naltrexone et décro

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caméléa
Psycho junior
Inscrit le 29 Jun 2008
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Question, en particulier à  Preskripteur: utiliser de la naltrexone par voie orale après la survenue des  premiers signes de manque à  l'héroïne peut-il être utile pour accélérer le processus de "nettoyage" des récepteurs? (manque plus rapide et intense, mais plus court?) (et surtout, à  quelle dose, et en combien de prises???)

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caméléa
Psycho junior
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440 messages
ou bien, ça risque d'agir comme le subutex, en se fixant sur les récepteurs, et donc risque d'accroche au produit???

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prescripteur homme
Modérateur
Inscrit le 22 Feb 2008
12147 messages
NON !! La Naltrexone est utilisée dans les protocoles de sevrage ultra courts mais associée à  une anesthesie générale (pas en France, cette méthode n'y est pas légale) car le syndrome de sevrage induit est insupportable !!! 
Donc je ne le conseille vraiment PAS !
La seule utilisation de la Naltrexone dans la toxicomanie est, pour une personne sevrée, la prise régulière pour rendre inutile une éventuelle prise d'opiacés (maintenir le sevrage).La prise de Naltrexone n'a pas d'effet psychotrope en dehors de l'effet antagoniste d'opiacés. Elle est aussi utilisée pour réduire la consommation d'alccol (Revia).
Je recopie le protocole de sevrage que j'ai deja mis en ligne ici et qui me semble la meilleure solution (c'est un protocole assez commun hors de France mais critiqué en France par des psychiatres et des addctologues qui sont, ideologiquement, contre l'emploi des opiacés pour le sevrage. D'où l'utilisation de neuroleptiques, BZD, catapressan etc..).
Amicalement

Essai de protocole de sevrage ambulatoire de l’heroine par l’utilisation de la Buprenorphine ou de la Méthadone


Plan

Qui peut en beneficier  ??

Comment explorer la demande  ??

Modalités pratiques du sevrage  ??

Risques, incidents  ??

Suivi apres sevrage  ??


Qui peut en beneficier  ??

Une precision importante= il s’agit bien du sevrage de l’Heroine chez une personne dépendante de ce produit. Ceci exclut donc (du present protocole) les personnes prenant un Traitement de Substitution aux Opiacés (TSO), seul ou associé à  une consommation d’heroine, qui relevent d’une prise en charge différente.
Nb= La consommation d’heroine seule correspond le plus souvent à  trois typologies =
les usagers « jeunes  » = avec une consommation d’heroine relativement récente (quelques mois à  2 ans). Le plus souvent le questionnement sur le sevrage se situe dans une alternative sevrage/ debut d’un TSO, face à  une « impasse  » de la consommation d’heroine (d’origine financiere, judiciaire ou psychologique). Le TSO est souvent vu comme un « piege  » au long cours et les personnes cherchent une alternative. Toutefois ce n’est pas la preuve d’une veritable motivation pour le sevrage, cela peut refleter simplement un rejet a priori du TSO.
Les usagers plus âgés ayant une consommation pure d’heroine, mais des experiences anterieures de TSO. Souvent il s’agit de personnes ayant fait un sevrage du TSO et presentant une rechute. La demande de sevrage correspond à  un désir de mettre fin rapidement à  la rechute. Dans ce cas le demandeur est plus averti des enjeux et des risques du sevrage et de la rechute.
Tous les autres cas…..

Les questions que l’on peut se poser sont =


Le demandeur est il bien consommateur  ?? Bien qu’il soit assez improbable qu’une personne voulant une « ordonnance  » se presente avec une demande de sevrage, c’est une eventualité qu’il faut savoir éliminer, surtout en rapport avec les risques de la prescription initiale des TSO chez le patient non toxicomane (même en courte durée). Un test urinaire, de confirmation,  peut etre indiqué dans certains cas mais ne doit pas etre systématique.

Le demandeur est il vraiment dépendant  ?? Certains consommateurs ne sont pas dépendants et peuvent arreter  leur consommation sans aucun symptome physique (l’exploration des antecedents le met en évidence). Dans ce cas, le protocole de sevrage est inutile. Toutefois l’exploration de la motivation et le suivi peuvent s’inspirer de ce protocole.

Le demandeur veut il vraiment se sevrer  ?? C’est le point le plus important. Beaucoup de demandes de sevrage resultent d’un « ras le bol  » ponctuel mais l’analyse des motivations fait apparaître une demande mal motivée (notamment antecedents d’echecs antérieurs dans la même situation, non preparation de la situation « sans drogue  », impossibilité « de se voir sans drogue  »).  Toutefois l’existence d’experiences anterieures de sevrage suivi de rechute n’est pas necessairement négative. Elle permet d’explorer les motivations, les risques, les ecueils et, en général, une meilleure prise de conscience des enjeux.

Le demandeur veut il LIBREMENT se sevrer  ?? Evidemment beaucoup de demandes de sevrage sont faites « sous pression  » (sociale, familiale, judiciaire) . Il importe donc d’explorer la vraie demande de la personne et de pouvoir l’aider à  trouver une alternative (TSO le plus souvent) si elle n’est pas reellement demandeuse. Toutefois l’existence de pressions n’est pas necessairement une contre indication absolue au sevrage. Le plus souvent le demandeur est dans l’ambiguité par rapport à  ces pressions et il est important de travailler sur ce point (qui n’exige pas toujours d’ailleurs la levée de l’ambiguité).

Le demandeur veut il se sevrer MAINTENANT  ?? Un demandeur peut etre volontaire « en général  » mais  penser que c’est pas possible maintenant. Un suivi  peut donc etre entrepris à  la recherche du  bon moment.

Comment explorer la demande  ??

Les éléments indispensables à  explorer sont

Un interrogatoire médical minimal (affections medicales et chirurgicales, antecedents de traitements, antecedents d’allergies et d’incompatibilités avec les traitements)
Un bilan des prises de psychotropes (au sens large) , y compris drogues « légales  », en insistant sur les prises dans les derniers jours.
Une exploration détaillée des essais et periodes de sevrage, s’il yen a eu, même si elles n’ont pas pu etre menées à  bien  (notamment pourquoi elles avaient été tentées, qu’est ce qui avait marché ou pas marché, comment etait ressentie la periode de sevrage total= angoisse, manque ou au contraire impression de mieux etre, comment est survenue la rechute et eventuellement pourquoi etc..)
Une exploration détaillée de la motivation (pourquoi  ? pourquoi maintenant  ? est ce librement  ? correspond  elle à  une evolution longue et progressive ou au contraire à  un revirement brutal  ? quels en sont les facteurs importants  ? s’il y en a plusieurs les prioriser  ? etc..
On peut notamment explorer (selon la technique de l’entretien motivationnel)
- les avantages du non changement
- les risques du non changement
- les risques du changement
-les avantages du changement
En distinguant bien dans le changement ce qui releve du moment du changement (le sevrage) et ce qui releve de l’etat apres changement (etre sevré)
Enfin en explorant l’avis sur le moment du changement (maintenant  ? plus tard  ? un jour  ?)
Une exploration détaillée de ce que peut etre la vie une fois sevrée (en developpant autour des risques et des avantages du changement vus + haut), notamment comment peut s’organiser la vie sans produit, comment le demandeur peut il la percevoir  etc..  ?? On peut envisager que l’essai de sevrage soit repoussé dans l’attente de changements indispensables ou de la mise en place d’alternatives au produit (post cure par exemple).
Une exploration de la possibilité d’echec du sevrage. Que faire alors  ?  = s’engager dans un TSO  ? revenir au statu quo anterieur  ?
Une exploration des elements de choix de la methode (hospitalier, ambulatoire) notamment experiences prealables du demandeur, elements socio professionnels imposant des contraintes, couverture sociale etc..

Les elements de la decision sont

Le maintien de la demande par le demandeur apres exploration de tous ces elements
La faisabilité générale (pharmacien, pas de contraintes sociales ou de travail, ).
Le choix du sevrage ambulatoire vs hospitalier = etant donné le peu de recul sur le sujet, s’il est possible d’affirmer la faisabilité du sevrage ambulatoire (littérature médicale, témoignages) il est impossible de définir les cas où il doit etre préféré. On peut proposer qu’il soit mis en œuvre quand=
-le demandeur refuse tout autre mode de sevrage mais persiste à  souhaiter un sevrage
- des contraintes sociales, professionnelles ou familiales rendent le sevrage hospitalier impossible ou difficile
- le demandeur a une experience personnelle de la methode et la demande specifiquement.


Modalités pratiques du sevrage

Il est difficile de définir des protocoles precis, toutefois =
Il semble que le changement d’opiacés facilite en general le sevrage (buprenorphine à  la place de méthadone et vice versa, buprenorphine à  la place de l’heroine). Si ce n’était pas le cas, le sevrage d’heroine pourraitv se faire « simplement  » en diminuant l’Heroine. L’observation montre que cette technique est rarement efficace.
La Buprenorphine et la Methadone ont été utilisées. Un consensus semble s’etre établi pour favoriser la Buprenorphine en premiere ligne. La Methadone serait reservée aux demandeurs qui ne souhaitent pas de Buprenorphine (notamment détournement d’usage non contrôlable)..
Quand la prise de Buprenorphine est inferieure à  15 jours, il s’agit d’un sevrage de l’Heroine aidé par la Buprenorphine (donc sans sevrage de la Buprenorphine). Au-delà  il y a deux sevrages,  de l’Héroine,  puis de la Buprenorphine. Les temps de sevrage complet sont alors plus longs. Toutefois des personnes motivées parviennent le plus souvent à  ce sevrage complet en 3 à  6 mois environ.
La dose initiale de Buprenorphine est difficile à  évaluer puisqu’elle doit dans un temps tres court permettre l’induction ET le sevrage. La dose initiale ne doit pas evidemment entrainer un risque d’overdose mais doit etre suffisante pour calmer les symptomes de manque.Un suivi quotidien est donc souhaitable.
De ce fait il parait peu adapté de pratiquer ce protocole quand la dose initiale de Buprenorphine doit depasser 8 mg. Une diminution prelable de la consommation d’Heroine peut alors etre mise en place. Toutefois des consommations fortes d’Heroine (5 g/jour) sont en pratique compatibles avec des doses initiales de Buprenorphine de 8mg et moins, du moins chez certains patients (importance de la connaissance des antecedents, même de sevrages non reussis).
La possibilité d’un echec doit etre prévue ainsi que ses consequences (poursuite par un TSO ou non, notamment).
La Buprenorphine ne doit pas etre donnée sur une « imprégnation  »  opiacée, au risque de declencher une crise de manque (effet antagoniste). S’il y a eu prise d’Heroine quelques heures avant, on doit attendre des signes de manque pour donner la Buprenorphine. En général 12 heures apres la derniere prise d’heroine sont largement suffisantes (nb= avec la Methadone il faut environ 72 h).
La Suboxone pourrait presenter un interet specifique en prevenant un usage detourné de la Buprenorphine.
Toute autre médication associée doit etre examinée avec attention. Le risque de prise d’alcool doit etre évalué.(ainsi que d’autres produits)


On peut donc proposer le schéma suivant comme point de départ, mais à  ne pas hésiter  à  adapter au cas par cas,

Premier jour
Apres une periode suffisante d’arret de l’Heroine (6 à  12 h) donner une dose « de sécurité de premier jour  » de Buprenorphine ou de Méthadone.
Pour la Buprenorphine ont peut l’evaluer à  8mg le premier jour en deux prises au moins (une premiere prise de 4 mg au maximum doit etre suivie d’une periode d’observation de 2 heures au moins , eventuellement par le patient lui-même).
Pour la Méthadone 40 mg le premier jour en deux prises au moins (une premiere prise de 20 à  30 mg suivi d’une periode d’observation).

La prescription d’antalgiques de niveau I (paracetamol) et eventuellement d’autres traitements symptomatiques (Spasfon) sera systematique sauf contre indications.

Deuxieme jour et suivants
Si les signes de manque ne sont pas suffisamment calmés, augmentation de la dose comme dans les inductions de TSO (généralement 12mg de Buprenorphine et 50 mg (60 mg  ?)  de Méthadone au maximum ).  Le maximum devrait etre atteint en 3 jours au maximum , suivis d’une diminution rapide. Si celle-ci n’est pas possible, il faut envisager la « conversion  » en induction de TSO, eventuellement suivie d’un sevrage semi rapide (ou semi lent).

Si les signes sont « tout juste  » calmés , poursuivre les doses du jour , diminution des que possible . Si celle-ci n’est pas possible, il faut envisager la « conversion  » en induction de TSO, eventuellement suivie d’un sevrage semi rapide (ou semi lent).

S’il n’existe pas de signe de manque insupportable (selon la mesure du demandeur, pas selon l’avis du soignant ) , une premiere diminution peut etre amorcée. Le but est un arret de la Buprenorphine ou de la Methadone en 10 jours environ. D’importantes variations individuelles dans l’aptitude à  diminuer les doses  sont constatées.
Si le traitement dépasse 15 jours, le sevrage total est souvent repoussé à  quelques semaines, voire quelques mois.

En cas de sevrage retardé la « méthode chinoise  » peut etre utilisée (Avec la Methadone dilution progressive d’un flacon initial).

Sevrage total
Il peut etre accompagné d’une prescription « facilitatrice  » de psychotropes mais le risque de création d’une autre accoutumance doit etre serieusement gardé en mémoire. Notamment la prescription de Benzodiazepine, si elle est necessaire,  sera strictement limitée dans le temps. A signaler que l’utilisation de l’Atarax a été décrite dans le sevrage amubulatoire des opiacés selon des modalités proches (300 mg le premier jour puis diminution en 5 jours). Ce pourrait donc etre une prescription logique, en attendant des essais specifiques.

Le plus important est qu’il soit accompagné d’un soutien psychologique et social approprié. C’est une periode difficile qui doit etre accompagnée.
Il est important aussi d’explorer les facteurs de risque de rechute rapide (restes de produit à  la maison, frequentation de dealers) et de prendre les mesures preventives necessaires.
Enfin il est important de considerer tous les problemes de santé associés. Il arrive souvent que l’arret des opiacés « révèle  » des problèmes dentaires jusque là  anesthesiés, ou des symptomes d’une hépatite connue mais négligée.  Il est preferable que leur prise en charge ait été prévue et programmée.

Risques et Incidents

Bien qu’en principe les doses initiales soient plutot inferieures aux doses habituelles d’induction de TSO on sait que le risque d’overdose est plus de 10 fois plus fort  à  l’initiation du traitement que par la suite. Les precautions habituelles pour l’induction des TSO sont donc à  reprendre totalement.

Le risque de « desequilibre  » menant à  une baisse de la vigilance doit etre évalué et des mesures prises, notamment chez les conducteurs et les metiers à  risque.
Ce « desequilibre  » peut etre lié à  une sur dose relative de produit mais aussi à  une insommnie ou une irritabilité en cas de signes de manque mal contrôlés. Il peut aussi etre lié à  la prise « anarchique  » de produit en cas d’echec du sevrage.(le patient n’ayant pas l’experience des associations de produits qu’il manipule)

En cas de rechute (surtout si elles ne sont pas immédiates) la dose doit etre soigneusement « titrée  » pour éviter les overdoses. L’utilisation de doses « standard  » de la periode de consommation est la cause principale des overdoses. Le patient devra donc en etre soigneusement prévenu.

Suivi apres sevrage

En principe ce suivi devrait etre prolongé. L’expérience montre qu’il est souvent écourté par les patients eux même.
Ce point devrait donc faire l’objet d’un protocole à  part.
En attendant, on peut recommander l’une et/ou l’autre des solutions suivantes=
Un suivi ambulatoire medico psycho social , au moins proposé.
Des activités de type Narcotiques Anonymes ou équivalents (auto support)
Un suivi de reinsertion socio professionnel
Un sejour  en post cure, communauté thérapeutique ou equivalent
Une hospitalisation pour prise en charge de problemes somatiques.
Quand ce n’est pas trop destabilisant une redéfinition imortante des habitudes sociales (notamment evitement des dealers et de certains « amis  »).

On peut proposer des recherches sur
Les groupes de prevention de la rechute avec animateur professionnel  (les NA ont deja été cités mais relevent plutot de l’auto support))
La mise en place de techniques de promotion de la santé (donc en principe non specifiques à  la toxicomanie)




Méthadone :
1 ?dose initiale : 10 à  40 mg/j ;
2 ?paliers d’augmentation 5 à  10 mg maximum par paliers de 1 à  3 jours, en fonction de la clinique, sans jamais excéder par semaine 50 % de la dose initiale ;
3 ?prise quotidienne unique orale.

BHD :
1 ?dose initiale : 4 mg à  8 mg/j au vu des pratiques professionnelles (doses supérieures à  celles de l’AMM, qui justifient d’être validées par des études cliniques spécifiques) ;
2 ?respecter un délai de 24 heures après la dernière prise d’opiacé pour éviter le syndrome de manque dû aux propriétés antagonistes de la buprénorphine ;
3 ?paliers d’augmentation de 1 à  2 mg par paliers de 1 à  3 jours, en fonction de la clinique, jusqu’à  la dose optimale

Dernière modification par prescripteur (06 mars 2013 à  09:29)


S'il n'y a pas de solution, il n'y a pas de problème. Devise Shadok (et stoicienne)

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