J'ai commencé le
cannabis avant mes 14ans en 1999 et depuis je n'ai jamais arrêté complètement plus de 2-3mois d'affilé(peut être même pas aussi longtemps sans tirer une taf en fait). J'estime donc ma conso totale à plusieurs kilos, entre 3 et 5 je dirais, étalés sur plusieurs milliers de jours différents. J'ai donc pu expérimenter un certain nombre de bad, des dizaines au minimum, et la règle c'est qu'il n'y en a pas. :)
Le type de bad le plus courant que j'ai eu, n'est même pas vraiment un bad en fait. C'est l'impossibilité, voir la peur, de m'endormir dû à une apnée déclenchée par le canna. Quand je fumes trop, ou trop près du coucher et que j'essaye de dormir, à chaque fois que je sombre dans l'inconscience je me réveille en sursaut car j'arrête de respirer. Facile à contourner, il suffit d'attendre en faisant autre chose.
Un autre type de bad courant, c'est une simple montée d'anxiété, supportable et très passagère. Ça apparaît le plus souvent après une période d'abstinence. Des fois mais c'est très rare, ça peut me le faire dans une période où je fume pas mal, parfois parce que j'ai des soucis personnels divers(sentiment de culpabilité, de honte, d'oppression etc ) mais aussi sans raison particulière.
Il y a aussi le bad que j’appellerais le "bad psycho-physique". C'est déjà plus crade comme truc. Ça ne m'arrive que depuis 2009 depuis que je fume beaucoup moins tant en quantité qu'en fréquence et je pense que c'est directement lié à mes abus répétés et prolongés du passé.
C'est une sorte d'épisode anxieux majeur accompagné de symptômes physiques importants: troubles du rythme cardiaque, troubles de la tension, voiles blancs/rouges/noirs, gonflement du ventre, dyskinésie.. C'est vraiment très flippant. Y'a eu une fois où c'est parti vraiment loin:
Début 2011, je fume encore régulièrement, plusieurs fois par semaine mais en petites quantités, je suis avec deux potes et une copine un samedi en fin d'aprem devant la télé, on vient de faire les courses pour le soir et on a commencé l'apéro, j'ai bu deux bières et bouffé quelques conneries. Un
joint tourne et je fume quelques lattes, juste ça quelques lattes sur deux bières. Et là ça part mal. Au début ça commence doucement, juste un petit chouilla d'angoisse, mais ça m'est arrivé un paquet de fois alors pas de quoi s'alarmer, je suis posé au salon avec des gens que je connais depuis plus de 10ans. Ça va passer hein? Non ça passe pas. Je commence à me sentir de plus en plus mal.
J'ouvre le bouton de mon futal, la ceinture est tellement serrée que ça me fait mal, c'est pas normal c'est mon préféré je le porte au moins une fois par semaine et j'ai pas pris de poids depuis que je l'ai acheté. Pouf. Voile blanc. La vue revient au bout d'une seconde. Je mets la main sur mon cœur pour checker les pulsations. Rien. JE SENS RIEN. J'essaye de prends mon pouls sur le poignet, c'est pareil, je le sens pas. Là je commence à sérieusement mais alors très sérieusement baliser. Je passe à la jugulaire, ouf, je suis pas mort, ça bat vite et ça tape beaucoup moins fort que ça devrait dans mes doigts,mais ça bat. Je rappelle que ce jour là , j'avais quand même déjà presque 12ans de fumette derrière moi, et que j'en avais fait des bad. Mais là c'est autre chose. J'interpelle mon pote, celui avec qui j'ai fumé mon tout premier
joint et avec qui j'ai fumé des milliers de
joints et de
douilles:
-T ?
-Ouais?
-Ça va pas.
-Ouais mec t'as une sale gueule.
-Non mais ça va vraiment pas j te dis.
-Bah c'est un bad.
-Non, c'est pas un bad normal, je sens plus mon cœur, c'est pas normal j te dis! Tiens essaye de prendre mon pouls.
Il le fait et me dit que tout est normal mais il fait une gueule bizarre, il me dit que ça va passer, que le jour où je crèverai je le sentirai passer. Je lui dit qu'il faut appeler les pompiers. Il me répète encore que ça va aller et il m'emmène dans la salle de bain.
J'ai froid mais je lève mon T-shirt devant la glace. "C'est vrai que t'as un gros bide" qu'il me dit. Un vrai ballon! alors que je fais 60kg pour 1,76m et que je viens d'avoir 25ans à cette époque! Je regarde ma tronche, je suis livide, j'ai les joues creusées comme jamais, j'ai les membres engourdis, froids, et j'ai l'impression qu'eux, contrairement à mon ventre, ont diminué de volume, comme si mon sang refluait de mes extrémités pour s'accumuler dans mon torse. J'ai complètement changé de morphologie d'une heure sur l'autre.
Je bois un coup de flotte et je finis par regagner le salon, je me pose et j'essaye de calmer. Je pose régulièrement ma main sur ma poitrine, et là ça va je sens de nouveau mon cœur, mais ça n'a rien à voir avec ce que je suis habitué à ressentir quand je pose la main sur mon côté. Puis ça a duré des heures, ça s'améliorait et se dégradait par intermittence. Il était presque minuit quand c'est redevenu à peu près normal.
Mon pote m'a avoué après coup qu'effectivement, on ne sentait pas mon pouls sur mon poignet, alors que je suis fin et que j'ai de bonnes veines. C'est encore à ce jour le pire bad de ma vie. A mon avis, un truc pareil sur une personne qui souffre d'une maladie cardiaque ou d'un anévrisme aortique par exemple, ça peut aboutir sur un décès. Je me trompe peut être, mais je crois dur comme fer qu'on peut crever d'une prise de canna. On ne pourrait pas parler d'OD ici, la quantité n'a rien à voir avec ce qu'il s'est produit, mais une sorte de choc mortel doit être possible. Depuis ce jour j'ai un regard complètement différent sur le
cannabis et ses dérivés.
Sinon il y a la crise de psychose paranoïaque, plus ou moins grave. Chez moi c'est apparu en période de mal être profond. Ça peut être risible comme ça peut être dramatique. Voici deux exemples parmi d'autres:
-Automne 2006. Je joue régulièrement dans une partie de poker avec des potes, je suis un gros gagnant dans ces parties parce que j'ai un edge technique et aussi intellectuel sur les autres gars qui la font. J'ai un rapport obsessionnel aux jetons et je les compte et les recompte régulièrement au point de savoir exactement à quelques broutilles près à combien j'en suis à n'importe quel moment. Et là catastrophe je me rend compte que les piles des plus grosses unités(1€ la pièce hein..c'est une partie de jeunes célibataires fauchés pas un tripot de la mafia) sont toutes rognées d'un jeton par rapport à ce que je croyais. Et pendant un quart d'heure j'accuse tout le monde de m'avoir volé, à les invectiver et à leur demander comment ils avaient fait etc.. Alors qu'évidemment, les mecs ce sont pas des Gérard Majax, c'était mon erreur à 100%.
-Automne 2004. Je viens de fêter mes 19ans, et après avoir planté deux fois mon bac S parce que je foutais jamais les pieds en cours je me retrouve à St Nazaire pour tenter une dernière fois de l'avoir en étant scolarisé au lycée expérimental(cette blague haha).
Je suis en coloc avec une meuf de mon âge complètement insouciante qui fait n'importe quoi et son ex complètement schizo rôde un peu autour de l'appart. Il l'a cognée plus d'une fois, menacée souvent mais cette conne le laisse régulièrement venir à la maison parce que tu comprends il galère, il sait pas où aller, il est triste nananinanana. Et il s'y sent bien chez moi cet enculé, il se sert allègrement dans le frigo, la monnaie qui traîne...
Le type va sur ses 21ans, il a déjà fait de la taule pour avoir notamment crevé l’œil d'un gars avec un pain, rendu un flic sourd d'une oreille avec un autre, séquestré un couple de tox avec des potes pour leur soutirer CB et code(pas encore jugé à l'époque, même pas de préventive vu les antécédents mais wtf? j'aurais bien aimé voir ce qu'il se serait passé si ça avait été un couple d'avocats mais c'est pas le sujet).. il est pas très grand mais c'est une putain de masse et il est complètement imprévisible. C'est LE connard que t'as pas envie de voir dans ton salon, ton frigo et tes poches.
Au bout d'un moment il est là de plus en plus souvent et je supporte pas l'idée de le laisser seul dans mon appart pendant que je suis en cours, donc j'y vais plus alors que j'avais commencé l'année sérieusement. Dans un des rares moments où j'ai pu coincer ma coloc toute seule, j'ai fini par lui dire que c'était pas possible, que la coloc c'était elle et moi et que lui je le voulais plus chez moi, que j'allais pas offrir le gîte et le couvert à ce parasite violent et voleur et que de toute façon même si il se mettait à payer sa part(lol) j'en voulais juste pas chez moi point à la ligne!
Mais je savais du coup que dans sa petite tête malade, ça devenait moi le méchant, qui l'empêchait de voir la femme de sa vie, qui voulait la sauter et la garder pour lui tout seul et qui en plus le laissait dehors seul sous la pluie. Du coup je flippais pour ma sécurité, ce mec était dangereux et l'avait déjà prouvé à plusieurs reprises.
Arrive un jour où ma coloc est de sortie et je capte un 10g de hollandaise. Je me pose dans le salon, je fume un gros
joint puis je vais dans ma chambre comater sur mon matelas. Au bout d'un moment j'entends un bruit, comme les pas de quelqu'un qui essaye de se faire discret dans les escaliers, puis je crois entendre la porte s'ouvrir délicatement..QUOI? JE L'AI PAS FERMÉE? la panique totale, je me persuade qu'il est là , à l'intérieur de l'appart, et qu'il me veut tout sauf du bien.
Je chope mon couteau de chasse, un buck 110 pour ceux qui connaissent, et s'ensuit une période qui a dû durer en tout deux bonnes heures où je suis face à la porte, prêt à bondir, la lame acérée de 11cm de mon cran d'arrêt dépliée et prête à estourbir le premier intrus.
En fait y avait rien. Mais j'ose même pas imaginer ce qu'il se serait passé si quelqu'un avait ouvert ma porte, lui, ma coloc ou n'importe qui d'autre. C'est une histoire qui aurait pu se finir à la cour d'assise à 19ans.
J'ai été rassuré le jour où j'ai appris son incarcération pour cette histoire de séquestration. Presque 10ans plus tard, ça fait un souvenir et j'ai toujours estropié personne, mon casier est blanc comme neige, une chance quand je repense à tous ces milliers de km que j'ai faits avec du matos sur moi.
J'en mets un petit dernier que je classe à part, parce que c'est un des tout premiers d'une part, et parce qu'il ne s'est jamais reproduit quelque chose de pareil même si c'était loin d'être très mauvais.
On est à la fin du printemps 2001, j'ai un peu plus de 15ans et demi mais ça fait déjà presque 2ans que je fume régulièrement. A ce moment là , je fume de manière quasi quotidienne.
Je dois aller passer une journée à Strasbourg avec un pote à ma mère, elle doit se terminer par un concert de Tryo. Il fait un temps magnifique et je pète le feu. Je le rejoins à une terrasse et je bois une pression c'est la fin de matinée.
On discute, il a deux fois mon âge mais je le trouve vraiment sympa. Cela dit je ne sais pas si il fume, je ne connais pas son opinion par rapport à ça et je n'ai rien amené avec moi malgré la soirée qui s'annonce et ça me frustre un peu.
Il me présente à des amis à lui et quand je les vois, je me dis qu'en fait je m'en faisais pour rien, c'est sûr qu'ils fument haha. On va manger une salade de pâte chez l'une d'eux puis on va dans un espèce de club de jeux de sociétés, c'est la première fois que je vois ça et je m'y plais bien.
Arrive la fin d'après midi et on se dirige gentiment vers le tram pour qu'il nous emmène au Wacken. Entre temps, il m'a confirmé que ça lui arrivait de fumer mais qu'il n'avait rien et qu'on verrait sur place, que ça manquerait pas.
On rentre dans le hall Rhénus, on est tous de bonne humeur. Je suis vraiment content d'être là . On repère l'endroit de la fosse où on va se placer puis le pote de ma mère et moi partons en quête d'un truc à fumer.
Quelques refus, puis il s'approche d'un gars qui doit avoir 35ans, les cheveux longs et qui est en train de fumer un pétard en rigolant, le gars refuse aussi, il insiste un tout petit peu, et le mec finit par lui donner un
joint riquiqui déjà roulé et refuse la pièce de 10balles qu'on lui tend.
C'était un 1feuille..à
cigarette.. une putain d'allumette minuscule.. mais ça suffirait même pas pour ma grand-mère!! On se regarde on est déçus mais le concert va bientôt commencer alors on rejoint les autres.
Il allume l'homéostick, et commence à tirer dessus. Je le regarde nerveusement, priant pour qu'il ne s'endorme pas dessus parce qu'avec un machin pareil t'as vite fait de te cramer les doigts. Il dépasse un peu la moitié puis il me le tend.
Je tire une première taf dessus et là , c'est une bonne surprise: j'ai pas encore lâché la fumée de ma première bouffée que je sens déjà un petit effet, le truc qui arrive qu'avec très bon matos en règle générale. Je le regarde, et il a les yeux éclatés, un petit sourire et il me fait oui de la tête.
Je finis les 4 barres qui restent et je me dis que bon matos ou pas je vais quand même rester sur ma faim, mais je suis bien. Les lumières s'éteignent et le concert commence vraiment.
On est à nanopet +15 min et vlan, la mère de toutes les baffes s'abat sur ma gueule de petit con. Je suis d'un coup envahit d'une chaleur intense, je me sens devenir tout mou, ma vision blanchit je suis comme ébloui, en fait je suis même plus là , j'ai l'impression de voler au dessus de moi d'être devenu spectateur, complètement dissocié, je peux même pas parler. J'ai le souffle court et le cœur qui bat à tout rompre et je me sens faiblir de plus en plus, je ne peux plus tenir debout et je finis par m'accroupir dans la fosse.
Le pote de ma mère flippe un peu et me demande ce qu'il se passe et c'est tout juste si je peux lui répondre, je me sens ridicule en même temps. Il finit par me traîner vers les gradins et je me pose sur la première rangée.
Je redescend peu à peu, mais je reste la totalité du concert comme une loque au même endroit. Ce n'était pas une si mauvaise expérience en soi, mais ça m'a tout de même stressé sur le moment vu que je m'attendais à tout sauf à ça.
J'avais pas 16ans mais je coulais des
douilles depuis plus d'un an, j'avais déjà fumé de l'huile, du black et de la pire
beuh de Suisse, j'avais probablement fumé plusieurs g en solo dans la semaine qui précédait, mais ça, bordel, c'était un truc de malade, et même que ça aurait été cette fameuse
beuh à 20% de
THC dont tout le monde parle mais que personne voit jamais, mixée à du
BHO et tartinée d'huile(ce qui n'était évidemment pas le cas, c'était juste une très bonne
beuh probablement Suisse ou indoor locale à la limite), ça n'aurait pas dû me faire ça vu les quelques taffes que j'ai tirées.
Pendant longtemps j'ai cru que c'était coupé à autre chose, de la drogue "dure" ou je ne sais quoi, mais avec le recul je suis convaincu que non, le gars avait l'air sympa et il nous aurait pas donné un truc trafiqué comme ça sans nous prévenir, en me voyant tout jeunot.
Ça reste à ce jour ma plus grosse défonce à la
beuh et ça prouve que même sur un sujet accoutumé, en pleine forme, sans antécédents psychiatriques, sans mélange avec d'autres substances,avec un set and setting parfait et dans une quantité très modérée, le
cannabis peut aléatoirement avoir des effets incroyables.