Santé Canada devrait présenter d’ici quelques semaines les grandes lignes de réforme de son programme de
cannabis médical débuté en 2001. Les activistes sont sur leurs gardes.
«D’après ce qu’on sait, il y aura une simplification du processus d’autorisation pour les patients et un élargissement du nombre de producteurs autorisés. Mais d’un autre côté, la vente au détail ne sera pas officialisée et les permis pour faire pousser des plants, offerts à certains particuliers, seront retirés», déclare Adam Greenblatt, fondateur de la Société pour l’accès au
cannabis médical.
Comme plusieurs autres, il a participé aux consultations de l’été 2011. «Santé Canada ne peut ni confirmer ni commenter tant que la première ébauche du nouveau règlement ne sera pas publiée dans la Gazette officielle», indique Stéphane Shank, porte-parole de Santé Canada.
Le 12 octobre 2012, 26 222 Canadiens détenaient une autorisation de posséder de la
marijuana pour des raisons médicales. Par ailleurs, 19 748 personnes sont autorisées à en produire pour des fins personnelles ou à titre de personnes désignées. C’est le cas d’Adam, qui depuis 2007 en fait pousser pour son père, atteint de sclérose en plaques. «Grâce à cela, il est arrivé à cesser sa consommation d’opiacés, comme l’hydromorphone, qui l’avaient presque mené à faire une overdose. Il ne prend plus de pilules pour dormir ni de médicaments pour maîtriser ses spasmes musculaires», indique t-il.
Le dispensaire de
cannabis médical, qu’il a lancé il y a deux ans – OSBL permettant à des personnes malades de soulager leurs souffrances en se procurant du
cannabis –, compte aujourd’hui environ 200 membres. Parmi les utilisateurs de
cannabis thérapeutique, on compte beaucoup de sidéens, de dépressifs, de personnes atteintes d’anxiété, de la maladie de Crohn, d’arthrite, de fibromyalgie ou d’épilepsie. «Si on ne nous permet plus de pratiquer l’autoproduction, cela va être coûteux pour eux», déplore M. Greenblatt.
Dans les Centres compassion, le gramme se transige actuellement entre 5 et 10 $, et les utilisateurs de
cannabis médical en consomment en moyenne de 1 g à 5 g par jour. «Il faudrait aussi que cela soit remboursé», selon le producteur.
Ce n’est pas ce qu’envisage Santé Canada, dont le nouveau règlement ne prévoirait pas non plus remplacer les envois postaux par un contact plus direct. «Les Centres compassion pourraient toujours postuler pour devenir producteurs ou distributeurs. Mais on craint que les exigences imposées soient volontairement trop élevées et que cela soit inatteignable pour nous», indique Marc-Boris St-Maurice, directeur du Centre compassion de Montréal.
Avant les
descentes policières de mai 2010, il y avait une demi douzaine de clubs compassion à Montréal. C’est deux fois moins qu’à Toronto et quatre fois moins qu’à
Vancouver. Ces organismes sans statut légal surfent toutefois sur les nombreux jugements qui ont dévoilé les lacunes du programme gouvernemental en place depuis 2001.