Première relaxe pour du cannabis thérapeutique Inrock du 6/10/2011

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filousky homme
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La justice relaxe un malade du sida attrapé avec 400g de cannabis
06/10/2011 | 09H10

Prenant en compte des justificatifs médicaux, l'avis étonnamment compréhensif des douaniers et du procureur, les juges sont tombés d'accord, le 13 avril dernier, pour relaxer "Jako". Ce malade du sida était pourtant coupable de consommation, contrebande, transport et détention de 415 g d'herbe. Dame justice commencerait-elle, l'air de rien, à  reconnaitre l'usage thérapeutique du cannabis ?

A ce rythme là , les tribunaux risquent de devancer le législateur en matière de cannabis médical. La semaine dernière, un homme était condamné par le tribunal correctionnel de Strasbourg pour avoir cultivé des plants de cannabis. Atteint d'une sclérose en plaque, le coupable a été dispensé de peine. "Dans ce dossier, il faut faire preuve d'humanité", compatissait alors le procureur.

Le 13 avril, une affaire encore plus significative est passée inaperçue au tribunal de Bourges. Prévenu des chefs de consommation, contrebande et transport de 415 g de cannabis, Jean-Jacques Simon dit "Jako", a carrément été relaxé. Malade du sida depuis 1982 subissant sa onzième trithérapie, les juges ont estimé texto que ses "douleurs intolérables (…) ne peuvent être calmées que par la consommation de cannabis".

"Bonne efficacité de l'utilisation du cannabis"

En voiture côté passager, le 10 janvier dernier, Jako rentre avec un ami d'un petit tour dans le Sud-Ouest. Il vient de récolter "comme d'habitude" de quoi alimenter sa consommation personnelle de cannabis. Un petit imprévu se présente au péage de Vierzon. Les deux compères sont arrêtés par des douaniers. Il ne leur faut pas longtemps pour trouver, dans la trousse de toilette, les 415 grammes "d'herbe de cannabis".

S'en suit une garde à  vue de huit heures, écourtée par un passage à  l'hôpital. L'homme est grand et fin, les traits du visage tirés jusqu'à  dessiner des rides qui s'animent à  chaque envolée lyrique. Si il n'est pas relâché, Jako menace d'emblée de ne plus prendre sa batterie quotidienne de médicaments.

"Franchement, on m'aurait laissé continuer à  fumer tranquillement j'aurais jamais milité, prévient de sa voix de loulou Jako. Mais comme disait ma psy, c'est dans l'adversité que je suis bon."
Jako décide alors de revendiquer l'utilisation médicale du cannabis comme un droit. Il sollicite son médecin, le docteur Jacques Doll, chef de service du centre hospitalier de Versailles, qui le suit depuis juin 1989. Le spécialiste accepte de lui rédiger un certificat relativement clair : "Il (Jako) a constaté une bonne efficacité de l'utilisation du cannabis dont les vertus thérapeutiques sont connues, utilisation dont il m'a fait part. Je n'ai pas interdit médicalement cette utilisation dans la mesure où elle est efficace, bien tolérée, et améliorant sa qualité de vie."

Douanier, procureur et juges compréhensifs

Une évidence, pour l'intéressé et son praticien, étonnamment partagée par tous les acteurs de la chaîne pénale rencontrés. Le 13 avril, lors du procès de Jako au tribunal correctionnel de Bourges, même le douanier a été sensible à  son cas.

"C'est vrai que j'ai mentionné des circonstances atténuantes, précise le douanier aux Inrocks. Ca m'a permis de diviser par trois ma demande pour le montant requis (de l'amende douanière)."
Le procureur et les juges se sont montrés encore plus compréhensifs. Utilisant en clé de voute de leur démonstration juridique l'article 122-2 du code pénal - que Jako a floqué depuis sur un tee-shirt - ils ont considéré que "n'est pas responsable la personne qui a agi sous l'empire d'une force majeure ou d'une contrainte à  laquelle elle n'a pas pu résister".

Plus explicite, le jugement précise "il ressort des justificatifs médicaux ( …) que les douleurs intolérables qu'il doit supporter de manière permanente (…) ne peuvent être calmées que par la consommation de cannabis". C'est la relaxe. Pour des faits similaires en 2010, deux hommes récidivistes avaient été condamnés à  1 ans de prison.

"Moi je ne me reconnais dans aucune association, je suis pas là  pour revendiquer la légalisation", prévient Jako à  l'adresse des néophytes ou militants de tout poil. Je dit qu'il y a des malades qui ont besoin de ça pour se soigner c'est tout."
Dans son élan, Jako a même tenté - sans succès - de récupérer auprès des douanes ses 415 g d'herbe. L'Allemagne, l'Italie, la Finlande, le Canada, Israà«l, la république Tchèque et une quinzaine d'Etats américains permettent déjà  des exceptions pour ce type d'usage médical. Prenant en exemple les malades atteints du sida, le récent rapport sur la légalisation contrôlée du cannabis du socialiste Daniel Vaillant, ex-ministre de l'Intérieur, fait de l'usage thérapeutique une priorité à  part entière.

Les rapporteurs rappellent que "les patients français subissent malheureusement une sorte de double peine, la criminalisation de l'usage thérapeutique s'ajoutant aux souffrances liées à  leur maladie." Les juges français semblent avoir entendu le message.

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filousky homme
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Le titre est faux. Une première relaxe pouvant faire jurisprudence été prononcée en 2002 à  Tahiti. Il faut encore un troisième jugement dans ce sens pour que la jurisprudence soit établie !

Source Libération - Date : 3/3/3
Auteur : Blandine Grosjean


A Tahiti, le juge prescrit la tisane au cannabis

Un malade qui l'utilisait comme antidouleur a été relaxé.

Un juriste de l'université de Polynésie critique la décision de la cour d'appel de Papeete. Celle-ci avait invoqué l'excuse de «nécessité» pour relaxer un homme de 55 ans, paraplégique, cultivateur de cannabis

C'est un arrêt censé faire jurisprudence, pas une citation tirée d'un tract : «La consommation de cannabis est nécessaire à  la sauvegarde de la santé.» Il a été rendu le 27 juin 2002 par la cour d'appel de Papeete, sous l'autorité du président de chambre, Brieuc de Mordant de Massiac. L'éloignement de cette juridiction française explique sans doute que la décision soit passée inaperçue. Un juriste de l'université de Polynésie la critique dans le Recueil Dalloz du 27 février, jugeant les propos de la cour «provocateurs». Celle-ci invoque l'excuse de «nécessité» pour relaxer un homme de 55 ans, paraplégique à  la suite d'un accident et cultivateur de cannabis, et s'appuie sur l'article 122-7 du code pénal : «N'est pas pénalement responsable la personne qui, face à  un danger actuel, accomplit un acte nécessaire à  la sauvegarde de la personne.»

305 pieds. Loïc M. avait été condamné à  six mois de prison dont trois ferme par le tribunal de grande instance de Papeete pour avoir «détenu sans autorisation administrative des plantes vénéneuses classées comme stupéfiants». Soit 305 pieds de cannabis hauts de 90 cm à  3 m et 84 pousses de 10 à  15 cm plantés dans son jardin. Loïc M. a expliqué que cela lui permettait de confectionner des tisanes, seul moyen de calmer ses douleurs, les autres médicaments lui abîmant les reins.

Plantes femelles. «Il est de notoriété publique que le cannabis est parfois utilisé comme médicament pour soulager des douleurs, justifie la cour. Il n'est pas reproché au prévenu d'avoir fait commerce ni d'avoir offert ses plants. Leur nombre était dû à  la nécessité d'obtenir des plantes femelles, seules à  lui procurer la grande qualité de fleurs nécessaires à  ses tisanes.» Donc, conclut la cour, Loïc M. est bien menacé par un danger actuel, ses souffrances. La détention de cannabis est nécessaire à  la sauvegarde de sa santé, et donc de «sa personne».

Selon Pascal Gourdon, professeur de droit à  Papeete, l'état de nécessité doit s'envisager comme la protection de certains intérêts moraux supérieurs, comme «l'hon neur ou la dignité» : «La cour de Papeete a fait du refus de la souffrance un objectif supérieur à  celui du respect de la loi sur le trafic des stupéfiants, alors que ses souffrances ne mettent pas en jeu le pronostic vital.»
L'usage du cannabis à  des fins thérapeutiques est autorisé en Suisse, en Australie, au Canada, aux Pays-Bas, au Royaume-Uni et dans 35 Etats américains... Mais pas en France. Le tribunal administratif de Paris l'avait rappelé en mai 2001. Bernard Kouchner, alors ministre de la Santé, s'était montré favorable à  cet usage.

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Bicicle
Rat de laboratoire
Inscrit le 08 Aug 2011
1701 messages
Comment ça, il faut un troisième arrêt dans ce sens pour que la jurisprudence soit établie ?

Une jurisprudence est la façon qu'ont les juridictions d'interpréter le droit, et celle ci est à  leur entière diligence.

La jurisprudence ne va pas à  l'encontre de la loi... Disons qu'ils reconnaissent un cas particulier : une circonstance atténuante, voire même ici exonératrice de responsabilité (l'art. 122-2 du Code pénal étant invoqué : étonnante clémence d'ailleurs) pour les malades à  un stade relativement sérieux dont le cannabis devient une des seules solutions pour améliorer leur confort de vie.

Mais de là  à  ce que ceci devienne jurisprudence... Il faudrait d'avantage de 3 arrêts pour préciser les contours juridiques de la problématique...

"Quiconque fait deux cent mètres sans amour, va à  ses funérailles vêtu de son linceul." W.Whitman

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filousky homme
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Bicicle a écrit

Comment ça, il faut un troisième arrêt dans ce sens pour que la jurisprudence soit établie ?
Mais de là  à  ce que ceci devienne jurisprudence... Il faudrait d'avantage de 3 arrêts pour préciser les contours juridiques de la problématique...

A priori, tu t'y connais bien mieux que moi. Peux-tu développer un peu le mécanisme qui ferait que cela devienne jurisprudence ?


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bighorsse femme
Banni
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8506 messages
sur wiki, j'ai trouvé ceci :
"L'on pourrait énoncer trois critères théoriques, à  l'origine de la formation de la jurisprudence. On dit alors qu'une décision « fait jurisprudence ».
Formulation de la décision : une décision peut faire jurisprudence grâce :
à  la fermeté du principe : si la formulation de la décision se voit être abstraite, générale et brève ;
à  la nature de la juridiction ayant rendu la décision : par exemple, une décision émanant d'un Tribunal d'Instance sera beaucoup moins importante que celle émanant de la Cour de Cassation du pays ;
au nombre de décisions similaires rendues par la ou les Cours supérieures (telles la Cour de cassation ou la Cour suprême dans divers pays).
Constance de la décision : la répétition d'une décision.
Publicité de la décision : la publication de la décision. En effet, la jurisprudence n'aurait pas sa valeur sans la reconnaissance de la communauté des juristes."

mais il etait dit, à  propos de la décision pénale concernant ce malade que cette affaire ne ferait pas jurisprudence...

l angoisse est le vertige de la liberté

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filousky homme
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Source Rue 89
Sophie Verney-Caillat

RENCONTRE DU TROISIÈME TYPE15/10/2011 à  15h50
Cannabis thérapeutique : « Pour me soigner, je dois être un délinquant »



« Jako » est séropositif depuis 1985, et ne supporte les effets secondaires de sa quadrithérapie qu'avec le cannabis. Son médecin l'autorise à  prendre ce « traitement » et le juge l'a relaxé. Maintenant, il veut faire changer la loi.

Jean-Jacques Simon de son vrai nom est un cas : ce grand gaillard abîmé par la vie pète la forme pour ses 52 ans, dont une moitié avec le sida. Il interpelle tous ceux qui posent un regard sur lui et commence à  débiter son incroyable parcours : premier joint fumé en CM2, l'héroïne à  la vingtaine, six années en prison, l'AZT et dix autres traitements depuis, le sevrage et puis la lente renaissance...

Depuis qu'il a rompu avec la came, il s'est mis à  raconter son histoire, dans un livre, à  la télé, auprès des jeunes. Maintenant, il a quelque chose à  dire aux politiques.

« Je n'ai pas interdit médicalement cette utilisation »”‹

Le 10 janvier dernier, au péage de Vierzon, la douane volante arrête la voiture où il se trouve avec un ami qui l'aide à  remonter sa plantation d'herbe. La quantité de cannabis contenue dans sa trousse de toilette est conséquente : 415 grammes, soit environ six mois de consommation personnelle.

Jako vit dans le logement d'une association près de Versailles et n'a pas de jardin. Il fait donc pousser son cannabis dans le jardin de ses nombreux amis disséminés à  travers la France.

Il a bien connu les commissariats mais n'a plus l'habitude :

« Normalement, avec cette quantité, tu risques vingt ans. Quand la fliquette me signifie ma garde à  vue, je lui signifie que j'arrête tous mes traitements. Ils m'envoient à  l'hôpital avec les menottes. Le médecin voit bien que mon état est incompatible avec la garde à  vue, et ils me relâchent... mais le pire c'est qu'ils gardent mes 400 grammes ! »

Jako demande alors à  son médecin, Dr Jacques Doll, chef de service d'hépato-gastroentérologie, qui suit Jako depuis 22 ans, un certificat. Sans difficulté, Le médecin reconnaît noir sur blanc les « vertus thérapeutiques » connues du cannabis thérapeutique, et ajoute :

« Je n'ai pas interdit médicalement cette utilisation dans la mesure où elle est efficace, bien tolérée et améliorant sa qualité de vie. Une ATU (autorisation temporaire d'utilisation) individuelle serait souhaitable afin de l'autoriser légalement à  poursuivre ce traitement. »

Relaxé par le tribunal au nom de sa « contrainte »

Le 13 avril, le tribunal correctionnel de Bourges prononce sa relaxe. Une « révolution » pour les avocats. Que dit le jugement ?

« M. Simon a agi sous l'empire d'une contrainte à  laquelle il n'a pu résister. De ce fait, sa responsabilité pénale doit être écartée. »

Depuis, Jako s'est fait faire un T-shirt avec cet article 122-2 du code pénal qui stipule qu'il n'est « pas responsable », donc innocent.

Fort de cette relaxe, dont il espère qu'elle fera jurisprudence, et devenu sage après ses années de délinquance, il justifie son droit à  consommer du cannabis :

« Je ne veux pas être un délinquant pour me soigner. C'est la double peine. Je ne suis un risque pour personne à  consommer mon cannabis, je n'ai même pas le permis ! Mais je me retrouve à  troubler l'ordre public pour atteindre mon traitement, car je dois fréquenter des dealers, fumer une herbe où plein de trucs chimiques ont été ajoutés, et ça me coûte beaucoup plus cher que si je cultive moi-même. »

Ce jugement lui a fait réaliser qu'il y a « quelque chose de pas logique dans la loi » : étrange de le relaxer alors qu'il a commis un acte puni par la loi.

Est-ce un premier pas vers un changement de la loi ? Le problème est qu'en France, les partisans de la légalisation du cannabis demandent la légalisation pour tous et pas spécifiquement pour les malades. Jako ne veut pas attendre que la France soit mûre pour ce débat : avec l'élection présidentielle qui approche, il considère qu'il faut séparer les deux sujets car la légalisation du cannabis thérapeutique est, elle, « urgente ».

Pas une consommation récréative

Il ne faut pas compter sur les médecins pour se mouiller sur ce sujet. Même si certains, comme le médecin de Jako, certifient que le cannabis fait du bien à  leurs patients, même si d'autres font des ordonnances pour que leurs patients aillent se fournir dans les pharmacies hollandaises. C'est le cas de Bertrand, également malade du sida :

« J'habite à  Strasbourg et je dois faire 900 km aller-retour pour chercher mon traitement. Il y a un problème d'accès au soin. On m'autorise à  le consommer mais dans l'illégalité ! »

Ce malade, comme d'autres atteints de sclérose en plaque ou de cancer, de fibromyalgie, de la maladie de Crohn ou d'Alzheimer, ne fume pas parce que c'est « rigolo » mais parce que dans le cannabis, il y a des cannabinoïdes, qui agissent entre autres sur la douleur. Comme Nicolas, dispensé de peine pour sa consommation de cannabis et dont Libération a fait le portrait cette semaine.

D'ailleurs Bertrand ne fume pas, il inhale avec un Volcano, un vaporisateur à  utilisation thérapeutique. Le cannabis ne le fait pas planer, mais agit sur son sommeil, ses nausées, son appétit...

Depuis dix ans qu'il se bat sur ce sujet, Bertrand pense aujourd'hui que les mentalités sont mûres pour une légalisation. Mais il pronostique :

« Ça ne bougera pas par les médecins, ni par les associations, mais par les tribunaux, les médias, et le mouvement citoyen. »

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Mad Professor
Tableau B
Inscrit le 19 Apr 2010
832 messages
Courage Jako, Bertrand, et tous les autres, disséminés à  travers la France! On est avec vous de tout cœur!

La marge, c'est ce qui tient la page (Jean-Luc Godard)

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