Voici un article du collectif de soutien que j'ai lu ce matin :
A Rennes, la mairie prive les punks de leurs chiens
Jeudi, un jour après le début des soldes, le centre commercial Colombia de Rennes a assisté à une
descente de police plutôt musclée. L´opération n´avait pas pour objectif le démantèlement d´un réseau de trafic de drogue, mais une saisie de chiens. Appartenant à des SDF, une dizaine de chiens ont ainsi été emmenés et placés à la fourrière, malgré les protestations de leurs maîtres.
Raisons invoquées par la mairie : « nuisances sonores et olfactives » et, surtout, « infraction à l´arrêté municipal du 27 octobre 2004 » [PDF], qui interdit les rassemblements de chiens dans les lieux publics.
A Rennes, capitale du « punk à chiens », les plaintes de riverains effrayés par ces gros canins, extrêmement courantes, submergent la municipalité. « Nous agissons parce que les gens sont excédés », explique Katja Kruger, conseillère municipale.
Pour autant, l´opération, qui n´est pas la première depuis 2004, a beaucoup choqué certains Rennais, Thomas Hemonet, riverain de Rue89 :
« Je passe devant eux tous les jours. Ce sont des gens très polis, et leurs chiens, contrairement aux idées reçues, sont très bien éduqués. »L´événement a suscité l´émotion de citoyens d´autres villes, qui ont
signés plusieurs pétitions.
89 euros pour récupérer son chienL´histoire devrait bien se finir pour cette fois : après avoir organisé une manifestation ce samedi, le Collectif rennais pour les animaux a réussi à rassembler assez d´argent pour permettre aux « punks » de récupérer leurs compagnons.
Car selon la loi, s´ils souhaitent retrouver leurs chiens, les propriétaires ont huit jours pour se rendre à la fourrière, éloignée du centre de Rennes, et débourser la somme pas 89 euros. Une somme importante lorsque l´on vit dans la rue.
Pour les chiens « mordeurs », considérés comme trop dangereux, la mairie envisage même l´euthanasie, « même si ça n´arrive jamais », nous rassure un employé municipal. Ces chiens étant particulièrement agressifs, leurs maîtres doivent toutefois faire la démarche de trouver un vétérinaire, afin d´organiser une consultation et une analyse comportementale de l´animal.
Un processus volontairement décourageant pour ce public déjà fragilisé. Katja Krüger explique :
« Ce sont des populations suivies par les services sociaux, mais qui refusent d´être aidées. Leur discours est souvent : “On veut vivre comme ça, foutez-nous la paix.” Du coup, si au bout de six mois, l´action sociale échoue, alors on passe à la répression. »Délit de sale museauPour le sociologue Christophe Blanchard, auteur d´une étude sur « Les jeunes errants brestois et leurs chiens » (que vous pourrez trouver en PDF), le but réel de cette tactique est d´inciter les zonards à quitter la ville. Pourtant, selon lui, « c´est de la connerie » : l´attachement des punks à leurs animaux est bien trop fort pour les faire partir.
« Ces gens-là ont une relation fusionnelle avec leurs chiens. S´en prendre à leurs chiens, c´est véritablement s´en prendre à eux. Kidnapper les animaux est une décision discriminatoire, puisqu´elle n´est pas appliquée à l´ensemble de la population. En gros, on s´en prend à ceux qui ont une sale tête. »Les toutous frisés qui envahissent les parcs le dimanche après-midi, eux, n´ont rien à craindre.
Des pouvoirs publics « complètement dépassés »De plus en plus souvent consulté par les municipalités, Christophe Blanchard constate le désarroi des édiles. Il estime que le problème, que connaissent presque toutes les villes de France, devrait être également traité à l´échelon national :
« Je reçois au moins une fois par mois un appel d´une association ou d´une collectivité, pour que je leur explique ce qui se passe avec ces publics, et surtout comment s´y prendre pour que ça se passe mieux. Les pouvoirs publics locaux sont complètement dépassés. C´est un problème qui existe depuis plus de vingt ans, pourtant ils sont incapables d´inventer de nouvelles solutions sociales. Alors ils préfèrent employer la répression. »Certains tentent de trouver une autre réponse. Parmi eux, le centre Saint-Benoît à Nantes, qui accueille ces populations fragilisées et travaille en collaboration avec une vétérinaire comportementaliste pour aider à leur réhabilitation. A Tours, un chenil à proximité de la gare, en partie financé par la SNCF, permet aux « punks » de laisser ponctuellement leurs chiens pendant qu´ils s´occupent de leurs démarches administratives.
Pourtant, malgré ces quelques initiatives, de plus en plus de municipalités envisagent d´imiter le modèle coercitif de Rennes. La prochaine ville sur la liste pourrait être Bergerac, dans le Sud, où des policiers ont récemment eu des problèmes avec des chiens de SDF.
Source : rue89, tout un tas de quotidien.
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