Coucou,
Depuis hier, j'ai un vrai mieux. J'ai même réussi à recommencer un peu ma recherche de taff sans en tomber dans les pommes, c'est dire.
Deuxl, tes messages me font vraiment du bien et je m'y retrouve vraiment.
La mort, ça m'angoisse terriblement, à vrai dire, c'est même un de mes problèmes majeurs. Bizarrement, c'est celle des autres, et non pas le mienne qui me paraît le plus dure à envisager. Les psys appelleraient certainement ça "déplacement de l'angoisse de mort".
Mais t'as raison, on est vivantes, et c'est dans le fond le principal pour le moment. Puis on est pas juste vivantes: on a de l'amour, de l'envie d'avenir, on a de la Vie.
Pour ton beauf, quelle situation de merde. 300gr, en effet, ça ne risque pas de passer pour de la consommation...
Puis cette sur-honnêteté c'est terrible. Ça
coupe l'herbe sous les pieds, qu'est ce que tu veux faire quand on te dit: il y a un problème mais je veux pas le régler. Je crois que c'est pour ça qu'on en parle pas à notre entourage.
Il y a un truc un peu pervers dans le fait de tout dire et de se rétracter à coup de "c'est ma vie".
Si je l'avais dit à ma copine il y a un an, c'est exactement le discours que j'aurais pu tenir.
Mais, c'est presque impossible d'aider quelqu'un qui connaît les mêmes problèmes que soi.
Ce matin, je me suis réveillée en pensant à mon père qui boit trop, je me suis dit que je devrais avoir une conversation avec lui sur cette question, que je pourrais l'aider à s'en sortir. Puis j'arrive sur le forum et je vois ton post. Drôle de coïncidence.
Je me disais, faut que je fasse quelque chose pour lui, lui dire que ça me fait du mal sa dépendance, que j'ai pas envie qu'il se foute en l'air. C'est quoi ce discours culpabilisant ?
Je me suis raisonnée, imagine qu'il te tienne le même discours. C'est l'horreur, et c'est tout sauf l'aider à s'en sortir.
Lui il fait comme si le problème n'existait pas.
Il boit parce qu'il aime ça, pas parce qu'il en a besoin. Mon oeil, il vient de partir une semaine en vacances sans ma mère, et au retour, je le sens bien ramolli: grosses pertes de mémoire, déprime évidente...
Je sais qu'il veut pas s'en sortir, il tourne toujours le problème en ridicule. Mais moi ça me fait plus rire.
Je peux pas non plus être l'aidante, et puis il veut pas s'en sortir.
Je vais pas l'attacher à son lit. Il a 75 ans et je me dis que dans le fond, c'est peut-trop tard pour lui, qu'il en est arrivé à un stade où arrêter ça le tuerait physiquement et moralement.
Mais tu vois, comme toi, les premières pensées qui me sont venus ont été de lui dire que MOI ça me faisait du mal alors que c'est LUI qui se fait du mal.
Alors que faire ? Ba j'en sais rien!
Quand je pense à ma propre consommation, je sais que sans déclic j'aurais jamais arrêté. On force pas quelqu'un à se sevrer. Les arguments, ça sert à rien. Il y a rien de rationnel dans la dépendance.
Il me dit toujours le but, c'est pas de vivre vieux, c'est de vivre bien. Mais il vit pas bien et il va peut-être plus tenir si longtemps.
Je culpabilise aussi de pas être là pour lui, mais la vérité, c'est qu'il ne veut pas que je sois là pour lui. Ton beauf, j'ai l'impression que c'est la même chose.
Moi je me sens coupable de boire avec lui quand on mange ensemble. Je me dis que je devrais pas le faire. Moi j'ai pas de problèmes avec l'
alcool, et clairement que je boive avec lui l'encourage. Il faudrait que je trouve un prétexte pour ne plus picoler avec lui sans avoir à lui dire que je le fais pour lui. Si quelqu'un à une idée, je suis preneuse!
Bref, tout ça ne me soulage pas vraiment. Mais encore une fois, non, on est pas Jésus. Et si un jour on peut quelque chose pour eux, c'est en tout cas pas aujourd'hui.
Je crois qu'on est un peu grisée par l'impression de s'en être sorties et que du coup on a l'illusion que tout est possible.
Faut pas se laisser avoir. Oui, tout est possible pour nous, pas pour eux pour le moment.
Et surtout, c'est pas parce qu'on va mieux qu'on est sorti d'affaire. Le temps fera son boulot, mais il ne l'a pas encore fait.
Alors oui, c'est triste à dire, c'est terrible, mais faut se résigner. C'est pas de notre faute s'ils en sont là , et on leur donne tout ce qu'ils sont prêt à accepter pour le moment: de l'amour et une oreille attentive quand c'est nécessaire.
On peut pas donner plus que ce qu'ils sont prêt à prendre. Et on peut pas tout donner non plus. Il faut pas s'oublier dans l'amour de l'autre.
J'en viens à me demander, si par hasard, cette volonté d'aider l'autre ne cacherait pas plutôt une volonté de ne pas s'occuper soi.
Alors balayons déjà devant notre propre porte, puis si le balai n'a pas trop perdu de poils, dans quelques temps, alors, on pourra peut-être penser à faire quelque chose pour eux. Navrée pour la métaphore ménagère!
Piouf, long message un peu décousu.
Je t'embrasse Deuxl, j'espère sincèrement que ça va aller pour ton beauf. J'espère qu'ils se rendront compte que la personne en face d'eux n'est pas un dealer sans âme mais un consommateur dans la merde, et que c'est une énorme différence.
Le fait qu'ils l'ai laissé dehors en attendant le procès (de ce que j'ai compris...) est déjà plutôt bon signe, non ?