public, sont confrontés à des craintes majeures. Reviennent dans les débats, l´idée que
les salles pourraient être une incitation et un encouragement à l´usage de la drogue ou tout du moins qu´elles représenteraient la création de conditions « de confort » qui risqueraient de reporter les démarches d´entrée en cure de désintoxication. Enfin, sur la question de l´ordre public, les autorités publiques et les riverains craignent aussi le regroupement des usagers de drogues ainsi que des dealers autour des espaces où seraient implantées les salles de consommation.
En France, ces salles sont illégales et n´existent pasCependant, depuis quelques temps, le débat est bien présent et fait rage entre les associations et les représentants politiques. La controverse a connu un pic médiatique et politique lors de l'été 2010, lorsque la ministre de la Santé Roselyne Bachelot s'est prononcée favorable à une concertation sur les salles de consommation en vue d'une possible expérimentation. Mais le Premier Ministre François Fillon a fini par mettre un terme aux débats par une déclaration catégorique: "la mise en place de ces centres de consommation de drogue n´est ni utile, ni souhaitable en France".
"Pas souhaitable, c'est idéologique, mais pas utile, c'est scientifiquement faux", affirme pourtant Jérôme Martin, militant d'Act-up Paris. Cette controverse va plus loin que le simple débat idéologique pour ou contre. La gauche comme la droite sont divisés sur le sujet, et plus que de savoir si ces centres sont "souhaitables", il faut savoir s'ils sont "utiles".
Cette controverse pose une multitudes de questions sous-jacentes: quelle est la place que l'on doit donner aux usagers de drogue dans la société ? Quel statut leur confère-t-on? Sont-ils des malades qu'il faudrait soigner ? Des délinquants qu'il faudrait réprimer ? Des exclus qu'il faudrait réinsérer ?
En allant au-delà des débats idéologiques, éthiques, moraux : ce site écarte les faux débats de manière claire et se concentre sur le caractère technique de cette controverse. Aussi, ce site étudie les différents modèles existants et se penche sur la question du type de centre nécessaire et efficace en France. Cette présentation la controverse des salles de consommation et de son contexte doit permettre aux visiteurs de se forger leur propre opinion sur les éléments techniques précis du débat.Source :
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